Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Essouflé par sa longue marche dans le desert, Mercury s'écroula plus qu'il ne s'allongea sur le sable chaud de l'étendue sauvage, l'air chaud venait lui enserrer ses membres engourdis par les courbatures,son souffle se faisait de plus en plus rare et le loup gris se sentait diablement attiré par le sommeil, pourtant, un élément plus important encore s'imposait à lui: La soif.
Sa gorge était brûlante... Et sèche, il aurait tant voulu trouver un point d'eau devant lui pour se désaltérer et refroidir son corps bouillant de fièvre qui devenait de plus en plus transpirant et épris de courbatures, des frissons diabolique semblaient parcouru son corps frêle mais pour autant il était mort de chaud, incapable de se débarasser de cet étau brûlant, Mercury se sentait de moins en moins capable de garder les paupières ouvertes... Inlassablement, il sentait l'étreinte rassurante et délicate du sommeil le serrer lentement contre lui, d'une caresse chaude... Terriblement attirante.
Pourtant, Mercury savait qu'il ne pouvait pas se laisser aller, car s'il cédait à cet appel, il se deshydraterait et la puissance du poison coulant dans ses veines le plongeant souvent dans un sommeil très lourd et profond, le solitaire savait que s'il fermait les yeux.. Il le fermerait pour toujours.
Alors, dans un grognement rageur, Mercury poussa sur ses pattes douloureuses, tremblantes de fièvre, il grogna sous la douleur et sous la chaleur plombante du désert et cracha une fumée violacée de sa gueule à l'odeur toxique et nauséabonde, si forte qu'elle pouvait tuer une proie... Mais pour lui, qui avait toujours vécu avec ce tueur dans son organismes, ce parfum cruel était sans doute celui qui lui évoquait le moins de choses.
Sa quinte de toux passée, Mercury voulu reprendre sa route mais une autre odeur attira son attention, mêlée à celle de son propre poison, le loup gris ne la distinguait pas très bien, mais il était sûr et certain d'avoir senti l'odeur d'un loup ennemi.
Que faire... Si ce loup était pacifique, alors il pourrait lui être d'un grand secour pour trouver de l'eau et le faire sortir de ce desert mais s'il était un ennemi... Mercury ignorait s'il avait une réelle chance d'échapper à de graves blessures si ce n'était plus.
Alors, prenant une grande inspiration, Mercury gonfla son potrail et cracha en même temps qu'une étincelle de poison:

-Viens donc étranger, je peux déjà sentir ton odeur.

Malgré son état, Mercury avait cédé à ce qui pouvait s'apparenter à un énorme défaut; La curiosité, une curiosité qui lui avait déjà de nombreuses fois joués des tours mais qui, ici, lui titillait bien trop l'esprit pour être reniée.

Malgré la migraine et la fatigue provoqués par son poison personnel, Mercury n'avait en rien perdu ses capacité sensorielles et il avait pu sentir l'odeur de l'étranger avant même qu'il ne soit remarquablement proche, le vent ayant porté son odeur... De ce fait, il se dit que le nouveau venu ne devait pas lui vouloir grand mal pour laisser la brise porter son parfum jusqu'à son museau... Ou alors il était tout simplement assez imprudent pour se laisser avoir aussi facilement.
A déterminer en fonction de leur échange.
Une voix rauque et très grave lui parvint, confirmant son intuition d'avoir affaire à un mâle:

-Oh, très bien! Permet-moi dans ce cas de m'approcher.

Instinctivement, Mercury tiqua à son ton empreint de sympathie, malgré son timbre assez imposant, le loup avait plutôt l'air très amical... Trop amical, le ton mielleux qu'il avait employé pour lui répondre ne lui plaisait guère, le loup gris trouvant cela bien trop... Faux.
Mais le solitaire secoua la tête pour se départir de cette mauvaise pensée, après tout, le poison avait la fâcheuse tendance de lui faire perdre un peu la tête et dans son état, il était facile de se laisser tenter par une surdose de paranoïa, autant laisser le bénéfice du doute.
Tout en faisant craquer sa nuque douloureuse, Mercury porta son regard sur l'étranger pour savoir à qui il avait affaire et le vit descendre la dune d'un pas mesuré, comme s'il traquait une proie, ce qui lui permit de le détailler un peu plus:

Le nouveau venu était très imposant, de carrure plutôt conséquente, il avait un pelage gris aux nombreuses nuances sombres et son corps était couturé de cicatrice assez impresionnantes: L'une décrivant comme un arc de cercle sous sa nuque et une autre venait scarifier son oeil gauche, ses yeux qui d'ailleurs étaient vitreux, le loup gris devait certainement être aveugle... Instinctivement, sa curiosité naturelle l'emporta et il ne put s'empêcher de se demander si cela était ou non de naissance... Encore faudrait-il qu'il ait le cran de lui demander.
Son impression d'avoir affaire à un loup puissant se confirma lorsque ce dernier arriva en face de lui, ses pattes étaient grandes et sous ses épaules carrées, Mercury devinait des muscles puissants, l'une d'elle était d'ailleurs tatouée du numéro 634 au fer rouge... Sans doute devait-il avoir été en contact pas très agréable avec les hommes.           
Le solitaire était peut-être plus grand que le loup ris mais son pauvre corps osseux faisait bien pale figure à côté de la force qui émanait du corps de l'étranger.
Qu'à cela ne tienne, Mercury n'avait jamais complexé sur son corps, bien qu'il aurait peut-être aimé être pourvu d'un peu plus de musculature, il s'était rapidement fait une raison: Sa maladie ne le lui permettrait jamais... Et au final peut-être que c'était mieux comme ça, cela avait façonné ce qu'il était devenu.
Plongé dans ses pensées, il sursauta lorsque la voix rauque du nouveau venu retentit à travers la chaleur du désert:

-Tu es un neutre, c'est cela ? N'aie crainte, je ne suis pas un veilleur mais un simple reclus aveugle...Je ne te dénoncerais pas...

Voilà ce qui avait dérangé Mercury à son arrivé, bien que principalement concentré sur l'apparence physique du loup gris, il n'avait pu empêcher son coeur de battre un peu plus fort lorsqu'il s'était tenu devant lui... Sans qu'il ne se l'explique et encore moins qu'il ne le comprenne, le solitaire trouvait qu'il y avait quelque chose d'étrange chez ce loup, particulièrement dans son regard pourtant vide... Il ne parvenait pas à le comprendre mais quelque chose le dérangeait chez lui, chez ce loup qui le dévisageait sans le voir avec un sourire jusqu'aux oreilles trop grand pour être vrai...
Mercury avait toujours eu l'habitude d'écouter son instinct... Et là, en ce moment, son instinct lui soufflait qu'il y avait quelque chose de malsain chez ce loup.
Mais il se ravisa, le mercure devait très certainement lui faire tourner la tête après ses longues heures de marche et puis ce même mercure, bien que terriblement épuisant pour lui était aussi son arme de défense, une armre qu'il pouvait tout à fait envoyer en pleine gueule de l'étranger et à coup sur, cela ne lui apporterait aucun bénéfice bien au contraire...
Donc non, Mercury était confiant: Même si cet étranger était pavé de mauvaises intentions, il saurait se défendre, ce n'était pas parce qu'il était maigre et malade qu'il était sans défense, au contraire!
Remis en confiance, le solitaire se reconcentra sur le loup pour voir qu'il le dévisagea toujours à travers le prisme de ses yeux vitreux et malgré sa carrure imposante et son expression assuré, il perçut une forme d'incompréhension chez lui, comme s'il y avait quelque chose qu'il ne parvenait pas à comprendre...
Mercury ne mit pas bien longtemps à comprendre les questions qu'il se posait, en tant qu'aveugle il avait du doublement sentir l'odeur nauséabonde qu'il dégageait et s'était certainement dit qu'il était un loup malade se tenant certainement aux portes de la mort, alors le percevoir aussi à l'aise et bien campé sur ses pattes devait lui apparaitre comme complètement dérisoire et impossible.
Laissant un sourire fendre la barrière de ses lèvres toxique, il lui dit d'un ton léger tout en haussant les épaules:

-Dommage pour toi... Tu me sentiras d'autant plus.

Il eut une pensée pour Sasayaki... Un autre aveugle qu'il avait rencontré il y a peu, bien que les deux loups n'aient strictement rien à voir!
Crachant une fois encore sa fumée toxique, il s'arrangea pour la faire partir de l'autre côté afin de ne pas la faire sentir à l'aveugle et continua:

-Dis-moi... Tu est un estival et nous sommes sur tes terres, saurais-tu par hasard où je pourrais trouver une petite source d'eau...

Il tiqua, Mercury ignorait son nom et il n'avait pas envie de s'encombrer de moment gênants, ainsi, il déclara alors qu'il se mettait en marche:

-Ah et tant qu'on y est! Puis-je connaitre le nom de celui à qui je m'adresse?  

Tout en amorçant un mouvement pour détendre ses muscles endoloris, Mercury devisagea l'Aveugle, qui ne cessait de le fixer de ses yeux vitreux avec une sorte de rictus bizarre sur le coin des lèvres, aucune animosité ne transparaissait mais le solitaire avait un peu de mal à placer une totale confiance en lui, il lui semblait trop... Aimable, trop serviable pour être totalement honnête, et s'il ne lui voulait effectivement aucun mal, il lui demanderait certainement quelque chose en gage de sa générosité à lui trouver de l'eau.
Le loup s'avança finalement à ses côtés et répondit à sa question, dans un petit rire étrange:

-Mon nom ? Je n'ai jamais compris l'intérêt d'en avoir un. La nature ne nomme pas, elle, car elle sait qu'une chose destinée à mourir le lendemain ne nécessite pas une appellation : celle-ci sera déjà oubliée à peine aura-t-elle été prononcée. Mais bon, les loups semblent prendre un grand plaisir à nommer, alors tu peux m'appeler l'Aveugle. C'est approprié, et simple à retenir, non ?

Mercury ne pouvait qu'être surpris par sa logique, avec laquelle il n'était aucunement d'accord, bien sûr à la naissance nous pouvions être n'importe qui et nous n'étions aucunement un prénom... Mais d'un autre côté, le nom définissait qui nous étions, une partie de nous-même, un moyen d'identification, Mercury, bien que trouvant l'ironie de son surnom un peu déplacée, n'en avait jamais voulu à sa mère de l'avoir nommé ainsi, au contraire même, cela fonctionnait chez lui comme un moteur: A chaque fois que quelqu'un l'appelait, il se souvenait du poison destructeur qui le conduirait indubitablement à une mort certaine et cela ne faisait que l'encourager à profiter encore plus de la vie! A ses yeux, il ne fallait pas voir un nom comme un jugement mais un moteur ou une fierté...
D'ailleurs, le nom de l'Aveugle lui tira un sourire, il n'était alors pas le seul à avoir une certaine ironie concernant son appelation, mais dans tous les cas, le comique de la situation le fit rire nerveusement, le loup en question semblait plutôt bien accepter son appelation puisque visiblement il se l'était choisie lui-même, donc pas de quoi le plaindre... Et puis à ses yeux, un nom comme celui-ci devait symboliser une fierté: Celle d'être capable de vivre malgré cette cécité.

L'Aveugle eu un rire sournois, comme s'il se moquait un peu de lui-même, et continua:
-De ce côté, se trouve une magnifique cascade dont tu as sans doute déjà entendu parler : la Cascade de Nienor. L'as-tu déjà vu ? C'est un lieu splendide, où nous pourrons nous hydrater et nous rafraichir. J'ose dire "nous", car j'aimerais t'y accompagner. Vois-tu, je suis aussi assoiffé que toi, et puis, je n'aimerais pas que tu te perdes en route.

La Cascade de Nienor... Voilà un lieu dont il n'avait entendu parler! Instinctivement, son esprit friand de découverte et de lieu inconnu se réveilla, le grand explorateur qu'il était ne pouvait cracher sur une telle découverte, et si en plus il pouvait étancher sa soif et se raffraichir, il n'y avait pas mieux.
Néanmoins, quelque chose vint tacher le magnifique tableau qui venait doucement de s'insinuer dans l'esprit de Mercury: Le ton mielleux de l'Aveugle pour lui décire l'endroit.
Alors bien sûr les apparences ne faisaient pas tout mais il y avait une limite et le solitaire devinait aisément que sa politesse exacerbée n'était pas naturelle, il aurait fallu entre d'une naïveté catastrophique pour ne pas le voir.
Mais cela lui mit un doute et le fit tiquer, le sourire de ce loup était faux... Il le sentait, son instinct lui marmonait un truc qu'il ne comprenait qu'à moitié mais il sentait que quelque chose n'allait pas, que quelque chose de factice s'était insinué entre eux.
Mais il choisit de l'ignorer, une fois encore, le mercure qui lui faisait tourner la tête... Sans doute.

L'Aveugle le tira une fois encore de ses pensées alors qu'ils marchaient:
-Pardonne ma curiosité, mais puis-je connaître les motifs de ta solitude ? Des êtres aussi sociables que les loups vivent rarement seul. J'assume que c'est en rapport avec ton pouvoir, mon très cher...?

La question lui tira un sourire et le fit sortir temporairement de ses questionnement, ainsi, il retrouva le sourire pour lui répondre:

-Etre solitaire n'est pas aussi terrible que ça en a l'air, à vrai dire même si la vie en communauté ne me dérange pas, une forme de liberté n'est pas négligeable... Et puis rester toujours sur les mêmes terres, aux mêmes endroits et avec les mêmes loups chaque jour ne m'est pas envisageable, je suis trop friand de voyage et d'aventure pour cela...

Il eut un rire désabusé, avant de poursuivre:

-Malgré le poison qui coule dans mes veines bien sûr!

Marquant un temps d'arrêt pour dévisager l'imposant loup gris, il lui demanda, piqué par la curiosité:

-Et toi, pour qu'elle raison reste-tu auprès de ta meute? Tu m'as dit être un reclu, tu te plais à rester à ce titre?

Il était réellement curieux de savoir, après tout... Pourquoi rester dans une situation incofortable?

Suite à sa demande, l'Aveugle ricana, comme si cette question qu'il avait pourtant trouvé anodine avait eu une quelconque teneur humoristique... Mais il ne s'en offusqua pas pour autant, après tout ce loup avait un faux air de vieil ours sortant de sa grotte et déplorant le langage de la jeunesse, riant des informations que cette dernière ne possédait pas contrairement à lui.
Quand bien même il ne soit ni vieux, ni ours.
Un sourire amer vint tordre les babines scarifiées de son comparse et de sa voix grave, lui répondit:
-Je n'ai jamais été un loup très raisonnable... Et j'ai commis pas mal de fautes dans mon passé.
Il marqua une pause, comme pour donner plus d'impact à ses propos, les loups de ma meute ne m'acceptent pas pleinement, et moi, je ne me sens pas véritablement des leurs. La réclusion : voilà mon châtiment et mon indépendance.


Mercury n'approuvait pas ce type de point de vue, à ses yeux, le passé ne devait aucunement avoir d'impact sur le présent, bien au contraire:.. S'il faisait désormais partie d'un clan c'est qu'il se devait d'être intégré non? Ceci dit le solitaire connaissait bien la réalité de ces tribus, avec les reclus et les omégas telles que Plague, cependant c'était là une logique que le loup empoisonné ne comprenait pas... Pourquoi fallait-il que certains loups soient exclus par d'autres qu'ils cotoyaient tous les jours?
Voilà un grand mystère... Très sincèrement, devant un tel tableau, Mercury se dit qu'il ne pourrait définitivement pas vivre dans une tribu.

L'Aveugle sembla avoir entendu ses pensées car il enchaina d'une voix grave:
-Pour moi, un loup seul est faible. Il est dans notre nature de nous associer, que nous soyons bons ou mauvais.

Mercury n'était pas d'accord, bien sur les loups étaient de nature prédisposés à vivre en meute, cependant, au-delà de sa philosophie libertine qui ne touchait qu'à son point de vue, le solitaire était en profonde contradiction avec cette affirmation... Une petite pensée tendre lui vint à l'esprit pour Plague et ses terribles conditions de vie, si vivre en meute signifiait se défouler sur des parias et faire de certains loups des souffres-douleurs et défouloirs personnels, mieux valait passer son chemin.
Absorbé pas ses réflexions, Mercury mit un certain temps avant de réaliser que le toucher sous ses pattes n'était plus le même: Le sable avait laissé place à une terre plus meuble et moins brûlante, pour son plus grand plaisir par ailleurs car la chaleur du désert n'aidait certainement pas sa fièvre toujours présente... Ceci dit, sa discussion avec l'Aveugle lui avait fait un temps soit peu oublier les terribles courbatures fiévreuses qui engourdissaient ses membres.
Un temps soit peu seulement... Car la douleur et la migraine, elles, étaient bien réelles et toujours cruellement présentes.
Son regard violet restait fixé sur l'imposant canidé qui semblait marmoner dans sa barbe, par ailleurs, un sourire amusé vint tordre son visage lorsqu'il constata que sentir son regard sur lui le metttait mal à l'aise... Sans qu'il ne puisse se retenir, le solitaire trouva cela plutôt attendrissant: Un gros loup bourru gêné par le regard d'un loup ammaigri et malade... Il y avait de quoi trouver la situation cocasse.

Soudain, la question, teintée de gravité, transperça l'air:
-D'ailleurs, je ne connais toujours pas ton nom.

Mercury n'était pas stupide, il voyait bien que son interlocuteur tentait de détourner son attention, par gêne ou pour un tout autre motif? Il n'aurait su le dire mais il n'était pas particulièrement inquiet, sa confiance commençait à être gagnée et il lui restait suffisament de réserve pour être prêt en cas de possible changement de personnalité pour l'Aveugle.
Ainsi, il haussa les épaules d'un air nonchalant avec de répondre:

-Mercury... Autant dire qu'on porte plutôt bien notre nom n'est-ce pas?

La remarque le fit rire, pourtant, il eu l'impression de ne récolter qu'un profond soupir de la part de l'Aveugle, dont les yeux vitreux semblaient se perdre dans des contrées bien lointaines à celles qu'il avait déjà visité.