Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Introspection automnale

ft. Damo et Quetzou

A peine Kuma avait-il pu quitter les terres hivernales, qu'il était déjà reparti en vadrouille. Il n'était pas souvent allé dans les territoires automnaux, mais son envie de voir de lui-même comment allaient les automnaux -et notamment Daeron- mêlé au besoin de Damoclès de découvrir ses origines l'avait poussé à explorer !

Damoclès était pleine d'entrain et posait tout un tas de questions auxquelles Kuma n'avait pas toujours les réponses, mais il était heureux de l'accompagner dans ses recherches. Le LibreLune avait passé de nombreux jours à se sentir inutile, cela lui faisait du bien de reprendre du service et d'aider les autres.

« Est-ce qu'on est arrivés ? Tu penses trouver la personne que tu cherches ici ? J'ai du mal à croire que quelqu'un de sensé puisse s'installer dans cet endroit. »

Ne cessant pas sa marche, le loup blanc tourna le regard vers sa nouvelle amie avant de lui répondre dans un sourire.

« Nous ne somme plus très loin alors j'espère trouver ce loup oui ! » Il marqua une courte pause pour regarder où il posait les pattes avant de reprendre. « Tu sais, chaque clan possède au moins un territoire qui ne donne pas envie aux autres. Ce doit sans doute être une manière de se protéger j'imagine. »

Le blanc regarda l'horizon, il était vrai que la plaine volcanique n'était pas l'endroit le plus sympathique pour une balade, mais la tanière de l'Alpha se trouvait non loin de ce lieu. Pendant qu'il scrutait au loin, Kuma aperçut une silhouette qui ne lui était pas inconnue.

◊ Codé par Jo' ◊

Les temps commençaient à se faire plutôt compliqués pour le Veilleur. Le grand Quetzal était en effet forcé de redoubler de vigilance avec les tensions qui se multipliaient avec le Printemps. Tout cela prenait un goût amer sur sa langue. Un goût de guerre et de douleur. Lui qui pensait que les NuitTernes avaient semé assez de discordes, il était loin de la vérité… Arpenter le territoire afin de chasser les intrus n’avait jamais semblé plus important qu’à cet instant. Il n’avait plus d’inquiétude sur le cœur autre que son Clan, et c’était bénéfique. Asha en sécurité, sa demande faite, il ne pouvait être plus serein… Du moins, avec le reste de sérénité que les conflits laissaient.

Il n’était pas sur les frontières, ce jour-ci, remplacé par un de ses camarades, aussi était-il en charge de surveiller les lieux les plus fréquentés, les plus proches de leur camp. Quetzalcoatl avait par ailleurs remarqué qu’en ces temps troubles, il passait plus de temps près des tanières, de l’Alpha et des zones risquées. Il fallait croire que sa carrure suffisait à dissuader, et c’était ce que recherchaient les Automnaux. Intimider, repousser les ennemis avant même qu’ils n’arrivent. Ce fut dans cet état d’esprit qu’il entama la journée, et la passa à rôder, attentif, masse colossale et pourtant presque silencieuse. Tout était plutôt calme, à son grand bonheur, aucune tentative d’assassinat, aucun Printanier perdu au-delà des frontières… Pourtant il lui sembla, à un moment dans son errance, entendre des voix. Pas ses camarades, il les aurait reconnus. Il entreprit donc tout naturellement de s’approcher.

Le fait fut qu’il ne reconnut pas tout de suite ce timbre pourtant déjà entendu, et apprécié par ailleurs. Ainsi, le Quetzal, haut en couleur, hérissa chaque poil, chaque plume de son corps, menaçant tandis qu’il approchait, crocs découverts, une langue azur pointant entre eux. Il n’aurait jamais agressé quiconque, mais nécessitait faisait loi, il préférait être prudent.

Pourtant, il se décomposa aussitôt qu’il vit le pelage blanc et noir, malgré la présence de la demoiselle étrangère à ses côtés. Ses ailes, à demi déployées, se rabaissèrent mollement, et il parut soudain perdre bien la moitié de son volume alors qu’un air doux et penaud s’affichait sur son visage.

-Vous me voyez navré de vous accueillir ainsi tous les deux… ! Que nous vaut cette visite, Kuma ? J’ose espérer que ta présence ici est aussi pacifique que tu ne peux l’être.

Craignant l’impolitesse, il inclina la tête vers la louve à l’impressionnante crinière flamboyante, un sourire aux lèvres, hésitant. Si elle demeurait aux côtés de l’Ours, elle ne pouvait qu’être amie… Il lui semblait l’avoir déjà vue. Quelque part.

-Veuillez excuser mon attitude, ma Dame, mais par les temps qui courent, il vaut parfois mieux être gratuitement agressif…

Introspection automnale

ft. Damo et Quetzou

Effectivement, le grand loup ailé aux couleurs chatoyantes n'était pas du tout inconnu au LibreLune ! Son allure presque agressive n'était pas habituelle, mais Kuma se doutait bien qu'il ne faisait que son travail. De plus, les loups parlaient beaucoup et d'après ce qu'on avait pu rapporter au blanc, l'automne semblait être en froid avec le printemps ces jours-ci.

C'est avec plus de douceur que l'automnal s'adressa finalement aux deux compères étrangers. Kuma lui adressa un sourire, avant d'entendre sa nouvelle amie lui répondre en essayant d'être courtoise.

« Bien le bonjour Quetzalcoatl ! lança-t-il avec un grand sourire sur le visage. Ne t'inquiète pas pour cela, tu ne fais que ton travail. De plus, j'ai ouïe dire ce qui se passe pour ton clan ces derniers temps. J'espère que cela ne durera pas. »

Les politesses étant faites, le blanc devait à présent expliquer à son ami la raison de leur venue. Bien sûr, au-delà du besoin de découvertes de la louve qui l'accompagnait, le loup blanc souhaitait plus que tout prendre des nouvelles de l'alpha qu'il avait essayé tant bien que mal de ne pas laisser mourir sur le champs de bataille.

Il tourna la tête vers Damoclès, puis vers l'automnal.

« Nous venons pour cette demoiselle. Elle est la fille d'anciens membres automnaux alors elle aimerait découvrir le coin. Je lui ai proposé de l'accompagner, étant donné qu'être solitaire n'est pas un statut toujours très sûr. »

Puis, le loup prit un air plus grave et fixa sérieusement son ami automnal avant de lui avouer : « Et pour ma part, j'aimerai avoir des nouvelles de ton Alpha. Il ne doit même pas me connaître, mais je sais qu'il n'était pas en très bon état après la guerre contre les NuitTernes. Alors avec ce qui se passe en ce moment, je m'inquiète un peu... » finit-il de dire les oreilles basses et le regard dirigé vers le sol.

Le LibreLune trouvait cela déplacer de demander des informations pareilles, d'autant plus en compagnie d'une solitaire que son ami ne connaissait pas, mais ses intentions étaient on ne peut plus innocentes et Damoclès était quelqu'un de bien alors il ne doutait pas que ces informations resteraient entre eux.

◊ Codé par Jo' ◊

-Damoclès ? Un bien beau nom, ma Dame, vous le portez bien.

Il afficha un bien franc sourire, le grand Oiseau, toute son hostilité envolée, et la chaleur prenant place dans ses prunelles disparates. Kuma à ses côtés, et Quetzal en face, la demoiselle semblait bien petite, mais il sentait qu’elle devait être aussi flamboyante que sa crinière lorsqu’elle n’était pas aussi intimidée. Aux courtoisies du LibreLune, il répondit d’un hochement de tête amical, sa queue balayant un instant l’air avec joie. Quelle ironie du destin, bientôt ils seraient tous camarades, le grand Oiseau, l’Ours et la Flamboyante, unis sous les rayons de Lune.

-Si elle possède ne serait-ce qu’une bribe de sang Automnal en elle, alors elle a bien fait de venir reprendre contact avec ses racines. Peut-être pourrais-je l’aider, moi aussi, même si je crains qu’en l’état des choses je ne sois pas bien utile. En revanche, je peux aisément vous orienter vers les automnaux les plus disposés à posséder des réponses !

A la requête de son ami, il hésita cependant une seconde. Se devait-il de protéger son Alpha ? C’était évident que oui. Mais de telles informations ne causeraient jamais de tort, à priori, ou du moins il l’espérait. Il lâcha un soupir bas, les oreilles relevées sur son crâne, et leur fit un petit signe de tête pour qu’ils daignassent le suivre. S’ils erraient par eux-mêmes, ils risquaient de tomber sur un Veilleur plus agressif. Et, l’air de rien, les avoir auprès de lui permettait par la même occasion de garder un œil sur eux. D’une pierre deux coups, pour ainsi dire.

-Comme tu l’as si bien dit, mon cher, je fais mon travail, et la situation me pousse à vouloir protéger Daeron. Cependant, ton inquiétude t’honore, et j’espère ne pas me tromper en me fiant à toi. Notre Alpha va bien. Ses blessures sont un souvenir encore vivace, mais il a retrouvé force et raison de vivre.

Il haussa les épaules. C’était arranger un peu la vérité, mais le fait était que leur Alpha allait bien mieux, et qu’il avait trouvé en la personne d’Asha le plus puissant des antidotes. Il coula un regard curieux vers la solitaire, silencieuse, l’air tellement moins agressif, et tellement plus ouvert désormais :

-Connaîtriez-vous le nom de vos parents ? Cela faciliterait les recherches. Et peut-être en ai-je entendu des échos, au détour d’une conversation, sans m’en rendre compte !

C’était une bien belle manière de détourner un peu leur discussion de Daeron. Les détails resteraient pour le moment au sein de l’Automne, à moins que ses deux camarades imprévus n’y revinrent plus tard.

Introspection automnale

ft. Damo et Quetzou

L'automnal confirma au blanc que son Alpha se portait bien, ce qui fut un net soulagement pour le LibreLune. Il n'avait pas pris ce rocher coupant dans le torse et traîné ce corps blessé en vain. Et, bien qu'il doute sincèrement que l'Alpha automnale ne se souvienne de lui tant il était abîmé, Kuma aimerait un jour aller lui présenter ses respects afin de le rencontrer dans de meilleures conditions.

Avant que la conversation ne revienne sur leur venue, le blanc lança un sourire dans un léger hochement de tête à son ami automnal, gageant du fait qu'il avait bien pris en considération les informations qu'il venait de lui donner et qu'elles ne sortiraient pas de cette conversation.

Le grand loup ailé posa quelques questions à la solitaire sous les yeux de Kuma. Le LibreLune n'avait pas vraiment côtoyé beaucoup d'automnaux en dehors de Daphné et Quetzalcoatl, aussi il écouta simplement leur échange sans réellement pouvoir y prendre part, ne connaissant que peu de terres et peu de membres du clan.

Curieux de la réaction qu'aurait son ami en entendant que la louve aux yeux de lave était issue d'un croisement entre deux femelles, le blanc l'observa avec intérêt. Il fallait bien admettre qu'il n'était pas fréquent d'entendre une histoire pareille et qu'il était en principe impossible que Damoclès naisse de deux louves, mais cela s'était pourtant produit.

Gardant son léger sourire habituel, le LibreLune attendit donc sagement que ses deux camarades terminent leur échange, ou du moins qu'une ouverture vienne lui permettre d'oser une réponse.

◊ Codé par Jo' ◊

Elle était bien sympathique, cette jeune louve, ou du moins la manière qu’elle avait de marcher à ses côtés et de parler étaient des plus empreintes de naturel. Aussi, Quetzal décida-t-il qu’il l’appréciait, pour le moment, et qu’il n’y avait guère de raison de s’en méfier outre mesure. Elle dégageait toute une aura de jeunesse et de franchise, et les ailes du géant frémirent légèrement à ses paroles, tandis qu’une surprise teintée de bienveillance en venait à imprégner ses prunelles douces.

-Deux mères ? Voilà bien longtemps que je n’avais pas entendu parler de telles choses… Et il afficha un air rêveur, un instant, ralentissant ses enjambées pour éviter à ses camarades de courir : En mes terres, j’ai connu deux femelles qui se portaient l’amour le plus pur de tout le territoire. Néanmoins, elles n’ont jamais eu de descendance, par la force de la nature. Seriez-vous donc un petit miracle ambulant, Damoclès ?

Il lâcha un rire, mélodieux, comme revigoré par ce souvenir fugace, enfoui dans la mémoire de sa vie passée, si lointaine. Daphné. Il y avait des sonorités familières, mais il n’était décidément pas le mieux placé pour lui livrer des secrets de famille depuis longtemps disparus. Il lui coula une œillade penaude, mais il souriait :

-Je n’ai que de vagues échos de ces deux dames, je ne peux vous renseigner d’avantage… D’autres, en revanche, doivent être bien informés !

Enjambant d’une foulée une roche qui causerait des difficultés à bien des loups, il dépassa un étrange tas de pierres, empilées, qui pour tout loup qui le connaissait arracherait un sourire. Il avait encore frappé, malgré les tensions, laissant courir son art pour qui voulait bien le voir. L’ailé progressait d’un pas étonnement léger, pour une masse pareille :

-Qu’en penses-tu, Kuma ? D’une telle naissance ? Pour peu, je parlerai presque d’un don des dieux ! Beaucoup seraient heureux de connaître de tels cadeaux. Un enfant, pour ceux qui ne peuvent en avoir… Je n’ose imaginer leur bonheur.

Il était un fait en ce monde qui ne pouvait s’ignorer : les louveteaux, les enfants, tout cela était une fibre sensible dans l’âme du géant. Quoi de plus beau, en ce jour, que cette gamine à la crinière de feu, incarnation même de l’amour de deux êtres. Elle venait d’illuminer sa journée.

Le géant suivait la flamboyante femelle des yeux avec amusement alors qu’elle se mettait en tête d’escalader les pierres, et de suivre le rythme comme elle le pouvait. Kuma lui avait présenté une bien sympathique connaissance, et Quetzal ne regrettait en rien d’avoir pris son tour de garde à ce moment-ci de la journée quand il voyait combien la conversation suffisait à, en quelques sortes, alléger le poids sur ses épaules et lui permettre de les détendre au fil des minutes qui s’écoulaient entre eux. Il afficha un doux air pensif, remuant un peu ses ailes, et son pas souple s’arrêta une seconde alors que le LibreLune exposait son point de vue quant à la situation.

-Je n’ai moi non plus jamais croisé un tel phénomène, mais à quoi bon servirait-il de vivre en ayant connaissance de tout ? On s’ennuierait tellement vite ! Je suis ravi de pouvoir élargir mes connaissances et mes horizons en votre compagnie, mes amis.

Il laissa échapper un bref et discret rire, sa queue battant l’air comme un large éventail derrière lui, mais ce son mélodieux manqua de s’étrangler lorsque l’Ours enchaîna avec tant de naïveté que le colosse s’en sentit presque rougir sous sa fourrure. Il n’était pas fréquent que quelqu’un aborde ce sujet, moins encore de façon si spontanée, et en cela l’Oiseau sentit un élan d’affection plus prononcé encore envers son camarade. Il pencha légèrement la tête, un sourire en un sens bien timide aux lèvres, et ses yeux disparates brillaient comme deux pierres alors que ses pattes se chargeaient justement d’en faire rouler certaines sur le sol. Il coula un regard mêlant amusement et une once de pudeur vers ses deux camarades, et releva le menton pour faire filer un rire plus franc de sa gorge colorée.

-Je crains de n’avoir jamais rencontré le miracle qui en entrainerait d’autres dans ma vie. Mais rien ne presse… L’amour trouvera bien son chemin, d’une façon où d’une autre. D’ici là, je me contenterai de rencontrer d’autres miracles sur mes pas, dans l’espoir d’un jour trouver le mien.

Il eut un petit souffle, les oreilles vaguement abaissées, les ailes ramenées contre ses flancs, et son fameux petit sourire toujours aux lèvres alors qu’il quêtait les réponses de la flamboyante et du blanchon. Allons bon, ils étaient partis de manière si officielle, si solennelle, et ils se retrouvaient à converser comme des commères à propos de princes et de princesses qui combleraient leurs cœurs un jour. Peut-être Quetzal, qui possédait tant de douceur à distribuer, souffrait-il un peu de n’avoir personne à chérir. Asha… Asha était ce qui se rapprochait le plus de la prunelle de ses yeux. Mais c’était différent. Un amour platonique, l’amour d’un gardien et d’un ami, d’un frère et d’un compagnon de lutte qui l’accompagnerait sur chaque sentier qu’elle emprunterait. Il se plaisait à penser qu’il trouverait quelqu’un d’autre. Quelqu’un avec qui, au contraire, bâtir ce sentier peu à peu, jusqu’à trouver là-dedans une toute nouvelle forme de réconfort.

-Après tout, à trop courir après ce genre de choses, on en perd la saveur ! Qu’en dites-vous ? Ne mieux vaut-il pas laisser faire le hasard d’une rencontre, et une bribe de destin, plutôt que de s’en soucier jour après jour à l’instar de certains ?

La joie de vivre de Damoclès était terriblement contagieuse, et le grand Quetzal se sentit plus détendu qu’il ne l’avait été durant tous ces derniers jours, à patrouiller, aux aguets, à la recherche du moindre détail qui sortirait de l’ordinaire et trahirait une intrusion. La femelle fanfaronnait entre eux, guillerette, Kuma arborait le même air doux et calme qui avait gagné la confiance de l’Oiseau à la première rencontre, et il se dit qu’en si bonne compagnie il ne pourrait guère plus se plaindre dans les heures à venir. Il voyait venir les dernières longueurs qui les mèneraient à bon port d’un œil presque déçu, mais se dit qu’après tout, rien ne l’empêcherait de les recroiser plus tard, au détour d’un chemin. Au détour d’un hasard. L’idée le rassura amplement. Il allait rouvrir la bouche pour les avertir qu’ils parvenaient au bout de leur petite épopée au travers du territoire automnal, quand la louve posa une question qui lui tira un sourire amusé. Les souvenirs étaient tout ce qu’il lui restait. Il ne s’empressa pour autant pas de répondre, laissa galamment son ami blanc conter son histoire en premier. Ce n’était pas un passé très gai qu’il leur dépeignait là, et le Veilleur écouta avec une attention douce tout ce qu’il pouvait leur expliquer. En connaître un peu plus lui donnait le sentiment que leurs liens commençaient à gentiment se forger au fil de l’eau. Il ne put que baisser le museau, car il fallait admettre qu’il les dominait de toute sa taille, pour enfouir l’espace d’un instant sa truffe azurée contre sa joue dans un candide geste de réconfort.

-J’imagine que ce sont les épreuves qui font de nous ce que l’on est aujourd’hui. Je ne peux qu’espérer pour que ton avenir te soit plus tendre que ton passé, Kuma.

A la question de ce dernier, il eut un rire léger, se redressa de toute sa taille, ce qui laissa transparaître combien son poitrail et ses épaules étaient larges. Pour amener son petit effet, il déploya ses larges ailes, au-dessus de sa tête, quatre immenses arcs chatoyants, et il esquissa un sourire empreint d’une malice terrible.

-Je pense qu’on peut dire qu’elle vient d’eux, en effet ! Mais sachez, mes chers amis, que j’étais un nain parmi les miens, le plus petit des êtres, au point que mes frères me nommaient Moineau ! En ce jour, je doute encore que mon nez ne parvint au poitrail de mon noble Père, s’amusa-t-il tout en repliant les ailes, les yeux brillants de nostalgie et de joies mêlées : J’ai échoué en ces terres en tombant des miennes, devenant géant au lieu de nabot. Elles me manquent, parfois, mais désormais je suis ici chez moi.

Il s’ébroua, tout sourire qu’il était, imprégné des images de ses frères, ses sœurs, du flanc grand comme une montagne de Mère, des cornes divines de Père, et de tous ses amis. Mais alors qu’il achevait ses propos, il finit par pencher la tête, avec un sourire penaud, et lâcha les mots qu’il ne souhaitait pas prononcer.

-Je crains que nous ne soyons arrivés. Votre compagnie m’est agréable, j’ose prier pour que nous nous retrouvions bientôt en de telles dispositions, mes amis.