Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Thanks to the Spirit, we met
L’enfant du Village Oublié marchait d’un pas lent dans l’herbe grasse épaisse. Le soleil observait, tel un souverain son peuple La Nature pliant sous sa suprématie. Ses rayons reflétaient  les couleurs de l’arc-en-ciel  tandis que ceux-ci s’étalaient sans aucune gêne sur tout le territoire. Quelques fleurs, nobles dames de cette Cour utopique,  se plaisaient à tendre leur tige vers leur roi. Disposées de manière complètement aléatoire, elles baignaient les terres Printanières et rayonnaient face aux rayons de l’empereur. Une myriade de couleur s’étendait par delà les horizons, flattant les prunelles d’Arwen  à chaque regard. Que de choses magnifiques et inconnues, pour cette enfant des plus incultes… Elle avait laissé son visage à l’air libre, goutant aux joies de la liberté et à  cette agréable sensation que l’on appelait « chaleur ».  L’enfant rayonnait littéralement. Un grand sourire éclatant trônait sur ses babines, tandis que ses marques dorées semblaient absorber le soleil, renvoyant son éclat de manière plus prononcée. Sa cape lavande, toujours positionnée sur son dos ne la quittait pas, de toute façon, la chaleur était tout à fait supportable. Le Printemps ne tarderait pas à reprendre sa place, mais l’Hiver avait son honneur et continuait de subsister, malgré sa défaite plus qu’évidente face à l’apparition de nouveaux bourgeons dans les arbres.

Une brise plus fraiche parcourait donc encore les territoires, comme pour lui faire signifier qu’elle était encore vivante, mais cela était loin de déplaire à la louve qui trouvait cela plutôt agréable. Autour d’elle, une végétation luxuriante remuait doucement. De longues pousse vertes pommes parsemaient le sol, après le retour des pâquerettes, d’autres fleurs faisaient leur apparition, toutes plus belles les unes que les autres. Et pour la plupart, inconnues aux yeux de l’enfant. Ses grands yeux bleus s’illuminaient à chaque découverte, et actuellement son regard s’était arrêté sur quelques Lys et des Myosotis. Elle avait très envie de cueillir une des fleurs et de la mettre dans ses cheveux. C’était un plaisir de  petite fille qu’elle n’avait jamais pu se permettre, à l’époque. Mais un jour, Hippolyte lui avait ramené un petit assemblage de Lys et de Myosostis qu’il avait voulu insérer dans ses cheveux autre fois blonds et longs. Au départ, la petite fille avait refusé, car c’était un signe de vanité et elle ne souhaitait être jolie. Cependant, son très cher ami avait finit par la faire céder, et  depuis ce jour, elle s’était mise à affectionner ces deux fleurs, les associant à sa grande amitié nouée avec le jeune Prince.

Elle resta un long moment, immobile, à observer les deux espèces, hésitant à les prendre entre ses pattes, car elle craignait plus que tout de les écraser. Néanmoins,  craignant de faire trop de mal à ces pauvres végétaux, elle abandonna l’idée et continua son exploration. Les chauds rayons du soleil transperçaient le feuillage des arbres et venaient  tacheter le dos de la louve en plusieurs formes lumineuses. Elle marchait d’un pas tranquille, s’engouffrant de plus en plus dans ces terres inconnues. Quelques bruits d’oiseaux qui commençaient à se faire la cour se firent entendre et les oreilles de la louve remuèrent doucement. Elle leva la tête vers la voute céleste, cherchant du regard les intéressés, une lueur de curiosité au fond de ses prunelles. Le Printemps, saison des amours…Qu’il était agréable de pouvoir entendre la Vie et de pouvoir la voir de ses propres yeux. Il y avait peu d’arbres dans son village et lorsque la fameuse saison arrivait, on pouvait entendre les volatiles chanter de leur voix mélodieuse, mais jamais on ne les voyait. Aujourd’hui, Arwen pouvait les observer, tandis qu’ils voletaient d’arbre en arbre, espérant conquérir  leur bien aimée.

La loupiote se surprit à lâcher un petit soupir, tandis qu’elle reporta son attention sur le chemin qui se dévoilait en face d’elle. Une odeur fraiche et quelques clapotis lui firent signaler qu’une source d’eau n’était pas loin. Cela tombait merveilleusement bien ! Il avait beau faire un temps très agréable, mais lorsque l’on marchait depuis quelque temps avant midi sans se désaltérer…La louve accéléra sa marche tandis qu’elle sentait sa gorge devenir de plus en plus sèche. Les odeurs enivrantes des fleurs et de la végétation troublaient un peu ses sens nouvellement acquis. Elle fut forcée de ralentir sa marche pendant quelques minutes, le temps de s’y retrouver et elle repartit à l’assaut. Quelques  rares libellules  faisaient son apparition autour de la louve et semblait suivre le même chemin qu’elle. L’enfant prit tout de même le temps de les observer, s’attardant sur leurs magnifiques ailes aux reflets multicolores. Elles volaient autour d’elle puis repartaient vers la source d’eau dans un geste gracieux. Les oreilles d’Arwen se levèrent  pour capter leur bourdonnement et dans un geste vif, la louve décida de les rattraper. Elle sentait que le Lac n’était pas loin….elle pouvait s’autoriser une petite course ? Quelle idée bien puérile, à vrai dire, elle ne s’était jamais accordé ce genre d’activité. Elle n’avait jamais osé, de toute façon, elle ne pouvait pas, avec ses jambes…Elle s’était toujours contentée de regarder de loin, spectatrice de cette manifestation de Joie sans jamais en prendre part.

Mais aujourd’hui, tout était différent, n’est-ce pas ? Elle se ramassa sur elle-même, comme lui avait appris l’esprit qui lui avait servi de mentor. Les yeux pétillants, elle fit un grand bond en avant et se réceptionna gauchement, avant de partir au galop comme elle ne l’avait jamais fait. Un éclat de rire lui échappa, c’était le premier de toute sa vie. C’était un des plus beaux sons qu’elle avait entendu. Alors qu’il résonnait, telle une mélodie joyeuse sur tout le territoire, le Lac fit enfin son apparition, dans toute sa splendeur. Le rire de l’enfant s’éteignit, néanmoins un aussi grand sourire régnait sur son visage. Dieu que c’était beau ! C’était si grand, si majestueux ! Face à cette merveille de la nature, l’enfant se sentit bien minuscule. Comme au Paradis de Miluiel, Mère Nature semblait avoir  tout orchestré, en excellente chef qu’elle était. Le Lac disposait d’une source d’un bleu cyan presque irréel. Aucune tâche sombre dans cette eau aussi pure que le cœur qu’abritait la petite fille.

Les libellules, avaient largement gagnées la course. Elles virevoltaient au dessus du lac, faisant ce qu’elles avaient faire et notre bonne enfant attendait patiemment. Elle mourrait de soif, mais n’osait aller se servir en même temps que les bêtes. Ce n’était pas par peur, bien au contraire, la louve appréciait énormément ces magnifiques animaux dont elle ignorait encore le nom. Néanmoins, elle était polie et elle s’estimait d’égale à égale avec ces étranges créatures. Elle attendait son tour avec le plus grand calme, profitant du magnifique panorama du lieu. Quelques rochers encadraient le lieu tandis que quelques pousses de lierres s’amusaient à grimper sur ceux-ci. D’un vert émeraude sous les rayons du soleil, la loupiote avait l’impression de se retrouver au Nirvana. Ces terres, si belles, si paradisiaques…Quel magnifique don Dieu lui avait fait là, de pouvoir revivre dans un endroit pareil…

Elle jeta un coup d’œil aux libellules qui ne touchaient plus à l’eau. Alors, timidement, la jeune louve s’avança vers l’étendue cyan, avant de délicatement poser sa truffe dessus et de laper le liquide. Une sensation de bien être l’envahi  lorsqu’elle sentit l’eau couler dans sa gorge. Une fois qu’elle fut désaltérée, elle releva le visage vers le ciel, profitant des doux rayons du soleil, avant de se retourner  doucement et de se figer sur place.
Un loup translucide l’observait avec calme et bienveillance. Assis, il arborait une expression sage et un sourire prit naissance sur son museau lorsqu’il croisa le regard surpris de la louve. Puis il s’évapora, avant de se re-matérialiser aux côtés d’Arwen. Celle-ci avait abandonné son air stupéfié contre une expression aussi calme que le mâle. Devait-elle vraiment être surprise, au final ? Dans ce lieu ou de multiples animaux aux noms inconnus apparaissaient, ou les terres étaient semblables à ce que l’on pouvait appeler «  Paradis », la loupiote avait rapidement compris que de nombreuses choses était possibles ici. C’est pourquoi, l’apparition de ce fantôme ne la choqua pas plus que cela. D’autant plus que celui-ci se révélait être animé de bons sentiments. Il ne souhaitait point lui faire de mal. Il considéra l’enfant avec un certain amusement avant de prendre la parole. Lorsqu’il ouvrit la bouche, la voix du canidé se transforma en un murmure apaisant.

«  Bonjour, petite. Tu m’as l’air d’être une bien curieuse enfant. Quel loup de ce monde serait capable de faire preuve d’autant de politesse envers de simples insectes ? Il marqua une pause, toujours en souriant. Comment te nommes-tu, jeune louve ?

Arwen répondit au sourire du loup avant d’annoncer :

«  Bonjour, je me nomme Arwen, Monsieur. Nous sommes tous des êtres vivants, nés grâce à la bénédiction de Dieu, alors nous sommes tous égaux, n’est-ce pas ? J’estime que la plus petite des bêtes mérite tout autant que moi la politesse. » Le vieil esprit la regarda avec une certaine stupéfaction, avant de laisser un léger rire rauque s’échapper de sa gorge. Il reporta son doux regard bleu sur la loupiote.

« Je me nomme Sherkann, pour ma part. Ce Lac a hérité de mon nom, mais c’est une longue histoire… Comme tu as pu le constater, je suis un esprit, je suis mort il y a des années de cela. Je suis vraiment impressionné par ton raisonnement, Arwen. Tu as des valeurs bien plus significatives et respectueuses que les nôtres. J’aimerai tellement que tout le monde puisse penser comme toi, tu m’as l’air d’être quelqu’un qui accorde beaucoup de respect à la vie. Ce loup qui arrive, je pense, aura besoin d’apprendre cela à tes côtés. Il y a quelque chose en lui, qui l’empêche d’éprouver ce respect.»

A ces dernières paroles, Arwen tourna brusquement le visage. Devant elle, se dressait un beau lupin arborant un pelage beige et acajou. Des cheveux pâles striés de brun encadraient son  jeune visage, tandis que ses prunelles grises fixaient calmement l’enfant. Était-ce le loup dont Sherkann venait de lui parler ? La loupiote cligna doucement des yeux et tourna la tête vers le fantôme. Mais celui-ci avait déjà disparu, ne laissant plus qu’elle est le mâle brun.

Thanks to the Spirit, we met
Le temps semblait s’être mis en suspens, tandis que dans un silence presque religieux, l’enfant dévisageait l’inconnu de ses grands yeux bleus.Elle le vit, elle rougit, elle pâlit à sa vue...Quelques libellules bourdonnaient autour d’elle,  alors que la gueule entrouverte, elle ne lâchait pas une seconde le mâle. Les sanglots de la cascade  mêlés aux délicates senteurs printanières étaient comme inexistants aux yeux de la louve. Les chauds rayons du soleil illuminaient sa face immaculée, emplie d’une consternation dont seul Dieu en connaissait la raison. Ses délicates pattes se mirent à trembler, ses minuscules griffes noires, plantées fermement dans l’herbe grasse remuaient la terre molle. Appelait-elle les morts au secours ? Sherkann, lui avait désigné la bête à aider, mais à ce moment là, ce n’était pas lui qu’il fallait assister, mais notre pauvre enfant bouleversée. Il lui fallait de l’aide, pour calmer cette vive émotion qui lui prenait aux tripes,  et serrait avec cruauté son cœur entre ses mains douces.  Elle inspira une fois, deux fois, elle commençait à manquer d’air, alors qu’elle possédait toute l’oxygène du monde devant ses yeux. Que Diable était-il en train de se passer ? Les clapotis de la cascade semblaient s’accorder avec les battements de son cœur, contribuant à la renaissance d’une mélodie ancienne et emplie d’une profonde mélancolie, si propre  à cette enfant… Elle tituba, les traits de son visage s’affaissèrent dans une expression terriblement familière, elle était à ce moment là, désolation et tristesse. Maitresses de son esprit emplie de pureté, elles dirigeaient ce petit être d’un coup de  baguette, organisant un opéra  intérieur et silencieux dont seul l’enfant était conscient.

- Heu... Bonjour ? Désolé si j'ai pu te faire peur, j'étais dans le coin lorsque je t'ai entendu et j'ai voulu voir ce qui....se passait ?

Il avait prit la parole sur un ton chaleureux, les oreilles de l’enfant redevinrent droites, son visage bouleversé reprenant peu à peu une expression neutre. Elle laissait les battements de son cœur revenir à la normale, elle ne savait d’où lui était venue ce que l’on pouvait comparer à de la passion, cette chose étrange qui l’avait mise dans un tel état de tristesse…Au fond elle savait très bien, lorsqu’elle l’avait vu, là devant lui, si noble, ses cheveux acajous en bataille, son esprit avait alors pensé Hippolyte et elle s’était perdue dans l’amour qu’elle avait éprouvé pour lui. Ensevelie sous les larmes de leur passé, elle s’était noyée un court instant, avant de remonter à la surface, ramenée violemment sur terre par cette entité cruelle que l’on nommait vérité. Hippolyte n’était plus, et si elle avait eu la chance d’être réincarnée, ce n’avait peut être pas été le cas pour se pauvre garçon. Elle se plaisait à imaginer qu’il était désormais en paix et qu’il ne souffrait plus de sa maladie et de sa présence, loin de la Démone qu’elle était…Elle ferma doucement ses yeux, laissant un long soupir franchir la barrière de ses lèvres, tandis qu’elle revoyait le visage souriant du jeune garçon…Tel un fantôme du passé, il continuait de hanter sans cesse les pensées d’Arwen, à chaque seconde, chaque jour qui passait, elle avait tellement regretté son absence…Mais sans doute était-il mieux là ou il était… Elle sentit les larmes une énième fois lui monter, néanmoins, elle se devait de les garder pour elle. Après tout, cet inconnu n’avait pas à subir les fourberies de sa mémoire, qui semblait prendre un malin plaisir à lui faire remonter les souvenirs au moment qu’elle jugeait  le moins opportun.

- Pardonne moi si je me mêle de ce qui ne me regarde pas mais tu me parais bien jeune pour être seule, tu n'as pas de famille ?

Ses grands yeux, semblables à des cristaux s’ouvrirent brusquement avant de se planter dans celles orageuses du lupin. Elle eut l’air déroutée pendant quelques instants, avant de rapporter son regard sur le côté, fixant une libellule posée sur un rocher. Sa couleur cyan semblable à celle de la cascade était magnifique, la petite créature, sous les rayons du soleil luisait comme une perle, arborant de temps à autre des teintes vertes pomme. Décidément, cette question revenait  souvent, avait-elle l’air si mal éduquée que cela ? En pensant à cela, Arwen se sentit honteuse. Bien sûr que oui elle l’était ! Depuis son arrivée, elle ne s’était même pas inclinée, fuyait le regard de son interlocuteur et restait enfouie dans un silence extrêmement dérangeant. Quelle mauvaise fille, quelle mauvaise personne elle était…Elle reporta timidement son regard dans celui du mâle beige en essayant d’écarter tant bien que mal Hippolyte de ses pensées. Elle se sentait terriblement mal pour le comportement dont elle venait de faire preuve. Elle esquissa intérieurement un geste de croix, priant pour que Dieu lui pardonne de s’être montrée aussi  désagréable et malpolie. C’était la première fois que cela lui arrivait et ce serait la dernière. Elle s’apprêtait à ouvrir la bouche dans le but de déverser un flot d’excuses, mais le mâle ne lui laissa pas le temps de répliquer, il enchaîna :

- Au fait dit moi, quel est ton nom ? Personnellement je m'appelle Legolas mais tu peux m'appeler Lego ou comme bon te semblera, je ne suis pas difficile concernant les surnoms qu'on me donne même si généralement je me contente du nom que mes parents m'ont donné... » Il fit une pause regardant avec un grand sourire la petite. « J'ai l'impression de parler beaucoup pour quelqu'un que tu viens juste de rencontrer, habituellement je ne suis pas aussi bavard c'est probablement ton silence qui me fait parler !»

Mon Dieu, il avait bel est bien noté son mutisme, quelle petite insolente elle avait été ! Elle avait terriblement honte, si bien qu’elle ne laissa même pas passer 5 secondes de silence après la réplique du mâle.

- Ho mon Dieu, je suis terriblement désolée de m’être montrée aussi insolente  et d’avoir négligé les bonnes manières….Je ne voulais point vous rendre aussi mal à l’aise..Pardonnez mon idiotie…Premièrement, Bonjour à vous aussi...et..Vous ne m’avez point fait peur, rassurez-vous, je vous avez déjà senti, Monsieur en-enfin…messire Legolas… Elle marqua une pause, avant d'enchainer le plus naturellement du monde : Quand à votre question précédente, je ne suis jamais seule, Dieu m’accompagne toujours.  

Elle resta un moment silencieux, puis se rendant compte de ce qu’elle venait de dire, elle s’exclama en bredouillant extrêmement gênée et honteuse :

- Par le Saint esprit..enfin…. Fichtre ! Excusez la facilité avec laquelle sont venues ces dernières paroles, je suis croyante, l’idée d’être donc seule...n'a jamais atteint mes pensées.…Je…je n’ai pas de parents, dans ce monde, je ne suis qu’une….Elle chercha quelques instants le mot que l'Aveugle lui avait appris, celui qui servait à définir sa catégorie : Solitaire.»