Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

My time there is over

ft. Qui veut

Toboe se sentait d'une sérénité rare depuis quelques temps. Il ne savait pas d'où cela lui venait mais c'était ce qu'il ressentait. Cette plénitude l'avait fuit pendant de nombreuses saisons. Depuis la guerre contre Oxymore et Moune, depuis la mort d'Haru, depuis celle de Midnight. Dorénavant il parvenait à penser à tous ces événements sans sentir son coeur se serrer ou la haine l'innonder. Il avait appris à faire avec, ce n'était pas comme s'il avait vraiment le choix. Mais, à vrai dire, ce n'était pas juste une résignation, c'était une simple et pure acceptation. La vie était ainsi faite et il n'y pouvait rien. Malgré tous ces tragiques événements il avait rencontré bon nombre de personnes avec lesquelles il avait tissé des liens. Il se souvenait avec un sourire de la jeune Chyver qui était venue vivre quelque temps parmi eux. Bien sûr il songeait à Akisa et ses enfants pour lesquels il avait une véritable tendresse sans même vraiment les connaître. Et bien évidemment il y avait Sheen et ses neuveux et nièces bien qu'il ait perdu ces derniers de vue. Il savait cependant au fond de lui même que tout allaient pour le mieux. La guerre n'était plus et l'épidémie avait été endiguée. Il ne pouvait pas y avoir mieux. L'Été ne tarderait plus tellement, déjà les premières effluves du printemps chassait les froids de l'hiver.

Le Veilleur carmin était venu dans la mangrove, songeant à Haru comme bien souvent. Les souvenirs du seul être qu'il ait jamais aimé ne se teintait plus d'autant d'amertune et de regrets. Il n'y avait plus que les sentiments qu'il avait éprouvé, et qu'il éprouvait encore, pour le printanier qui était prêt à le rejoindre au sein de l'Été. Toboe se souvenait encore clairement des moments qu'ils avaient passé ici. Ces instants n'étaient pas aussi beaux que ceux passés à la Cascade de Nienor mais ils avaient tout autant de prix. Chaque moment passé ensemble avait une valeur particulière de doux souvenirs avec un air de nostalgie. De l'eau de mer jusqu'au poitrail l'estival pataugeait en silence, un léger sourire plaqué sur les babines. Il se laissait filer, son don se connectant peu à peu à la nature qui l'entourait. Il ferma les yeux, sa vision prenait les gris propres au monde des énergies. Ces dernières ne lui avaient pas parlé depuis le décés d'Oxymore. Il ne parvenait pas à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Elles venaient parfois à la lisière de sa conscience mais sans jamais se précipiter sur lui comme elles avaient déjà pu le faire.

Toboe se hissa avec plus ou moins de souplesse sur une langue de sable laissée nue par l'avancée de la mer. Cette dernière n'irait de toute manière pas plus loin alors il ne craignait rien. Il se coucha, profitant des rayons qui filtraient à travers les feuillages, et ses articulations craquèrent. Il ne se faisait plus si jeune, c'était un fait indéniable. Peu à peu il se détendait, laissait les énergies le traverser comme s'il n'était rien. Il ne tentait pas de les retenir, de les soumettre à sa volonté, à sa créativité. Il n'était plus qu'une étape comme une autre pour ce fluide invisible et pourtant vital. Les paupières toujours closes son organisme pulsait au rythme de la nature environnante. Il était arbre, il était gibier, il était poisson, il était fleur. Il était un tout. Il ne servait plus d'intermédiaire ni de réceptacle. Il n'était plus qu'une énergie comme une autre. Doucement il commençait à comprendre alors que ses brillantes amies venaient à lui. Elles lui susurraient des mots doux. Des pépiements rassurants que lui seul pouvait entendre et comprendre. Il voulut sourire mais sentit que son corps ne répondait pas. Il commença à comprendre. Il était prêt. Prêt à payer sa dette auprès de celles qui l'avaient toujours soutenu, qui avaient toujours fait partie intégrante de sa personne. Il ne l'avait jamais énoncé clairement mais, dans un coin de son être, il avait toujours su. Il avait toujours su qu'on ne pouvait recevoir sans un jour donner à son tour. Ce jour était venu. Cette plénitude n'était en fait qu'une calme acceptation. La connaissance que ce n'était pas une fin mais seulement un début. Il se laissait glisser lentement de l'autre côté du miroir. Plus jamais le monde ne reprendrait les couleurs qu'il avait toujours connu. Il serait maintenant dans un monde de gris nuancés et d'énergies flamboyantes. Il ne regrettait pas. Quelque part il avait déjà fait ses adieux à tous ceux qui comptaient pour lui. Un adieu silencieux pour ne pas voir leurs larmes et parce qu'il n'aurait su expliquer avant cet instant ce qui allait se passer.

Ainsi s'éteignit Toboe, Veilleur estival au pelage carmin marqué de noir. Son coeur cessa de battre, ses poumons d'alimenter son corps en air. Mais, si quelqu'un l'avait vu, il aurait pu le croire endormi. Nulle douleur ni grimace de haine. Seule restait la sérénité et un léger son de cloche. Une nouvelle énergie était née.