Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Le coquelicot cosmique

Le soleil était à son zénith, ses rayons réchauffaient l’atmosphère glaciale de l’hiver qui se faisait long et sa douce lumière donnait un peu d’éclat aux couleurs froides de cette pitoyable saison. Kaïne gambadait joyeusement dans le champ aux coquelicots, les yeux à moitié fermés, la langue pendante sur le côté et un sourire débile collé au visage, autant dire qu’il était sous influence de stupéfiants. Son pelage était légèrement taché de sang. Un peu plus tôt dans la matinée il avait réussi à attraper un petit lièvre sorti de sa tanière, cela faisait un moment qu’il ne s’était pas mis quelques chose sous les crocs, heureusement qu’il avait des réserves de graisse pour survivre sans manger pendant quelques temps. Il avait abandonné le cadavre de l’animal quelques part dans la forêt et avait décidé de faire une balade sur son beau territoire printanier avant que son pouvoir ne se déclenche accidentellement sous le coup d’un éternuement (oui oui e_e). Son cerveau l’avait donc emmenait jusqu’ici sans vraiment savoir pourquoi.

Sautillant comme un abruti, il écrasait toutes les fleurs rougeoyantes qui avaient résistées à l’hiver sous ses lourdes pattes. Ses yeux vairons se tournaient de temps en temps vers le ciel dont les nuages créaient toutes sortes de formes. Les nuages, quelle belle invention de la nature, on aurait dit des boules de cotons géantes dans lesquelles on pouvait se plonger. Si le gros loup avait eu des ailes il se serait envolé tout droit vers eux. Malheureusement ce n’était pas le cas, il était condamné à rester les pattes sur terre avec son pouvoir pour seule évasion. Le parfum fruité des coquelicots venait enivrer la truffe blanche du printanier qui était sur le point de s’effondrer sur le sol tellement cette odeur était agréable. Ce fut quelques minutes plus tard qu’il s’écroula dans l’herbe fraiche pour s’y rouler comme un fou. La sensation des fleurs caressant son pelage touffu était si agréable.

Kaïne resta avachi dans l’herbe pendant un bon moment. On l’entendait parfois rire pour rien ou dire des choses qui n’avaient aucun sens. Il se leva avec difficulté avant de courir après sa longue queue touffue tel un louveteau. Il fallut plusieurs minutes pour se rendre compte qu’un être vivant l’observait non loin de là. La vue un peu brouillée, il était encore incapable de dire de qui il s’agissait. C’était tout naturellement qu’il dit d’une voix plutôt détendue avant de rire (pour ne pas dire « complètement défoncée ») :

« Bouh »

Le coquelicot cosmique

Clignant des yeux, Kaïne aperçu peu à peu l’inconnu qui lui faisait face. Une taille plutôt moyenne et une musculature plutôt bien développée, ce devait être un loup de type masculin. Son odeur était celle de son clan, il ne devait donc pas s’inquiéter, normalement. Sa fourrure aux différentes teintes de brun était plus courte que la sienne et avait l’air toute douce, il ressemblait à un petit ourson bien qu’une face glaciale plombait son visage. Le printanier avait envie d’aller frotter sa grosse tête contre le pelage de l’étranger, mais ce dernier coupa le silence d’une voix qui ne trahissait aucune émotion. Autant dire que le loup n’avait pas l’air très amical.

Tu sais qu'elles ne vont plus pouvoir donner vie à d'autre maintenant que tu les as brisés ? Plus de survis pour elles...

Kaïne sentait le regard froid de l’inconnu fixé sur ses lourdes pattes bleues. Il en fit de même et baissa ses yeux vairons vers ses gros coussinets. Il vit la multitude de coquelicots écrasés par sa faute. Des dizaines de pétales rouges s’étaient envolés au loin et les tiges inertes étaient figées au sol. La langue pendante sur le côté, il éclata de rire. Il n’avait strictement aucun scrupule à avoir détruit une partie des fleurs qui se trouvaient en cet endroit même si c’était sur son propre territoire. Cela l’amusait plus qu’autre chose. Il répondit au nouveau venu d’un air enjoué.

Haha, il suffit de les faire repousser, c’est simple !

Le printanier au pelage ébouriffé n’avait pas acquis que son pouvoir lui permettant de s’échapper du monde réel pendant un instant. Il avait eu un autre don de la nature, don qu’il n’utilisait pas souvent et qu’il ne maitrisait pas toujours, surtout lorsque son cerveau était brouillé. Kaïne pouvait faire pousser des végétaux, il pouvait également les détruire mais pour cela il n’avait pas vraiment besoin d’un pouvoir. Il fixa l’herbe et se concentra, ou du moins il essaya de se concentrer. Soudain, quelque chose apparu. Une sorte de fleur difforme et un peu fanée avait fait son apparition entre les deux loups. Un peu perplexe Kaka reprit la parole.

Ce n’est pas un coquelicot, mais c’est presque pareil !

Kaïne arbora un grand sourire avant de reprendre son air d’abrutit. Il essaya de faire repousser d’autres végétaux mais sans succès. Il posa son arrière train par terre tel un gros sac et fixa de nouveau l’inconnu. La tête tournée sur le côté et les yeux légèrement plissé il demanda :

Au fait, qui es-tu ?

Le coquelicot cosmique

Un sourire idiot collé au visage, Kaïne continuait d’observer minutieusement l’inconnu au pelage brun qui lui faisait face. Les yeux plissés, il pouvait voir chaque petit détail de son pelage, chaque poils marrons enracinés dans sa peau, chaque grains de poussière agrippés à ces derniers, chaque détails insignifiants qui n’intéressaient personne à part lui. C’était fou à quel point sa vision des détails était développée lorsque son pouvoir se retournait contre lui. Malheureusement il n’utilisait pas ce don à bon escient. Trop concentré, l’espion printaniers ne faisait pas attention aux petites remarques que lui faisait son interlocuteur au sujet des fleurs rouges qu’il venait de détruire. Cela lui importait peu, il réussirait à les faire repousser un jour, il le savait, il n’avait besoin que d’un peu d’entrainement et de volonté. Ce fut après quelques secondes qui lui parurent de longues minutes qu’il sorti de ses pensées. L’étranger avait repris la parole de sa voix un tantinet froide.

Qui suis-je ? Est-ce un nom que tu désires ? Je peux t'en donner un oui, mais c'est un nom que je tiens d'un monde détruit, d'un monde corrompu. Je m’appelle Samarithin et ma mère était printanière de naissance avant qu'elle ne cherche d'autres horizons pour satisfaire sa curiosité.

Kaïne haussa un sourcil tout en gardant son air joyeux. Ce fameux Samarathin faisait partie du clan des fleurs depuis un moment et il ne l’avait jamais vu avant ce jour. Soit l’étranger n’étais pas très sociable, soit c’était Kaka’ qui ne prenait pas assez le temps de connaitre les autres printaniers de la meute. La seconde option n’était pas si fausse, il passait plus de temps à courir après sa licorne et à tenter de faire pousser des fleurs sur les autres territoires que de sympathiser avec ceux du clan. Peut-être devrait-il restait plus souvent sur ses terres..

A présent, puis-je à mon tour te retourner la question ? Mais surtout, tu as l'air dans un état second, je me trompe ? Comment cela se fait-il ?

Le loup vert se lécha les babines et remit sa langue en place correctement. Un air presque sérieux envahit son visage. Son regard soutenait le regard perçant de celui qui lui faisait face. Un léger silence envahi l’atmosphère. Samarithin le fixait sans ciller, il lui aurait donné des frissons s’il n’était pas sous l’emprise de son pouvoir.

Je ne porte pas le nom d’un monde corrompu contrairement à toi. Je porte juste un diminutif d’une substance illégale. Kaïne. Je ne suis pas capable de te dire si je suis vraiment originaire de ce clan, je n’ai jamais connu ma mère, ni même qui que ce soit de ma famille.

Tout loup un peu sensible aurait pu être envahit par un élan de tristesse et de pitié pour la boule de poil verte et marron. Mais ce dernier gardait toujours le sourire et sa langue pendait de nouveau sur le côté laissant un léger filet de bave dégouliner sur le sol. Il s’était résigné à en apprendre plus sur sa propre personne, d’où il venait, qui étaient ses parents, pourquoi s’était-il retrouvé tout seul dans ce clan etc… Il ne voulait plus savoir. Sa seule famille était son clan, notamment les nourrices qui l’avaient recueilli et qui s’étaient occupé tant bien que mal de lui. Il reprit la parole de sa voix grave de jeune mâle.

En ce qui concerne mon état, il est vrai que je ne suis pas tout à fait « sobre ». J’ai un deuxième pouvoir qui me permet en quelque sorte de droguer mes futures proies, mais j’en suis souvent victime moi-même. Ce n’est pas vraiment dérangeant, au contraire j’adore quand ça m’arrive. Disons que cela me permet de voir le monde….Différemment. Tu veux essayer ? Demanda-t-il en riant.

Le jeune espion était curieux de savoir quels dons de la natures avaient étés donnés à Samarithin. Il faisait partie du clan des petites fleurs alors peut-être avait-il un pouvoir assez similaire au sien, peut-être pouvait-il faire pousser des végétaux ? Cette faculté n’était pas rare au sein de leur clan, cependant Kaïne était surement l’un des seuls à ne pas réussir à le contrôler correctement. Heureusement pour lui, il avait hérité d’un physique assez avantageux pour le combat au corps à corps, cela compensait avec son manque de concentration lors de l’utilisation de ses pouvoirs.

Toi en revanche tu as l’air tendu..

Spoiler: