Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Le soleil brillait haut dans le ciel. Le sable chaud luisait sous la lumière de l’astre. Un ciel indigo dénudé de nuages moutonneux surplombait la plage et ajoutait une touche de couleur dans cet univers il y a peu encore si sombre.
La terre toute entière avait revêtu les senteurs et les teintes d’un Eté prometteur. L’air s’était chargé de nouveaux murmures, certains plus passionnés que d’autres. Les oiseaux volaient haut dans l’abîme azurée, légères pointes multicolores dans le ciel. Mais ici, seules d’immenses ailes blanches venaient tracer les reflets du vent. Semblable aux vautours de la mer, ou à l’écume de la voûte céleste. Les champs s’étaient recouverts de fleurs toutes aussi éclatantes les une que les autres. Les falaises resplendissaient de mille et une couleur, allumant un feu dans l’obscurité des nuits désormais plus qu’agréables. La chaleur était revenue, ramenant avec elle ses corbeilles de fruits en tout genre et ses proies abondantes. Mais cette année, Eté avait aussi apporté quelque chose que le loup bleu ne connaissait que depuis peu. Son nom restait prisonnier de son être, car il savait que le divulguer ne saurait être juste. C’était quelque chose qu’il ne pouvait ne serait-ce que murmurer, tant son sens était important. C’était une valeur précieuse à ses yeux, qui méritait son entière considération. Il n’aurait pu la remettre en cause. C’était devenu sa torche dans la nuit, une bougie qu’il tenait au ceux de son coeur, un espoir qui envahissait peu à peu son âme, revigorant lentemant sa vie et lui accordant une touche de joie dans cet univers ténébreux. C’était un mot souvent chuchoté, un mot souvent ignoré. Un mot qui, lorsqu’il était compris, devenait le plus important de tous. Lui le connaissait. Lui le respectait. Ces simples syllabes représentaient désormais son unité, ce qu’il était. Rien n’aurait pu mieux le qualifier. Autrefois il était le loup des glaces, le rejeté, le solitaire, l’inconnu. Le Dangereux. Mais maintenant, il n’était plus qu’un seul mot, et ce mot représentait tout ce qu’il était.
Cependant, pourquoi prononcer ce mot, alors qu’il ne pouvait être compris de ceux qui ne le connaisse pas véritablement ? Vous, le connaissez vous ? Etes vous prêt à se plier à ses désirs tant qu’il tiendra au creux de vos paumes ? Oui, vous, Invité. Vous ne pouvez comprendre ce mot si vous ne le vivez pas.
Et c’était cette appellation qu’il adorait et contemplait. En l’acceptant, il avait perçu le mystère et l’interêt de sa vie. Il avait compris pourquoi Mère Nature lui avait accordé le fruit de la lumière, l’Existence. Pourquoi il avait pu fouler cette terre, et ainsi laisser l’espoir l’inonder comme la lumière du tunnel. Cet instant où Cupidon avait frappé, où la flèche s’était violemment plantée dans son coeur, il ne saurait l’oublier. Quelle considération pouvait-il désormais avoir pour les mal-aimés, pour ceux qui refusait ce bonheur qui l’inondait maintenant ? Mais il ne pouvait le nier, il avait été commun à ces démons des ombres. La glace avait brûlé son coeur et c’était le soleil qui était venu l'assainir. Torche d’un espoir éternel, lumière d’un phare dans la nuit. L’obscurité qui triomphait de son coeur avait été chassée comme le gel qui bloquait ses mouvements. Il n’avait plus peur. Il ne le pouvait plus, car la joie qui l’inondait ne savait être estompée comme l’oubli d’une rencontre passée. La fleur de sa vie avait enfin éclose, comme le renouveau du printemps dans le cycle de l’hiver. Une utopie était née, lui assurant l’espoir de voir enfin ses étoiles s’allumer à nouveau dans l’horizon.
Après tout, si la flore pouvait renaître, pourquoi pas lui ? Il était semblable à la primevère du début de saison, faible et pourtant si forte face aux tourments de l’hiver. Il avait compris pourquoi la vie. Qui il était et ce pour quoi il était là. Il saurait servir les désirs de Mère Terre pour ce qu’elle lui avait offert. Il s’en était fait la promesse.
Sa silhouette se découpait sur la plage, ombre indigo sur le sable clair. Le crépuscule se montrait déjà, entachant le ciel de traces sanglantes et pourtant reflet d’une romance éternelle. Si le sang était une couleur malsaine, il était aussi la couleur de cette passion qui dévorait le lupin, de la rose qui illuminait son coeur. Cette rose sans épines, sans mensonges, dont seule la beauté pouvait être exposée. Un immense sourire de bonheur caressait ses traits azurés. Le soleil enflammait son pelage froid et ses yeux de glace étaient teintés d’un éclat d’or.
Il attendait, comme le veilleur devant sa lampe, guettant la flamme vacillante. Il ne quitterait cet endroit qu’avec Elle, que lorsque sa silhouette se découperait dans l’horizon, que lorsque l’Ange Noir déploierait les Ailes de son coeur sur le soleil déclinant. La joie qui rongeait son être le dévorait peu à peu, consummant son coeur de murmures jusque là oubliés, ces paroles qu’il avait du chuchoter dans un lointain passé, ces paroles désormais gravées dans sa mémoire à l’encre de son coeur. Ce n’était pas une marque au fer rouge tel que les coups qu’il avait reçu durant sa douloureuse enfance. C’était un remède, qui guérissait peu à peu ses plaies et refermait ses cicatrices.
Et puis brusquement, Elle apparut. Il se souvenait, lorsqu’il lui avait proposé de revoir ses yeux étincelants sous la lumière du soleil vacillant. Et Elle avait tenu sa promesse. Elle, l’Ange Noir qui avait volé son coeur, Elle, sa torche dans la nuit. Elle était tout pour lui, ce qu’il était, sa raison de vivre. Il voulait revoir encore cette lueur qui animait son regard. Il voulait ressentir cette euphorie dans sa poitrine, cette ivresse profonde qui consummait son coeur.
Ses pattes se dressèrent toutes seules. Il se leva brusquement, et abandonna l’écume de la mer à ses balades, ainsi que le soleil à la contemplation de son reflet. Il était guidé par la seule voix de son coeur, voix qu’il acceptait enfin d'écouter. Il ne reniait plus ce qu’il était. Il connaissait son nom, Il connaissait son âme. Il était Akasan. C’était une vérité indéniable, qu’on ne pouvait modeler à sa guise en prétendant être l’écrivain de son histoire. Le neutre était libre de ses pensées, car il était Akasan. Akasan, fleur d’un nouveau printemps, éternel même lorsque le froid gèlerait les coeurs, pétale vagabond et pourtant rattaché à ce qu’il chérissait. Il n’était plus que lui même, et c’était tout ce qui lui fallait. Avec Elle.
Glycenne.
Car tel était ce nom dont il savourait les syllabes. L’ivresse de son coeur l’envahissait encore davantage, laissant son euphorie animer ses pattes et les guider jusqu’à l’Ange hivernal. Lorsqu’il la vit, son âme s’embrasa une nouvelle fois.
Elle était là.


© By Halloween sur Never-Utopia

Longtemps, il avait crû ressentir cet amour. Mais aujourd'hui, il avait la certitude que, à l'époque, ses sentiments n'étaient qu'un synonyme. Aujourd'hui, et il en était parfaitement certain, il en connaissait la définition. Ce n'était plus un simple mot. C'était une vérité, qui vibrait dans chacune de ses veines. Un sentiment indéfinissable, et que pourtant, il parvenait à expliquer. Plus précisément, à comprendre.
Akasan savait que personne ne le comprendrait. A part elle. C'était une idylle qu'ils vivaient, et elle ne pouvait être cernée que par ces deux êtres. Car ils la vivaient. Ils la ressentaient. Au plus profond de leur être, dans leur âme. Dans leurs gènes. Dans leur coeur.
Le loup bleu le savait, désormais, il avait signé un pacte sans le prononcer, tenu une promesse sans l'avoir jamais acceptée. Mais il s'y engageait. Quoiqu'il arrive. Quoique le destin décide. Il lui avait offert son coeur. Il lui avait ouvert la porte si longtemps scellée de son âme. En toute vérité, il lui avait simplement confié la clé du jardin qu'était son être. Et elle s'était chargée de pousser le portail qui gardait prisonnier ce domaine. Elle avait brisé les frontières qui les séparaient.
Si, d'eux deux, Glycene avait été la plus réticente, c'était en fait le contraire. Longtemps, Akasan avait lutté pour laisser son coeur dominer sa tête. Et il savait qu'il en était de même pour l'Hivernale.
L'union d'un Ange Noir et d'une Colombe Bleue pouvait paraître bien singulière à qui ne peut comprendre. A qui ne veut comprendre. Mais là était peut-être l'origine d'une liberté indéniable. La liberté d'aimer sans se soucier des différences qui pouvait les unir. Ils étaient parfaitement distincts l'un de l'autre, mais là était leur unité.
Akasan eut un doux sourire. La chaleur du soleil n'était rien comparé au brasier qui naissait dans son coeur. Pendant si longtemps, les cendres avaient voilé les braises somnolentes. Mais dès à présent, le phénix s'était éveillé et avait balayé toute poussière indésirable. Ce qui n'avait été qu'une petite flamme était aujourd'hui un brasier, étincelant de mille feux. Il n'était plus question d'une simple flammèche, mais d'un feu de joie, ardent et prêt à embraser tout ce qu'il rencontrerait. La violence des flammes s'était matérialisée sous forme d'un amour de plus en plus puissant, d'une euphorie qui envahissait son coeur.
Il savait que l'ivresse de cette idylle pourrait, si seulement il avait voulu y penser, le noyer peu à peu, le dévorer tel le feu qui brûlait en lui. Mais quelque chose, une voix dans son âme, lui murmurait qu'il ne devait pas avoir peur. Que si le destin avait autrefois jeté les dés et était tombé sur la douleur, aujourd'hui, il ne trouvait plus que la joie.
Le vent se lève. Tel était les pensées du loup bleu. La chance avait tourné, lui offrant à son tour ce qu'il avait tant cherché. C'était à son tour, désormais, de lui offrir ce qu'elle aussi avait peiné à trouver. Il n'était plus le loup froid et solitaire qu'il avait autrefois pu être. La chaleur de l'espoir avait lentement ranimé ses os gelés par ses tourments. Il n'avait plus peur. Plus peur de demain. Plus peur d'aujourd'hui. Tout ce qui avait auparavant représenté ses peurs n'était qu'un misérable souvenir. Le lupin bleu avait longuement dérivé, seul sur un îlot dont Elle était venu le sauver.
Le simple contact du nez de l'Ange contre le sien suffit à l'ébranler tout entier. Pourtant, et peut-être pour la première fois, il n'eut pas ce sentiment de réticence qui avait toujours hanté le fond de son esprit. Il voulait s'abandonner à cet amour qui l'appelait. Il voulait se laisser choir sous le poids de ses tourments, jusqu'à ce que l'Ange vienne le prendre sur ses épaules. Jusqu'à ce qu'il est aimé comme il ne l'avait jamais fait. Jusqu'à ce que le destin lui ait révélé ses secrets.
Akasan voulait être un de ces oiseaux, constamment libre. Il voulait pouvoir ouvrir ses ailes, pour la protéger. Pour lui confier son coeur sans qu'un voleur vagabond ne l'emporte contre son gré. Il voulait pouvoir sentier le vent caresser à nouveau son poil indigo. Il voulait devenir le ciel. Il voulait être une étoile, et qu'Elle soit toujours à ses côtés. Il voulait être tout et rien à la fois. En vérité, il voulait simplement être à la hauteur. Il voulait être apte à accepter son coeur à son tour.
« Je t’aime, Akasan. »
Ces simples syllabes, si naturelles et pourtant si étranges, ne firent que raviver davantage la flamme. Les yeux illuminés de joie, Akasan prononça à son tour ce qu'elle savait déjà, mais qu'il voulait répéter jusqu'à sa mort. Jusqu'à ce qu'il rejoigne les étoiles.
- Moi aussi, Glycenne, moi aussi... Je t'aime.
C'était la vérité. Il ne voulait rien entendre d'autre. Car que dire de plus ? Désormais, les mots étaient inutiles. Seul le silence saurait les bercer dans l'ivresse que l'amour leur offrait. Il la suivit, et sût que, maintenant, il pouvait laisser cette idylle l'emporter. Akasan accepta donc l'étreinte de ses sentiments et se livra à l'amour qui brûlait en lui.




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