Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

La légère brise de l'hiver parcourait les terres de FS, faisant voleter les quelques feuilles qui ne s'étaient rembrunies au passage du givre, entraînant dans une valse les pétales de fleurs courageuses. Dans ce beau balai, Il se dressait, imposant, fier, sur son promontoire d'infortune. Le vent guidait sa longue chevelure mauve dans les pas de la danse engagée. Ses longs poils tentaient de suivre mais leurs lourdeurs ne créaient pas un aussi beau ballet que ses cheveux engendraient. Cela importait peu à Ash'Naï. Un nouveau jour venait de se lever. Il était las, il était aigri de ces jours à passer sans but précis. Il n'avait de lendemain dans son existence. Les jours présents étaient sa seule motivation, bien qu'il ne savait trop comment les exploiter. Se redressant sur son piédestal, l'abandonnant dans un saut rapide et discret, le canin se décidait enfin à reprendre ses longues vadrouilles. Parfois la chance le guidait à rencontrer d'autres lupins, que ce soit en bon ou en mauvais termes. Parfois, la malchance le guidait dans un jour pauvre en émotion ; dans un jour où seuls ses cauchemars semblaient venir teinter son esprit d'une touche sentimentale. Mais aujourd'hui, de quoi ce jour sera-t-il composé ? Chance ou malchance, le cornu ne pouvait le savoir. Dans l'optique de découvrir la beauté d'une journée remplie ou de sombres heures, il se faufila loin de son lieu de méditation. Il l'avait trouvé des semaines auparavant et depuis lors, lorsqu'il en était assez près, il s'y rendait pour réfléchir, se poser. Cependant, comme à chaque fois, le géant se devait de partir. Il avait besoin d'exercice, il avait besoin de longer les territoires des clans. C'était son seul but à tuer ses lentes minutes.

Le petit jour se levait. Ash'Naï frôlait les frontières de l'Automne. Il se sentit nostalgique. Les souvenirs vinrent habiter son esprit jusqu'à présent vide. Il se rappelait l'odeur des feuilles brunes, rouges, oranges, qui tapissaient ces terres. Il se remémorait les lieux, l'humidité de la saison. Tant de bonnes choses qu'il avait perdu. Des visages lui revinrent en tête, des rires, des regards en coin ... Le mâle se permit un soupir. Il n'était doué. Il ne cessait de perdre ce à quoi il tenait. Il était un sot pourvu d'un corps qui semblait en effrayer plus d'un. Ce fut avec de telles pensées qu'il tourna le dos aux terres automnales. Il devait s'en éloigner, il n'était bon pour lui d'y rester trop longtemps, de s'y faire voir. Il prit la direction opposée de la saison des pluies, allant vers celle des bourgeon. Il n'y avait remis les pieds depuis bien des siècles. Il était tant d'y remédier.
La brise fraiche hivernale ne semblait pouvoir atteindre les fleurs du territoire. Elles fleurissaient malgré cette petite morsure du courant d'air. L'atmosphère était à la détente. Les arbres bourgeonnaient déjà. Après tout, l'hiver touchait à sa fin. L'empire printanier approchait lentement, mais sur les terres de cette saison, il était déjà bien présent. La future saison se faisait déjà ressentir. Les odeurs du renouveau se laissaient bercer par le vent de la mort froide. C'était une beauté, un milieu qu'au final, Ash'Naï détestait. Il avait été élevé pour semer la Mort. Il avait grandi avec la Mort à ses côtés. Et sur ces terres, il n'y trouvait que la Vie. Mais il ne rebroussa chemin. Il suivit le petit sentier parmi tous ces amers spectacles à ses yeux.

Une odeur attira son attention. Les fleurs se ternissaient à ce fumet de la Mort. Du sang. L'air était enrichi par cette odeur. Si beaucoup y prendrait la fuite, ce n'était le qu'à du géant. Au contraire, il se hâta vers la provenance de l'odeur. Il bouscula branches et fleurs, ignorant qu'il broyait les plantes sous sa masse de muscles, ignorant que sa queue frappait et entaillait les troncs du bout de sa queue tranchante. Qu'importe les blessures à La vie, la Mort semblait avoir frappée non loin de son guerrier solitaire. Ash'Naï arriva sur un autre sentier. Ses pas devinrent le silence, il se faufila dans les ombres des arbres. Il n'était plus qu'un fantôme dans le décor, se camouflant ainsi des présences non désirables qui pourraient lui nuire. Le chemin emprunté déboucha près de la cascade printanière. Le canin se stoppa, dans l'ombre. Il posa son regard sur la silhouette qui s'agitait dans l'eau, la teintant de rouge. Le sang n'était que celui de gibier. Il n'y avait eu de Mort récente, de blessures récentes. Se retenant de grogner face à la bassesse à laquelle il était tombé, Ash'Naï sortit de sa cachette. Il ne se dissimulait plus, il se révélait au jeune qui l'avait berné. Le solitaire était devenu bien ridicule à force de ne pas entretenir ses sens mais à entretenir son ennui.
L'inconnu l'avait alors senti et dans une valse d'éclaboussures, il s'était retourné vers le cornu. L'inspection commença alors. C'était un jeune loup, au regard rebelle. Son pelage était sombre tandis qu'une chevelure rouge donnait une touche de fantaisie à son allure austère. De plus, Ash'Naï peut voir la drôle de queue de l'automnal. Un silence s'installa. Le cornu n'avait pour habitude de le rompre en premier, si bien qu'il se permit de le prolonger.