Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Ah, la forêt orientale. Lieu de refuge favori de Qar'Kam, ce dernier avait appris à la cartographier mentalement, à force de s'y morfondre dès qu'il avait un peu de temps entre ses entraînement réguliers avec Opium et ses sorties avec sa seule et unique amie, plus précieuse à ses yeux qu'il ne voulait bien le faire croire, Layla. Ainsi, il en connaissait les moindres recoins et cachettes. Les terriers de blaireaux et de renards dans lesquels il évitait de mettre les pattes, car il n'évitait pas de se battre avec ses congénères pour aller se chamailler avec ces êtres au caractère belliqueux.

Aujourd'hui était un jour calme. Le soleil d'été, fièrement dressé dans un ciel sans nuages, tapait déjà de ses rayons le pelage blanc de Qar'Kam. Que la chaleur était désagréable pour lui, et comme il maudissait cette saison qu'était l'Eté. C'était la saison où la chaleur était si intenable que tous cherchaient le moindre coin d'ombre pour se rafraîchir un peu, c'était la saison qui faisait le plus souffrir les hivernaux et leurs pelages habitués aux basses températures de leur territoire. Si au moins il avait pu aller se plonger dans quelques neiges éternelles, comme il aurait été mieux. Mais rien n'allait jamais, pour le pessimiste aux cheveux longs. Et aujourd'hui, tout était au plus mal.

C'était donc un effort considérable qu'il avait fait en sortant de la tanière où il avait l'impression que la chaleur des autres le faisait suffoquer. A la recherche d'ombre et de tranquillité, ne supportant plus d'écouter les halètements des autres loups. Ses cheveux ramenés en une longue tresse négligée qu'il avait faite lui même, sa capuche rabattue, le visage de Qar'Kam était pour une fois parfaitement dévoilé, et l'on pouvait librement découvrir avec horreur ses longues cicatrices, aussi présentes sur le reste de son corps, gravées dans son corps telles des affreuses traces de son lugubre passé... La seule chose qui faisait actuellement son bonheur, ou plutôt son réconfort, ce mot là était plus juste, c'était que la chaleur cuisante rendait Nero particulièrement silencieux. Ainsi, d'une certaine manière, il avait la paix. Bien que cette notion n'existe pas réellement à ses yeux. Le soleil qui perçait à travers le dense feuillage de la forêt lui éblouissait les yeux qu'il gardait par conséquent plissés. Les oreilles bases et l'air malheureux, comme toujours, pestant entre ses crocs , l'hivernal s'enfonça toujours plus profondément dans la forêt.

Et quelle ne fut pas alors sa surprise, sa mauvaise surprise, que de sentir l'odeur de quelqu'un d'autre, venu se réfugier au fond de ces bois. Alors, il devint méfiant, peureux, toujours persuadé que tous ne lui voulaient que du mal, même si Layla lui avait prouvé le contraire. Elle était pour lui la seule à ne pas lui en vouloir..Pour le moment en tous cas. Prudent, il s'approcha, prêt à fuir à n'importe quel moment. Il fut donc doublement surpris de sentir autour de cette louve, qui s'avérait être de son clan, l'odeur de la peur. Elle aussi se méfiait de lui, elle aussi avait peur de lui... Mais qui pourrait avoir peur de lui, le faible et l'inutile Qar'Kam?

Il aperçut ses cheveux, longs et d'un bleu plutôt foncé, ainsi que ses yeux, vairons, l'un bleu et l'autre rose. Elle avait un pelage blanc et parsemé de quelques signes rares...Pas de doute, elle était hivernale. Et devait être presque aussi âgée que lui, d'apparence en tout cas. Alors qu'il la détaillait, sa voix le fit sursauter :

- Bonjour, je suis désolée de te déranger, mais est-ce que je peux rester ne serait-ce que quelques minutes en ta compagnie?

Et hop, triple surprise pour le loup au pelage clair. Voilà une question qu'on ne lui posait pas souvent, voire jamais en fait. Qui voudrait bien de sa compagnie, si ce n'était Layla? Il se dit alors, au fond de lui, que cette femelle était un petit peu..Comme lui? Il ne savait expliquer comment, il n'était pas doué, mais il sentait qu'il partageait un point commun avec cette louve : la crainte des autres. Sûrement fut-ce à cause de cette intuition qu'il ne fut pas capable de la rejeter ou de la fuir, car au fond de lui, il la comprenait.

Osant donc s'approcher, se disant qu'une louve pareille ne pouvait pas lui vouloir de mal, à moins qu'elle fut fort trompeuse et très bonne comédienne. Il vint s'asseoir, toujours avec une certaine prudence, aux côtés de la louve aux cheveux bleus, silencieux et calme. Déglutissant bruyamment, il ouvrit doucement la gueule..Et se mit enfin à parler, de sa voix grave et faible, contrastant avec son apparence grande et musclée :

- Bien..Bien sûr, tu peux rester autant que tu le souhaites, si ma présence ne te déranges pas...

Il se tourna lentement vers elle, son visage dénué d'émotions lui faisant face mais ses yeux fuyant les siens et il demanda, d'une voix encore moins audible et plus faible que la première :

- Alors...Qui es-tu..? Tu...Tu es perdue?

DREAMY