Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Bon. Alors. Pour être parfaitement honnête, il faut dire que Viehrs n'était présentement absolument pas à l'aise. C'est-à-dire qu'il ne sait même plus ce qui l'a poussé à venir dans cet endroit parfaitement glauque et détestable, mais il maudit sa propre personne pour cette expédition des plus douteuses.
L'hermaphrodite ne savait pas ce qu'il détestait le plus entre l'obscurité angoissante, le brouillard inquiétant où les tombes ornées d'une croix qui ne lui rappelaient que trop de mauvais souvenirs. Pour couronner le tout; le délicat albinos ne savait pas où poser les pattes : il avait peur que les tombes l'aspirent dans leurs profondeurs éternelles si il marchait dessus, mais le sol boueux qui les entourait ne lui inspirait pas plus confiance ( sans compter le fait, horripilant pour lui, que ses pattes soient tachées si bien qu'on aurait dit qu'il portait des chaussettes noires.). Bref : décidément pas une expérience à renouveler.

Ah mais! Je vous vois vous demander pourquoi il n'avait pas fait demi-tour! C'est tout simple : le brouillard l'empêchait de voir plus loin que son museau et l'odeur  de boue brouillait son odorat, si bien qu'il tournait en rond vainement depuis ce qui lui semblait être des lustres ! Le printanier poussa un soupir agacé, tout en continuant de circuler entre les tombes sans parvenir à retrouver son chemin. Il n'avait plus aucun sourire pour maquiller son beau visage et fronçait tellement les sourcils qu'on ne voyait presque plus ses yeux! ( Un tableau des plus magnifique, assurément.)

Soudainement, une silhouette noir se découpa dans le brouillard. Une silhouette lupine avec quelques particularités qui firent frissonner le printanier blanc. Il fit un bon en arrière de surprise et se rattrapa de justesse pour ne pas poser son arrière train dans la boue. S'agissait-il d'un compère loup venu le sauver ? Ou bien d'un démon sorti d'une de ces tombes pour l'emmener avec lui?
Viehrs ne se savait pas aussi trouillard, mais il se justifiait en se disant que l'atmosphère du lieu y était pour beaucoup.
Il déglutit avec difficulté et se redressa pour essayer de se donner un peu de contenance ( seulement d'apparence, parce qu'il avait la queue planquée entre les pattes.). Sa voix manqua de couiner mais il parvient à dire avec un sourire tellement forcé qu'il grinçait des dents :

« Je viens en paix! » Il tenta de regarder plus précisément la silhouette, se donnant un air de mamie essayant désespérément de voir à travers ses lunettes. « Qui ou..Quoi que tu sois! »

Il s'était voulu le plus pacifique possible, afin de ne pas s'attirer un quelconque courroux d'un quelconque esprit animé d'une volonté vengeresse; mais il sembla que ses paroles n'avaient absolument pas suffit. L'hermaphrodite, toujours crispé sur ses pattes, eut à peine le temps de voir qu'il s'agissait simplement d'une jolie petite louve crème ( et de se sentir un petit peu débile.); que celle-ci lui bondissait dessus en hurlant :

« BOOOOUUUUUUUUUUUUUUHHHHHHHHHHH ! »

Le visage de l'albinos se figea avec une horreur double : d'une part, à cause de la surprise; mais aussi d'autre part parce que lui sauter dessus dans un tel environnement signifiait le faire basculer dans l'affreuse boue qu'il avait voulu éviter tout le long du chemin. Sa gueule s'entrouvrit en un cri muet. Intérieurement, il hurlait.

' NON NON NON NON NON NON NON NON NOOOOON '

Au dernier moment, il brandit ses pattes avant pour ralentir le mouvement de la louve afin qu'ils tombent, certes, mais alors SURTOUT PAS, dans la boue douteuse qui recouvrait le sol. Avec un fatalisme de drama queen absolu, l'albinos se laissa tomber sur la surface dure comme du béton des tombes. La douleur brutale lui coupa le souffle et il ne put pas le reprendre car le poids de la louve sur lui l'en empêchait. Lui qui était friand de câlins en tout genre, le voilà qui se débattait pour ôter de lui la femelle qui se révélait être au final loin de l'esprit vengeur qu'il s'était imaginé.

Se libérant, Viehrs refoula un grognement agacé et ébroua son pelage toujours immaculé, par miracle; avant de lancer à l'inconnue un petit regard de diva indignée.
Il l'observa un instant, il avait rarement eu l'occasion d'apercevoir une chevelure d'une telle couleur et sa queue était tout sauf celle d'un loup, en tout cas elle n'avait rien qui eût pu susciter l'effroi. Viehrs n'était pas du genre désagréable; mais il faut dire que là, la louve crème ne l'aidait pas. La douleur dans son dos lui ôtait toute envie de se montrer diplomatique. De plus, il se sentait tellement stupide d'avoir eut un seul instant peur de la jeune femelle qui s'était bien fichue de lui, qu'il était là encore vexé tout seul.
Un sourire sarcastique se dessina sur ses lèvres et il déclara, d'une voix mélodieusement ironique :

« Dire que l'on m'a longuement conté que les esprits avaient tous été rendus sages par l'épreuve de la mort ! »

L'hermaphrodite prit une grande bouffée d'air parfumé à l'encens pour se calmer; bouffée qu'il expira dans le visage de la louve à la chevelure rubis dont il s'était rapprochée.

« Ah! Mais il me faut pourtant réaliser que la mort a malheureusement fait perdre quelques cases à certains! »

Penchant son visage près de la jolie femelle, il vient taper deux fois sur son crâne avec une de ses griffes dorées, sans vraiment de violence mais avec une sorte de brutalité qui rendait ce genre de geste parfaitement insupportable. Il ajouta, gloussant un peu :

« Juste là, si je ne m'abuse ! »


Semblant se rendre soudainement compte de l'absence de sa sympathie naturelle, Viehrs se redressa et se recula quelque peu de la femelle. Il pensa un instant l'aider à se relever mais allons, sa galanterie se méritait! Le printanier lui offrit simplement un sourire bien plus beau et charmant. Il lança, redevenu radieux :

« Loin de moi l'idée de t'offenser, bien sûr.»