Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Le temps passe. Les saisons avancent et se succèdent. Sans interruption.
Au milieu de la neige, courrait un jeune loup blanc, sans queue, aux oreilles anormalement longues et aux cheveux violets retenus par une longue tresse et agitée par le vent.

Combien de temps cela fait-il que le clan de l'Hiver a regagné ses terres? Pas si longtemps que ça, mais tout de même assez pour que le jeune mâle blanc nommé Qar'Kam y ait repris ses marques. Est-il moins seul, maintenant que "son clan" a retrouvé son propre territoire? Pas du tout. Au contraire, il s'isole plus encore maintenant qu'il est de retour chez les hivernaux. Il a peur, de nouveau, qu'on le chasse, alors il se chasse lui même.
Petit à petit, Qar'Kam était en train de quitter l'adolescence, pour entrer dans l'âge adulte, dans cette période mature où chacun est sensé trouver sa place à part entière dans le clan...Il était à cette frontière entre ces deux stades, à cette période d'âge, où une remise en question capitale se fait. Et pour les êtres comme lui qui se remettaient déjà constamment en question, cette période s'annonçait plus douloureuse et tourmentée encore.

Lorsqu'on est enfant, encore, on subit les regards, peut être parfois les remarques, mais on ne les comprend pas, elles ne l'affectaient pas. Mais maintenant qu'il devenait de plus en plus mature, lui qui y avait déjà été forcé si jeune, il se rendait de plus en plus compte de cette différence, de cette chose qui le séparait de "son clan". Qar'Kam n'était pas né en Hiver. Il était né au Printemps. Il n'était pas même un clan mêlé, rattaché à un membre hivernal par le sang, il était né au printemps de deux parents printaniers et avait rejoint l'Hiver pour fuir ses géniteurs sanguinaires. Concrètement, donc, il n'avait aucun droit, aucune raison légitime de se trouver sur les terres de l'Hiver. Et il avait peur, justement, que quelqu'un ait quelque chose à redire au fait qu'il se trouve là.

Alors, persuadé qu'il allait se faire à nouveau chasser, qu'il allait à nouveau devoir fuir, il s'isolait, passait son temps dehors, loin des autres membres du clan. Certes, l'alpha de l'Hiver l'avait acceptée, alors pourquoi le chasserait-on? Mais il était pris par sa profonde paranoïa. Plus aujourd'hui que les autres jours, fallait-il croire. A mesure qu'il se rapprochait de la rive du lac gelé, Qar'Kam ralentit pour venir s'asseoir juste au bord de l'eau glacée. La glace transparente renvoyait au mâle son reflet. Avait-il vraiment changé en grandissant? Lui ne trouvait pas, à part qu'il avait encore grandi et que ses muscles se dessinaient maintenant sur son corps de manière plus que visible. Reprenant son souffle, il laissa échapper un long soupir... Et c'est ce moment que choisit Nero, la peluche qui l'accompagnait partout où il allait, pour se manifester :

- Ohlà mon pauvre, t'as l'air encore plus comateux qu'd'habitude.. Dis, tu penses quand même pas à quitter le clan, j'espère? Par ce que si c'est le cas, je dois te dire que...

Il secoua doucement la tête, n'écoutant plus Nero. Entre lui et les rires dans sa tête qui se moquaient de lui, il avait l'impression de subir une vraie cacophonie. Il n'avait aucune envie de quitter le clan, et il ne le ferait pas. Qar'Kam appréciait le clan de l'Hiver, il voulait y rester, il voulait faire partie de ses rangs et le défendre..! Mais il ne savait comment trouver sa place, lui, le rebut, le déchet. Soupirant à nouveau, il balança sa tête en arrière, posant les yeux sur le ciel clair, débarrassé des nuages..Sauf un, tout petit, solitaire, qui poursuivait son chemin sans aide ni compagnons dans l'étendue céleste. Qar'Kam ressentit de la pitié pour ce nuage, qui était encore plus seul que lui ne l'était...
Il resta ainsi, à écouter la mélodie du vent, des ricanements et du sermon de la peluche...Jusqu'à ce que cette dernière l'interpelle et le sorte avec violence de ses pensées.

- EH! Tu m'écoutes au moins? On dirait qu'on a de la visite!

Les oreilles dressées, Qar'Kam se retourna, pour accueillir avec un regard complètement vidé de sentiments ce visiteur qui venait troubler sa solitude.