Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Cela faisait presque une lune depuis la bataille contre les Nuit-Ternes et Daeron souffrait de moins en moins de sa blessure, bien qu’il fusse encore parfois sujet de rares douleurs matinales. Assis devant son antre, le rouquin se nettoyait brièvement, s’appliquant grossièrement à la tâche comme il avait l’habitude de le faire. Il grimaça lorsque sa langue
rentra en contact avec l’éclair brunâtre qui tranchait le long de son échine anthracite. Il n’était pas prêt d’oublier ce combat de sitôt, aussi bien lui que ses camarades. Nachtgewalt avait bien réussi son coup, en infligeant une marque indélébile à tous les participants, et ce, à tous les niveaux.

La preuve ; voilà qu’en cette soirée estivale, l’Alpha du Printemps avait demandé de le voir en urgence. L’automnal n’avait pas été surpris de sa demande. Il savait qu’elle venait pour Viehrs et si, quelques semaines auparavant il s’en était inquiété, aujourd’hui il ne se faisait pas de soucis. Il ne devait rien à personne, contrairement à l’Hiver il ne s’était engagé en rien concernant la recherche des traîtres et n’attendait pas d’aide de la part des autres. Rien ne stipulait qu’il n’avait pas le droit de garder le blanchon en tant que prisonnier, surtout si c’était dans le but de retrouver l’ennemi numéro un des clans, à savoir ce bon vieux corbeau au nom imprononçable. D’autant plus qu’il avait appris très récemment de la part de ses espions que le Printemps gardait la bête noire en otage. Et cela ne lui plaisait pas du tout. Seira ne pouvait pas l’accuser d’avoir réhabilité un simple traître alors qu’elle gardait tranquillement chez elle celui qui était à l’origine de tous leurs maux !

Ce qu’il avait voulu faire en acceptant l’albinos chez lui, c’était dans un premier temps de lui tirer les vers du nez concernant la localisation de Nacht et d’Asha et finalement, il avait retrouvé sa Libre-Lune avant qu’il ne lui cède quoi que ce soit. Donc Daeron n’avait absolument rien à se reprocher. L’idée d’utiliser Viehrs pour obtenir des informations personnelles sur Seira lui avait certes, de nombreuses fois traversé l’esprit, mais pour le moment il ne lui avait rien demandé. Ainsi la réhabilitation de l’albinos au sein de son Clan allait donc servir à l’intérêt commun, puisque bien évidemment, contrairement à certains, il ne comptait pas garder cette précieuse information pour lui tout seul.

Nachtgewalt se devait d’être éliminé le plus vite possible.

Le semi-lion s’était mis en route vers la frontière, silencieusement accompagné par Caesar. Le rayons du coucher de soleil traversaient timidement les arbres, venants se disposer de façon disparate en tâches enflammées sur le sol rougeoyant de la forêt. Les deux loups arrivèrent rapidement à destination et ils attendirent tous deux en silence. Daeron adressa un léger sourire à son camarade, avant de reporter son attention sur la mince silhouette noire qui se dirigeait vers eux. Accompagnée d’un grand loup immaculé aux larges bois de cerf, la meneuse affichait une expression on ne peut plus menaçante. Elle posa brusquement son arrière train au sol, sans un mot, sans une salutation.

Les oreilles de Daeron remuèrent avec agacement, il pouvait bien comprendre la colère de la louve, mais de là à lui manquer de respect... Ses prunelles dorées se posèrent alors sur l’énorme cicatrice qui barrait le poitrail de Seira, une entaille qu’il ne se souvenait pas d’avoir vu lors de la bataille contre les Nuit-Ternes. Cette dernière semblait récente et fraîchement cicatrisée. Le rouquin ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux avec étonnement, qui avait bien pu lui infliger une blessure pareille ? Nachtgewalt, probablement…

“Je te remercie d’avoir accepté cet entretien.” lâcha t-elle dans son ton qui ne présageait rien de bon, avant d’enchaîner  “Je crois que tu me dois quelques explications.”



Des explications. Pardon ? C’était trop facile de commencer par ce genre d’accusation. Elle attendait clairement de lui qu’il lui avoue quelque chose qu’il n’aurait pas dû faire, voir plus. Prêcher le faux pour avoir le vrai, comme c’était habile ! Les prunelles de Daeron se durcirent tandis qu’il toisait la louve d’un air suspicieux. Bien évidemment, elle voulait qu’il lui explique la situation concernant Viehrs, mais visiblement, il n’y avait pas que cela.

“ Bonsoir Seira.” lâcha t-il d’un ton qui se voulait le plus neutre possible. “ Pardonnez mon ignorance, mais j’aimerai bien savoir ce que vous (il avait bien sûr relevé le tutoiement de sa comparse) insinuez par “ quelques explications” ?” avait-il achevé d’un ton plus sec. Il avait penché la tête de côté, toc qui ressortait souvent chez lui lorsqu’il ne comprenait pas quelque chose. Elle n’avait pas à lui ordonner quoi que ce soit et il n’avait rien à se reprocher, pour qui elle se prenait, sérieusement ? Dans le cas présent, c’était plutôt à elle de justifier ses sous-entendus.

Debout, il attendait la réponse de la louve, qui, étant donné les regards qu’elle lui lançait, ne semblait guère disposée à converser tranquillement. Daeron avait froncé les sourcils et toisait la louve de son regard de feu, où brillait une lueur d'incompréhension mêlée à un soupçon d’agacement.

“Ne te moque pas de moi, Daeron !”

Le concerné laissa les ses oreilles se rabattre brusquement en arrière alors qu’il écoutait, non sans surprise, la printanière lui déverser tout son venin.

"Il y a quelques semaines, tu as envoyé une mercenaire sur mes terres dans le but de m’assassiné. Arrête de faire l’innocent ! ."" – Ton nom est ressorti plusieurs fois dans notre confrontation.

Comme pour faire écho au comportement de Seira, le pelage du rouquin s’était hérissé à son tour. Son pelage naturellement épais avait triplé de volume et ses muscles s’étaient tendus. Les yeux écarquillés de stupeur, il se répétait les paroles de la louve, insistant sur le mot “ assassiné “ qui lui vrillait douloureusement les oreilles. De quoi parlait-elle ? D'où sortait-elle toutes ces conneries ? Comment osait-elle l’accuser de quelque chose d’aussi grave ? Ses crocs se serrèrent, et Daeron eut la sensation de devenir sourd pendant quelques instants. Tout semblait s’être effacé autour de lui, et seul les assauts répétés de son sang contre ses tempes  paraissaient se faire entendre.

" Si Thorin, mon guérisseur, n’avait pas été pas été à proximité je ne serais plus là pour te parler. Ça te coutait trop de venir me parler ou mieux de m’affronter à la loyale plutôt que m’envoyer un tueur qui n’est même pas de ton propre clan pour brouillé les pistes ?! Qu’est-ce que tu espérais faire en m’envoyer Daenerys me tuer, hein ?!"

Il se figea quelques secondes en entendant le nom qu'elle avait prononcé avant de se reprendre. Daenerys, sa nièce, celle qui avait disparue de l'automne du jour au lendemain… Non, non, il devait sûrement y avoir méprise. La gamine de Legolas était beaucoup trop flemmarde pour se reconvertir en mercenaire, peut-être même qu'elle était morte, après tout elle s'était volatilisée si jeune… Seira devait forcement parler de quelqu'un d'autre, Daenerys était un prénom assez populaire. Puis, même si cela avait été vraiment elle, personne ne détenait de preuve concernant leur entretien, puisque de toute façon, ce dernier n'avait jamais eu lieu. Néanmoins, l'évocation de ce prénom était de trop pour Daeron. Seira ne lui laissait même pas en placer une. Furibonde, la meneuse l’observait avec toute l’hostilité du monde, l’accusant de choses qu’il n’avait jamais eu l’intention de commettre. Daeron était terriblement indigné, il ne comprenait pas comment son Clan avait-il pu approuver cette accusation, sachant pertinemment qu’ils gardaient sur leur territoire le manipulateur le plus réputé de tout Four Seasons. Ne s’étaient-ils pas demandé, ne serait-ce qu’un instant, si ce fameux mercenaire ne venait pas de lui mais du plumé ?

Daeron se retenait de labourer la terre. Il ne voulait pas que cet entretien se transforme en massacre. Bien évidemment, il n’avait pas caché sa surprise ni sa colère à la meneuse, après tout, il avait toujours été très expressif. Toutefois, ce n’était pas le moment de lui répondre sur le même ton, étant donné sa patience très limitée.

“Je ne vous permets pas de m’accuser de quelque chose d’aussi grave. Nos rapports ne sont peut être pas spécialement amicaux, mais de là à vous vouloir six pied sous terre, bon sang ! Vous pensez sincèrement que quelques semaines seulement après la grande bataille je prendrai le risque de m’attirer les foudres de toutes les Tribus en vous tuant ?! Ah, comme si on avait besoin d’une deuxième guerre !” Il souffla, toujours extrêmement indigné avant de reprendre : “ - Je n’ai jamais engagé de mercenaire contre vous. Vous tuer ne m’apporterait que des problèmes, que je ne vais pas citer car vous les connaissez tout autant que moi. Et même si j’avais voulu le faire, me pensez-vous assez stupide pour aller engager un tueur qui, en plus de ne pas faire correctement son travail, révélerait sans pression le nom de son client ?! Ce serait complètement stupide de sa part. D'autant plus que je n’ai absolument rien à offrir en échange à ce genre de personnages.” lâcha t-il en reniflant d'un air méprisant." Votre histoire me parait bien suspecte, Seira. Je porte à croire que cette Daenerys a délibérément cherché à vous éloigner du vrai coupable, en vous incitant à rabattre votre colère sur une cible facile, et pour qui vous éprouvez déjà naturellement une certaine hostilité. En tout cas, je refuse de me laisser faire accuser de la sorte, surtout avec une preuve aussi bancale. Je trouve ça un peu gros d’hurler le nom d’une personne lambda en pleine tentative d’assassinat, sachant qu’il y avait tout de même une chance sur 2 pour que vous vous en sortez. De même que, jusqu’à présent, nos Clans ont toujours conservé des relations neutres après la guerre d’Oxymore. Cela nous a toujours convenu. Ainsi, je ne vois pas pourquoi cela devrait changer."

"Donc si j’étais vous, je tâcherai de porter mon attention sur mes vrais ennemis, c’est à dire, ceux  qui par le passé ont déjà tenté quelque chose contre vous.” Comme par exemple, Nachtgewalt lors de la grande bataille, non ? Cela lui paraissait plus qu'évident. Le corbeau était loin de porter la meneuse dans son cœur. Il marqua un temps d'arrêt, son poil était retombé sur son échine.” Je n’ai rien d’autre à dire pour ma défense. Ne vous attendez pas à ce que je vous avoue un crime que je n’ai jamais eu l’intention de commettre."