Rencontre sous les Feuilles d’Automne Feat Quetzalcoatl
Perdu. Ce seul et unique mot suffisait à résumer la situation dans laquelle le petit Solo se trouvait en cet instant. Tout autour de lui, de la fraîcheur inhabituelle de la brise au paysage principalement coloré de rouges, oranges, jaunes et bruns, lui indiquait qu’il n’était plus chez lui. Ce décor aux teintes chatoyantes lui hurlait le nom du territoire sur lequel il s’était involontairement rendu : l’Automne ; et cela le terrifiait. Son esprit, toujours trop plein, semblait prendre un malin plaisir à imaginer mille et un scénarios manquant de le pétrifier à chaque pas. Que ferait-il s’il tombait nez-à-nez avec un autre loup ? Allait-on le mener au chef ? Allait-on le tuer ? Un petit sanglot s’échappa à cette pensée. Il n’avait rien fait de mal ! Il voulait juste suivre un oiseau aux plumes colorées, dans le but de récolter d’éventuelles plumes qui auraient pu tomber durant son vol. Le nez en l’air, concentré dans sa tâche, il n’avait pas fait attention aux directions qu’il prenait ; résultant en son arrivée involontaire en terres automnales.
Tremblant de peur, la boule de poils posait timidement une patte devant l’autre, presque entièrement submergé par des rangées d’herbes hautes dont la couleur dorée s’accordait délicatement avec celle de sa crinière. Il n’avait aucune idée de la direction dans laquelle il avançait. S’enfonçait-il plus profondément dans le territoire ou cela avait-il été une bonne idée, quelques instants plus tôt, de tenter de faire demi-tour ? Le vent lui portait des odeurs inconnues, et aucune ne se distinguait des autres comme pouvant éventuellement être celle de son clan. Le soleil était déjà haut dans le ciel, et il avait promis à Papa de rentrer aux alentours de midi. Et si l’après-midi avait déjà été entamée ? Il allait s’inquiéter, surtout s’il se rendait compte qu’il avait atterri dans un autre territoire. Allait-il le gronder ? Il ne voulait pas énerver Papa - cela le rendait triste quand il se mettait en colère.
- Papa... J’ai peur...
Il ravala difficilement gémissements et sanglots. Il parvint finalement à se libérer de sa prison dorée, pouvant ainsi observer ce qui l’entourait. Rien à faire, cependant : pas un seul arbre n’abritait de vestiges de verdure. Comment allait-il rentrer à la maison ? Une grosse larme lui échappa ; il n’aimait pas se perdre, ne pas savoir où il était, sentiment qui ne faisait qu’empirer dans ce genre de situation où il avait, par mégarde, traversé les frontières du territoire estival. Il s’assit à la lisière de champ d’herbes dans lequel il s’était engagé un peu plus tôt, préférant se reposer à l’abri des regards. Il était fatigué d’avoir tant marché, et la peur lui faisait perdre ses moyens. Il pria tout ce qui pouvait exister de lui offrir un signe, quelque chose pouvant l’aider à retrouver son chemin.
Soudain, une ombre gigantesque passa au-dessus de lui. Levant la tête, le soleil l’aveuglant brusquement alors que son regard se posait involontairement sur lui, il put distinguer une forme noire arpenter le ciel. La silhouette, sans doute celle d’un grand oiseau, volait avec grâce, et le petit ne put se souvenir d’en avoir déjà vu un aussi grand. Mais, après quelques secondes, il se mit à douter lorsque l’animal sembla perdre de l’altitude. Tout se passa si vite qu’il eut du mal à comprendre ce qui lui arrivait. La créature atterrit dans un grand fracas qui le fit sursauter comme il ne l’avait jamais fait. Un nuage de poussière l’entoura, le faisant toussoter, et il attendit que le vent nettoie l’air pour ouvrir les yeux.
Ce qu’il vit l’horrifia : là, devant lui, se trouvait un loup - immense ! Et il crut que c’en était fini de lui. Il réussit cependant, dans un étrange élan de panique, à se souvenir de ce que lui avait un jour dit son paternel. Règle de sécurité numéro 1 : si quelqu’un que tu ne connais pas et qui ne t’inspire pas confiance s’approche de toi, cache-toi dans un buisson suffisamment odorant pour dissimuler ton odeur. Petit Solo obéit : il courut pour plonger dans un buisson coloré recouvert de fruits étranges, priant de toutes ses forces pour avoir été assez rapide pour passer inaperçu. Avec un peu de chance, peut-être que le géant ne sentirait pas sa présence ? Il resta aussi immobile qu’un rocher.
Pétrifié, les oreilles plaquées en arrière, il l’observa à travers un petit trou parmi les feuilles. Il avait l’affreux sentiment que ses prières ne seraient pas exaucées. Recroquevillé sur lui-même, son petit corps secoué de violent tremblements, il tenta tant bien que mal de ravaler les sanglots qui lui déchiraient la gorge. Ses grands yeux s’embuèrent à nouveau de larmes et, plusieurs fois, des reniflements, qu’il bloqua rapidement, manquèrent de le trahir. Où était son Papa ? Il avait besoin de lui ! Il ne s’en sortirait jamais tout seul...
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