Deux loupiotes pour un seul jeu
Rubis était toute contente, c’était la première fois depuis deux jours qu’elle pouvait pointer le nez hors de la pouponnière. Glycenne l’avait punie de sortie, car la petite avait quitté le camp sans dire où elle allait, deux fois de suite. La première fois elle avait rencontré Hyuri dans la grotte de glace et la deuxième Emrakh.
Pendant qu’elle était coincée dans le camp, elle avait pu en savoir un peu plus sur la géographie des terres de l’hiver. Lorsqu’elle avait fait la rencontre de l’hivernal Emrakh ce fut dans le désert gelé. La louvette avait décidé d’y retourner, sans oublier de dire à sa nourrice où elle allait et approximativement quand elle reviendrait. La petite comprenait que sa nourrice se fasse du souci si elle ne savait pas où étaient les louveteaux qu’elle gardait. Après ces quelques informations données la tricolore s’était élancée hors du camp et avait respiré à grandes bouffées l’air frais qui lui avait tant manqué.
Rubis marchais en regardant au loin. Maintenant qu’elle connaissait un peu mieux les terres du clan qui l’avait recueilli, elle savait à peu près par où elle devait passer pour se rendre à sa destination.
La petite sentait la fine couche de neige fondre sous ses petites pattes. Quelques fleurs avaient pointé leur nez depuis sa dernière visite. Un ciel sans nuage s’élevait au-dessus d’elle. En cette matinée le soleil estival tapait fort, un peu trop au gout de Rubis. Mais en contrepartie la neige étincelante sous les rayons de l’astre rafraichissait ses membres.
Cela faisait un moment qu’elle marchait dans la solitude la plus totale. « J’espère que quelqu’un viendra » se dit-elle. Son souhait fut exaucé quelques minutes plus tard. Dès que la petite vit la silhouette beige, elle se précipita en sa direction, heureuse de voir enfin quelqu’un. La solitude, Rubis n’aimait pas ça.
Un léger nuage blanc s’élevait dans le ciel au rythme de sa respiration saccadée. Quand elle fut assez près pour distinguer les détails de la silhouette, la petite remarqua qu’elle tournait en rond. La tricolore aurait voulu s’arrêter mais elle dérapa sur une plaque de glace cachée sous une fine couche de neige. A cause de l’élan qu’elle avait pris le choc entre la louvette et la silhouette fut terrible.
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Qu'est-ce qu...commença une voix.
La petite était tombée sur la fourrure crème qui s'avéra appartenir à un loup. Ce dernier se leva vif comme l'éclair. Quand Rubis leva la tête, elle vit des crocs à seulement quelques centimètres de ses pupilles. Effrayée elle se releva en vitesse, lorsque elle le regarda le visage du loup s'était métamorphosé. Du masque de colère, une expression de stupeur non contenue s'était peinte sur le visage de l'inconnu.
La louvette nota que le loup en face d'elle était en réalité une louve. Sans s'en rendre compte la petite avait le poil hérissé et elle s'était accroupie, son ventre touchait la neige froide.
A temps, elle se souvint de quelques instructions que lui avait données sa nourrice. « Si tu percute quelqu’un ou si tu lui fais mal, excuse-toi immédiatement. Si ce n’est pas un hivernal soit prudente ».
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Excuse-moi. Dit Rubis d’une petite voix.
Elle se releva sous le regard pénétrant de l’inconnue, la petite attendit sa réponse en regardant ses pattes.