Four seasons
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A très bientôt !
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Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !


 
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La Promesse de l'Aube [feat. Glycenne, Goriar, et les rares qui se sentent concernés.]
Akasan
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Mar 4 Juil 2017 - 16:40


La Promesse de l'Aube

Son coeur avait battu plus fort.
Un frémissement avait ébranlé ses muscles, tandis que sa mâchoire se brisait sur la chair de sa proie. Ignorant le sang qui trempait l’immaculé de son museau, il s’était redressé, tentant, en vain, de capter l’indistinct signal qui l’appelait. Son être tout entier tremblait, ébranlé par une force qu’il ignorait. Les prunelles écarquillées, il se tenait tant bien que mal, se raccrochant de ses forces vaines à la terre qui l’avait vu naître. Le monde lui paraissait s’être tut, guettant un souffle. Il avait demeuré immobile, triant maladroitement les pensées qui s’emmêlaient dans son esprit. Chaque pulsion de son coeur affolé lui paraissait brûlure intense. Il souffrait, refusant cependant la douleur. Se contentant d’écouter, tentant de saisir la voix qui sifflait dans ses oreilles d’acier, il ne dévoilait aucun signe apparent de torture. Froide silhouette dans le crépuscule approchant, le cadavre de la bête à ses pattes ne l’intéressait désormais plus. L’écume écarlate peignait son visage, laissant paraître en sa personne un meurtrier qu’il n’était pas. Qu’il n’était plus.
Son coeur loupa un second battement.
Il lui sembla qu’il s’écroulait, s’effondrant sous le poids de son angoisse grandissante. Un frisson ébranla sa toison, tandis qu’il se redressait lentement. S’il percevait le chant léger des oiseaux, les battements horrifiés de son sang pulsaient un rythme frénétique en son corps, renforçant sa terreur. Un orage grondait en lui-même. Il le sentait, le redoutant et l’appréciant à la fois. Ce fut lorsqu’un nouveau hoquet lui échappa qu’il lui parut saisir la nature de ses tourments.
Il piétina sa victime sans l’ombre d’un regret. Projetant sur le sol sienne les traces de ses actes, quelques gouttelettes de sang se libérèrent de l’étreinte de ses griffes. Laissant dans son sillage l’héritage de son crime, le lupin bleu s’élança dans les lueurs du soleil couchant.
Le temps se suspendit alors. Brisant les frontières de la réalité, ses pattes frôlèrent le sol un ultime instant, avant qu’il ne se détache des barrières de son univers. Peu lui importait, désormais, les conséquences de sa course. Son esprit n’agissait plus, conduit par une force seule qui le dépassait, plus que n’importe quelle autre entité. Animant ses muscles, insufflant à ses os une certitude qu’il avait jadis renié, terrifié par sa nature, elle le contrôlait, ôtant tout contrôle à son être propre. Hurlante, assoiffée de la liberté enivrante qu’elle convoitait, la supériorité primordiale de son instinct régissait désormais les sens du solitaire. Il n’agissait plus sous l’impulsion de ses réflexions. Il agissait, simplement parce qu’il lui fallait agir. Son corps ne demeurait plus qu’un pantin d’une identité qu’il ne connaissait pas. De l’être civilisé et philosophe qu’il avait été ne subsistait plus que la bête, le féroce animal luttant contre le destin, désireux de suivre la voie qu’il s’était tracé. Embrasées d’une ardeur nouvelle, ses prunelles corrolées de givre luisaient, focalisées sur un unique point. Il ne le voyait pas, il ne la voyait pas. Il se contentait de deviner sa présence, convaincu de l’instinct primitif qui dirigeait ses membres. Il n’avait plus de limites, inconscient de cette réalité qui l’avait maintes fois retenu. Il exploitait la moindre part de son corps, n’écoutant plus que cette voix qui dévorait ses tympans.
Ne s’accordant une halte, sa silhouette semblait survoler les plaines, effleurant à peine les herbes froissées par le vent. La gueule entrouverte, le solitaire laissait filtrer l’air nécessaire à ses poumons entre ses crocs, ignorant la morsure de la brise sur son pelage.
Le lupin indigo étouffa à peine un grognement, lorsque, dans son esprit agité, il réalisa que son vieil ami luttait contre lui. Abattant son colère sur l’ombre d’azur, le vent lançait ses assauts sur sa personne, le défiant d’aller plus loin. Ne retenant pas le grondement qui grandissait dans sa gorge, le solitaire lança dans l’air courroucé son féroce hurlement, menaçant celui qui l’avait tant de fois bercé de ses chants légers. Dans ses larmes amères, le neutre gronda, maintes fois, reniant celui qu’il lui pensait connaître. Plantant ses griffes d’ébènes dans la terre mutilée par les vents, progressant, chaque seconde, un peu plus, il ignorait les rafales qui striaient son pelage, contrant les assauts violents de son vieux complice par la rage de sa voix.
Le temps ne l’attendait plus.
Relâchant, une énième seconde, son râle de fureur, il s’élança alors, brisant les frontières que le mistral lui opposait. La brûlure qui ébranla son visage lui vola quelques larmes, noyées de colère et de regrets. Délaissant son vieil ami, Akasan prit un nouvel élan, ne retenant plus ses foulées. Fouettant la terre de ses pattes immaculées, il abandonnait dans son sillage un marquage profond, héritage de son angoisse et sa fureur. Teintés de ses regrets délaissés, les empreintes de son corps devinrent rapidement poussière sous les assauts du vent. Si le lupin indigo ne put, véritablement, le distinguer dans les ombres carmins du crépuscule, il sut que son compagnon de voyage lui libérait le passage, conscient de la nature de sa course. Il ne pouvait plus le retenir. Akasan ne savait lutter contre ce vieil ami, mais la bête, elle, en avait parfaite conscience. Il ne dépendait plus de la nature. La nature seule dépendait désormais de lui.
Un énième instant, ses coussinets meurtris par le froid glacial du Fjord martelèrent la terre. Ignorant les légers gravillons qui se piégèrent entre ses doigts, il inspira profondément, laissant à peine sa gorge réagir à la glaciale étreinte de la brise nocturne.
Franchissant la frontière de la plaine d’Idromède d’un bond élancé, Akasan retomba lestement sur le sol, propulsant les lames d’épines de pin sur son environnement alentour. Tandis que le soleil, dieu irrémédiablement meurtri par la nuit, se noyait en silence dans les abysses du fjord, le lupin bleu dévala la pente qui le mènerait au Fjord. Hésitant à peine à s’opposer aux crocs du lac gelé, il s’engouffra jusqu’aux coudes dans l’eau ténébreuse. Maintes gouttelettes de sang, présent du lac carmin, se piégèrent dans sa toison. Sous les reflets embrasés de l’astre mourant, le loup bleu s’ébroua rapidement, songeant à peine à son corps transis par le froid. Prenant un nouvel élan, il s’élança sur les bords de la berge, l’eau dévorant ses pattes à chaque nouvelle foulée. Fantôme de saphir, fendant les eaux, il défiait l’environnement qui le retenait sans un mot. Chaque pas, chaque souffle, le rapprochait davantage de sa destination.
Il agissait hors du temps, brisant les frontières de la réalité sans y accorder une véritable importance. Son seul but, son unique objectif, résidait dans l’angoisse qui l’avait si longtemps assailli. Dans la joie et l’attente d’un avenir prochain, une sourde terreur était née. Brisant ses utopies, anéantissant ses espoirs, elle avait dévoré son ultime source de fantaisie, le défiant de trouver à nouveau le bonheur. Il avait tenté, maintes fois, de la faire taire, convaincu qu’elle n’avait pas lieu d’être.
Mais la crainte avait triomphé, attisant ses pires tourments tandis que l’instant tant guetté, tant redouté, survenait violemment.
Ses pattes s’abattirent sur le sol avec fureur, fracassant les galets brutalement, les striant de légères griffures. Quelques étincelles d’argent scintillèrent sur son pelage trempé tandis qu’il freinait, violemment, sa course effrénée. Les prunelles tremblantes, le corps secoué de soubresauts, il reprit lentement son souffle. Alors qu’il réalisait, contemplant ses pattes dévorées par la surface désormais teintée d’argent, l’inutilité de sa course, une flèche de désespoir transperça ses os. Il arrivait trop tard, comme il l’avait toujours fait, inutile fardeau de l’être qui l’attendait.
La lune se dressait dans la voûte, reine d’un monde dominé par les ombres. Figure glaciale et chaleureuse, son regard de neige se posait sur chacun de ses enfants, ne délaissant l’ombre damnée par ses frères de lumière.
Akasan sentit ses rayons caresser sa toison d’indigo tandis que les larmes germaient sous ses prunelles d’azur. Brisant la surface immobile à ses pattes, quelques gouttelettes d’argent perlèrent et ruisselèrent sur son visage, tombant finalement dans le lac teinté des couleurs de la nuit. Ne retenant plus son impuissance, le lupin indigo laissa filer sa douleur, libérant l’assaut des larmes sur son museau. Il était inutile, ne pouvant assurer à ceux qu’il aimait sa fidélité, tant sa faiblesse le dépassait. Il n’avait su prévoir cet instant, incapable de maîtriser le temps qu’il redoutait tant. Son passé l’avait constamment rattrapé, dardant ses flèches sur son corps mutilé. Il n’était parvenu à délaisser ses empreintes, convaincu que ses pas se poseraient à nouveau au même endroit dans les temps à venir.
Il avait été crédule, s’imaginant que l’avenir se montrerait clément. Piégé dans la certitude de son futur, il avait esquivé les coups en les parant de ses pensées insignifiantes. Le solitaire avait oublié le monde qui l’entourait, soucieux seulement de sa propre sécurité. D’autres larmes lui échappèrent, teintées de ses peines les plus obscures. Il avait, tant de fois, cherché à fuir ses vieux démons, certains qu’il pourrait un jour les écraser. Mais, alors qu’ils reparaissaient devant lui, le loup bleu s’effondrait.
Il lui parut alors que toutes ses actions avaient étés vaines. Il avait cherché à aimer, il avait trouvé des alliés dans ce monde dévoré par la méfiance et l’incertitude. Et il s’était révélé trop insignifiant pour combattre les chimères de son coeur. Trop brisé, trop mutilé, pour espérer seulement lutter.
Une nouvelle larme d’argent glissa sur son museau tordu par le chagrin, étincelant un instant, avant de rejoindre ses multiples soeurs dans l’obscure abysse. La gueule tremblante, le lupin indigo contempla longuement son reflet déformé par les assauts légers de la brise. Il avait su renoncer à ses plus amers regrets, tentant de contempler le futur sans oser y toucher. Mais sa nature l’avait rattrapé, l’incitant à effleurer cet avenir qu’il admirait et redoutait.
Il avait brisé ce en quoi il croyait.
Une nouvelle larme caressa la surface scintillante sous la lune.
Un léger souffle ébranla la toison d’Akasan. Alors qu’il inspirait lentement, osant à peine laisser l'air pénétrer ses poumons, une nouvelle impulsion dans l’air le bouscula. Ses prunelles se ruèrent alors sur son dos. Un murmure léger caressait son poil, le poussant à avancer malgré lui. Se rétablissant sur ses membres, le loup bleu huma longuement l’air. Il lui semblait percevoir une voix légère, lui intimant de continuer son voyage sans se soucier de ce qu’il était, de ce qu’il avait fait.
Un sourire étira alors ses babines, soulignés par les larmes.
Il était revenu. L’ami que le solitaire avait osé abandonner, lâchement, dans sa fureur d’être, une énième fois, cet être faible et impuissant. Le vent se leva à nouveau, guidant le lupin indigo. Libérant un rire bref, celui-ci contempla la présence invisible qui le poussait à devenir ce qu’il était. Murmurant une phrase comprise de la brise seule, le neutre s’élança, défiant à nouveau la surface d’argent sous ses pattes immaculées.
Il lui semblait que le souffle du mistral le poussait, accélérant davantage ses foulées, diminuant son effort. Tordue en un léger sourire, sa gueule affichait son espoir retrouvé.
Fendant à nouveau les eaux, la silhouette d’azur rejoignit finalement la berge, filant entre les ombres raides des sapins. Le loup bleu ralentit finalement sa course lorsque, dans l’euphorie d’avoir finalement retrouvé sa valeur, son refuge lui apparut. Franchissant la barrière de lichen d’un bond, Akasan scruta les ténèbres. S’ébrouant légèrement, il étouffa un hoquet lorsqu’il l’aperçut enfin.
Etendue dans la pénombre, son corps se soulevait au rythme de ses respirations pulsées. Imperceptible présence dans les ténèbres, elle se confondait avec l’obscurité, dévoilant sa présence par le simple biais de ses souffles saccadés.
Le lupin indigo s’approcha à pas lents, tentant de déterminer sa douleur. Il était impuissant face à elle, conscient que sa force seule résidait dans sa présence actuelle. Ses prunelles de givre se posèrent sur le visage de sa belle. Il l’admirait. Pour sa force, pour son courage face aux épreuves. Elle luttait sans jamais s’arrêter, dépassant ses limites en chaque instant. Le solitaire se pencha vers elle, frôlant son front de sa truffe. Il tenta maladroitement de la rassurer de sa présence tandis que les prunelles bicolores de sa rose s’entrouvraient. Berçant l’abysse de son regard du givre de ses yeux, il plaça sa queue fournie sur son dos, l’accompagnant comme il le pouvait.
Il ne pouvait que se contenter d’être là, de l’accompagner dans son pénible voyage, en espérant foncièrement que, si elle s’égarait, il saurait la retrouver.
La Colombe protégerait son Ange, quelqu'en soit le prix.


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Glycenne
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Mar 4 Juil 2017 - 22:22

La Promesse De L'Aube

Feat Akasan & Goriar


Ignorant ses obligations quant à sa meute, la douleur de son ventre devenu trop lourd pour elle, elle était partie à l’aube, fuyant le réveil des deux loups dorés qui somnolaient à ses côtés, profitant que la brume matinale soit son alliée dans sa fuite, pour assouvir ce besoin vital qu’elle ressentait. Il lui en voudrait sûrement de ne pas lui confier ses angoisses, de rester fermée à toute aide en ces temps qui devraient pourtant ravir toute la famille, mais elle préférait profiter de la pénombre pour s’éclipser et accéder à la solitude et au silence.
Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’elle s’éclipsait ainsi, abandonnant son frère et les louveteaux qu’elle avait à charge pour faire taire ses voix intérieures qui lui criaient de partir. L’Angoisse. Sourde, omniprésente… Plus le temps passait, et plus sa présence oppressante se faisait ressentir dans le cœur de la noireaude. Aimerait-elle ces louveteaux, premiers issus de sa propre chair, comme elle aimait ceux dont elle s’occupait ? Serait-elle capable d’aimer un être qui venait d’elle ? Ils descendaient aussi du loup azuré dont elle s’était éprise, ils hériteraient aussi de ses caractéristiques… Elle serait obligée de les aimer ! L’auto-persuasion, voilà à quoi elle passait ses journées, tentant de faire taire toutes les autres voix qui la faisaient douter.

La neige rendue molle par la chaleur de l’été et de l’éruption récente la trahissait dans sa fuite, dévoilait derrière elle toutes ses intentions secrètes d’évasion et, tel un criminel s’efforçant d’effacer son passage, elle balayait de la queue derrière elle, dissipant les empreintes profondes qu’elle formait à chaque pas. La tête basse, les oreilles légèrement en arrière, la louve noire redoutait l’endroit où ses pattes la mèneraient, les laissant glisser dans la brume sans se soucier de la direction qu’elles prenaient.
Le soleil levant chassa rapidement la brume épaisse qui cachait la noireaude et apaisait jusque là son cœur tourmenté. Son compagnon n’était pas présent, cette fois, pour la réconforter de sa présence, aucun pelage azur à l’horizon pour y plonger le museau et y oublier ses peurs. Cette fois cependant, il lui semblait que même Akasan n’aurait rien pu y faire, son mal étant plus profond qu’à l’accoutumée.
C’est en apercevant un coin d’ombre sous la chaleur qui lui semblait de plomb que la louve décida de faire une pause dans son périple. Son ventre la tirait, pire que tout ce qu’elle avait déjà ressenti jusqu’à présent. Ses pattes la démangeaient cependant de continuer son chemin, sans même qu’elle ait sû pourquoi. Elle attendit ainsi un moment, le museau dans l’herbe, que la douleur passe. C’est le corps tremblant qu’elle se releva et repris son chemin.

Le trajet lui parut interminable, elle crut que jamais elle n’arriverait au bout de son périple. Mais elle y était… Le Fjord d’Arandur… Elle ne savait pas trop ce qu’elle faisait là, pourquoi, au plus profond de son être, elle avait ressentit le besoin soudain, incommensurable, d’y venir. Peut-être avait-elle tout simplement besoin de revivre la rencontre, ce qui l’avait amenée à ce qu’elle était aujourd’hui. Peut-être la peur qui lui tordait l’estomac à l’approche du moment fatidique la poussait-elle à chercher le choc du premier jour, le premier regard étonné, les premiers battements hésitants…
Épuisée, elle s’apprêtait à se mettre à l’ombre des sapins pour observer le soleil se fondre dans le lac lorsque la douleur la reprit, fulgurante. Et, alors que l’angoisse s’emparait de son être, elle comprit, et son cœur se serra à cette idée. Elle ne pouvait pas le faire, pas toute seule. Quelle idée elle avait eu de partir ce matin ? Elle se traîna comme elle pût sous les épines des arbres, y trouvant comme un refuge, et s’y allongea. Il n’était pas là, il n’était pas avec elle, elle était complètement seule… Les larmes se mirent à couler en silence sur son museau suie, rendant son souffle plus haletant encore.
Akasan... Akasan !!!

Elle ne put s’empêcher de murmurer, de hurler son nom. Elle avait besoin de lui à ses côté, et de ce qu’il représentait, mais il n’était pas là. Elle n’avait pas sa chaleur, ses mots pour l’apaiser… Elle hoquetait, incertaine de sa capacité à accomplir cela toute seule.

Un bruissement de l’onde proche lui indiqua l’arrivée de quelqu’un, elle redressa les oreilles, tentant, malgré la douleur, de relever le cou pour voir qui était dans les parages. Un éclair bleu à travers les épines des pins et les larmes de la noireaude se remirent à couler. Une petite louvette aussi noire que sa mère se tenait déjà contre son flanc lorsque le lupin azuré la rejoignit, cherchant la chaleur de la fourrure suie. Un rire léger s’échappa de la gueule de Glycenne alors que son regard se posait sur son compagnon.
Tu es là… Tu es là maintenant, je ne suis plus seule…


Elle tenta de tendre le cou, de le toucher en dépit de la douleur qui parcourait tout son corps. Elle avait tant besoin de lui, en cet instant plus que jamais. Sa voix tremblait, son souffle haletait sous l’effort et, même si la sensation de la fourrure d’Akasan contre elle la rassurait quelque peu, l’angoisse était toujours présente.
Akasan… Akasan j’ai peur, j’ai peur de ne pas y arriver.


Les larmes se remirent à couler, la faisant hoqueter de plus belle alors que la douleur semblait la terrasser.
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Akasan
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Ven 7 Juil 2017 - 11:54


Les enfants de l’Aurore


A nouveau, son coeur loupa un battement.
Le sentiment qui le saisit alors le déstabilisa profondément, sans qu’il ne puisse, véritablement, en trahir la nature. Elle était là, minuscule ombre dans les ténèbres, insignifiante pour l’univers qui l’entourait.
Et pourtant.
Son âme entière lui parut imploser, sous la puissance du choc. Paralysé par une émotion qu’il ignorait, le lupin bleu la contempla, laissant les larmes noyer ses prunelles. Elle n’était rien, ne serait rien pour le monde dans lequel elle avait trouvé la vie.
Mais elle était, en cet instant et pour l’éternité, tout pour lui.
Oscillant entre l’ardent désir d’accompagner son Ange, tenant malgré lui de demeurer ce guide incertain dans l’obscurité grandissante, et l’irrépressible besoin de s’incliner sur celle qui bouleversait et bouleverserait son univers, le loup bleu contint finalement son envie d’accueillir cet être minuscule et pourtant si grand. Se blottissant davantage encore contre l’ombre à ses côtés, il tâcha de former une frontière corporelle destinée à défendre celle qui constituait désormais son ultime trésor. Tremblante, la voix de son Ange s’éleva alors.
- Akasan… Akasan j’ai peur, j’ai peur de ne pas y arriver.
L’angoisse qui avait saisit son être resserra alors son étau sur le coeur mutilé du solitaire. Il avait craint cet instinct, certain qu’il ne saurait être là, que le temps même le retiendrait dans sa course. Mais il était là, spectateur d’une pièce qu’il ne contrôlait pas. Il n’avait aucun pouvoir; hormis cette certitude ardente que la vie saurait trouver son chemin.
Se penchant doucement vers la silhouette charbon, le loup indigo lui accorda ce contact qu’elle recherchait tant, avide de réconfort. Frôlant délicatement son museau crispé, les mots qu’il choisit alors se voulurent les plus doux qu’il ne prononcerait jamais.
- Ecoutes-moi, Glycenne. Tout ma vie durant, j’ai demeuré convaincu que la vie ne se limitait pas à moi. Ne se limitait à personne. Elle se frayait un chemin, fuyant la mort, se souciant à peine de ceux qu’elle abandonnait dans son sillage. J’ai lutté dans la tourmente, asservi par le sentiment que la faiblesse constituerait toujours mon principal défaut, et que nul qualité ne saurait la combler. Mais j’avais tort.
Léchant doucement le museau de sa belle, Akasan la toisa un instant.
- Ne renies pas ta force. Tu fus, et demeures, l’unique être qui a su me prouver qu’il suffisait de lutter pour dévoiler à la vie sa véritable force. Jamais tu ne t’es écroulée, jamais tu ne t’es, au plus profond de toi même, véritablement laissée choir. Tu es forte, Glycenne, plus que n’importe qui en ce monde. Tu es mon étoile, ma lune, mon univers même. Tu brilleras à mes yeux plus que n’importe quel autre, par ton courage, ta détermination. Ne laisse pas la vie te démontrer le contraire. Si tu ne sais croire en toi, alors je le ferai. Où que ce choix me mènera.
Ce fut à peine si le solitaire perçut le spasme qui ébranla le corps de son Ange. L’abysse glaciale de ses prunelles rivée dans les profondeurs d’ambre et d’améthyste du regard de Glycenne, il refusait, foncièrement, de s’en détacher. Il ne la quitterait pas. Quelle qu’en soit les conséquences. Il l’accompagnerait jusqu’aux frontières de la vie, jusqu’aux frontières de la mort. Il n’avait que faire de ces limites que l’univers s’acharnerait à lui imposer. Il les franchirait. Pour Glycenne. Pour son étoile.
L’angoisse qui l’avait précédemment étouffé lui parut alors se relâcher, lui offrant ce souffle qu’il avait tant désiré. Il ne redoutait plus cet instant. Il l’appréciait presque, conscient qu’il constituerait désormais l’une des plus belle seconde de sa vie. Cet ultime instant, où la caresse d’un nouvel espoir avait ébranlé son être, lui offrant la plus singulière utopie qui ne l’est jamais traversé. La vie ne se limiterait pas à lui, pas à son monde. Où qu’elle soit, son chemin se tracerait sans qu’elle n’ait à lutter. Détruisant les frontières même de la vérité, du temps, nul ne l’interromprait. Elle dominerait, par nature, son existence.
Nul ne pourrait jamais anéantir ce fou espoir d’existence.
Le loup bleu se rapprocha encore de sa belle, la soutenant dans chacun de ses gestes, tentant de lui accorder ce réconfort qui parcourait alors son être. Il n’était plus lieu de redouter cet instant. Toute sa vie, elle avait lutté contre la mort, nourrissant son primordial besoin de temps. Mais, en ces infimes secondes, elle combattait pour la vie, et non plus contre la mort.
Akasan perçut le nouveau frémissement qui hérissa son échine. Dans les larmes, éclatant d’un bonheur qu’il n’aurait jamais espéré rencontrer, un sourire se dessina à nouveau sur ses lèvres. Frôlant la joue de son Ange, de l’extrémité de son museau immaculé, le loup bleu contempla cet énième don que la vie lui offrait. Aussi minuscule que sa soeur, elle lui paraissait trop faible pour oser ne serait-ce qu’esquisser un mouvement. Il redoutait qu’elle ne se brise, dévorée par le souffle brutal de la vie qui irriguait alors son corps frêle. Ramenant sa queue touffue vers ses deux étoiles, le solitaire les contempla, savourant l’ardente chaleur qui consumait son coeur jadis meurtri. Il les aimerait, comme il avait aimé celle qui leur avait offert cet indéniable don de la vie. Elles seraient son unique trésor, sa seule préoccupation. Nul ne le comblerait plus. Elles seraient ses étoiles.
Détournant ses prunelles de gel de la loupiote lavande, Akasan se pencha vers son Ange, le regard noyé de larmes.
- Tout va bien. Tout ira bien.
Posant son menton immaculé sur le front de sa belle, le loup bleu tenta de la bercer de son souffle régulier. Il serait là, où qu’elle aille, où qu’elle soit. Dans les profondeurs de l’obscurité, il serait sa lanterne. Dans les abysses de la nuit, il serait sa chandelle.
Et peu lui importait les adversaires qui s’opposeraient à lui. L’ardente conviction de l’amour qu’il nourrissait pour son Ange n’aurait aucun prix, pas même celui de sa vie. Il la défendrait. La protégerait de ses craintes, de ses plus obscurs tourments.
Toujours.
Ce fut, alors qu’un brutal sursaut ébranlait la silhouette à ses côtés, que le solitaire osa à nouveau poser ses prunelles étincelantes sur ceux qui constitueraient désormais sa vie toute entière. Un fragile loupiot avait rejoint ses soeurs, affichant l’héritage de son père sur sa toison même. D’un azuré profond, il se confondait dans l’obscurité de leur repaire, devenant ombre servante de la nuit. Akasan le toisa un instant, ne retenant plus l’éclatant sourire qui ornait ses lèvres. Jamais, au cours de son existence, il n’avait su ressentir un tel amour, une telle fierté. Il ne les connaissait pas. Mais ils signifiaient déjà tout.
La loupiote lavande esquissa alors un geste, roulant légèrement jusqu’à lui, le frôlant un instant. L’espace d’un instant, il parut au solitaire qu’il avait capté le regard pourtant aveugle de la petite. Eclatant de braise et d’ambre, l’amour incertain qu’il y avait lu le transis alors, le convaincant de cette flamme qui le dévorait. Repoussant délicatement l’enfant améthyste contre le flanc de sa mère, le loup bleu étouffa un léger rire.
Il les aimait, avec certitude, sans même savoir qui ils étaient, qui ils seraient. Il les adorait, admiratif de cette étincelle de vie qui les animait.
Et ce, pour l’éternité.
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Sam 8 Juil 2017 - 23:27

La Promesse De L'Aube

Feat Akasan & Goriar


L’odeur de la peur d’Akasan, en première réponse à son appel à l’aide, ne contribua qu’à décupler celle du corbeau, dont le souffle se fit plus rapide encore. Elle cru qu’il ne répondrait pas, qu’il resterait ainsi, figé, à la contempler, muet et pétrifié devant se qui s’accomplissait sous ses yeux. Elle cru qu’il l’abandonnerait ainsi, solitaire et perdue. Mais ce ne fut pas le cas, ses craintes restèrent ce qu’elles étaient, de futiles idées créées par l’angoisse du moment. Il se pencha sur elle et, l’espace d’un instant, elle cru qu’elle allait plonger dans son regard de givre et s’y perdre à jamais. Elle voulu tendre le cou, toucher cet être aimé tant attendu, mais elle ne parvenait qu’à se crisper d’avantage, entravée par une douleur qu’il ne pourrait connaître.
Ce fut lui, comme c’était, et serait toujours lui, qui brisa le tourment de ses pensées, l’apaisant d’un frôlement de museau. La louve noire se détendit sensiblement alros qu’autour d’elle s’élevait, l’entourant comme un voile de neige fraîche en plein été, la voix d’Akasan. Alors qu’elle laissait le flot des mots la bercer, ne captant que par bribes ce que lui disait son compagnon, un nouveau spasmes la parcourut, lui faisant perdre le contact des yeux glacés. Elle rejeta la tête en arrière, se perdant dans la fourrure azurée de celui avec qui elle partagerait désormais tout. La sensation du loup bleu contre elle l’aida à lutter contre la douleur pulsatile qui parcourait son corps. Elle se raccrocha à lui, à sa présence, comme un enfant effrayé par le noir se raccroche à la fourrure de sa mère.
Ce fut la perception du museau d’Akasan contre sa joue, cette douce caresse presque pudique, qui fit se rouvrir les yeux de la louve charbonnée. Elle sut qu’il souriait sans même lever son regard dépareillé vers lui et, instinctivement, elle le tourna vers l’objet qui était la source de tant de bonheur. Une louvette, pas plus grosse que sa patte, et d’une magnifique couleur lavande, agrandissait désormais la famille. Elle laissa sa tête retomber sur Akasan alors que la douleur retombait un instant et que la voix vibrante d’émotion de son compagnon parvenait à ses oreilles.
Tout va bien. Tout ira bien.


Elle souffla un moment, profitant de l’instant de répit que le travail lui offrait et de la présence d’Akasan tout contre elle. Le souffle chaud de ce dernier contre sa tête, chaud et régulier, ne manqua pas de la calmer dans sa tourmente.

Elle aurait pu s’endormir ainsi, tout contre lui, si la douleur n’était pas revenue à la charge, la rappelant à son dur labeur. L’azuré était avec elle, l’accompagnant de son souffle réconfortant. Elle n’avait pas à avoir peur. Elle craignait toujours, cependant, pour la suite. Saurait-elle les élever correctement, les aimer ? Elle angoissait rien qu’à cette simple pensée. Et Goriar dans tout ça ? Comment réagirait-il ?
L’arrivée d’un nouvel être coupa court à ses noires pensées, comme pour lui interdire de se poser de telle questions. Sa toison d’un indigo prononcé le rendait presque invisible aux yeux de la louve, le mêlant aux ombres de la nuit comme pour l’écarter du groupe. D’un mouvement le la queue, Glycenne le ramena contre elle alors que, du coin de l’œil, elle perçu l’échange entre sa sœur tout juste aînée et leur père, un éclat doré dans les ténèbres de la nuit. Son cœur se serra alors que, en silence, elle espérait que la louvette n’aurait en héritage que le regard ardent de son grand père.

La louve noire souffla, pensant le travail enfin terminé, lorsqu’un ultime hoquet de douleur la secoua, la faisant se cabrer contre son compagnon. Elle cru que ça n’en finirait jamais, que la douleur resterait en elle, prisonnière pour l’éternité mais, enfin un mouvement attira son attention. Il était particulier. Un loupiot, légèrement plus grand que les autres, plus robuste, tentait de se frayer un passage jusqu’au ventre de sa mère parmi les herbes folles de la rive. Son pelage que l’on devinait foncé était masqué par une douce lumière pulsatile d’un bleu électrique qui captiva immédiatement l’attention de sa mère. Lentement, alors que la douleur s’en allait, elle se redressa, tendant le cou pour frôler de son museau le nouveau né. Ses paupières s’ouvrirent lentement sur un regard aveugle… et doré comme celui de sa sœur. Un murmure effrayé s’échappa de la gueule de la noireaude.
Sarkan… Akasan, il a le même regard…


Ses yeux dépareillés se posèrent sur le dos du jeune mâle. D’un noir charbon, il faisait écho à celui de sa mère et de son grand père. Il ne serait pas comme lui, elle en était certaine. Personne ne pouvait être aussi fou, aussi cruel que lui.
Alors qu’elle le ramenait auprès d’elle, le guidant de son museau, elle reprit la parole, d’une façon plus assurée cette fois-ci.
Akasan, si tu permets, j’aimerais choisir son nom. Tu pourras choisir ceux des autres, mais je dois choisir le sien, s’il te plaît. Shorkan… Je voudrais l’appeler Shorkan…


Il avait forgé ce qu’elle était et, d’une certaine façon, il lui avait permit de rencontrer Akasan, elle lui devait bien ce maigre remerciement. En silence, elle se contorsionna comme elle le pu, se détachant légèrement de la fourrure bleutée de son compagnon pour aller lécher les louveteaux qui se pressaient à présent contre contre son ventre. Quatre… La vie lui avait fait don de quatre magnifiques enfants qu’elle chérirait à présent plus que sa propre vie, elle en était certaine. S’est doutes quant à sa capacité à les aimer s’envolait alors qu’elle les avait à présent sous les yeux, et qu’elle ne se lassait de les admirer en silence.
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Akasan
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Mar 11 Juil 2017 - 0:21


La Promesse de l'Aube


Cesserait-il, un instant, de les contempler ? D’admirer leurs frêles silhouettes se mouvoir dans l’obscurité, tandis que leurs prunelles aveugles scrutaient en vain les ténèbres ?
La vie l’avait torturé, mutilant son esprit sans se soucier même de sa  souffrance Il avait erré, longuement, douloureusement, dans la pénombre qui l’oppressait. A chaque nouvelle tentative, chaque nouvel espoir de franchir, enfin, cette frontière qui le séparait d’un univers lumineux, les chaînes de son passé l’avait rattrapé, le condamnant au ténèbres qu’il avait engendré.
Et elle lui offrait alors son ultime trésor.
Jamais, au cours de sa piètre existence, son coeur n’avait battu si fort, dévoré par un amour dont la nature lui échappait encore. Cette ardente passion qui consumait son âme, folle utopie d’un avenir possible. Tandis que ses prunelles de givre vagabondaient d’une silhouette à l’autre, une constatation qu’il n’aurait cru possible s’imposa alors à son esprit.
Nulle étoile ne saurait jamais égaler l’impossible lueur que ces minuscules vies lui accordaient en cet instant. Elles seraient tout; ses astres dans les ténèbres grandissantes, ses chandelles dans la pénombre qui le traquait, ses immortelles lunes qui berceraient ses songes mouvementés.
Elles seraient tout.
Pour la première fois, ses sentiments lui semblèrent justes, véritables. Purs de joie et de fascination, nullement présents pour effacer ses craintes, comme il avait tant appris à le faire, affrontant ses peurs par le biais de ses utopies. Une secrète satisfaction s’immisça en son coeur, lui murmurant les mots qu’il avait tant cherché. Ce que son esprit s’était acharné à nourrir, ce que son corps dévoré par les ombres avait en vain cherché, s’affichait désormais à son regard de givre. L’inespérée constatation que la vie étendrait sa vive caresse au delà même de sa propre existence, que son sang franchirait les frontières du temps, perdurant dans ceux qu’il aimerait à jamais.
Mais peu lui importait la véritable conscience de l’héritage qui était désormais sien. Il ne les aimait pas pour leur sang. Simplement pour ce qu’ils étaient, ce qu’ils seraient. Ses ultimes trésors, le prix de ses plus affreux tourments, les étoiles qui luiraient désormais dans ses prunelles de givre. Ils seraient sa vie, son unique source d’existence, le nourrissant de l’amour qu’il avait tant cherché dans ses plus monstrueuses épreuves.
Le loup bleu ne retint pas le pur rictus qui déforma ses lèvres. Il ne méritait pas un tel présent. Mais il respectait l’incertaine décision de la vie, fier du fardeau qui lui était alors confié. Il aimerait ces enfants comme ses plus secrètes étoiles, veillant sur eux de tout son être, de toute son âme, même lorsque son corps ne serait plus que poussière sur la terre qui l’avait vu naître. Jamais plus il ne tournerait les talons, certains de son inutilité face aux assauts courroucés du destin contre sa misérable personne. Il serait là où son ombre avait autrefois cillé, refusant de menacer sa propre existence pour un autre. Il mourrait là où il s’était persuadé à vivre jadis. Il aimerait là où sa propre silhouette avait auparavant haï.
Le monde lui sembla alors disparaître, ne conservant que les murmures secrets des berges du Fjord, les douces respirations qui l’envoutait, et l’ombre charbon qui pressait contre son flanc d’ébène l’héritage de sa chair. Akasan les contempla alors, délaissant son environnement alentour. Plus rien n’existait, hormis eux.
Le loup bleu abandonna son univers. Simplement, parce que, désormais, son univers serait eux.
« Sarkan… Akasan, il a le même regard… »
Ecouta-t’il vraiment ses mots ? Perçut il l’angoisse qui teintait ses paroles, lui volant l’ultime plaisir de sa vie ? Ce fut à peine si la voix de l’Ange effleura ses oreilles d’ardoise, tant la fascination qu’il éprouvait captivait le moindre de ses sens.
L’impensable transe dans laquelle il s’était laissé choir le quitta alors, le ramenant à cette réalité qu’il avait tant détesté. Mais quelle plus belle vérité que celle de voir ses propres enfants se blottir à présent contre le flanc de celle qui leur avait donné vie ?
Soucieux des mots de son Ange, Akasan se rencontra alors sur l’environnement qui l’entourait. Laissant les paroles de sa belle se frayer un chemin dans son esprit émerveillé, il comprit peu à peu. Toisant le loupiot que Glycenne fixait avec appréhension, le loup bleu ne sut s’il devait se révéler juste de mépriser cet enfant pour ce qu’il ne serait jamais.
Alors qu’il s’apprêtait à défendre le fruit de sa chair contre celle qui lui avait offert le vie, elle reprit la parole, plus assurée et plus aimante qu’il ne l’aurait jamais songé, après de tels mots.
« - Akasan, si tu permets, j’aimerais choisir son nom. Tu pourras choisir ceux des autres, mais je dois choisir le sien, s’il te plaît. Shorkan… Je voudrais l’appeler Shorkan… »
Ce nom, cette futile appellation, résonna longuement en son coeur même. Shorkan.
Abaissant les yeux sur la silhouette déjà solide, le loup bleu le toisa longuement.
Shorkan.
Il l’adorait.
De par son nom, de par sa nature, de par son être tout entier. Et cet unique mot vibrait en lui, ne parvenant à le mener à la véritable face de ses pensées. Toute sa vie, le solitaire avait demeuré dans la certitude que de simples syllabes ne pouvaient avoir un impact réel. Qu’il ne s’agirait là que de lettres, de mots manipulés par l’esprit pour tromper sa proie. Que leur réalité n’était que factice. Qu’ils n’étaient rien d’autres que tour de l’âme et jeux de langues. Que n'importe quel individu les manierait aussi bien qu’un autre.
Et que nul ne les possédait véritablement, ne pouvait prétendre à leur pouvoir.
Et pourtant, ce mot, cet unique mot, résonnait en lui comme la plus éclatante des vérités.
Shorkan.
Son fils, son enfant. Le fruit de sa chair.
Celui qui règnerait désormais sur la vie du loup bleu, ne constituant plus que son unique adoration, son unique préoccupation.
Akasan hocha lentement la tête, ne pouvant traduire par les gestes, par les paroles, l’étrange sentiment qui l’ébranlait alors. Il vivait pour lui. Pour elle. Pour eux. Se penchant délicatement vers son Ange, il la frôla à nouveau du museau, tentant en vain de lui transmettre l’intense fascination qui laissait trembler ses membres. Ce fut, alors qu’il se redressait doucement, portant un regard teinté d'adoration sur ceux qui constituaient alors sa famille, qu’il prit conscience de son devoir prochain.
Leur accorder, à eux trois, l’appellation qu’ils porteraient, apprécieraient, regretteraient peut-être, tout au long de leur vie. Il déglutit lentement, sceptique un instant, puis brutalement saisi d’une assurance qu’il ne se connaissait pas.
L’enfant d’ébène fut la première qui se présenta à ses prunelles de givre. Jetant un bref coup d’oeil au visage satisfait de son Ange, le lupin indigo se pencha délicatement vers elle, la frôlant du bout de la truffe, savourant ce contact qu’il apprendrait à chérir plus que tout autre. Posant son regard de gel sur les paupières closes de la petite, il murmura, à peine audiblement.
« Eirlys. »
Les mots lui parurent plus lourds que n’importe quels autres. Ils guideraient désormais la vie de l’enfant, participant à forger ce qu’elle serait.
« Eirlys, fille des neiges. Fière princesse des glaces, dame des Fjords. »
Il ne sut retenir le sourire qui teinta ses babines tandis que la loupiote frôlait son museau immaculé de ses minuscules pattes.
« … Mon petit flocon. »
Il s’écarta délicatement de son étreinte légère, craignant, en chaque instant, de la briser sous la douce brutalité de ses gestes. Lui accordant un ultime regard brûlant d’amour, il se tourna alors vers le louveteau qui tentait, malgré lui, de l’écraser maladroitement pour atteindre le premier le flanc d’obsidienne de sa mère. L’écartant légèrement, le loup azuré le guida plus loin de sa soeur, lui permettant ainsi un accès parfait au corps qu’il recherchait tant. Persistant à lutter, l’enfant revint instinctivement vers sa position première. Laissant échapper un petit rire, Akasan reprit.
« Liam, le valeureux. »
Ses prunelles fléchirent légèrement tandis qu’il admirait le petit borné.
« Le déterminé. Le prince du givre, le fils des vents… Mon ouragan. »
Il sourit à nouveau, redressant le loupiot qui luttait en vain. Celui-ci laissa échapper un jappement de fureur tandis que le museau de son père le poussait contre sa volonté vers un autre côté. Ecartant finalement sa soeur d’un coup de patte maladroit, il se fraya seul un chemin contre la fourrure délicate de Glycenne.
Ce fut sur l’enfant lavande que se posa finalement son ultime regard. Il ne la connaissait pas, l’ignorait encore, mais le précédent échange qu’elle lui avait, de son regard pourtant aveugle, vainement transmis, ne lui avait pas échappé. Elle était, serait différente. Comme tous ses frères et soeur. Mais plus différente encore.
Comme lui.
Il se coucha délicatement, veillant à ne pas bousculer les autres individus qui s’agitaient lentement à ses côtés. Il parut alors au solitaire, dans le silence bercé des murmures puérils, que l’enfant avait perçu sa présence, relevant son minuscule visage vers celui qu’elle reconnaissait comme père.
Alors seulement, il osa l’effleurer.
Quand la truffe d’ébène de son père la frôla, elle tendit à son tour sa fragile tête vers lui, lui offrant un contact qu’il n’avait alors jamais rencontré.
Cette inespérée réaction l’ébranla plus qu’il ne l’aurait jamais cru.
Les mots lui échappèrent, alors libres de leur sens.
« … Aranwë. »
Le silence qui le berça ensuite l’apaisa, le laissant savourer cet ultime contact, ce lien secret qui le rattachait désormais à son enfant.
« L’enfant des astres, la fille de la Lune. La princesse nocturne. Aranwë. »
Après un léger regard vers ses frères et soeurs, ce fut à peine s’il retint la larme qui s’écoula sur sa joue.
« Mon étoile. »


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