Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Tant que ça sent pas le sapin

Je culbutais le sol rocailleux de mon pas gracieux, profitant des délices de mon territoire et... fermant les narines quant à ses effluves. La Plaine Volcanique, c'est cool, mais franchement, on ne va pas se mentir, l'odeur est assez particulière hein. Mais il était nécessaire que je marche pour réfléchir de façon efficace, et ce même au prix d'avoir la tête qui tourne légèrement à cause des fumets de cramé du lieu.
Réfléchir. Analyser. Assembler. Arranger. Organiser.
C'est ce que j'essayais de faire dès que j'avais du temps libre. Je prends la menace de guerre qui flotte tranquillement au-dessus de nos têtes fort au sérieux, et c'est bien pour cela qu'il faut que je trouve comment agir de sorte à ce qu'elle ne devienne pas notre quotidien à tous. Pour mon Clan, pour mes enfants, pour Four Seasons. On n'a pas besoin d'une nouvelle guerre, pas besoin d'effluves nouvelles de sang sur le sol taché par les coins d'ombre du temps. Surtout que ce qui se prépare est parfaitement injustifié et fondamentalement inutile. Pourquoi les camps perdraient de l'énergie, des vies, du moral, des jours paisibles à vivre, pour une querelle à la noix qui n'a aucun fondements?
Non. Cette guerre n'a pas lieu d'être, alors elle n'aura pas lieu. C'est décidé. Quitte à multiplier les missions de recherches et autres.
Je grondai sourdement et me secouai légèrement la tête pendant que je continuais de trotter sur la distance inconnue que je m'imposais. Réfléchis. Qu'est-ce qui a fait débuter ces tensions? Certes, c'était pas déjà la joie-joie amis-amis entre l'Automne et le Printemps avant. Non. Bon, déjà y'a eu Viehrs. Bon sang, si on m'avait dit qu'il parviendrait finalement à avoir la protection de mon Clan, j'aurais ri. En fait, non, je ne sais pas. C'était un embranchement du destin imprévisible, indécelable, nul n'aurait su le deviner.
Bref, y'a eu Viehrs, l'espèce de Diva hypocrite qui m'a bien énervée lors de notre première rencontre. Seira veut zigouiller mister. Donc, première raison pour avoir des idées pour nous attaquer. Mais ensuite! On tente de l'assassiner, et soi-disant sous la commande de Daeron. Le nom du mercenaire: Daenerys. Bon.
Je plissai les yeux, suivant le fil de mes pensées.
Conclusion: il faut des preuves pour convaincre l'Alpha printanière alias la plus grosse tête de mule que Four Seasons ait jamais connue; oui je sais je peux parler.
Et puis, mon chemin mental eut la désobligeance de devoir se mettre en pause, car j'aperçus alors une silhouette blanche plus loin.
Je me figeai. Le poil dressé.
De loin... Comme ça... Serait-ce possible??
Une triste vague émotionnelle balaya doucement mon pelage alors que mon coeur et mes entrailles se serraient.
Lui?
Je me secouai férocement la tête. T'emballes pas ma belle, les espoirs c'est fait pour être brisés.
Alors, mieux que de rester là, j'avançai, j'avançai vers cette silhouette.

Et bien j'ai bien fait de ne pas faire confiance à mes impressions, c'est pas du tout Lath. Je poussai un triste soupir.
Mais, si ce n'est pas lui, ce n'est pas non plus quelqu'un de l'Automne, ni en fait personne des autres Clans. Je m'approchai, le visage impassible et légèrement dur.

-Halte. , fis-je en me plaçant devant le loup qui était bien plus grand que moi, le regard déterminé.

Si certes je dois chercher des moyens d'empêcher cette guerre, ça n'est pas une raison pour manquer à mon devoir d'automnale et légitimer les frontières de mon Clan. Si tous le monde se met à se promener à tout va comme dans un moulin en libre service, wouhlala nononon ça va pas le faire.

I think you are guilty

Si je haussai un sourcil qui dénonça une lueur intriguée dans mon regard, je ne me départis pas de mon impassibilité. Ne quittant pas des yeux l'intrus, d'une rapide oeillade je m'en fis un récapitulatif sommaire, incluant toutes ses plus minimes mimiques ainsi que sa réponse. Il est fortement évident que ce loup n'était pas là parce qu'il était perdu. Cette assurance à travers sa voix, sa répartie et l'éclat intelligent de ses prunelles dénoncent apparemment quelqu'un de réfléchi qui sait ce qu'il fait.
J'ose espérer que ce qui l'amène dans ces terres qui ne sont pas siennes ne cache pas un objectif nocif; malheureusement le sang qui le macule n'est pas là pour jouer en faveur d'une hypothèse amicale. Enfin, il n'a pas attaqué, alors monsieur LaCape va devoir répondre à quelques questions qui me semblent justifiées.

-Bonjour certes., accordai-je d'un court geste de la tête après quelques secondes; autant rester dans la politesse au lieu de s'arracher le pelage à coups de crocs. Bon, je ne vais pas aller par quatre chemins; premièrement, qui es-tu, que fais-tu ici, et pour quelles raisons., fis-je d'une voix limpide et implacable.

Autant dire que je n'aime pas vraiment tourner autour du pot. Directe et franche, pour le meilleur comme pour le pire. Enfin sauf quand il faut se la jouer subtilement, mais disons que, premièrement je n'ai pas la tête à ça, et deuxièmement je n'en vois pas ici l'intérêt pour l'instant. Chacun sait ce qu'il veut, après quoi je ramènerai notre si poli instrus qui n'a pas à se trouver sur le territoire de ma meute même si je ne doute pas de toute la bonne foi dont il pourrait faire preuve.
Je reniflai légèrement, enquêtant sur les effluves qui émanaient de l'intéressé. Pouah l'hémoglobine recouvre quasiment tout ! L'odeur déjà forte du territoire me l'avait camouflé, expliquant le fait de ne pas avoir senti cette odeur que je connais tant de loin, mais en effet c'est un véritable massacre des narines ! Le soufre et le sang, sombre couple de moeurs sourdes. Pour l'instant les odeurs ne me seront pas d'une grande aide pour deviner de quel territoire il vient; le loup comme le sang.
Le museau légèrement froncé, je sifflai calmement, toujours sur mes gardes:

-Deuxièmement, d'où vient ce sang.

Pas entièrement de façon volontaire, je montrai un peu les crocs, sceptique et méfiante.