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Juste sous la truffe
des Automnaux

Journée à l'accoutumée de l'été, ensoleillée et pleine de chaleur, l'astre du jour s'en allait à son déclin. Il avait atteint son apogée il y avait encore peu, mais les heures tournant, les aiguilles claquant les cadrans, elles avaient toutes décidé d'annoncer son déclin de ce ciel azur où nul nuage semblait se frotter au feu ardent du roi. Ouranos était là, sur le promontoire que formait une roche se tendant vers ce dernier, comme désireuse d'avoir un quelconque droit de sa part. Mais ce n'était possible. Le mâle regardait les cieux. Il portait le nom de cette toison bleuté et lumineuse tantôt le jour, et tantôt la nuit, elle se voilait dans les brillances des astres nocturnes. Fasciné par le cycle du jour et de la nuit, le canin ne pouvait que trop remercier ses parents. Il l'avait nommé comme ce qu'il admirait et chérissait le plus au monde. Sans doute était-ce coïncidence, bien que son père croyant dirait que les dieux l'eurent guidé pour un tel nom. Mais qu'importait la raison de ce choix, il avait été bon de lui attribuer un tel prénom qui ne cessait de lui rappeler chaque jour, chaque nuit, quand il fermait les paupières, que son rêve de parvenir à voler se réaliserait.

Secouant la tête et chassant les thèses de son prénom, Ouranos se releva. Il avait à faire, il se devait de s'en aller en Automne, non à jamais mais pour une tâche que la dame estivale, noble régente du clan, lui avait donné, avec un autre loup dont il ne connaissait que le nom : Akiro. Il ne l'avait guère aperçu ou alors, si, mais il en ignorait le nom de l'autre mâle. Regardant autour de lui, sous la malédiction de son crâne qui lui tenait quelque peu chaud, il ne vit son compagnon, alors qu'ils avaient rendez-vous là. Akisa leur avait à tout deux, sans doute, donné réunion auprès de son promontoire sur lequel le jeune se dressait. Il avait attendu bien trop longtemps à son gout et il se décida d'y aller seul. Il n'avait les compétences des espions pour cette mission, mais, il était aussi rapide et silencieux qu'un chasseur aguerri. L'adolescent comptait sur cette capacité, la connaissance des plantes ne l'aiderait guère en cet instant.

- Allons y, maudite sorcière, Anemone, dit-il dans un faible grognement.

Sa soeur grogna à son tour dans sa tête, l'insultant de bien des mots qu'il ne serait à dire à l'oral ou dans un écrit. Cela devait rester dans le fond de la conscience du canin qui en ignora avec force la prêcheuse crachant de son venin. Il n'avait pas que cela à faire. Certes il l'avait provoqué, mais, il recevait lui-même beaucoup de pics de sa part, il ne faisait donc que rendre la pareille. Un fin sourire caché par la mâchoire supérieur du crâne, se vit naitre sur les babines du mâle. La prisonnière d'entre les barreaux dorés de sa conscience ne comprit qu'alors qu'elle s'était avoir par celui qu'elle pensait plus bête qu'un idiot.

Ce fut sous cet amusement intérieur que le mâle avait traversé la frontière de l'été et de l'automne, s'engageant dans le territoire de la saison de chute des feuilles. Il devrait se jouer de ses sens, il ne devait guère faire de bruit, si bien qu'il passa pour une démarche un peu bruyante, pour la marche d'une ombre. Il se faufilait dans les sombres recoins des arbres et bosquets, il ne traversa aucune clairière, la contournant par le couvert de la végétation. Silence était roi dans le moindre de ses pas. Sa queue traînait au sol, rebouchant les traces que ses pattes laissaient dans le sol tantôt mou, tantôt dur. Après un temps, le soleil ayant décliné, indiquant que trois heures s'étaient écoulées depuis son départ depuis le promontoire, Ouranos arriva enfin là où il devait débuter sa mission. Dans la silhouette noire d'un arbre, il regardait la plaine volcanique s'étendre devant lui. Ce ne serait aisé d'aller quérir des informations sur ce territoire désolé. Il devait chercher cachette. Lançant un regard vers le ciel, il grogna quelque peu, maudissant le ciel dépourvu de nuages. Si la pluie s'en était à tomber, elle rendrait les alentours plus sombres, il serait alors plus aisé de se faufiler entre les crocs de la plaine, mais, hélas, ce n'était le cas. Le ciel en était que trop bleu, dépourvu de la moindre parcelle de nuages. La pureté et l'innocence l'incarnaient.

Ouranos regarda autour de lui. Il se devrait d'y aller, à découvert si il le fallait. Il avisa un roc sortant du sol au loin, formant une petite-cachette avec les quelques sous-fifres qui se prosternaient devant lui. C'était parfait, mais encore fallait-il y accéder. Le canin devrait courir, aussi vite qu'il le pourrait. Il était prêt à s'élancer, bandant ses muscles qui ne réclamaient que cela, du sport pur et simple, mais ce ne fut le cas. Un odeur se mouva près de la truffe du mâle, dansante, lui indiquant la présence d'un autre canidé. Le jeune se cacha davantage dans d'ombre du grand chêne, un des derniers avant la désolation de la plaine. Il n'était plus seul, mais, il avait reconnu l'odeur de son clan. Il se méfia toujours malgré cette information. Il ne pouvait être confiant tant qu'il ne verrait pas l'autre individu. Toujours caché, il attendit de voir l'estival s'approcher.

Code & Photos by Funkimina

feat Akiro