Valkyon n’avait jamais été du genre à se mêler aux autres. Bien qu’il n’ait jamais été foncièrement mauvais, il avait toujours préféré se mettre dans la peau de l’observateur, ne se mêlant aux autres que pour faire quelques remarques acerbes ou nécessaires et pour draguer les loups qui parvenaient à attirer son attention. Ce jour là cependant faisait exception. Notre dragon s’était joint à deux ou trois loups de sa meute pour participer à quelques jeux sur la plage aux coquillages. Et il devait avouer que ça lui plaisait de les accompagner ainsi de temps en temps. Cependant, il ne fallait pas abuser des bonnes choses. Lorsque Valkyon sortit de l’eau, il s’excusa donc auprès des autres et prétexta qu’il devait partir, le calme des palmiers l’attendant gentiment.
Il sentit immédiatement qu’il n’était pas seul, et il sentit aussi immédiatement que cette après-midi se révélerait plus intéressante qu’il ne l’avait espéré. Les ailes à demi-déployées pour se donner de l’envergure, son beau pelage chocolat rendu brillant par les perles salées qui y gouttaient, il s’avança donc entre les grands arbres à la recherche de l’odeur délicate qui lui était parvenue. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir une jeune louve, aux airs presque aussi princiers que les siens, avancer vers lui à pas feutré. Il sourit légèrement lorsqu’elle trébucha. Une diva maladroite, que c’était mignon… Le dragon fit quelques pas vers elle, lui redressant la tête à l’aide d’une de ses ailes.
Qu’est-ce qu’une créature telle que vous fait donc ici, perdue, seule au beau milieux de tous ces palmiers ?
Il se pencha légèrement, chatouillant la plume qui pendait à l’oreille de la jeune louve, son souffle chaud frappant son cou parfumé. C’était une louve de son clan, il n’avait aucun doute là-dessus. Mais comment avait-il pu louper une beauté pareille ? Certes, il ne se mêlait pas beaucoup aux autres, mais il connaissait presque tout le monde, et parfois même les petites habitudes de chacun –c’était pratique d’être un espion.
Valkyon rompit le contact avec la louve au pelage doré, repliant les ailes contre ses flancs et s’écartant pour pouvoir la regarder dans les yeux.
Si vous permettez, je peux vous tenir compagnie pour la journée.
Il se pencha de nouveau à l’oreille de la louve, cette fois pour lui murmurer :
Ou plus si affinités…
Cette louve serait une belle conquête pour lui. Mais il s’agissait surtout d’un jeu pour le grand mâle brun. Un jeu où il gagnait toujours. Soit par une bonne rigolade, soit par autre chose…