Quand Veedya se leva ce matin là, il faisait froid. Un vrai froid, mordant, piquant, soufflé par un vent de plus en plus fort. L’hiver arrivait, et avec elle ses nuit plus longues et son gel délicat qui transformait les branches nue en œuvre d’art pour qui savait regarder. Cela n’était pas pour déplaire à la femelle, sa fourrure épaisse lui faisant plus craindre fortes chaleurs et humidité pesante que froid sec et souffle glacé, mais malheureusement il ne s’agissait pas d’une saison positive pour les plantes. Bientôt, les sols serraient gelé et les plantes médicinales se feront rares, et son seul don ne suffirait pas pour maintenir un clan en vie. Le calme était revenu, mais elle ne croyait pas aux longues accalmie et se préparait à toute éventualité.
Il lui fallait reconstituer ses stocks pour éviter d’être prise au dépourvue quand la neige s’invitera sur le territoires. Elle s’étira longuement, jeta un coup d’œil à ses réserves avant de sortir et trottina doucement jusqu’à la sortie. Il lui faudrait également refaire des couchettes digne de ce nom, aucun patient n’était à déplorer pour le moment mais la mousse faisait triste mine de même que les feuilles sèches qui lui tenait compagnie. Toute l’infirmerie était à revoir pour attendre l’hiver sans souci, et seule cela lui prendrait trop de temps. La journée était à prévoir pour s’occuper correctement de cette tâche essentielle, même avec de la compagnie.
Elle s’assit un instant à l’entrée de sa tanière, enroula sa queue autour de ses pattes, frissonna un instant sous les caresses fraîches du zéphyr, avant de laisser son regard vagabonder vers l’horizon. Dans son esprit, elle dessina une nuée de papillon, plus importantes que celle créé quotidiennement, car elle avait besoin d’aide pour tâter le terrain, et dépourvue d’apprentie et de seconde tête, elle décida de déléguer cette occupation à ses insectes. Quand elle revint à la réalité, des myriades de lépidoptère volaient autour d’elle, joli et innocent spectacle qu’elle aurait passé plusieurs heures à regarder si elle n’avait à faire. Une fois cela fait, elle se releva, se secoua brièvement pour dissiper le léger engourdissement qui l’habitait et s’enfonça dans les profondeurs de la forêt.
La pierre est froide sous ses pattes, et un léger sourire décore sous visage tandis qu’elle lève la tête pour affronter du regard l’immense construction imposante qui se dressait devant elle. Ses pas l’ont conduit ici sans qu’elle en sache la raison. Enfin, ce serait mentir que de dire ça. Bien sur qu’elle en connaît la raison. Ses petits espions ailé l’ont averti qu’un loup traînait par ici, sans vocation particulière, et qui semblait n’avoir rien à faire. Parfait, cela suffisait à la louve afin de réquisitionner le mâle pour la journée.
Couché sur un rocher, il semble dormir. Sa fourrure rouge et noire ondule au gré des mouvements changeant du vent. Une pointe de culpabilité tiraille la conscience de la femelle. Il semble si paisible en dormant qu’elle ne voudrait pas le réveiller. Tout le monde à droit à sa part de rêve, à sa part de bribes chimériques apaisante.
Mais voila que ses yeux s’ouvrent soudain. Ses iris la fixe, ne semblent pas la reconnaître. Tant pis, il en aura le temps durant la journée.
- Bonjour, la salue t’il, sans pour autant se lever.
- Bonjour, répond t’elle sur le même ton, en s’approchant de sa démarche légère et confiante, la tête droite, sa queue suivant le balancement de ses hanches à chacun de ses pas.
- Je suis Veedya, la guérisseuse, et il me faut constituer des stock de plantes conséquent, enchaîne-t’elle de but en blanc. J’ai besoin de ton aide.
La phrase ne sonne pas comme une question, mais comme une affirmation. Ce n’est pas tu peux, mais tu dois. Elle s’assoit en face de lui, plante ses prunelles dans les siennes, le mettant au défi de l’envoyer voir ailleurs. Même un refus ne l’arrêtera pas d’ailleurs. Elle à décidé que c’est lui qui l’aidera, c’est lui qui l’aidera. Il n’a pas son mot à dire.