Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

w. Keridwen
Le soleil n’était pas très haut dans le ciel lorsque Fjörd s’était mit en route pour ses nouvelles explorations trépidantes. Ses parents n’étaient pas avec lui lors de son réveil, sûrement occupés à entretenir la Guilde ou à faire les super-héros. L’immaculé avait donc filé en douce, sans même prévenir ses sœurs et son frère, sans aucun accord donné par une nourrice ou un des sbires que ses pères avaient sous leurs pattes pour veiller sur leurs enfants. Fjörd en soupira à l’idée, du haut de ses pattes qui avaient bien grandi depuis le temps. À dire vrai, l’enfant poussait vite, et la venue de la puberté se lisait de manière limpide. Son museau s’affinait petit à petit, malgré ses joues d’enfant qui persistaient. Sa crinière cotonneuse était le fruit du temps, et continuait de s’embellir au fil des jours. L’hivernal en était fière, très fière, et se pavanait, la queue haute, devant sa fratrie dont la croissance prenait son temps, mais ne tarderait pas à venir.

Par ce printemps glacial, il faisait encore assez froid dans toutes les régions pour que les coussinets du blanc ne produisent aucun bruit en n’importe quelle circonstance. Heureux de ce fait, il avait rapidement glissé en dehors des frontières hivernales pour aller on ne sait où. Mais l’enfant, lui, en avait une idée très claire. Ce n’était pas rare que son père lui conte des histoires autour des automnaux, au contraire. Il avait bien des amis dans ce clan et appréciait les paysages calmes qu’offraient cette saison. Et c’est ainsi que Fjörd s’était mit en route vers cette meute tant appréciée de son père le lion. De plus, si il lui arrivait quelconque malheur, il n’avait plus qu’à dire de qui il descendait pour assurer sa sûreté. Malin comme à son habitude, le bel éphèbe poursuivait sa marche prétentieuse d’une belle matinée.

L’environnement se mit à changer radicalement, abandonnant tout ce qu’il avait vu sur la route pour laisser place à un lieu aux végétaux au bord de leur souffle, offrant leurs dernières lueurs de couleurs. Intéressant comme phénomène, tout semblait être sur la voie de dépérir, mais les plantes continuèrent de danser en agitant de chaudes nuances. Les arbres étaient toujours aussi fournis, pour changer des troncs nus ou des sapins du territoire hivernal. Mais Fjörd n’avait jamais vu pareilles couleurs. Ce roux aussi éclatant lui rappelait seulement le canyon orangée vers lequel il aimait jouer, mais jamais n’aurait-il cru voir cette palette chaleureuse autre part que sur les familières roches.

Le parterre forestier était difficile à voir, tant il était caché sous une couverture de feuilles mortes et craquantes, identiques à celles de arbres. Les arborescences perdaient leur coiffe dans un élan de calme. L’hivernal fut stupéfait par le spectacle qui s’offrait à lui, auquel participaient des oiseaux chantant et quelques écureuils dans les branches. Cependant, l’immaculé préférait les neiges éternelles de son chez lui, et trouva vite ce paysage morbide, n’offrant qu’un spectacle de feuilles mortes, malgré les nombreux buissons offrant des petits fruits plein de vie.

La tête haute, Fjörd ne considérait plus tellement la beauté des lieux, et poursuivait son défilé silencieux à travers les racines. Mais ces-dernières le prit au dépourvu, le faisant perdre l’équilibre. Complètement affolé, l’hivernal ne comprit pas ce qu’il lui arrivait, avant de voir sa patte coincée sous la jambes d’un arbre. Voilà pourquoi il se mit à détester cet endroit : si le sol était recouvert d’une épaisse neige, jamais de stupides bouts de bois l’auraient mit dans un pareil état. Seulement, lorsque le grand louveteau retira sa patte, il se rendit compte que quelque chose clochait. Impossible de se relever, sa cheville ne répondait plus. Très vite, l’immaculé du se résoudre à ne pas paniquer, du mieux qu’il pouvait. Faisant tâche dans ce paysage de feu, quelqu’un finirait par le trouver tôt ou tard ! Une patrouille qui plus est, mais au moins quelqu’un pour l’aider à sortir de ce fâcheux pétrin.

w. Keridwen
L'hivernal avait vu juste, et très vite ses oreilles perçurent une présence qui s’approchait peu à peu. C’était bien sa veine ! Chanceux comme il était, il n’avait pas eu à attendre très longtemps que quelqu’un ne se balade dans les parages. Maudites racines, si seulement il avait fait attention à où il mettait les pattes au lieu de continuer à se dandiner, la tête haute et couverte de son petit air satisfait. Maintenant, il avait les pattes tachetées du brun moisi du sol, et dieu sait que Fjörd n’aimait pas ça. Au moins, la neige ne salissait pas sa somptueuse robe et très vite, il avait hâte de rentrer à la maison.

La silhouette maintenant dans son champ de vision se rapprocha, avant de grandement occuper son panorama. Une louve, plutôt jeune mais pas autant que celui à qui elle faisait face, était à présent intriguée par la présence de l’hivernal. Elle n’était pas vilaine, même plutôt jolie et ses cheveux étaient si spéciaux que Fjörd avait du mal à s’en décrocher les yeux. Hypnotisé par cette véritable entité à part entière, il ne sut deviner comment cela était possible. Sa chevelure était-elle...magique ? Bien des questions coururent dans le petit crâne du blanc, qui fut étonné de voir de petits objets dans ces véritables tentacules blondes. Pratique ! Elle devait faire un tas de chose avec ça, et le louveteau l’envia presque.

Ses grands yeux écarquillés reprirent leur perçante habitude, perdant de leur étincelle de curiosité qui avait brillé durant un trop court laps de temps. L’automnal, dont il avait réussi à déduire l’odeur même si vu le lieu ça n’était pas si compliqué, s’était mise à parler. Alors qu’elle avait prit la parole tout joyeusement, son ton guilleret laissa très vite place à une once d’étonnement. La chance du petit frappa à nouveau, et voilà que cette louve connaissait son père ! C’était assez pour arracher un fière sourire à Fjörd, qui savait que cela lui serait utile. Du moins, il espéra que cette fille n’était pas en délicate relation avec son géniteur…

Il aurait aimé se relever pour pouvoir lui répondre, ou au moins mieux la toiser, mais son infidèle cheville n’avait pas envie de l’aider. Tout patraque, il réussit néanmoins à se poser sur son arrière train, contraint de devoir se salir le popotin. Le dégoût se lisait sur son visage lorsqu’il inspecta l’état de ses pattes maintenant brunes, maintenant nostalgique de l’agréable bleu ciel d’antan. Après cette rapide analyse, il releva son museau fin et plongea son regard méfiant dans celui étincelant de rose de son interlocutrice.

- Oui en effet je le suis. Et toi, t’es qui ? Fit-il de sa voix encore enfantine, contrastant avec son corps qui grandissait. C'est vrai qu'il aurait pu donner son nom en même temps, mais ce n'était pas la question de la blonde et il ne savait pas s'il pouvait lui faire confiance pour l'instant. L'immaculé, de son ego supérieur, n'avait pas encore jugé si l'autre avait besoin de son prénom.

w. Keridwen
À écouter l’automnale, Fjörd comprit enfin qu’il devait s’agir d’une des connaissances de son père. Ce n’était pas très compliqué de pouvoir se remémorer de l’histoire qui lui avait conté Hjalmar, reliant les points entre eux. La chevelure magique, la jeunesse éclatante et le rayon d’énergie n’étaient que des indices pour mettre la puce à l’oreille de l’hivernal, qui en conclu finalement qu’elle devait être cette enfant dont le lion avait déjà raconté les péripéties. Seulement, elle avait bien grandit, et le bleu avait déjà énoncé l’idée de venir lui rendre visite après ce long moment. Peut-être aura-t-il de la peine à la reconnaître, mais sachant comment le LibreLune perçoit tout ceux qu’il aime comme ses propres enfants, Fjörd ne douta pas une seconde qu’il sortira très vite des buissons pour l’acclamer d’une tirade similaire à quand une de ses progénitures fait une bonne action.

L’immaculé soupira à la gaieté de l’autre, qu’est-ce que cela pouvait-il bien lui faire que son père soit en bonne santé dernièrement ? Apparemment, ce n’est pas pour demain qu’il va quitter ce monde, et puis, elle n’a qu’à aller le voir par elle-même. Fjörd n’avait pas encore toutes les notions d’importance dans une relation - ce qui reviendrait à dire qu’il s’en rendra compte un jour -.

- Ouais, il va toujours aussi bien. Grommela presque l’hivernal, presque nerveux de devoir s’accabler à un brin de causette alors que sa patte le faisait encore souffrir. Qu’est-ce qu’elle attendait celle-là ? Elle pourrait l’emmener au guérisseur du coin, si tant est qu’il y en ait  un. Mais apparemment, la sympathie de Keridwen lui semblait faire oublier ce qui semblaient être les priorités pour Fjörd, qui ne comprenait pas que la demoiselle était simplement courtoise et avant tout l’amie de son père.

"- Tu t’es fait mal en venant explorer le coin ?"

Dieu merci ! L’automnale daignait enfin s’intéresser à l’handicape du petit, qui voulait presque reculer au rapprochement de la louve pour voir de plus près de quoi il s’agissait. Le blanc fut presque soulagé que Keridwen n’ait pas posé de question à propos de sa présence ici, car, après réflexion, cela était plus étrange qu’autre chose. De toute façon, le beau n’avait rien fait de mal et selon lui, il n’y avait jamais de mauvaises raisons à sa venue. Il examina le curieux couvre-chef de la belle, en se demandant à quoi ces cheveux magiques pouvaient bien lui servir. Aussi utiles qu’ils semblaient l’être, le lunaire espéra qu’elles les utilisera à bon escient, pour sa blessure par exemple.

- À ton avis ?  J’ai l’air de pouvoir marcher correctement ?

Sa réponse était sèche à cause du soudain manque de patience du petit, qui en avait assez de rester planté là. Ce n’était pas un louveteau très dynamique qui grimpait sur tous les arbres dès qu’il en croisait, mais l’aspect de ne pas pouvoir marcher comme il le souhaite lui déplaît fortement. Le courroux de ses pères ne l’effrayait pas, mais c’était pour lui une humiliation d’admettre sa défaite face à la nature et qu’il se savait plus intelligent qu’elle. Tomber dans son piège, ce n’était pas digne de lui, d’autant plus que ses pattes n’étaient plus aussi raccourcies qu’avant. Le problème, c’est que l’autre automnale en était témoin et que cela affligea le blanc plus que toute autre chose. Même si Fjörd ne racontait rien à ses parents, il voyait déjà Keridwen parler de cette mésaventure à son père qui viendra après le bercer comme un bébé. Non, il ne devrait pas accepter une pareille erreur de sa part.

L’hivernal était bien réticent de devoir faire confiance à quelqu’un d’un autre clan pour s’occuper de sa blessure, et pour cela, il préférait presque se résoudre à traîner sa patte jusqu’à chez lui pour que Mahuna l’examine. Ne perdant pas sa fierté malgré cet incident, il garda la tête haute.

- Je peux rentrer chez moi pour soigner ça, c’est rien je suis pas un faible quand même.

w. Keridwen
Fjörd ne faisait pas assez attention à l’autre pour remarquer sa réaction face à son comportement. Il était bien trop préoccupé par l’état de son manteau soyeux et il prévoyait déjà un long bain à se faire dorloter en rentrant.

Pendant un instant, l’immaculé, qui ne l’était plus vraiment, se questionna sur la raison pour laquelle Keridwen s’était soudainement mise à ricaner ainsi. Le superbe remarqua la spontanéité de cet éclat, et il plissa le museau quand il daigna enfin regarder la louve en face. Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Elle se croyait plus maline que lui à rire ainsi ? Un moment flotta où des pensées inquiètes tergiversèrent dans l’esprit de l’hivernal. Et si elle se moquait de lui ? À cause de sa robe salie sûrement ! Il n’y avait pas de quoi en rire, c’était assez humiliant que quelqu’un d’aussi absolu se retrouve dans une situation pareille. Elle, paysanne qu’elle était, devait être habituée à ce genre de pétrin. Son existence n’avait pas dû être plus glorieuse que la petitesse de celle de Fjörd. Et d’un côté, il aurait presque aimé l’envier de ne pas être atteinte par des choses lui paraissant si moindres. Mais le dédaigneux ne comprit pas à un traître moment que ce n’était pas sa crasse qui faisait rire la belle, mais bien son comportement qui, devons-nous l’admettre, trouvait son public hilare.

Une fois que l’automnale s’était calmée, son comportement demeurait inchangée face à Fjörd. Ce-dernier, habitué à côtoyer des personnes qui perdaient presque leurs moyens face à son insolence, se sentit presque insulté de voir cette louve se prendre pour son égale. Certes, il se devait de s’avouer que Keridwen n’était pas du même clan, mais elle était l’amie de son père. Il était presque de son devoir de venir en aide à un être pareil. Voyant qu’elle ne comptait pas l’aider, l’hivernal en avait très vite marre de constater la raison de la blonde. Pfeuh, pour qui elle se prenait à lister les dangers que courrait le petit sans même proposer de l’aider ? Activant vite ses défenses, il se retint de bondir sur ses pattes boueuses, se rappelant de son handicap.

- Mon père en entendra parler ! Et voilà qu’il joua sur la carte du fils à papa, qui profitait en ces rares instants d’avoir des parents LibreLunes. Jamais fière d’avoir des véritables papas poules, il était bien reconnaissant de se retrouver intouchable face à pareille menace.

Mais finalement, l’insolent avait parlé trop vite. Cette fois-ci, il ne quitta plus des yeux la jeune louve, surveillant ses moindres mouvements. C’en était assez, elle serait capable de lui jouer un mauvais tour pour l’humilier de plus belle. Belle ignorance de la part du blanc, qui devait bien être le seul en ce monde à croire que la douce automnale s’amuserait à lui faire du mal. Même si Fjörd passait de longs moments en compagnie de la guérisseuse hivernale, il n’avait pas la piètre idée de ce qu’une « attelle » pourrait s’agir, et encore moins de ce qu’elle comptait faire avec ce bâton. Elle avait l’air sûre d’elle, mais le morveux ne savait plus quoi en penser.

- Évidemment que je suis assez fort, tu me prends pour qui ? Disait-il en gonflant le torse d’orgueil. Mais tu fais quoi là ? Comment tu sais ces choses ? Fjörd se devait de ne pas paniquer, mais étant donné son manque de savoir en la matière, il commença à se trouver parfaitement stupide pour la première fois de sa courte vie. Jamais il ne le montrerait, malgré sa voix tremblante tant il ignorait ce qui allait lui arriver.

w. Keridwen
Eh ! Qu’est-ce qui lui permettait de dire ce genre de choses ? Fjörd n’était sûrement pas un espion hivernal ! Le blanc se mit à rouspéter et à gonfler ses joues comme un petit enfant boudeur qui n’avait pas eu son goûter.  Il fronça son regard clair sur l’automnale dont l’aura angélique avait drastiquement changée. Ses mèches de cheveux se mirent à virevolter indépendamment comme des tentacules ou encore des serpents, une vraie Méduse si elle était capable de paralyser ses proies. Est-ce qu’elle essayait d’effrayer le petit hivernal ? Ce-dernier, se disant toujours comme intrépide, baissa les oreilles en arrière et écarquilla ses yeux qu’on croyait imperturbables.

Alors que Keridwen quittait sa véritable forme de monstre, Fjörd resta en retrait et n’osait plus avancer la moindre patte vers elle. Malgré le retour de son fidèle sourire lumineux, le blanc resta aux aguets et se mit presque à croire à une entourloupe de la part de l’automnale.

- Mais non, je m’y connais parce que je suis apprentie guérisseuse ! Disait-elle joyeusement, ce qui changea radicalement la réaction de l’hivernal.

Alors comme ça elle apprenait l’art des soins, comme Mahuna ? La guérisseuse hivernale était toujours très douce avec lui et la famille, elle aimait particulièrement s’assurer de la sûreté de chacun et passer des moments calmes et sereins avec elle était toujours un plaisir pour le jeune Fjörd. Cependant, il se pourrait que le clan de l’automne n’ait pas les mêmes méthodes que chez lui. Jamais n’avait-il réellement envisagé de donner sa confiance à un autre clan, vu son manque d’expérience dans la vie. Mais les automnaux n’étaient pas de parfaits inconnus aux yeux de la famille de Hjalmar et Kuma, et aucune mauvaise parole n’avait été prononcée à leur sujet.

Mais voir une jeune louve, pas énormément plus âgée que Fjörd, entamer déjà une formation qui servira plus tard au clan, intéressait l’immaculé. Quelle chance ! Elle était déjà une figure importante et la preuve en est qu’elle peut venir en aide au petit aventurier. Les yeux de ce-dernier étaient à présent grands ouverts, laissant briller une curiosité débordante et une multitude de questions lui chatouillaient la langue. Son excitation face à cette nouvelle contrastait avec la situation routinière dans laquelle semblait se trouver Keridwen, comme si son cas n’avait rien de spécial à ses yeux. À peine lui avait-elle demandé une dernière fois son accord pour le soigner que Fjörd tendit sa patte handicapée à la louve, avec peine.

- C’est vrai tu vas être la guérisseuse du clan ? Ça fait quoi de déjà savoir ça ? L’empressement du jeune était très radical par rapport à ses réactions passées, et son intérêt en la louve lui donnait confiance en elle sans même qu’il ne s’en rende compte. Après tout, elle n’était peut-être pas aussi inutile que ça celle-ci et le blanc pourrait même rentrer en frimant chez lui, fière d’avoir sa première « blessure de guerre ».