Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Nyre est très belle dame. Elle n'est nullement mince, au contraire, elle a un léger surpoids. Elle se moque que de ce que les autres louves disent de son petit gras, elle l'aime et le chérit. Ses pattes sont assez hautes ainsi que musclées, ce qui est à son avantage dans les combats. Mais l'une d'elle, sa postérieure droite est légèrement recourbée vers l'intérieur. Nullement problème vu à la naissance, c'est une ancienne fracture qui fut mal ressoudée. La LibreLune boite donc mais ça ne l'empêche pas de se battre. Lorsque le froid arrive ainsi que l'humidité, le boitement est plus embêtant et pénalisant.
Son pelage est relativement vif, ce qui l'empêche de se cacher dans les endroits sombres. Mais lorsqu'elle veut passer inaperçue, elle se barbouille de poussière ou de boue afin de faire taire ses couleurs.

Elle possède un regard de glace et d'un blanc presque translucide que nombreux sont à penser qu'elle est aveugle. Ce n'est pas le cas, elle voit parfaitement bien. En plus de cette apparence, ils brillent si bien qu'il est aisé de suivre la LibreLune. La louve se sert de cet éclat pour attirer les loups et autres animaux la nuit. Elle joue de l'attraction de glace que ses yeux produisent. Parfois, elle guide les étrangers hors des terres Inoccupées, parfois elle les guide dans un lieux pour mieux les perdre. Dans ce cas là, c'est que le loup a commis un impair qui n'a guère plus à la dame. Elle peut apparaître comme un spectre pour de nombreux canins mais il n'en est rien. Elle est bel et bien de chair et de sang.

Pour couronner le tout, elle possède une longue chevelure grise. Nyre en prend grand soin. Ils sont relativement longs mais s'ils l'embêtent de trop, elle n'hésite pas à les raccourcir à coups de griffes. Lorsqu'elle travaille à la forge, elle les maintient derrière sa tête grâce à une pince. Elle est très rusée pour mater les rebellions capillaires.
Au niveau accessoire, elle n'a pas grand-chose. Elle a rattaché sous sa joue gauche des plumes bleues qui se se finissent attachées à des cristaux étincelants. Purement de la décoration, ils n'ont pas de secrets. Ils ne cachent ni poison, ni lame. Ce sont de banals accessoires.

Ref:

Un croissant de Lune déchirait la nuit et éclairait faiblement la population nocturne qui s'affairait à ses petits affaires. Nyre n'appartenait guère à cette dernière. Loin de là. Elle vénérait les rayons du soleil qui illuminait son chemin, craignant les affres de la nuit. Mais aujourd'hui, elle avait été contrainte de sortir sous l'ennemie qui venait dérober l'astre du jour pour plonger le monde dans le noir. Le Conseil venait de la convoquer. Elle n'avait fait aucune bêtise, les loups y siégeant voulaient des informations, comme à chaque croissant de lune. Elle n'appréciait guère venir se fourrer dans les terres hivernales, préférant la paix régnant sur les terres neutres où la notion de territoire était illusoire. Au moins, la louve n'aurait pas été chassée si elle tombait sur un autre canidé, le contraire du territoire qu'elle traversait. Un profond soupire s'échappa de sa gueule. Elle n'aimait guère aller et venir voir un Conseil de « vieilles loques », mais elle n'en avait guère le choix. Elle avait choisi la vocation de LibreLune deux ans auparavant. Elle avait choisi de se lier à ceux qui la convoquaient.

Nyre boitait. Le froid de la nuit ne faisait que rendre davantage cette marche pénible. Lançant un regard en biais à sa patte arrière légèrement recourbée, elle ralentit l'allure. Elle ne savait pourquoi, mais la nuit la rendait triste. Comme invités à un bal, de nombreux fantômes de son passé resurgirent. Lentement, elle se stoppa et foudroya la lune de ses beaux yeux de glace. Elle soupçonnait la perfide reine nocturne du tourment qui la prenait. Elle ferma les yeux. Une odeur entêtante vint la bercer. Elle reconnaissait ce fumet entre mille et doucement, elle se retourna.  

– Bonsoir, Lu Shan.
– Bon nocturne, dame Nyre.

La louve ne s'habituerait jamais au langage du jeune loup devant elle. Elle était d'un an plus vieille que lui mais elle lui vouait un profond respect.

– Êtes-vous là pour me chasser, traqueur ?
– Vous chasser ? Je ne m'abonne à cela que pour les proies et nourrir mon clan. Vous n'êtes guère nocive sur ces terres.

La LibreLune savait que le chasseur hivernal brûlait d'envie de lui demander la raison de sa venue, si loin des territoires neutres. Elle venait rarement dans les terres des clans, errant simplement dans les inoccupées.

– Etes-vous venu en quête d'une histoire à raconter ?
– En effet, ria le jeune mâle. La vie nocturne m'inspire pour de futurs contes. Mais ce soir, l'inspiration ne m'a guidée qu'à vous.
– Oh, je vois.

La louve plissa légèrement les yeux. Elle était d'humeur à raconter une histoire.

– Et si les rôles s'inversaient ?

La surprise habilla le visage de l'hivernal.

– Vous voulez me raconter une histoire ?
– Oui.
– Je n'ai guère l'habitude d'une telle … Chose. Je ne sais pas si je suis digne d'un de vos contes.
– Je ne suis guère qu'une marchande, Lu Shan, s'esclaffa-t-elle. Je ne suis nullement issue d'une quelconque noblesse. Et ce serait avec plaisir que je vous raconterai l'histoire d'Erynn de Lonia.

Le mâle se posa et il prit un petit temps pour réfléchir. La curiosité le dévorait et il finit par hocher la tête en signe d'accord.

– Très bien, commençons.
« Au delà de FourSeasons, là où les dignes dieux prônaient la liberté de chacun, ils s'attardèrent sur un monde où cette dernière était en péril. Aragony, tel était son nom, était en proie à de terribles guerres. Les royaumes du nombre de dix, avaient réussi à trouver une paix mais l'un d'eux voulu davantage de pouvoir, de terres. Dirigé par un belliqueux loup répondant au nom de Samaël, la guerre fit rage et de nombreux innocents perdurent la vie. Un royaume puis un autre sombrèrent sous la domination de ce tyran. Face à la menace, le plus puissant des royaumes, Lumios, se lança à son tour dans la guerre. Mais contre toute attente, les Lumios furent repoussés et leurs attaques annihilées. Suite à cela, le roi Fal'Chion décida qu'une alliance avec les autres royaumes libres devaient être scellée.

Lu Shan frissonna à la mention du roi. Il ne connaissait que trop bien ce loup. Il était lié à lui par les liens du sang, bien qu'ils demeuraient dans deux univers opposés. L'hivernal regarda la LibreLune, se demandant si elle savait pour ces liens, mais la question qui flottait sur ses babines était plus celle-ci : qui est-elle ?

« Un conseil fut organisé avec pour thème l'alliance. Les rois et reines se plièrent à cela et signèrent un contrat. Toutes les armées de l'Union purent repousser les belliqueux mais très vite l'alliance se fissura. Les royaumes en faisant partis voulaient mener la guerre comme leurs ancêtres l'avaient fait avant eux. Malheureusement, cela créa la discorde dans les rangs. Les guerriers ne savaient quoi faire. C'est alors que Léonard, roi des Limbes, proposa que Fal'Chion, initiateur de l'alliance devienne le régent en chef des Armes. Les autres monarques acceptèrent et le roi de Lumios devint alors l'empereur. L'union devint un empire. Fal'Chion avait tous les rennes en pattes. Il mena une guerre éclair qui fit se retrancher dans leurs terres les guerriers qui menaçaient depuis trop longtemps la paix. Samaël connut la mort, achevé par cet empereur. La bataille fut gagnée. Mais quelque chose se produisit. L'Empire demeura comme tel. Les royaumes le composant préférèrent devenir des régions, les dirigeants formèrent le conseil, et l'empereur demeura à la tête de toutes ces terres.
« Une paix illusoire s'installa. Ce fut à cette période qu'une petite boule de poil vit le jour. Elle s'agitait contre le ventre de sa mère. L'odeur du lait l'enveloppait et avec force, l'enfant tirait sur les mamelles de sa mère. Cette dernière n'allait que de surprises en surprises. Elle en était à sa troisième portée et elle découvrait pour la première fois un louveteau aussi costaud. L'enfant survivait très bien à la vie nomade des de Lonia. Mais, elle n'avait encore de nom. La coutume de cette famille voulait que les petits reçoivent un prénom qu'au bout de deux semaines. Les anciens répétaient toujours que cela permettait d'éviter que les parents ne s'attachent à leurs petits qui étaient successible de décéder. Lorsque le temps fut venu, l'enfant reçut son nom : Erynn de Lonia. Elle aurait pu avoir un avenir dans une famille aimante, avoir une vie de rêve comme de nombreux louveteaux de FourSeasons. Mais le destin en décida autrement.
« Lorsqu'elle fêta ses deux mois, il était tant pour elle de commencer l'apprentissage. Chasse, combat devinrent son quotidien. Elle mettait, avec une rapidité déconcertante, abat les lapins. Ce fut son frère aîné, Erold qui fut en charge de lui confier ces techniques de tueur mais si la jeune enfant trouvait plaisir à pouvoir courir après les lapins, elle ne fut guère au bout de ses surprises …
C'était une nuit plus noire qu'une éclipse aurait pu le permettre. Erold se tenait fièrement sur un promontoire, sa jeune sœur à ses côtés. Il la regardait avec une douceur qui n'avait jamais donné à qui que ce soit, mais il s’apprêtait à lui dire ce qui l'attendait. L'enfant percevait la nervosité montante du beau mâle. Elle ne savait ce qui animait ses pensées mais elle garda le silence, ne le questionnant guère. Après un long soupire, l'adulte se lança.

– Erynn … La chasse des lapins est achevée. A partir de l'aube, je ne t'enseignerai plus comment les tuer rapidement. Je t'éduquerai dans les mœurs de notre famille. Jusqu'à présent, tu étais ignare. Les de Lonia ne sont pas de simples vagabonds. Nous n'allons pas de place en place que pour chasser de quoi nourrir nos panses. Non. C'est bien plus sombre que cela. Nous chassons comme tout prédateur, mais nous sommes allés plus loin. Nos ancêtre nous ont mis sur une voix qui est tracée depuis la création des de Lonia. Que tu le veuilles ou non, ton destin est de servir les tiens.

La peur martyrisait l'estomac de l'enfant. Elle redoutait les paroles de son frère. Un mauvais pressentiment commençait à venir enchaîner ses pattes musclées. Il riva son regard dans le sien et enfin il lui annonça la couleur de son avenir.

– Tes techniques de chasse serviront ta famille mais pas seulement elle. Nous traquons et débusquons des proies plus dangereuses. Nous sommes des meurtriers, Erynn. Nos ombres ne sont plus que des flaques de sang. Nos souffles respirent l'agonie des autres. Nous achevons des Loups, nous détruisons notre propre espèce.

« Les jours s’enchaînèrent. L'enfant se forgeait, se remémorant encore et toujours les paroles de son frère. Il n'avait mâché ses mots mais elle savait qu'il avait dit ça pour qu'elle se fasse à l'idée de son destin. Elle n'avait d'autres choix. Elle avait appris que les de Lonia tuaient les loups pour des gains, ainsi qu'ils traquaient ceux de la famille qui s'étaient détournés de la voie du carnage. Aucune échappatoire ne lui était possible et elle grandit dans le sang. Son premier meurtre fut celui d'une mère qui attendait des enfants. Elle devait mourir pour avoir rejeter le père de cette progéniture. Il n'avait toléré ce comportement et comme vengeance, il réclamait la tête de son ancienne amante. Erynn fut hantée de longues nuits par le visage de sa victime ainsi que par de plus petits, qu'elle jugea être celui des enfants morts. Le deuxième meurtre fut celui d'un vieux mâle qui refusait de céder son territoire à un de ses petits-fils. Et ainsi de suite, Erynn enchaîna les contrats et augmenta les cris et l'odeur des morts qui la pourchassaient. Elle ne tarda pas à se forger un caractère trempé dans le froid. Elle devenait impassible, elle taisait ses sentiments dans la cage de son cœur.
« Lors de la journée la plus longue de sa deuxième année, la louve fut convoquée par l'Empire. Elle s'y rendit sans se faire prier, ne désirant avoir sur le dos la garde de ces vastes terres. Erynn s'engageait dans la salle du trône. La peur ne l'avait jamais quittée depuis le soir où son frère lui avait annoncé son destin. La peur était là et la berçait avec entrain tandis qu'elle s'approchait du trône. De nombreux courtisans la fixèrent puis ils partirent, laissant la jeune louve avec le Conseil Empirique, le Général Dragon et par dessus tout, l'Empereur. Erynn s'avança et plia ses membres antérieurs dans une position de soumission. Les poils de son poitrail frottaient le sol de marbre, tandis que ses oreilles étaient couchées sur sa tête. Elle n'osait lancer un coup d'oeil aux nobles personnes qu'elle avait en face d'elle. Jamais elle n'avait eu le privilège de se présenter devant une telle assemblée.

– Mes seigneurs …
– Silence, tonna l'empereur. Nullement de seigneurs ici. C'est un sobriquet des plus orgueilleux que je tiens à éliminer. Et relèves toi. Nous ne t'avons pas convoqué pour faire la poussière.

Ces paroles déconcertèrent la louve qui se redressait, gardant la tête bien basse. Elle se disait qu'elle était devenue comédienne dans une pièce de mauvais goût, mais ce n'était le cas.

– Bon, regardes moi Erynn de Lonia.

Cette dernière s'exécuta et riva son regard de glace dans celui écarlate de l'empereur. Il était un loup gigantesque. Deux paires de cornes ornaient sa tête, bien plus belles que n'importe quelle couronne qui aurait pu se trouver à leur place. Il avait de grandes ailes de flammes noires et un sourire narquois pavanait sur ses lèvres. Il était un drôle de personnage.

– Comment connaissez-vo …
– Ne pas connaître un nom des de Lonia signifierait de se les mettre à dos. Vous êtes une famille de fou furieux. Même mon ancêtre ne pourrait rivaliser avec vos brutalités et vos manières.
– Mon frère, notre ancêtre faisait bien pire que des assassinats, lança le Général dragon d'un ton rappelant le froid mordant d'un blizzard.
– Tu as le don de gâcher mes propos Ash'Naï … soupira l'empereur.

Les deux frères commencèrent à se disputer, du moins l'empereur s'emportait tandis que le général demeurait un glacier. Erynn ne savait plus où se mettre. Devait-elle rappeler sa présence pour mettre un terme à cette querelle ?

– Ne faites guère attention à eux. Ils sont puériles mais se révèlent être des combattants hors pairs.

La louve se tourna et posa son regard sur le Conseil qui affichait de sombres mines. Certains désespéraient des frères, d'autres en riaient, et d'autres encore gardaient un sérieux époustouflant. L'un de ces derniers venaient de s'adresser à la convoquée.

– Je me nomme Léonard.
– L'ancien roi des Limbes … murmura-t-elle en s'inclinant légèrement.
– Lui-même.

Il paraissait serein mais des cernes gonflaient de vilaines poches sous ses yeux. Un regard peiné et une silhouette squelettique se pavanaient dans ce pelage noir et blanc. Erynn savait que cet ancien roi avait connu de sombres passes si bien qu'il enchaînait plusieurs face de maladies. Tantôt joyeux, tantôt dépressif, il était un paradoxe impressionnant.

– Pourquoi ai-je été convoquée ?
– Car nous avons besoin de vos services ma chère, lança l'empereur qui arrêtait de se chamailler contre son cadet.
– Vous voulez que je tue ?

Un silence tomba sur tous loups rassemblés. Ils fixaient la louve comme si sa question était étrange, comme si …

– Vous n'aimez guère cela ?

La parole venait d'être prise par une sœur de l'empereur Fal'Chion. Elle se nommait Sa'Riel et siégeait au Conseil depuis peu. Elle était d'une beauté qu'aucune fleur ne pouvait égaler. Elle était d'une sagesse inouïe pour son jeune âge.

– Ce n'est pas cela mais … C'est assez étrange qu'un Empire est besoin d'un tel service. Vous avez les meilleurs espions, vos assassins sont les plus silencieux qui existent. Et là, vous demandez de tuer à une simple mercenaire ? J'avoue ne pas comprendre, se rattrapa la louve.
– Vous n'aimez pas tuer, affirma Ash'Naï.
– Je n'ai guère dit cela !
– Dire et ressentir sont deux choses différentes, ma dame. Vous pouvez affirmer aimer le carnage sans que ce soit vrai. La vérité ne sort nullement des mots mais de l'âme.

Le Général dragon, Ash'Naï la regardait. Il faisait peur mais sans comprendre pourquoi, Erynn se sentait comprise. Elle n'avait nul argument à donner. Il n'avait que trop raison. Elle se mordit les babines. Un rire brisa le léger silence.

– Une de Lonia qui n'aime pas le sang ! Cela faisait longtemps, riait l'empereur.
– Longtemps ? Il y en a eu d'autres ?
– Oui, mais tous n'ont pas eu la fin qu'ils espéraient. Certains furent assassinés par votre famille, d'autres dépecés par leurs payeurs ou des mercenaires.
– Quel choix que nous avons là, ironisa la concernée.
– Certes mais tu viens d'affirmer ce que ma sœur et mon frère disaient. Tu n'aimes pas tuer, ou du moins, tuer ceux de ton espèce.

Inconsciemment, la de Lonia venait de s'être faite roulée par l'empereur qui en était que trop heureux. Elle grognait intérieurement. Mais le reste de l'audience se détourna de son opinion sur sa famille. Les nobles loups voulaient qu'elle récupère un butin qui leur avait été dérobé. Elle n'était nullement obligée de tuer le voleur, l'empereur la laissait faire ce choix.
« De longs mois se déroulèrent après cette convocation. Erynn avait enchaîné les contrats avec l'Empire si bien qu'elle était désormais leur de Lonia attitrée. Elle faisait maintes missions, mais jamais il ne lui fut imposé de mettre à mort. Fal'Chion insistait pour qu'elle choisisse le sort de son contrat. Plus ces mois s'écoulaient, plus un lien se resserra. L'empereur et la louve avaient fini par tomber sous le charme de l'autre. Ils étaient devenus amants malgré la réticence de nombreux membres du Conseil Empirique. Lorsque l'un d'eux voulait critiquer cette union, il était évincé par Ash'Naï qui le faisait se taire que d'un simple regard.
Mais cette petite vie connut un grand tournant. Fal'Chion fut empoisonné par un conseiller devenu avide de pouvoir. Erynn resta au chevet de l'empereur pendant des nuits, lui susurrant de nombreux mots d'amour. Il faiblissait lentement, sujet à un poison inconnu. Elle ne voulait le perdre. Lorsque le traître fut débusqué, la louve se chargea elle-même de le tuer. Il ignorait le poison qui lui avait été donné par un de Lonia. Folle et amoureuse, elle s'en alla retrouver sa famille. L'accueil ne fut guère plein d'amour. Son sang la considérait comme une traître, une parjure de leur grande lignée, mais elle s'en moquait. Elle était là pour réclamer l'antidote et justice. Elle trouva le donneur du poison qui s'avérait être son frère. Erold qui ignorait à quoi avait été employé le poison, lui donna le liquide qui pourrait soigner son amour. Mais lorsqu'elle fut pour repartir, aucun membre de sa famille, hors-mis son aîné, ne voulut la voir s'en aller de nouveau. Fal'Chion faiblissait et déclinait, elle le sentait dans son cœur tandis que le dépeçage fut voté pour l'achever. Les coutumes des de Lonia allaient la mener à la mort, mais pis, son amant allait lui aussi trépasser. Elle ne pouvait s'y résoudre mais n'avait le choix. Elle était prisonnière et condamnée.
« Lorsque son sort devait être réalisé, Erynn pleurait à chaudes larmes, priant sa mère et son père d'aller la laisser retrouver celui qu'elle aimait. Voyant leur refus, elle hurla à l'astre nocturne sa haine. Elle maudissait sa famille, voulant qu'elle meure dans les flammes de sa folie. Elle maudissait le monde dans lequel elle vivait. Elle maudissait tous dieux de passages de l'avoir abandonnée. Elle maudissait tout être vivant dans son hurlement. Alors que tout espoir semblait péricliter, un hurlement répondit à celui de la louve. Les de Lonia se tournèrent comme un seul corps vers les collines. Un mâle imposant se dressait sur celle-ci, son regard écarlate était de braise. Il grognait tel un ours en fureur et sur ce grognement effroyable, de nombreux loups apparurent à ses côtés. Le Général dragon avait réuni certains soldats de la Garde royale. Un bout de l'armée la plus puissante faisait face à la famille du crime la plus connue. Et dans un entendement silencieux, les deux corps armées se foncèrent dessus. La nuit connut les pires hurlements d'Aragony. Ce monde connu un bain de sang féroce. Les grognements vinrent en échos aux giclements du sang. Les crocs se plantèrent dans les chairs des guerriers. Les griffes se brisèrent contre les os. Les corps inertes recouvrirent peu à peu l'herbe souillée. Erynn assistait à ce spectacle féroce, emprisonnée de cordes. Son frère fut le seul survivant des de Lonia. Il s'était rangé pour la Garde royale. Lui-même voulait changer son destin. La bataille gagnée, la louve secourue, les vainqueurs retournèrent au palais où l'empereur s'éteignait lentement.
« Erynn pleurait, priant que l'antidote réveille son amant. Et ce fut le cas. Fal'Chion se réveilla dans un déluge de flammes noires. Il était un phénix revenant des ténèbres. Il retrouva son amour et ensemble, ils gouvernèrent sur l'Empire. »


Lu Shan avait le souffle court. Le récit de la LibreLune était captivant, impressionnant. Il en avait les membres tout flageolant. Mais une question flottait sur ses babines qui la lança sans s'en rendre compte.

– Cette histoire, de quand date elle ?
– D'il n'y a guère quelques années.
– Je vois. C'était donc avant qu'Ash'Naï ne vienne sur FS.
– En effet.

L'hivernal la regardait avec une certaine curiosité. La louve avait atteint la moitié de sa vie mais, ce pouvait-il qu'elle soit Erynn de Lonia ? Ou était-elle une proche personne de ses frères, l'empereur et le général dragon ?

– Je n'étais qu'une simple servante du palais, répondit-elle comme si la pensée du mâle l'avait atteinte.
– Pourquoi avez-vous quitté Aragony ?
– Il y a de nombreux loups et louves forgerons là-bas. Ici, il n'y a quasiment personne qui maîtrise cette art.
– Vous êtes venue que pour cela ?
– Oui.

Un hurlement au loin retentit. Un chasseur hivernal rappelait Lu Shan. Ce dernier n'avait guère envie de rentrer tellement que les questions se bousculaient dans sa tête. Mais il dut s'y résoudre. La louve le regarda disparaître dans les noirceurs de la nuit. Elle était mélancolique. Nyre, ou Erynn de Lonia, avait à faire avec le Conseil LibreLune. Elle reprit donc son chemin repensant à la suite des événements. Elle n'avait jamais gouverné avec Fal'Chion, préférant se retrancher en compagnie des forgerons du palais. Elle apprit avec eux l'art du feu et des métaux, durant plusieurs mois. Mais un beau jour, elle avait dû quitter Aragony. Le fils de l'ancien roi belliqueux Samaël était venu envahir l'Empire. Il avait à ses côtés des hordes de démon venant d'un monde de cauchemars. L'Empire se mourrait et par amour, Fal'Chion envoya la louve loin du carnage. Elle avait atterri à FourSeasons. Ash'Naï qui en revenait pour la seconde fois, lui avait dépeint les beautés des paysages ainsi que la bonté des habitants. Erynn avait mis un temps énorme à s'habituer à ce nouvel univers. Elle priait chaque jour que l'Empire vive encore ainsi que son amant, son ami général, et toutes bonnes personnes qui habitaient à Aragony.

La louve accéléra le pas tandis qu'elle se remémorait son apprentissage LibreLune. Elle n'avait que peu de contact avec les clans et solitaires. Mais un beau matin printanier, un jeune mâle était venu lui parler. Il l'avait surveillée durant un long moment et il s'était décidé à venir lui tenir compagnie. Legolas était son nom. Il était resté avec elle pendant plus d'une semaine, la faisant grogner car il troublait sa solitude, mais un lien fort se mit à les unir. Le jeune loup dépeignait la paix avec un tel amour qu'Erynn en était adsorbée. Puis il lui déclara l'existence de la guilde qui prônait la paix. La décision fut rapide pour la louve qui accepta. Lorsqu'elle donna sa réponse à son futur mentor, elle lui dévoila son nom : « Nyre ». Elle avait simplement inversée les lettres d'Erynn en dévorant un 'n'. Legolas en fut ravi et un nouvel apprentissage eut lieu pour la demoiselle. Elle acquit rapidement les notions de son mentor et ne tarda guère à passer les épreuves devant le Conseil. Elle les réussit haut la pattes. Elles n'étaient nullement plus dures qu'un champ de bataille ou que celles imposer par la famille de Lonia. Et Nyre devint enfin LibreLune. Elle s'éloigna des membres, gardant comme amitié sincère que Legolas, tandis que la méfiance envers les autres embaumait la louve…

Un long soupire s'échappa de la gueule de Nyre. En une nuit, ses vieux souvenirs avaient ressurgi du néant. Elle s'était confiée à un hivernal. Sans doute que son histoire deviendrait un conte pour ce clan ? Une légende peut-être ? Cette idée saugrenue lui arracha une rire rauque. Ses aventures n'étaient guère aussi passionnante que celles des FourSeasonniens. Et, elle était prête à en découvrir des nouvelles de leurs parts, que ce soit dans son petit commerce vagabond que les épreuves qu'ils subissaient et qu'elle regardait de loin. Elle n'oubliait pas son amant et ses amis d'un autre monde, mais le passé ne devait entacher son avenir. Elle ne le savait que trop et la de Lonia en elle ne pouvait qu'affirmer ce choix.

T'as un nom toi ? En effet, Amandine, mais appelez moi Lucian.
Ou peut-être un PUF ? Funkimina, Lucian
Âge : 20 ans
Comment nous as-tu trouvé ? Il y a fort fort longtemps !
Tu te plais ici ? Oui.
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