Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Blue mirait son reflet dans l'eau du lac. Entre ses yeux bleus et sa fourrure aux reflets bleuté elle portait parfaitement son nom. La seule tâche de couleur dans ce pelage était son collier argenté. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait gardé ça. Sûrement pour garder un certain lien avec son ancien maître. Maitre qu'elle avait quitté. Comme toujours lorsqu'elle pensait à lui elle sentit le remords la submergée. Elle n'aurait pas dû le laisser mais cette liberté qui l'appelait ... Elle n'avait pas pu résister. La louve leva la tête vers le ciel qui se tintait lentement d'orange à travers la brume qui flottait au dessus de l'onde. L'aube faisait son apparition. Elle allait devoir se retirer dans un coin de forêt quelconque. Elle avait senti l'odeur d'autres loups et elle ne voulait pour rien au monde les croiser. Elle n'aimait pas vraiment se battre même si elle savait. Elle écoutait les bruits environnants. Ici, un rat d'eau qui courrait près sur la berge. Là, des insectes qui commençaient à s'éveiller et secouaient leur carapaces brillantes. L'aube était le moment de la journée que Blue préférait. C'était le moment où tout un chacun sortait des brumes du sommeil ou allait s'y plonger avec délectation après une nuit de chasse. Et puis, c'était le moment où le ciel se parait de ses plus belles couleurs.
Un léger craquement la fit se retourner d'un bloc. Les poils de son échine se hérissèrent. Les muscles bandés et à l'affut du moindre mouvement suspect.

Haru et moi avions décidé de nous rejoindre au QG construit il y a quelques semaines.
Je partais donc à la rencontre de mon ami, heureux.

Moune m'avait enfin appris comment me servir de mes ailes, et j'en profitais en m'élevant quelques mètres du sol.
Mes ailes non fixées à mon corps me permettaient de part cette arrangement d'être plus libre de mes mouvements.

Je rigolais, en hauteur.

Je finis malgré tout par redescendre, j'irais plus vite à pieds, et Haru devait m'attendre.
Non, en réalité j'étais descendu car, arrivé près d'un lac sombre, la peur commençait à prendre possession de moi.

Mes oreilles se plaquèrent automatiquement contre ma tête, à la vue de ce lac.
D'un bleu sombre presque noir, je ne voyais aucune trace de vie autour.
Des herbes entourait ce point d'eau, des tas d'herbes surmontés de roseaux.

Je me mis à marcher sans bruit, regardant devant moi.
Au bout d'un temps, la lune partit, emmenant ses filles les étoiles et les planètes, laissant la belle, ronde et rouge Jupiter, se prélasser dans le ciel oranger plus longtemps que les autres.
Je fis un voeu, voyant la dernière des étoiles et planètes disparaître.

°Je veux que Moune soit heureuse comme avant, et que Haru retrouve des parents ou quelqu'un pour l'aimer autant.°

Je continuais ma marche silencieuse, maintenant bercé par le son des criquets matinaux.
Le ciel oranger avait rendu le lieu plus attirant pour les yeux.
Des petits mammifères s'agitaient de ci de là, les oiseaux commençaient leurs doux ramages.

Quoi que l'endroit fut assez beau à l'instant, je frémis en entendant un bruit.
Je sentis une odeur de loup ou chien, ayant la truffe trop jeune pour discerner l'exacte nature de la personne proche.

Je m'approchais de l'odeur, lorsque je fis craquer une branche.

Je m'avançe encore, dans l'espoir de voir le loup avant qu'il ne me voit.
Avec surprise, je m'aperçus qu'il s'agit d'une louve.
Une louve sombre, bleue comme le Lac la nuit, avec une sorte de fil gris autour de son cou.
Je la regardais étonné, alors qu'elle, me lorgnait d'un mauvais oeil.

Elle avait des reflets bleus et noir, je ne pouvais donc pas m'empêcher de la regarder là où elle était le plus clair : dans les yeux.
De jolis yeux d'azur.

Mais ils n'avaient rien de rieurs, la louve non plus.
Les poils hérissés, l'air féroce, elle me fixait encore.

-B...Bo.. Bonjour madame la louve.

Je préfèrais attendre qu'elle parle.

Blue vit un Louveteau au poils bruns venir vers elle. Il la fixait droit dans les yeux. Elle n'aimait pas les jeunes. Soit ils vous parlaient dans les oreilles toute la journée soit ils se fichaient dans des pétrins pas possibles. Celui-ci n'était pas tout à fait normal. Il avait deux petites ailes vertes sur le dos. Blue se demandait bien ce qu'il pouvait en faire. Voler sûrement. Elle, elle, préférait garder les pattes bien ancrées au sol. Elle continua de jauger le petit être qui lui faisait face. Il deviendrait sûrement un bon combattant et un chasseur habile au vu des muscles fins qui se formaient déjà. Aucun d'eux ne parlait. Un silence pesant planait malgré le joyeux pépiement des oiseaux qui saluaient le jour.

Elle ne se décidait pas à parler, le petit le fit donc à sa place. Sa voix s'éleva dans l'air matinal. Elle était hésitante. Elle se rendit compte qu'elle devait vraiment avoir l'air d'un monstre pour ce petit bout de loup. Elle n'était pas particulièrement grande mais tout de même, il devait lui arriver à peine à l'épaule et ses poils noirs étaient hérissés, signe qu'elle était prête à attaquer au moindre danger.

-B...Bo.. Bonjour madame la louve.

Mon poil reprit une apparence normale. Ce louveteau n'était pas un danger. Il le serait peut-être dans quelque années mais pas pour l'instant. Elle lui répondit d'une voix neutre.

- Bonjour, petit. D'où viens-tu comme ça ? Tu ne devrais pas te promener seul tu pourrais tomber sur plus méchant que moi.

Elle continuais de garder ses yeux bleus rivés sur lui mais ses oreilles captaient tous les bruits alentour. Ce n'était pas demain la veille qu'on parviendrait à la prendre en traitre.

La louve ne me lâchait pas des yeux, mais ses oreilles restaient alertes.

Elle me répondit :

"- Bonjour, petit. D'où viens-tu comme ça ? Tu ne devrais pas te promener seul tu pourrais tomber sur plus méchant que moi."

Je n'avais pas peur.
Je ne voulais pas lui dire où j'allais, puisque c'était une base secrète.

-Je...

Je pris une inspiration et bombais le torse, pour me rassurer moi-même.

-Je m'appelle Willy, je suis du Printemps. J'ai le droit de me balader et j'ai pas peur parce que ma maman c'est Moune.

J'avais parlé vite, je n'aimais pas les longs discours.

Je tournais la tête en entendant un oiseau piailler à quelques mètres.
Une petite hirondelle chantait le Printemps, malgré que l'on soit en été.
Elle leva sa petite queue de plumes et se figea en voyant que je l'observais. Elle s'envola rapidement.
Je reportais mon attention sur la louve, dont les yeux bleus ne m'avaient pas quittés.

-Je ... Je m'appelle Willy, je suis du Printemps. J'ai le droit de me balader et j'ai pas peur parce que ma maman c'est Moune.

Le petit avait dit cela d'une traite. Ces paroles n'avaient aucun sens pour moi qui n'étais pas d'ici. Je venais d'arriver sur ces terres et je ne savais rien de l'organisation des loups qui y habitaient. Le petit sentais bon les fleurs et l'herbe fraichement coupée. Blue inspirait ces arômes avec délectation. De là où elle venait les fleurs ne poussaient plus depuis longtemps. Les hommes avaient tués la terre.
Le petit se détourna pour observer quelque chose. Un oiseau à en croire les petits bruits produits par ses bonds. Il ne savait pas vraiment comment réagir face à un inconnu. Il n'avait pas peur ou alors il savait très bien la dissimuler, elle ne se voyait nulle part dans son attitude qui appuyait ses paroles. Cependant, il devrait apprendre à être plus prudent Blue aurait pu le tuer plusieurs fois pendant qu'il contemplait la petite bête. Il aurait été idiot qu'il meurent de cette façon. La louve ne le lâchait pas des yeux. Quand on ne connaissait pas un individu il fallait se méfier. C'était presque une règle de vie pour elle. Elle répondit un peu gênée par son ignorance. Malgré tout sa voix resta posée et son attitude, bien que défensive, n'était plus agressive.

- Je viens d'arriver et je ne sais rien des clans qui peuvent être ici alors crois-tu vraiment que des noms m'avancent à quelque chose ?

Blue était avide d'en apprendre plus sur ces terres qui semblaient si belles et fertiles comparées aux siennes. Elle ne voulait pas intégrer un groupe mais il était tout de même plus commode de vivre en de bon termes avec ses proches voisins. Elle ne voulait pas se mettre tout un clan à dos pour une parole mal interprétée.

"- Je viens d'arriver et je ne sais rien des clans qui peuvent être ici alors crois-tu vraiment que des noms m'avancent à quelque chose ?"

Pourquoi elle était méchante ?
Je ne pouvais pas savoir, moi, qu'elle était nouvelle !

-Moune c'est la chef printannière, elle est gentille courageuse et jolie.

Je concluais.

-Et c'est ma maman.

La louve bleue restait fixée sur moi, ça me gênait.
Je finis par grogner involontairement.

Je préférais la regarder aussi, elle me faisait un peu peur.
Mais je faisais comme si de rien, parce que Moune elle m'a dit de pas avoir peur.

-Comment vous vous appelez, vous, madame la louve nouvelle ?

Je ne la quittais pas du regard, la défiant par la même occasion, pour qu'elle baisse les yeux.
Je savais que c'était peine perdue, mais c'était rigolo quand même.

-Moune c'est la chef printanière, elle est gentille courageuse et jolie. Et c'est ma maman.

Ce petit avait l'air de beaucoup tenir à sa mère. Comme l'enfant avec qui j'habitais avant. Il ne lâchait jamais sa mère d'une semelle la suivant dans toute la maison. Celui-ci avait l'air un peu plus autonome. En même temps, c'était un loup pas un humain. Blue humait toujours l'odeur de son pelage. Elle ne s'était jamais rendue compte que l'odeur des fleurs lui avaient manquée à ce point. La sensation de l'herbe sous ses pattes et la vision des champs colorés elle savait que tu cela lui avait cruellement manqué mais elle ne se souvenait pas que l'odeur de la verdure pouvait être aussi entêtante. Le petit la défiait du regard. Elle n'aimait pas cela mais ce n'était pas cet petit bout de bestiole qui allait réussir à lui faire baisser les yeux. En parlant d'yeux les siens étaient d'un vert émeraude.
Il prit de nouveau la parole.

-Comment vous vous appelez, vous, madame la louve nouvelle ?

Sa phrase n'était pas syntaxiquement correcte mais la louve n'y prêta que peu d'attention. Ce petit l'intriguait beaucoup. Il n'avait pas l'air d'avoir vu de nombreux étrangers sur les terres où il vivait. Hormis ceux des autres clans supposait-elle. Elle savait qu'il y avait d'autres clans. Elle avait aperçu d'autre loups par ici et au détour de ses pérégrinations. Ils n'avaient pas la même odeur que le petit.

- Je suis Blue.

Ma phrase était courte mais avait tout de même le mérite d'être claire.

"- Je suis Blue."

Tout de suite je compris la raison.
Aucune autre couleur que bleu sur son pelage.

La louve avait l'air gentille mais si elle l'était, ne le montrait pas.
Je pensais à Sheyla.

Peut-être que Dieu avait envoyé cette louve en compensation ...?

Je posais ma truffe par terre, faisant pousser un lys bleu.
La fleur préférée de Sheyla...
Le mien n'était pas très grand, et était moins resplendissant que celui que Sheyla faisait pousser, mais c'était mieux que rien.

Je cueillais la fleur.
En ce moment, je donnais à beaucoup de monde les lys bleus que je faisais pousser.
Pour que tout le monde se souvienne d'elle.
De Sheyla.

Je m'approchais de Blue doucement, pour ne pas l'effrayer, comme elle était sur ses gardes.

-Tenez madame Blue. C'est un lys bleu. Parce que la louve que je préférais après maman Moune est morte, et que c'était sa fleur préférée. Elle ne vous ressemblait pas du tout, mais vous semblez avoir le même âge. Alors vous me faites penser à elle.

Il n'y avait que quand je parlais de Sheyla, que je parlais beaucoup.
A tant de pensées la concernant, je sentis les larmes monter.
Je ne voulais pas pleurer, pas encore.
J'enfermais mes larmes cristallines à l'aide de mes paupières, tels des barrages.
En vain.
Je sentis une fuite sur les bords de ces barrages, alors ouvrais les yeux pour apercevoir Blue, floue à cause des gouttes qui bordaient ma vue.
Laissant aller ma peine, je sentis dériver un flot de tristesse sur mes joues.

Au bout d'un moment, mes pattes essuyèrent mes yeux.
Il fallait que j'arrête d'y penser...

-D'où vous venez, madame Blue ?

Qu'elle ne me réponde pas m'importait, je voulais juste changer de discussion.

Le petit sembla méditer ses paroles. Puis il fit quelque chose que ne comprit pas la louve bleue. Il posa sa truffe à terre comme pour pister une proie inexistante. Mais ce n'est pas ce geste impromptu qui surpris le plus la louve c'est ce qui sortit de terre à l'endroit même où le petit avait posé son museau. Elle vit pousser un lys bleu en un instant. Elle se demandait comment pouvait survenir un tel miracle. Chez elle les fleurs ne poussaient déjà pas d'elles mêmes alors que l'on puisse en faire surgir de terre ainsi lui semblait tellement improbable. Après avoir fait cela le brun s'avança en tenant le lys dans sa gueule. Il le déposa à ses pattes. Très délicatement. Il n'était pas totalement idiot, il avait bien vu qu'au moindre faux pas elle risquait de lui sauter dessus.

"-Tenez madame Blue. C'est un lys bleu. Parce que la louve que je préférais après maman Moune est morte, et que c'était sa fleur préférée. Elle ne vous ressemblait pas du tout, mais vous semblez avoir le même âge. Alors vous me faites penser à elle."

Après avoir dit cela ses yeux verts s'emplirent de larmes. La mort d'un proche était une épreuve. Blue le savait bien. Elle laissa les larmes du petit couler sans intervenir. La peine se vit seul. C'est ainsi que pensait la louve et c'est ainsi qu'elle avait vécu. Pendant que le petit avait les yeux fermés la louve respira doucement le parfum du lys. C'était enivrant. Le louveteau finit par essuyer ses yeux de ses petites pattes rendues tremblotantes par la tristesse. Blue redressa la tête et il parla de nouveau.

"-D'où vous venez, madame Blue ?"

Blue ne savait trop quoi répondre au louveteau qui l'interrogeait. Elle même ne savait pas vraiment comment elle avait fini par arriver ici. Elle ne se souvenait que vaguement des évènements qui l'avaient amenée ici. Elle croyait se souvenir d'autres loups vivants, comme elle, sur la terre dévastée. Elle secoua doucement la tête devant le regard insistant du petit.

- Je ne sais pas vraiment comment je suis arrivée ici. Sûrement grâce à un heureux hasard. Là d'où je viens seules reste la pierre et les constructions humaines. La forêt et les fleurs n'y avaient plus leur place. Comment t'appelles-tu ?

Avouer son ignorance lui coûtait. La savoir était la meilleure des armes et l'ignorance la pire des ennemie. Sa dernière question était simplement de la curiosité. Elle qui n'aimait pas trop les enfants celui-ci l'intriguait avec ses manières si vives et naturelles.

Blue secoua la tête.

"- Je ne sais pas vraiment comment je suis arrivée ici. Sûrement grâce à un heureux hasard. Là d'où je viens seules reste la pierre et les constructions humaines. La forêt et les fleurs n'y avaient plus leur place. Comment t'appelles-tu ?"

Humaines ?
Ca existe, les humains ?

Moune m'avait toujours dit que c'était des créatures imaginaires.
Que je n'en verrais jamais.

J'imaginais les constructions humaines.
Ca devait être bizarre.

-Je m'appelle Willy. C'est comment les humains ? Enfin si vous voulez bien me dire.

J'aurais bien aimé savoir.
Mais ça avait l'air de gêner madame Blue de parler de ça.

Le petit avait l'air intrigué. Il n'y avait pas d'humains par ici ? C'était une bonne nouvelle. Les humains chassaient les loups sans pitié Blue en avait fait l'expérience tant en temps que chasseur que de chassé. Le souvenir de l'odeur du béton me revint. Blue préférait de loin celle du lys qui se trouvais toujours posé devant ses pattes.

"-Je m'appelle Willy. C'est comment les humains ? Enfin si vous voulez bien me dire.

Willy ... La louve fit tourner le nom dans sa tête. C'était joli en toute simplicité. Les humains. Que dire sur ces êtres si étranges et cruels envers la nature qui les entouraient ? La louve s'assit. Le petit ne représentait aucun danger et avait tout l'air d'être seul. Elle ne savait pas trop quoi lui raconter. Elle n'aimait pas parler d'elle et encore moi de son passé. Surtout à un inconnu et ce même s'il était minuscle. La louve bleue commença à décrire les êtres que le louveteau ne verrait sans doute jamais.

- Les humains sont des êtres très étranges qui ne vivent pas du tout comme nous. Ils se tiennent sur leur pattes de derrières et leur pattes de devant ils s'en servent pour attraper les choses. Ils ne marchent sur quatre pattes que quand ils sont petits. Ils restent petits longtemps et tirent sur nos poils pour s'amuser. Je vivais avec un petit humain il y a longtemps. Ils n'ont des poils que sur la tête. Et encore, quand ils sont vieux ils n'en ont plus du tout. Leurs tanières s'élèvent jusqu'au ciel et ils mettent très longtemps à les construire.

Blue se tut ne sachant trop quoi ajouter. On ne pouvait pas expliquer les humains. Il fallait les voir pour comprendre la portée de ses paroles. Il fallait les sentir pour comprendre à quel point ils étaient différents des loups qu'ils craignaient tant. Blue se sentit happer par des souvenirs qu'elle croyait oubliés. Elle se souvint des jeux avec le petit garçon qui essayait de l'attraper ou qui l'emmener promener. Quoique, dans ces cas là on se demandait qui promenait qui le petit garçon suivant Blue n'importe où sans lui indiquer de direction. Elle se souvint des soirées passées couchée auprés du feu et de la main de la femme caressant doucement sa tête. Le pépiment d'un oiseau proche la sortit de sa rêverie. Elle se concentra de nouveau sur le présent. Et le présent était pour l'instant fait d'un louveteau curieux.

Elle me répondit tout de même.

"- Les humains sont des êtres très étranges qui ne vivent pas du tout comme nous. Ils se tiennent sur leur pattes de derrières et leur pattes de devant ils s'en servent pour attraper les choses. Ils ne marchent sur quatre pattes que quand ils sont petits. Ils restent petits longtemps et tirent sur nos poils pour s'amuser. Je vivais avec un petit humain il y a longtemps. Ils n'ont des poils que sur la tête. Et encore, quand ils sont vieux ils n'en ont plus du tout. Leurs tanières s'élèvent jusqu'au ciel et ils mettent très longtemps à les construire."

Se tenir sur leurs deux pattes arrière ?
Quel étrangeté.
Des tanières jusqu'au ciel ?
Ces humains me dégoûtaient.

Ils étaient si... bizarres.

Je demandais, après ça :

-C'est quoi votre truc gris ?

J'illustrais mes propos en avançant le menton pour pointer la chose grise à pics autour de son cou.
Ca donnait envie de toucher pour voir.
Mais Moune m'a dit de pas toucher à ce qui n'est pas à toi.

-C'est quoi votre truc gris ?

Blue eut un petit rire amusé. Le petit devait vouloir parler de mon collier. Vraiment elle ne savait pas pourquoi elle l'avait gardé. Peut-être un peu par coquetterie. Elle avait fini par apprécier cette espèce de choses qu'elle avait maintes fois essayé d'enlever au début que l'homme le lui avait mis autour du cou. Elle se sentait un peu démunie quand il le lui enlevait. Elle ne savait pas trop pourquoi. Et puis, cela pouvait se révéler pratique tout de même lorsqu'un ennemi tentait de la prendre à le gorge. Il se prenait les pics qui ornaient son collier dans les gencives et lâchait prise. Blue répondit au petit. C'est sûr que ce n'était pas chez des loups sauvages qu'il devait voir se genre de pratique. C'était pour cela qu'il avait nommé son collier un "truc".

- Ce truc comme tu dis s'appelle un collier. Les humains en mettent à leur animaux. Mon humain m'a mis celui-ci et ... je l'ai gardé.

Si Blue avait été humaine elle aurait haussé les épaules avec désinvolture.

Blue rigola.
J'avais l'impression qu'elle se moquait, je baissais les oreilles, grognon.

"- Ce truc comme tu dis s'appelle un collier. Les humains en mettent à leur animaux. Mon humain m'a mis celui-ci et ... je l'ai gardé."

C'était bizarre.
Les humains sont tous bizarres.
Ils ont des habitudes bizarres.
Brr.
Maintenant, je trouvais cette louve bizarre aussi.

Je me demandais pourquoi elle ne l'avait pas enlevé.
Ce collier.

Je voulais savoir autre chose, aussi.

-Et... Vous avez un pouvoir ?

"-Et... Vous avez un pouvoir ?"

Le petit n'avait pas l'air content. Il avait du croire que la louve se moquait de lui. Il la divertissait beaucoup. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu de contact avec un de ses semblables. C'était tout de même agréable d'avoir un contact avec quelqu'un. La solitude finissait pas peser même pour elle qui l'appréciait. La question du louveteau l'intriguait. Un pouvoir ? Comme lorsqu'il avait fait pousser la fleur ? Sûrement. Il n'était donc pas un cas à part. La louve l'avait cru. Elle n'avait jamais vu ce genre de manifestation avant. Elle dardait un regard interrogateur sur le petit qui s'agita, légèrement mal à l'aise, pendant qu'elle réfléchissait ainsi. Elle ignorait vraiment beaucoup de choses sur ce monde. Trop de choses pour rester en vie longtemps.

- Je ne sais pas. Comment sait-on si l'on possède un pouvoir ?

Elle attendait avec impatience la réponse de Willy. Elle avait tout de même eu de la chance de tomber sur le louveteau plutôt que sur l'un de ses ainés qui lui auraient sûrement réservé un accueil bien moins chaleureux.

"- Je ne sais pas. Comment sait-on si l'on possède un pouvoir ?"

Elle me faisait rire, cette louve.

Rigolant, je lui répondis tout de même.

-Eh bien, je ne sais pas, moi. Par exemple... Quand je marche, il y a de l'herbe. C'est automatiqe.

Sur ce, je me levais et fis un tour.
L'herbe fraîche poussa.

-T... Vous voyez. Vous, il y a rien qui se passe quand vous faites quelque chose de normal ?

Je tournais la tête sur le côté, attendant, curieux.

"-Eh bien, je ne sais pas, moi. Par exemple... Quand je marche, il y a de l'herbe. C'est automatique."

Pour appuyer ses dires Willy se leva et fit quelque pas. De l'herbe verte poussa sous ses pattes. Blue le regardait faire, éberluée. Comment ce miracle était-il possible ? Ce n'était tout même pas très discret lorsque l'on était suivi et que l'on voulait partir sans attirer l'attention. Surtout si jamais il se trouvait sur un territoire désolé. L'odeur de la verdure attirerait ses poursuivants en moins de deux. Sa démonstration terminée il se retourna vers moi ses grands yeux émeraudes interrogateurs.

"-T... Vous voyez. Vous, il y a rien qui se passe quand vous faites quelque chose de normal ?

Le petit avait manqué tomber dans le tutoiement et penchait maintenant sa petite tête sur le côté. Attendant patiemment la réponse de la louve. Blue n'y prêta pas attention. Toutes ces politesses lui semblaient maintenant superflues. Un pouvoir ? Possédait-elle un don ? Non, elle ne pensait pas. Ou tout du moins elle n'en avait jamais eu connaissance.

- Non, je ne fais pas pousser d'herbe à chaque fois que mes pattes touchent le sol. Il ne se passe rien quand je respire ou que sais-je d'habituel. Et tu peux me tutoyer si cela te fait plaisir.

Willy était en retard. Se demandant ce qu'il pouvait bien fabriquer, Haru sortit de leur petite base secrète.
Le louveteau parti à la recherche de son ami en commençant par prendre le chemin du territoire printannier. C'est ainsi qu'il finit par pister sa trace qu'il suivit jusqu'au lac. Le lac des murmures, grande étendues d'eau sombre recouverte par endroit de nuages de brumes. Le vent y sifflait dans un bruit étrange comme si quelq'un chuchotait. Haru n'aimait pas trop cet endroit. Que pouvait bien y faire Willy ?

Méfiant, il durcit ses poils jusqu'à ce qu'ils deviennent écorce, lui assurant une certaine protection. Il ressemblait à présent au tronc d'un jeune arbre qui aurait forme lupine et qui aurait des yeux. Il s'avança prudemment vers les rives du lac tout en continuant de suivre la piste de son ami.


Caché parmi des buissons épineux qui l'éraflaient sans lui faire mal, Haru reconnut la voix de Willy.

"-T... Vous voyez. Vous, il y a rien qui se passe quand vous faites quelque chose de normal ?"


A qui parlait-il ?
Un voix féminine lui répondit:

- Non, je ne fais pas pousser d'herbe à chaque fois que mes pattes touchent le sol. Il ne se passe rien quand je respire ou que sais-je d'habituel. Et tu peux me tutoyer si cela te fait plaisir.

Haru ne reconnut pas la voix, ce n'était certainement pas une printannière. Dans ce cas pourquoi Willy lui parlait-il ainsi. Il n'avait pas l'air d'avoir peur. Haru se rappella ce que Moune, la maman de Willy avait dit un jour. "Il existe des loups qui n'ont pas de clan, on les appelle neutre." S'agissait-il d'une louve neutre ?

Jugeant que si Willy n'avait pas peur, il n'avait rien à craindre, Haru finit par sortir de sa cachette, toujours recouvert d'écorce.

Si Blue était assise elle n'était pas complètement stupide et n'avait pas entièrement baissé sa garde alors lorsqu'un truc ressemblant vaguement à un arbre sur pattes s'approcha elle se remit immédiatement débout. Sa fourrure se hérissa de nouveau face à l'apparence du nouveau venu. Il n'était pas plus grand que Willy, il était donc jeune. Mais sous-estimer des adversaires potentiels n'était jamais la bonne méthode. Elle darda son regard bleu sur l'arbre-loup. Elle ne savait comment réagir face à cette étrange manifestation. Sûrement l'un des mystérieux pouvoirs dont était en train de parler Willy. Quel pouvait bien être l'intérêt de se changer en arbre ? Blue se le demandait bien mais ne posa aucune question. Un silence pesant chargé de menaces sous-jacentes. Le premier qui faisait quoi que ce soit était un loup mort. La louve bleue tentait de reprendre ses esprits.

°Voyons, ce n'était qu'un louveteau. Elle n'allait tout de même pas en avoir peur !°

Elle aplatit son pelage et reprit constance. Elle détestait les surprises dans ce genre là. Cela avait tendance à renforcer ses doutes envers tout et tout le monde. Dans ces moments là on pouvait parfaitement dire qu'elle devenait complètement paranoïaque. Elle entrouvrit la gueule pour humer le parfum du nouveau venu. Il devait être du même clan que Willy ou au moins le connaitre. Ils avaient tous deux la même odeur de verdure collée au pelage. Le vent soufflant dans ses poils bleus elle attendit qu'un des deux petits ne prennent la parole.

La louve qui se tenait face à Willy était bleue très foncée avec de beaux yeux clairs. En le voyant, elle bondit sur ses pattes et se hérissa. Haru faillit reculer, mais il eu l'impression qu'au moindre mouvement il se ferait attaquer, alors il resta sans bouger jusqu'à ce qu'elle se calme.
Haru baissa une oreille, partagé entre peur et curiosité. Puis il se dirigea vers Willy sans quitter la louve du regard. Appercevant son reflet dans l'eau, il se rendit compte qu'il avait gardé son pelage d'écorce et que cela expliquait surement la réaction de la louve. Tout en marchant vers Willy, il reprit son doux pelage de louveteau. Ses couleurs vertes et oranges dénotant avec les couleurs foncées des deux autres loups et de l'ambiance sombre du lac.
Haru renifla son ami, comme pour se rassurer, il n'était vraiment pas à l'aise avec cette louve qui ne le quittait pas des yeux. Il finit par incliner la tête vers la louve bleue:

-Bonjour Madame.

Puis se tourna vers Willy:

-Je me demandais ce que tu faisais ...

Un sourire de son ami le rassura.
Haru fini par s'assoir, attendant qu'ils reprennent leur conversation en se faisant le plus petit possible.

Blue se maudit pour sa réaction en voyant la peur du nouveau venu. Sa réaction avait peut-être était un peu excessive mais bon elle n'y pouvait rien si elle se sentait continuellement sur le point de se faire agresser. Cette sensation devait être un peu due à sa peur de l'inconnu. Sous ses yeux un pelage apparu sous l'écorce recouvrant celui qu'elle surnommait l'arbre-loup. Elle n'avait jamais vu personne arborer de telles couleurs. Le vert de l'herbe sous le soleil et le orange du soleil levant. Ce n'était pas vilain mais tout de même étrange. Le petit aux étranges couleurs finit par ouvrir la bouche pour la saluer.

- Bonjour, jeune loup.

Blue vit qu'il connaissait Willy à la manière dont il s'approcha de lui pour chercher un peu de sécurité et de réconfort. Elle ne s'était donc pas trompée. Ils appartenaient bien au même clan celui du printemps comme lui avait dit le louveteau brun. Elle ne pouvait s'empêcher d'apprécier leur douce odeur de prairie. Celui qui avait transformé son pelage en écorce se tenait derrière son ami. Blue lui avait fait peur mais cela lui importait peu. Elle avait l'habitude. De là où elle venait elle faisait souvent peur à moins que cette peur n'ait été due par l'air patibulaire de son maitre. La louve se rassit doucement et détourna ses yeux du petit aux poils bigarés pour les poser de nouveau sur Willy.

- Ce qu'a fait ton ami est-ce aussi une manifestation des pouvoirs dont tu me parlais ?

Blue se doutait de la réponse mais il fallait bien que quelqu'un se décide à briser le silence qui planait. Vraiment elle était tombée sur une terre bien étrange. Il allait falloir qu'elle apprenne à la connaitre et elle finirait sûrement par l'apprécier.

Je vis Haru arriver.
Il salua Blue avant de me parler.

"-Je me demandais ce que tu faisais ..."

Il avait les poils en tronc d'arbre, je pouffais malgré moi.
Blue se méfia, avant de redevenir normal.

Elle dit aussi bonjour à Haru et se retourna vers moi, après un silence marqué.

"- Ce qu'a fait ton ami est-ce aussi une manifestation des pouvoirs dont tu me parlais ?"

J'hochais la tête avec assurance.

-Et il s'appelle Haru. C'est mon ami.

La louve ne savait pas quoi penser de ces jeunes qui possédaient des pouvoirs qu'elle n'aurait même pas pu imaginer dans ses rêves les plus fous. Elle continua de regarder les deux jeunes. Sa queue battant le sol avec agacement. Elle détestait ne pas comprendre et là justement elle ne comprenait rien à rien. Et regarda de nouveau celui qui se nommait Haru. Était-il comme son ami ? Possédait-il lui aussi plusieurs pouvoirs ? Parce que Willy en avait deux lui ou alors il n'en avait qu'un qui se manifestait de deux manières différentes. Elle prit sur elle pour que son énervement cesse de transparaitre.

- Parlez moi des différents clans.

La louve bleue avait peut-être été un peu brusque. Elle ne savait pas trop. Ce qui était sûr c'est qu'elle sautait un peu du coq à l'âne. Entre les présentations et des explications concernant des territoires entiers il y avait tout de même de la marge. Elle se trouvait dans une situation qui la mettait mal à l'aise. Elle était plus ignorante que des louveteaux à peine sortis de leur tanière. Qu'y avait-il de pire que l'ignorance ? Elle s'était déjà posée cette question. Ses réflexions tournaient en rond. Elle se concentra donc sur Haru et Willy, attendant leur réponse. Mais peut-être qu'ils ne voudraient pas lui répondre justement, de peur de révéler quelque chose qu'ils n'auraient pas du ébruiter. Elle attendit, toujours un peu tendue.

Blue nous demanda de parler des clans.
C'était incroyable, une louve qui ne savait rien de Four Seasons.

-Eh bien... Notre Monde c'est Four Seasons. Comme tu peux comprendre, les clans sont les quatre saisons. Chaque clan essayant de faire perdurer sa saison. Le Printemps, est commandé par Moune. Haru et moi sommes au printemps. L'été est commandé par Shayleena. L'Automne par Ypso, qui n'aime pas Moune. L'Hiver est commandé par un couple dont Moune déteste le mâle. Ce sont... Qui déjà Haru ?

Je tournais la tête vers mon copain, espérant qu'il se rappelle de leurs noms.
J'aurais peut-être du insister sur le Printemps et vanter ses mérites, pour que Blue nous rejoigne.

Haru suivait la conversation avec intéret. Cette louve semblait venir de l'autre monde. Celui dont Moune avait dit que c'était une légende. Le louveteau buvait littéralement les explications de l'Alpha printannière à chaque fois qu'elle parlait. Aussi quand Willy se tourna vers lui pour lui demander quels étaient les noms des Alphas hivernaux, Haru répondit avec une pointe de fierté:

-Kiba et Herenya sont le couple d'Alpha hivernaux. Il parait que Kiba est très fort, mais Moune n'avait pas l'air de vouloir parler d'Herenya. Il y a aussi les Librelunes dont j'ai entendu parlé, mais je sais pas trop ce qu'ils font...Et puis bien sur les neutres qui n'ont pas d'opinion sur les saisons ou qui sont des loups exclus de leur clan parce qu'ils ont fait des grosses bêtises.

Haru se tut, il ruminait sur la relation qu'avait eu Moune avec un estival qu'elle avait du quitter pour le clan. Plus il en apprenait, plus il se demandait si les autres clans étaient aussi méchants qu'il ne l'avait cru au début. C'était beaucoup pour le petit qu'il était.