Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Ma naissance fut à la fois source de tristesse et de joie car avec l'arrivée de cette nouvelle vie, une autre s'éteignit. La vie de la plus imposante des créatures, la dernière de son espèce, du moins le dernier adulte. Dans cet environnement chaud, dans la grisaille qui précède la lumière éclatante de l'extérieur, quelque chose toucha ma conscience, une voix rauque, caverneuse et pourtant sage et aimante me guida alors que je quittais ma bulle pour un monde froid. Ce que je vis en premier – un atout dû au pouvoir de l'un des notre pour s'assurer que les yeux des jeunes étaient en bon état - ce fut un museau décharné et deux grands yeux bleus pâles encroûtés et entourés de plis. Il avait une attitude sévère qui me fit d'abord peur, avant que je ne m'aperçoive qu'une certaine chaleur émanait de lui.

-Un seul ? Nous sommes de moins en moins nombreux, j'aurais au moins pensé que nous aurions un peu plus de chance...

-Mais c'est un fils Ancien, et il à l'air fort. Comme tous les autres ; décréta une voix mâle plus jeune.

-La bonne affaire ! Auparavant, nous étions bien plus, c'est ma mère qui me le disait, et sa mère avant elle ! Avant nous avions plus d'un ou deux louveteaux, nous n'étions pas aussi peu ni ne vivions sous terre ; nous pouvions encore sortir à la...

La voix chevrotante de la femelle fut couverte par une vois plus douce.

-Maman, cela suffit, nous ne sommes plus ainsi, il n'y a que les jeunes qui peuvent encore avoir cette chance, du moins tant qu'ils ne sont pas trop sollicités à user de leurs dons, ce qui est tout autant plus rare. Celui-ci...

Et je sentis une langue chaude me caresser alors que, tremblant je gagnais le ventre chaud et la nourriture que mon ventre réclamait. J'entendais leurs voix, je m'imprégnais de leurs odeurs avant de sursauter quand un museau au souffle chaud se posa sur moi et qu'une nouvelle voix s'éleva de celui-ci.

-Le fils d'Effra et de Ranuf, nous n'avons pas perdu notre Maître Ancien, il a élu notre fils. Il ne nous a pas totalement abandonné.

Je sentis le contact froid de quelque chose que l'on posait sur ma tête et que je ne sentis plus quelques instant après. en réalité, il s’agissait là d'un chapelet de perle ivoire que mon père avait mis longtemps à façonner.

-Oui, tu as raison ; reprit la voix de mère. Et, nous avons toujours une tâche à accomplir, les œufs doivent vivre, ils sont la nouvelle génération. Une génération pure.

La première voix se fit bougonne avant de donner un ordre, des jacassements de femelles suivirent un bruit mate sur le sol et seuls restèrent ceux qui, je finis par le comprendre, étaient mes parents. Un mâle brun et massif, une femelle blanche et svelte aux ailes éclatante. La calme revint dans la cavité et lentement, ma vision s’obscurcit, le sort s'étant estompé. Je retournais aux ténèbres que seraient mes prochains jour. On aurait pu croire que mon appétit se serait calmé au fil des semaines mais ce ne fut pas le cas, pire encore, il empira. Ce fut un soulagement pour tous quand je pus enfin me gaver de viande car, cela au moins, ne s'épuisait pas. Soulagement de courte duré cependant car je vagabondais toujours autant et me retrouvais sans cesse dans les pattes de Grand Pa'Nibal – comme j'aimais l'appeler. Sa patte de bois d'ailleurs se souvient bien de l'ardeur avec laquelle je la mâchouillais sans cesse. Il arrivait même des jours ou, ne parvenant pas à ma faire lâcher prise, il me traînait au sol avant d'abdiquer devant ma ténacité, attendant que je trouve un autre jeu.

Et cet autre jeu, d'ailleurs, était tout aussi désastreux. Parmi tout un tas de bibelot que gardait mes deux grandes Tantes, il y en avait un que j’affectionnais particulièrement... et qu'elles tentaient chaque fois de mettre hors de ma portée, comme si elles voulaient voir si je parviendrais à l'attraper. C'était une pierre reliée à un chapelet de plumes bleues et noires, des couleurs chatoyantes que j'aimais voir danser lorsque je le lançais en l'air. Comme on m'interdisait de sortir et que j'avais déjà tenté de tromper la vigilance de mon père pour finir sur un échec, il fallait bien que je me rabatte sur quelque chose. En l'instant, c'était cela. J'étais peut être petit et ne savais peut être pas encore voler mais j'étais débrouillard et atteindre l'objet serait simple, je devais juste monter sur le plateau de pierre. Seul inconvénient au moment où je parvenais sur un rocher puis allais sauter, je marchais sur mon aile gauche mais je m’élançais quand même dans un cris. Cris qui réveilla d'ailleurs tante Hivie qui dormais juste à côté. Pédalant dans le vide je parvins à agripper la pierre, puis à monter et à saisir l'objet de ma convoitise au moment même ou l'on m'attrapait par le cou et ou Tati Sia' arrivait.

-Encore en train de déranger les affaires de nos aïeux petit démon ? Je crois que vue le nombre de fois ou tu as voulus l'attraper nous pouvons bien te le laisser n'est-ce pas Hivie, ma chère ?

-Ahhh ! Mmmh...

Tante Hivie ne parlait pas beaucoup mais elle savait tout de même raconter des choses à sa façon, en dessinant sur le sol de terre de la caverne. Ou alors, parfois sa voix me parvenait sans qu'elle ne dise mot car elle était l'une des rares télépathes créée par les maîtres. Je ne comprit pas vraiment pourquoi l'on ne m'interdit soudain plus de jouer avec les trésors que gardaient précieusement mes Tantes. Peut être étais-ce car les Anciens, dont Grand Pa'Nibal, allaient et venaient avec des regards soucieux. Papa était de moins en moins présent et je me trouvais presque toujours dans les pattes des adultes jusqu'à ce jour.

L'étrange pierre bleue s'envola avec sa suite de plume pour atterrir au milieu de la grotte où mes Tantes et Grand Pa'Nibal s’activaient. Je me jetais sur mon précieux trésor et allais le faire de nouveau danser en l'air quand on me saisit par le cou.

-Tu ne peux pas rester ici mon joyau, ce jour est spécial alors il va falloir que tu sois bien sage et que tu évites d'ennuyer ton grand père. Si tout se passe bien tu pourras rencontrer les jeunes maîtres après cela.

On m'avait souvent répété cela mais je ne les avais encore jamais vue, mes oreilles se firent plus basses et la louve blanche aux ailes de cuir de différentes teintes de mauve dû le sentir car elle me reposa sur la sol d'un couloir.

-Suis moi mon trésor, je pense qu'il est temps que tu vois enfin cela.

Je penchais la tête de côté avec curiosité et en oubliais ma peine. Je trouvais même un nouveau jeu tout en essayant de la suivre. Ses pattes laissaient des empreintes dans la fine poussière du sol, empreintes dans lesquelles je sautais en riant. Du moins jusqu'à ce que je sente un souffle d'air frais. Je me figeais au milieu de couloir tandis que maman avançait toujours.

-Mama ?

Elle dû sentir mon malaise car elle revint et m'encouragea d'une caresse de son museau contre mon cou. Je fis un pas puis un autre, la queue entre les pattes mais un peu plus confiant car elle était près de moi. L'obscurité cédait lentement du terrain mais ce n'était pas l'éclat aveuglant que l'on me décrivait dans les histoires. C'était quelque chose de plus doux. Je levais mon museau vers elle d'un air interrogateur.

-Il fait nuit dehors mon joyau, pas de soleil en vue.

Nuit ? A quoi cela ressemblait-il ? Un regain de curiosité me rendit mon courage et me fit avancer plus vite vers la fin du tunnel. Je crus ne jamais y parvenir et quand je commençais à ne plus en voir la fin, je fis mes premiers pas dans une autre caverne dont je ne voyais pas les parois. Même le plafond était si haut que je ne voyais que l'obscurité, ainsi que des nuées de points scintillants. Ils étaient partout et il y avait même une grande sphère d'argent. Mais les odeurs et les bruits trop multiple me perturbèrent et me firent vaciller sur mes pattes en secouant la tête.

-Doucement, inspire lentement petit ange, cela va passer.

Et effectivement, cela passa, je me demandais soudain jusqu’où pouvait aller la caverne et si elle avait même une fin. Je le vais mon museau vers elle quand son aile m'enveloppa dans sa chaleur. Son sourire avait le don de me calmer et, blottit dans sa chaleur j'en oublié l'immense caverne aux lucioles. Ce fut son soupir qui me fit lever les yeux vers elle. La louve avait le regard perdu en direction des miliers d'astres qui volaient dans l'obscurité.

-Nous n'étions pas ainsi mon joyau. Auparavant nous courions les forêts, chassions à ciel ouvert comme le font parfois les jeunes ou ceux dont les plumes n'ont pas encore disparut. Certain trouve en cela un mal mais d'autre y voient un cadeau des Maîtres. Ils nous ont permis de voler à leurs côtés durant de nombreuses génération et nous ont même accorder une partie infime de leur pouvoir. Ce que tu as devant toi mon précieux fils, est le monde qu'ils nous ont légués, bien plus vaste que les cavernes que tu as connu jusqu'à présent. Mais il n'est plus aussi sûre qu'avant, des renégats on entreprit d'affronter les Maître, ils étaient trop nombreux et, l'un après l'autre ils sont tombés. Cet endroit n'a pas encore était découvert et c'est pour cela que ce soir, nous allons permettre aux descendant du maitre de gagner un lieu sûr.

Puis elle se fit plus pensive, plus inquiète même et je me collais d'avantage contre son flanc. Ce qui me valut un regard de sa part. Je la vis alors baisser la tête et se défaire du pendentif qui ornait son coups ; un anneau de pierre noire ceint de bandes d'or et qui se balançait à présent au bout du fil rouge qu'elle tenait entre ses crocs. Elle me le passa autre du cou avant de m'observer avec amour.

-C'est un héritage que l'on se transmet de génération en génération, le premier présent du premier Maître. Nombreux sont ceux qui ont eu l'honneur de le porter et, puisque tu es mon unique enfant, il te revient à présent. Tu auras peut être la chance de pouvoir jouir longtemps du soleil mon enfant, je l'espère...

Soudain il y eut un craquement qui rendit maman inquiète avant que ne nous parvienne des bruits de pas en provenance des tunnels.

-Nous allons commencer.

-J'arrive de suite Anibal. Allez mon petit oiseau, nous devons rentrer.

Mais mon attention était ailleurs, je l'entendais s'éloigner sans qu'elle remarqua que je n'obéissais pas. L'urgence de la situation accaparant son esprit. Ce que j'avais vue était quelque chose qui bougeait et venait vers moi. C'était petit aux yeux bicolore, l'une rouge dont je ne remarquais pas la malveillance et l'autre bleu, et cela faisait des couinements amusant. Elle s'arrêta à quelques pas de moi avec un « Squoueek » aiguë et je tentais un assaut , bondissant sur elle. En soulevant mes pattes je constatais que j'avais manqué ma cible, qui se trouvait d'ailleurs un peu plus loin dans le tunnel. La truffe et le torse au sol, les fesses en l'air, je fis une seconde tentative mais c'était sans compter sur mes ailes. Je marchais à nouveau sur mes plumes et passais fesses par dessus tête  avant de rouler dans un nuage de poussière. Cela néanmoins ne m'empêcha pas de me relever pour poursuivre mon nouveau compagnon de jeu.

-Reviens Squoueek !

Ce que je ne pouvais savoir s'était que dehors, un dangers s'amassait, et que ce danger avait faim de pourvoir ; et que cette bestiole rigolote que je poursuivais n'était rien d'autre qu'un pantin dont on se servait pour localiser une chose.

Plus bas quelque chose de puissant était à l’œuvre, une magie ancienne et potentiellement dangereuse si l'on ne contrôlait pas l'environnement ou elle était pratiquée. La famille entière faisait cercle devant la progéniture dormante du Maître et autour d'une sphère bleutée qui grossissait lentement. Et cela alors même que, dans les étages supérieurs, un loupiot enfilait les couloirs, mi courant mi trébuchant, derrière un étrange rongeur cornu.

J'étais si concentré sur mon jeu de course poursuite que je ne remarquais pas l'étrange éclairage que prenait lentement le couloir. Se furent le chant emplit de pouvoir qui me fit prendre conscience du danger sur lequel je fonçait aveuglément. La sphère avait doublée de taille - sans pour autant toucher les œufs qui faisaient cercle - et je vis les regards horrifier de chacun des membres de ma famille alors que je tentais de m'arrêter, patinant sur le sol avant de trébucher et d'être projeté sur la sphère.

-MAMA !!!!

Pire encore à cet instant, je la vie elle, l'ombre au sourire mauvais et aux pattes griffus se dresser derrière Gand Pa'Nibal, j'aurais voulut crier, avertir mais je ne le pouvais pas... je ne pouvais rien faire et ne pouvais même plus les entendre, leurs paroles couverte par le bourdonnement de la sphère de transfert qui tressaillait en m'avalant. Puis je fus avalé et la sphère implosa sur les cris de désespoir de ma mère. Je nageais dans un monde obscur, un monde sans lumière, sans odeur et sans bruit. Puis mon corps fut déchiré, la douleur me poignit alors même que j'étais propulsé ailleurs et qu'une voix, la même que celle de ma naissance se faisait entendre.

-Na'Shernan... souviens t'en...

A cela suivit des picotements désagréable à l'oreille alors que les anneaux d'or et de métal trouvaient leur place. Dans mon monde, je n'emportais qu'une chose, entre mes crocs, une petite perle de pierre qui agitait ses plumes dans l'air.