Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

La légende voulait que, si elle courait assez vite, Hékate pouvait échapper à tous les adultes qui voulaient constamment lui manger le chou et lui chercher des noises. Elle était loin d'être un bébé sans défense qui aurait eu besoin qu'on la materne constamment ! Du moins, c'est ce dont elle était persuadée. Elle avait pu entendre tant de fois des nourrices, soupirantes, se glisser les unes aux autres, pour se rassurer, qu'elle se calmerait en grandissant. Autant dire qu'elles se méprenaient. La jeune blondinette, si elle n'était pas capable de lire l'avenir, considérait déjà comme certain et acquis qu'on ne parviendrait pas à la soumettre, ni à la briser. Elle était fière, probablement un peu trop, de son caractère impitoyable qui la rendait si...Spéciale. Peut-être était-ce cela que la sale petite pimbêche appréciait tant, se sentir spéciale, et pas juste une orpheline rongée par l'absence de ses parents qui eux, ne l'avaient certainement pas vue comme spéciale.

Aujourd'hui, c'est sans se cacher et sans se faufiler qu'elle avait échapper aux nourrices. La tâche avait été très simple, vraiment, elle avait simplement attendue qu'occupées par autre chose, elles tournent le dos, pour filer en ligne droite en courant comme si elle était poursuivie par le malin. Elle n'avait pas fait cela dans le seul but d'embêter ses nourrices, à vrai dire cela ne l'amusait même plus. Elle avait simplement envie qu'on la laisse tranquille. Voilà qui était plutôt contradictoire. A tant manquer d'attention, elle en venait à s'isoler du groupe, restant volontairement en marge et seule. Hékate était encore trop jeune pour réfléchir à tout cela, mais il était certain qu'elle se mettait dans les embrouilles, en partie pour attirer l'attention sur elle. Enfin, voilà des considérations que nous laisserons volontiers pour un autre jour, car il est certain que les états d'âme de la gosse ne sont guère d'un très grand intérêt. Probablement car elle est si antipathique qu'il serait compliqué d'éprouver la moindre compassion à son égard, aussi malheureuse fut-elle. Ainsi, filant entre les hautes herbes tel un éclair blond parmi la verdure si tranquille, Hékate se dirigeait sans but, mais le plus loin possible des louves qui devaient la garder. La blonde ne s'essoufflait pas, riant à gorge déployée, se défoulant par cet acte de rébellion qui obligerait les adultes à la chercher des heures durant. Elle aurait pu craindre, comme la plupart des louveteaux de son âge, de se faire salement enguirlander une fois rentrée au bercail, mais les écarts et bêtises de la petite Logarius étaient si fréquents que peu nombreux étaient ceux qui avaient encore la patience de tenter de la raisonner. Ils se dédouanaient en se disant qu'à présent, elle était plus une adolescente qu'une enfant et qu'ainsi, on pouvait la laisser vaquer à sa crise de puberté sans trop s'occuper d'elle. Pourtant, peut-être aurait-elle eu besoin qu'on empêche cette petite écervelée d'Hékate de franchir presque fièrement la frontière avec le clan automnal, sans réaliser qu'elle violait la frontière de deux clans ayant manqué de s'entretuer. Ce n'est que lorsqu'elle finit par essouffler ses jeunes poumons et ralentit enfin sa course, que la jeune printanière se rendit compte du changement drastique qu'avait subi le paysage. La verdure chatoyante du printemps avait été remplacée par les feuilles mortes colorées de l'automne, qu'Hékate, qui n'avait jamais mis les pattes sur ce territoire, ne reconnaissait absolument pas.

Intriguée, l'insupportable blondinette s'enfonça dans les terres que ses jeunes yeux roses découvraient. Elle ne ressentait pas d'effroi, ni l'envie de faire demi-tour, mais plutôt une grande curiosité. Par véritablement émerveillée, mais au moins cet endroit trouvait-il un certain intérêt à yeux. Tous ses sens étaient éveillés, quand un bruit proche dans la végétation l'interpella. Elle se tapit automatiquement dans les feuilles mortes, sur lesquelles son pelage clair ressortait particulièrement. Aussi inconsciente fut-elle, Hékate était au courant du danger que cela représentait, si jamais un adulte automnal le surprenait ici. En gros, elle n'aurait pas fait long feu. Et là, elle n'aurait pas prit une simple correction. De sorte qu'elle fit tout de même attention à ne pas se faire repérer immédiatement...Par la gamine, toute aussi jeune voire plus qu'elle, qui passa devant elle. La jeune printanière la suivit du regard, l'observant sans se dévoiler. Sa fourrure était encore plus claire que la sienne, presque parfaitement blanche mais ponctuée d'autres couleurs. C'était la première fois qu'Hékate apercevait un louveteau d'un autre clan de ses propres yeux. Elle avait l'air...Plutôt semblable aux louveteaux de son propre clan. Hékate, cachée approximativement, la regarda et l'écouta pester, puis pousser un petit glapissement de douleur qui fit glousser la sale pimbêche blonde.

Elle attendit encore un instant, avant de juger que l'autre gosse ne représentait pas un très grand danger pour elle, et de surgir brutalement des fourrées, juste derrière la petite louve. Elle faisait ça dans l'unique but de surprendre l'autre louveteau, parce que cela l'amusait bien. Sans s'annoncer, elle s'exclama, de sa petite voix fluette et moqueuse :

« Alors, t'as fini d'exprimer tous tes sentiments ou y en a encore ?»