Four seasons
Tu as posé les pattes sur Four Seasons !

Tu te retrouves dans un monde étrange, peuplé d'animaux désignés comme dangereux...Quel camp choisiras-tu ?
Mais ne t'inquiètes pas : ils sont civilisés et ne te mordront pas au moindre mouvement ! (encore que...)
Viens incarner TON personnage : loup ou chien pour les Survivants, et bien d’autres (félins, ours,...) pour les Insulaires et fais le vivre à travers des aventures nommées RP !

A très bientôt !
Four seasons
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Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !


 
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« May you all die ! » the Crow croaked, but no one listened to his curse. || EPILOGUE EVENT ||
Viehrs
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Viehrs
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Mar 3 Avr 2018 - 22:07

Viehrs ft. Nachtgewalt & Asha

A RED FLAIR SILHOUETTED THE JAGGED EDGE OF A WING

A RED FLAIR SILHOUETTED THE JAGGED EDGE OF A WING


«  Pourquoi cela t’irrite tant que l’on t’appelle Viehrs ? » demande l’enfant aux longs cheveux blancs, ses immenses yeux rouges brillants d’intelligence braqués sur l’adulte. Il est si frêle qu’une bourrasque de vent aurait été capable de le soulever. Le manteau de fourrure sensé le protéger semble trop lourd pour sa fragile carcasse.
«  Parce que la signification de ce sobriquet est particulièrement péjorative. » répond fermement un immense doberman, posté aux côtés de l’enfant qu’il refuse de regarder.
«  Quelle est-elle ? » insiste le louveteau, son attention fixée sur les colliers faits d’or qui parent le cou du canidé au pelage de jais. L’adulte refuse de répondre, agacé.
« Celui qui gouverne sans trône. » intervient joyeusement une troisième voix, appartenant à une louve noire aux yeux verts et perçants.
Olivier reporte son attention sur la femelle et s’enquit à nouveau, plus délicatement : « Eileen, en quoi cela est-il négatif de surnommer autrui ainsi ? »
La louve regarde d’abord le doberman, qui ignore désormais superbement elle et l’enfant, puis se penche vers l’enfant albinos pour lui murmurer, sur le ton de la confidence : « Parce que cela veut aussi dire ‘’Usurpateur’’ et ‘’Manipulateur ‘’ »
Mais l’enfant ne comprit toujours pas.


Jamais Viehrs n’avait été aussi éreinté, dans sa courte mais remplie vie de privilégié. Chacun de ses pas semblait prendre des heures, ses muscles refusant de coopérer et ses membres lui faisant l’impression de peser aussi lourd qu’un rocher. Il ne faisait déjà presque plus nuit du tout, tant l’affrontement avait duré, donnant au ciel une teinte rubescente ainsi qu’on l’avait peint de tout le sang qui avait été versé sur la neige de la forêt de brume. Les rayons du soleil sur la neige brulaient sa rétine fatiguée. Figurativement comme littéralement, l’hermaphrodite était défait. Sa fourrure esquintée était plus rouge que blanche, d’un rouge terne et sale, celui du sang qui avait séché et s’emmêlait dans ses poils. La chevelure bien trop longue de l’albinos traînait par terre et ramassait la neige, sans qu’il eut le loisir de s’en soucier. Le manteau noir qui le protégeait n’était plus qu’un haillon tâché à la fois de son sang et de celui de ses adversaires. Seule sa tête haute et son sourire ineffaçable conservaient sa dignité. L’affrontement était loin d’eux, mais il semblait encore à Viehrs que le vacarme du combat vrillait ses tympans. Eux ? C’est que Viehrs n’était pas seul. Il se plaignait intérieurement de son allure dramatique, mais il n’était pas plus amoché que sa congénère albâtre qui l’avait aidé cahin-caha à traîner le corps sanguinolant du corbeau jusqu’à un abri.

Dans un ultime effort et prit d’une fureur démentielle, le renégat des Librelunes avait abandonné le champ de bataille, laissant ses nombreux adversaires avec rien d’autre que leur frustration, emportant avec lui sa douce élève et son fourbe serviteur ; et échappant insolemment aux griffes d’une mort certaine. Quoique, échappé fut un bien grand mot. On préférera dire qu’il l’avait simplement esquivée, pour le moment.


Après les avoir téléportés loin du champ de bataille, quoique pas hors du territoire de l’hiver, le corbeau était lourdement tombé au sol et Viehrs, cachant sa panique, crut qu’il était mort ici et là, sans plus d’effort pour résister. La reprise saccadée de sa respiration fit discrètement pousser à la douce louve blanche le soupir de soulagement que l’albinos se refusait. Il était si éreinté qu’il avait été tenté de s’écrouler lui aussi dans la neige. Cependant, il n’avait pas survécu jusqu’ici pour laisser ses ennemis trouver son corps et celui de corbeau, recouverts par la poudreuse. Sa volonté était un peu plus forte que cela.

Les trois loups avaient trouvé leur salut dans une grotte souterraine cachée dans une crevasse et compliquée d’accès. La caverne était sombre, tant la lumière peinait à s’y infiltrer, cela était juste assez pour se repérer dans l’espace. Résonnant entre les parois de la grotte, Viehrs avait entendu avec bonheur le bruit d’un écoulement d’eau souterrain et avait intimé à la louve au chapeau rouge de la suivre, tandis qu’il saisissait seul la carcasse de Nachtgewalt pour la traîner jusque là bas. La femelle et l’hermaphrodite communiquaient en se tournant le dos et sans s’adresser la moindre parole. Non pas parce qu’ils étaient particulièrement complices, loin de là ; ils s’en contentaient simplement.

«  Il faut le mettre à l’abri. » s’exprime Asha en voyant le lever du soleil s’intensifier. Le son de sa voix ne dépasse pas celui du vent. Elle ne s’adresse pas directement à Viehrs. L’albinos se retourne vers elle. Elle détourne le regard pour pointer Nachtgewalt du bout du museau. «  Le soleil. » Elle ajoute avec une politesse glaciale, son ton est celui de l’évidence. La confusion dans le regard de l’albinos fait hausser ses sourcils de surprise.

Dans l’espace clos de la grotte, Viehrs eut l’impression que le temps ne s’écoulait plus. Seule la respiration sifflante du mâle noir était le sablier qui égrenait lentement les heures. Près de l’écoulement d’eau, Viehrs se défit de son manteau ainsi que de son harnais et entreprit de nettoyer son pelage souillé. Il ne pu empêcher son esprit de vagabonder, alors qu’il considérait du regard les entailles que Damoclès lui avait infligées au flanc. Les Librelunes se recueillaient-ils déjà près des ruines de leur ancienne antre ? Les chefs de clans se préparaient-ils déjà à se réunir en Conseil ? Etait-on déjà venu récupérer les blessés graves et ceux qui n’avaient pu se relever d’eux-mêmes ? Son clan était-il déjà retourné sur ses terres ?
Son cœur se serra à cette dernière pensée. Maintenant que la tempête des Nuitsternes se calmait lentement, le départ de Nachtgewalt haltant abruptement les affrontements, la réalité semblait frapper de plein fouet l’albinos qui, lui, ne rentrerait plus nulle part. Le visage trahi de Seira naquit dans son esprit et il chassa le spectre de ses pensées d’un geste vif de la queue. L’hermaphrodite s’ébroua, ce qui lui donna l’impression qu’il déchirait ses muscles endoloris. Ses crocs serrés par la douleur, il posa de nouveau son regard rouge sur le corps gisant de Nachtgewalt. Son cœur se resserra encore sans qu’il ne contrôle plus rien. Une pensée oubliée lui rappela que si son sort à lui était sécurisé pour l'instant, le corbeau avait abandonné dans la forêt ses sbires qui, doutant déjà de leur fidélité à son égard, devaient désormais le haïr tout autant que les clans qu'ils avaient combattus. Viehrs était trop égoïste pour se soucier des Nuitsternes. Il ne s'était jamais réellement mêlé à eux et ne les considérait comme existant uniquement comme de la chair à canon le protégeant lui des coups. Séparés de leur leader, nul doute qu'ils prendraient chacun la fuite, la queue entre les pattes et irait quémander pardon auprès de leurs alphas respectifs. Viehrs renifla avec mépris, il avait trop de fierté pour de tels actes.

Il était peu certain qu'un des Nuitsternes continuerait l'oeuvre du corbeau pendant sa convalescence, c'était même fortement improbable. Pourtant, tout bien considéré, il n'était pas impossible qu'une certaine louve aux lucioles, fervente adoratrice de Nachtgewalt, n'hésiterait pas à continuer son oeuvre en son nom.

L’albinos se mouvait avec docilité. La douleur qui brisait son élégance naturelle donnait au loup albâtre un air solennel. Il était silencieux, en apparence, pour dissimuler le tintamarre de ses pensées. Avec la même précision qu’il mettait à ses rares offensives, Viehrs déchira un pan de son manteau abîmé, le roula dans sa gueule et l’imbiba d’eau claire. Puis, ignorant le poids du regard d’Asha sur son dos, l’albinos se dirigea en ligne droite vers le corbeau et déposa le linge trempé sur les blessures ouvertes de Nachtgewalt, qu’il entreprit de nettoyer. Il entendit la louve, quelque part hors de son champ de vision, se redresser pour observer Viehrs, comme si elle l’eut cru assez vicieux et imprévisible pour achever le corbeau dans son sommeil. L’albinos ne lui en tint pas rigueur. N’importe qui, sachant l’égocentrisme du printanier, aurait regardé avec stupéfaction Viehrs s’occuper d’autrui et pas de lui-même. Enfin, il s’était tout de même occupé de lui en premier. Son esprit se ferma peu à peu tandis qu’il répétait machinalement son geste : nettoyant les plaies, rinçant le linge et recommençant. De temps à autre, brisant le rythme, il s’attardait sur une plaie suintante, salie de petits gravillons ou de terre ; et se baissait pour la nettoyer à coup de langue. Viehrs était aussi peu guérisseur qu’il était guerrier. Cependant, l’albinos était né dans un monde de magie et, maudit, demeurait incapable d’être soignée par elle. Il avait donc été obligé, par les circonstances, à savoir comment désinfecter et nettoyer ses plaies et savait appliquer ce maigre savoir technique à autrui. Il avait le museau enfoui dans la masse noire des plumes de Nachtgewalt lorsqu’il remarqua que les seuls rayons du soleil qui l’avait touché avaient roussi son pelage à un endroit. Ses prunelles rouges étaient teintées de curiosité autant que de désarroi. L’albinos fut forcé de constater que nonobstant leur compréhension mutuelle et tacite, il ne connaissait presque rien du ténébreux corbeau et notamment pas qu’il ne pouvait pas supporter les rayons du jour. Une lueur illumina ses iris ternis par la fatigue, trop rapide pour qu’on eut le temps de saisir sa signification.

Du coin de l’œil, il observait parfois Asha, qui aurait pu s’enfuir mais ne l’avait pas fait. L’hermaphrodite n’avait même pas besoin de la surveiller, en réalité, car la louve accomplissait très bien cette tâche toute seule. Viehrs se serait bien enquit de ses raisons. Il était empêché par la rancœur qu’il sentait émaner de la louve au pelage blanc. L’albinos ne la craignait guère, en tout cas pas en terme de force physique. Néanmoins, il savait lui-même que le corbeau lui tenait déjà rigueur d’avoir blessée sa chère élève, cela gardait sa parole celée. Elle mettrait sûrement du temps à excuser le geste de l’albinos, mais il savait que cela viendrait. Le sang, après tout, finit toujours par pardonner au sang. Viehrs haussa les épaules en gloussant, mais le cœur n’y était pas.
Sûrement était-il autant surpris par la docilité d’Asha que cette dernière devait l’être de le voir panser les blessures de Nachtgewalt. Il agissait avec une douceur malaisante et ne cherchait en aucun cas à aggraver la souffrance de celui que tous Four Seasons voulait voir mort. Ainsi, en valet soignant son roi, le traître du printemps s’occupait du bourreau des Librelunes.

Sous couvert de ce tableau d’affectuosité et de dévotion envers celui qui l’avait empêché de se faire exécuter par Herrade, était en réalité une obéissance inhabituelle aux ordres du corbeau. Avant de s’écrouler, inconscient, Nachtgewalt n’avait pas manqué d’intimer à Viehrs et à Asha un petit rappel de leur redevance envers lui. L’albinos se figurait encore les orbites laiteux injectés de sang, suintants de fureur autant que d’épuisement, qui l’avaient fixés jusque dans son âme.

L’égoïste aurait pu les tuer tous les deux et s’enfuir, disparaître à jamais ou ramener le corps du bourreau en trophée à l’alpha le plus offrant. Ne le croyez pas altruiste, il s’était bien figuré tout cela et l’avait contemplé et apprécié. Pourtant, il n’en fit rien.

Soudain, alors que Viehrs était toujours penché sur lui, Nachtgewalt tressaillit, son pelage tout entier se hérissant comme si la vie lui avait été réinsufflée par une divinité quelconque. L’albinos se redressa, écartant une mèche de son visage et crut voir les paupières du corbeau se soulever pour dévoiler ses yeux. Dans son dos, il entendit Asha se rapprocher, sans se tourner vers elle, ainsi qu’il eut décidé d’être rancunier à son tour. Le sourire de l’hermaphrodite s’étira et se raffermit, reprenant lui aussi vie, suivant son maître. Il n’avait guère plus d’énergie, mais il inclina la tête sur le côté et, récitant là une prophétie ou s’émerveillant d’un rituel réussi, qui promettait que la page de l’histoire se tournant serait teintée de noir dans un coin que nul ne verrait jusqu’à ce qu’il ne soit trop tard ; s’exclama avec un amusement feint mais sans être capable d’ironie :


« Ainsi, mon cher, tu n’es pas mort ! »


Et l’echo de sa voix mélodieuse retentit contre les parois de la caverne qui vibrèrent de terreur.




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Asha
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Jeu 5 Avr 2018 - 23:56





Nacht











Asha

Le Rêve et le
Cauchemar
du corbeau
aux
ailes brisées








«"C'est Verlust qui t'a fait ça ?"
La voix étranglée d'Hoffnung me parvint comme étouffée tant la lassitude m'avait gagnée. Je lâchai un grognement de douleur tandis qu'elle appliquait son linge humide contre ma peau sanguinolente.
"Il n'a pas apprécié que je lui tienne tête !" gloussai-je, mi-figue mi-raisin. "Tant pis pour lui - sa réputation va vraiment en pâtir, c'est parfait." achevai-je avec satisfaction.
Hoffnung s'immobilisa dans son mouvement et me jeta un regard en coin. Ses yeux bleus brillèrent d'un éclat glacial.
"Nacht...Ne me dis pas que tu l'as provoqué exprès."
J'haussai les épaules.
"Il le méritait. Quelques blessures ne vont pas m..- Aïe !"
Je jetai un regard surpris à la jeune louve qui me fixait avec mécontentement, ayant lourdement appuyée son linge contre mon hématome.
"Pourquoi une telle violence ?!" m'étranglai-je avec néanmoins un petit sourire amusé. Mais elle n'avait pas l'air d'humeur joueuse. Son regard se perdit dans le voile des songes et ses lourdes boucles blondes se rabattirent sur son visage.
"Pourquoi prends-tu toujours de tels risques, Sternenklarnacht ?" me demanda-t-elle sourdement. "Est-ce que ton ego vaut vraiment cette peine ?"
Je ne pus contenir ma perplexité.
"Mon ego ? Schatzi, ça dépasse largement ce genre de préoccupations."
"Ne me ment pas, Schatzi..." gronda-t-elle en accentuant le surnom. "Si ce n'est pas par ego, c'est par vengeance. Et nous en avons déjà parlé."
Elle avait l'air furieuse et cela la rendait merveilleusement belle. J'eus un sourire affectueux et portai douloureusement mon museau à sa joue. Elle ne bougea pas.
"Je ne laisserais pas - ou plus - ma vengeance ou mon ego passer au-delà de ma santé. Voilà. Tu es satisfaite ?"
Elle tourna la tête vers moi, plongeant ses yeux dans les miens.
"Tu me le promets...?" demanda-t-elle d'un ton hésitant entre la douceur et la froideur.
J'hochai la tête et l'étreignit tendrement.
"Tu as ma parole."
Hoffnung sourit, rassérénée, et s'abandonna à mon étreinte avant de me repousser fermement et recommencer à nettoyer mes blessures. Ma vision se troubla tandis que je fermais les yeux, épuisé, cillant légèrement. Je l'entendis alors fredonner.


"Im Licht des Mondes scheint alles zu verblassen.
Geh zurück, Agitation ist nutzlos.
Ein Lächeln kann genügen, um alles zu beleuchten,
Aber du musst mir zuhören und dich gehen lassen
Und geh zur Ruhe."
»


***
Tout était allé extrêmement vite.

Quand Asha avait commencé à courir vers Nachtgewalt, suivie de Quetzalcoatl qui avait pris soin de la relever et de lui remettre son couvre-chef, elle avait aperçue du coin de l'oeil Baltimore disparaitre et un mauvais pressentiment l'avait cernée. S'arrêtant, elle avait alors vu Daeron, au sol, entouré de quelques loups cherchant à le soutenir, l'air terriblement blessé. Son cœur poli par le temps et la solitude s'était serré si fort qu'elle avait cru qu'il allait de briser. Se détournant de son ancien mentor, la dame blanche amochée s'était élancée vers celui que son âme refusait de nommer comme il le devrait, et près de son corps ensanglanté elle s'était sentie défaillir quelques instants, terrassée par l'inquiétude et par la douleur de son propre corps. Quetzalcoatl l'avait heureusement rattrapée de son corps gigantesque, la dissimulant presque derrière ses ailes immenses. Sous son voile d'obscurité, Asha avait senti des larmes couler le long de ses joues d'un blanc immaculé, mélange de chagrin, de souffrance, d'impuissance et de soulagement, en constatant que l'alpha acajou était vivant. Elle était heureuse d'avoir son ami gigantesque à ses côtés à ce moment là : sa seul présence lui permettait de garder consistance. De toute manière, il n'y avait guère de raison de s'effondrer : Daeron était vivant, et entre de bonnes mains. Alors pourquoi avait- elle pleuré ? Pourquoi une telle faiblesse ? Une dame ne peut se permettre ce genre d'écarts.

A regrets, Asha avait laissé Daeron et avait repris sa course vers le démon noir qui avait autrefois été son mentor. Elle ne pouvait rien pour l'automnal, mais elle pouvait agir pour cette pauvre ère, accablé par de multiples assaillants qui ignoraient tout de lui. Nachtgewalt n'était pas un saint, loin de là, et il n'était probablement pas sauvable. Mais le Monde Rouge lui avait fait de l'effet, peut-être que...

Et puis tout était devenu noir.

Une immense nausée avait à nouveau secoué Asha tandis que dans un sursaut, elle s'était retrouvée enveloppée dans un rideau d'obscurité, ayant juste eu le temps de crier quelques paroles aux assaillants. Son regard avait croisé une dernière fois celui de Quetzalcoatl, écarquillé, puis elle s'était retrouvée à des lieux de là en l'espace d'une respiration. Titubant légèrement, elle s'était vite reprise, secouant la tête et écartant ses cheveux emmêlés de son visage...

...Pour apercevoir Nacht qui tombait au sol après quelques pas.

Un autre loup s'était approché de lui : Viehrs, le traitre printanier qui partageait plus que son allure avec Asha, mais qui n'avait pas hésité à la jeter devant son attaquante pour se protéger. Asha froissa son jolis minois en l'apercevant, ne comprenant pas pourquoi Nachtgewalt l'avait choisi pour l'accompagner.

Ni pourquoi il l'avait aussi choisi, elle.

Et puis Nacht avait parlé :

"Vous avez une dette envers moi, tous les deux..." Sa respiration était sifflante, son regard divaguant. "Ne l'oubliez pas. Moi, je ne l'oublierais pas..."

Et comme si ces derniers mots avaient utilisé ses dernières forces, il avait lourdement laissé sa tête retomber au sol, crachant un peu de sang au passage. Il était terriblement ensanglanté, le noir de son pelage ne faisant qu'un avec le rouge poisseux de ses blessures. Viehrs et Asha s'étaient regardés, une détermination commune en tête, mais probablement pas pour les mêmes raisons. La dame blanche, après tout, n'avait pas d'intérêts à garder le noiraud en vie : elle était une LibreLune, et par la faute du corbeau, ceux qu'elle aimait avaient été blessés.

Mais elle connaissait le sentiment d'être abandonné.

Et elle devait parler à Nachtgewalt.

C'est ainsi que bon-gré mal-gré, la louve s'était retrouvée dans une grotte à l'abris du regard et du soleil, dans la glace éternelle de l'Hiver, en compagnie d'un traitre albinos et d'un corbeau déchu. Etrange trio qu'ils formaient tous les trois, trio de fortune, assez discordants. Mais toutefois un trio.
La caverne dans laquelle ils s'étaient réfugiés était froide, reflétant les premiers rayons du soleil qui s'élevait dans le ciel brumeux, perdue au milieu des parois glacées du canyon où autrefois Asha s'était retrouvée coincée par une tempête de neige avec Neith. Mais si cette compagnie avait été douce et agréable, celle de Viehrs l'était nettement moins. Déjà, son silence et sa présence avaient été insoutenable à la dame blanche tandis qu'ils avaient porté Nacht jusqu'ici, et elle s'était cloitrée dans un silence morose que ses côtés cassées justifiait tout à fait. Elle était épuisée, blessée, et affaiblie aussi bien moralement que physiquement. Le simple fait de penser à ceux qu'elle avait laissé derrière elle, enlevée par la créature des ombres, l'enveloppait dans une lourde culpabilité et une puissante inquiétude que le Monde Rouge s'amusait à faire transparaitre sous l'apparence d'épis de blés noirs qui poussaient tout autour d'elle.

Retenant un frisson de douleur, Asha s'approcha d'une flaque d'eau qu'elle lapa doucement, froissant délicatement son museau devant son goût acide. Du coin de l'oeil, sous son mince voile, elle surveillait Viehrs qui jouait aux gentils petits soigneurs. La dame blanche était confuse quant à ses intentions, mais son expérience lui murmurait de se méfier de l'albinos comme de la peste : s'il n'avait pas hésité à la jeter devant la mort pour s'en protéger, il n'aurait aucun remord à sacrifier Nachtgewalt s'il trouvait un meilleur protecteur que ce dernier. Après tout, le corbeau n'était rien d'autre qu'un cavalier de son immense échiquier : pion important pour mettre en échec le roi adverse, mais sacrifiable si besoin était. Qui était donc le roi noir de Viehrs ? Seira ? Cela restait une question dont même Nacht devait ignorer la réponse. Mais ce dernier également avait beaucoup de secrets, et cela, l'albinos s'en était bien rendu compte, ce qui rajoutait à la circonspection de la douce LibreLune, qui releva la tête vers lui en s'asseyant, le dos fourbu.

"Comment peut-il se vanter de connaitre Nachtgewalt et ignorer sa faiblesse vis à vis du jour ?" songea Asha d'un air de reproche, plissant les yeux. Pensive, elle entreprit de passer une patte sur ses côtes, ne détachant pas son regard des deux protagonistes. Elle sentit distinctement une vive ecchymose  sous ses coussinets, et elle retint difficilement un petit grondement de douleur. Chaque respiration était douloureuse, et elle sentait quelque chose encombrer son poumon droit. C'était certes inquiétant, mais peu handicapant pour le moment.

L'élégante dame blanche était une aristocrate, et n'avait en conséquence aucune connaissance en médecine. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était surveiller Viehrs pour vérifier qu'il ne tentait pas de tuer son ancien mentor pendant son moment de faiblesse. Il faisait preuve d'une étrange douceur à son égard, tandis que son pelage blanc se confondait avec la glace, seuls ses yeux rouges et ses tâches de sang séché se détachant. Il était dans un piètre état, lui aussi, mais Nachtgewalt était dans un état bien plus inquiétant, au point qu'Asha se demanda s'il allait finir par se réveiller ou mourir sans un mot, sans une explication. Elle se demanda si elle le regretterait, une fois passée l'arme à gauche, puis en vint à l'idée que si elle ne pouvait pas regretter le monstre qu'il était devenu, elle regrettait déjà le mentor qu'il avait été, et les réponses aux questions qu'il pouvait fournir. Elle ignorait tout ce qui lui était arrivé, ce qui était advenu d'Hoffnung et de Wald autre que la tragédie que contait parfois Shaman. Autrefois, Nacht parlait déjà très peu de sa famille. Il avait toujours été très réservé.

Au final, Asha ne connaissait guère mieux Nachtgewalt que le traitre printanier. S'il le souhaitait, le monstre pouvait s'éteindre et emporter ses secrets et ses souhaits avec lui.

Comme un cauchemar s'oublie lors du réveil, ne laissant que la peur demeurer.

Tandis que cette lugubre pensée agitait la dame blanche, fixant toujours en silence les deux loups, le corbeau fut saisit d'un grand frisson. Asha dressa les oreilles et accourut, serrant les dents devant la douleur que cela lui procura. Elle entendit quelques mots que Viehrs lâcha, mais ne l'écouta pas. Le regard lunaire de Nachtgewalt se découvrit légèrement, voilé par la douleur - ou peut-être par la fièvre. Il parut hésiter, observant d'abord Viehrs, puis Asha, sans paraitre ne reconnaitre l'un ou l'autre.

-...Hoffnung ? murmura-t-il en un souffle douloureux.

Sa respiration s'éleva dans les air, condensée presque immédiatement, comme un rêve s'effacerait sans un mot. Asha eut une moue attristée. Elle savait qu'elle ne devrait ressentir aucune pitié envers ce monstre blessé, mais on ne pouvait pas lui reprocher les tragédies passées.

-Non, Nachtgewalt...répondit-elle avant que Viehrs ne puisse dire quoique ce soit. C'est moi, Asha. Et...Olivier.

Elle avait prononcé le véritable nom de Viehrs froidement, retrouvant sa fermeté et son honnêteté glaçante habituelle. Le regard qu'elle lui glissa derrière son voile n'était guère ambigue : elle n'allait pas mentir pour lui.

Jamais.

-Ah...répondit Nacht en tentant de se redresser, son regard s'éclaircissant légèrement. Ce n'est que vous.

Il paraissait déçu.

Devant ses efforts difficiles de se remettre debout, Asha se joignit à Viehrs pour doucement l'immobiliser et économiser ses forces. Nachtgewalt ne parut même pas le remarquer, son regard se plantant loin derrière eux, en direction du peu de lumière qui pénétrait la caverne, auréolant les lieux d'une douce lumière orangée, témoignant de l'aube qui teintait les cieux. Asha s'aperçut avec consternation qu'il tremblait de fièvre.

-Nachtge...commença-t-elle, se contraignant à se reprendre.

-C'est déjà l'aube...? l'interrompit Nachtgewalt, sans vraiment l'écouter. Mais...La bataille...Les LibresLunes...

Il se durcit brusquement tandis que tout semblait lui revenir.

-Ils m'ont échappé...? Non....Impossible. J'avais tout planifié...Depuis...Tant d'années...

Il tenta à nouveau de se relever mais ce simple mouvement lui arracha un grondement de douleur.

-"Calme-toi !" ordonna Asha, impérieuse, mais Nacht n'écoutait pas, déchainé par la haine et la fièvre. "Tu vas rouvrir tes blessures !" insista-t-elle, plus alarmée. Devant son insubordination, elle prit une profonde inspiration, et murmura, se rappelant d'une ancienne parole que lui soufflait parfois Nachtgewalt quand elle faisait un cauchemar :

"Geh zurück, die Agitation ist nutzlos."

Nachtgewalt s'immobilisa immédiatement, et la fixa avec stupéfaction.

-Asha...? dit-il, comme s'il la voyait à nouveau pour la première fois.

Son regard virevolta à nouveau entre son ancienne apprentie, et Viehrs, confus. Pendant quelques instants, il sembla réellement désorienté, à la limite de la crainte. Puis son expression se durcit davantage.

-Que faites-vous là ? Vous...Ah. C'est moi qui vous ait amené. C'est vrai. Comme je suis généreux.

Son propre sarcasme semblait douloureux. Il se laissa retomber, une expression frustrée sur le museau.

-J'ai soif, annonça-t-il finalement.

Cette fois, il avait l'air de s'ennuyer.

Voyant que personne ne bougeait, son regard se tendit vers Asha, insistant. La dame blanche pinça les lèvres, mais obtempéra, trop lasse pour être agacée.

***
Nachtgewalt la regarda partir, puis avec une rapidité surprenante en vue de sa faiblesse et de sa fièvre, il saisit l'antérieur de Viehrs entre ses serres.

-Tu les as vu ? Les LibresLunes. Sont-ils blessés ? Mourants ? Désespérés ?

Il toussa, cracha un peu de sang. Son débit était bas mais extrêmement rapide, erratique même, sans réelle cohérence mais chargé de son habituelle intensité.

-J'avais tout planifié. Et ils ont tout ruiné. J'ai tout perdu, Viehrs. Olivier. C'est ton nom ? Niedlich. Mais je vais me venger. Encore. Je n'ai pas fini. Et toi, tu vas m'aider, parce que tel est notre marché. Parce que Seira ne te laissera aucun répit si je ne protège pas. Parce que ma mort scellera ton destin. Parce que tu as osé blesser Asha sans ma permission. Et parce que...

Ses serres percèrent la peau fine de Nacht, tremblant malgré sa force.

-...Je. N'oublie. Jamais.

Asha revint vers lui, ayant saisi un peu de glace avec sa longue queue. Nachtgewalt lâcha immédiatement Viehrs et se laissa retomber, le regard à nouveau cerné par la fièvre. Du sang coula le long de son menton, comme si l'effort avait été trop grand pour lui. Il se mit à glousser, sans réelles raisons, puis tandis qu'Asha jetait un regard circonspect à Viehrs, il se mit à fredonner :

" Im Licht des Mondes scheint alles zu verblassen.
Geh zurück, Agitation ist nutzlos.
Ein Lächeln kann genügen, um alles zu beleuchten,
Aber du musst mir zuhören und dich gehen lassen
Und geh zur Ruhe.
Ja, geh zur Ruhe...
Du wirst zurückkommen und morgen weiter machen.
"


(c) Mychat/Ondolindë sur Four Seasons
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