Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Jedah s’éveilla devant un paysage nouveau. Son esprit s’était encore envolé vers nulle part, laissant son corps déambuler droit devant, le menant à chaque fois vers de nouveaux endroits. C’était un peu sa façon à lui de voyager, et de vivre. Seulement cette fois-ci l’endroit n’avait rien d’accueillant. La terre était dure sous ses pattes. L’air froid lui brûlait les poumons à chaque inspiration. Non, pas un endroit où il était bon de s’aventurer. Le ciel avait beau être clair, cet endroit lui paraissait hostile. Pas seulement le temps, un sorte de présence…

Il continua néanmoins à avancer sur ces terres désolées, avant de s’arrêter devant un gouffre. Une sorte de plaie béante qui ouvrait la terre en deux, comme pour interdire le passage à ceux assez fous pour s’aventurer plus loin. Ou peut-être était-ce pour en retenir prisonnier ? Va savoir… Jedah n’en avait rien à faire après tout. Ces terres n’étaient nullement propices à sa survie, donc pas de raison de s’attarder ici.
Pas qu’il soit devenu difficile, loin de la ! Mais son état de santé se cessait de se dégrader dernièrement. Ses poumons qui lui rendaient la respiration difficile, ses articulations qui l’élançaient à chaque pas, cette plaie au ventre qui ne voulait pas guérir, pour ne citer que les meilleures… Mais là encore, Jedah s’en moquait. Ses absences étaient de plus e plus nombreuses, de plus en plus longues. Il perdait toujours plus la notion du temps, passant parfois des journées entières déconnecté de ce monde. Son état de santé ne venait le tourmenté que durant quelques courts instants de conscience, durant lesquels il avait bien du mal à mettre de l’ordre dans ses idées. Etait-ce l’ordre naturel des choses, ou était-il simplement en train de perdre la raison ? Il s’en moquait, il s’en foutait…

Il s’était arrêté sans vraiment s’en rendre compte, son regard braqué sur le paysage triste et gelé qui s’étendait devant lui, de l’autre côté du gouffre, cette barrière dont il ne savait pas l’utilité. Pourquoi cette faille ? Il s’en moquait, mais pourquoi cette faille ? Une idée à la fois, ça lui permettait de garder le rythme, même si il avait alors que mal à faire la transition. Il avait froid. Oui, il n’aimait pas cet endroit. Il voulait partir. Jedah fixait les terres gelées de l’autre côté du gouffre. Il lui suffisait d’attendre, attendre que son esprit reparte. Attendre que le froid et la douleur disparaisse et qu’il se réveille autre part. Mais malgré ce temps qui mettait son corps à rude épreuve, il était serein. C’était toujours le cas d’ailleurs, jusqu’à ce qu’un autre loup croise sa route… A croire qu’il aurait été bien mieux s’il avait été seul sur Terre.

Le vent tourna, et ses espoirs de quitter cet endroit au plus vite s’envolèrent. Une présence, il n’avait pas pris la peine de vérifier ce que c’était, avait brisé sa concentration.

Ça y est, Jedah la paix était rompue. Une voix loin, trop loin pour qu’il y prête attention, vint perturber le tout. Il tendit l’oreille, l’esprit encore un peu dans le vague, puis tourna sa tête vers la petite louve sombre qui s’avançait vers lui. Pas vraiment menaçant, trop petit. Hargneux sans doute, Jedah devait rester méfiant. Il l’était toujours de toute façon. Une fois la nuisance détectée, il put s’inquiéter de ce qu’elle braillait dans sa direction. Elle lui demandait ce qu’il faisait là… ce qu’il faisait là ? Il n’en avait pas la moindre idée, et cette question idiote acheva de briser le bref moment de calme qu’il avait établi. Oui, la colère monta, d’un coup. Son visage se mua en ce masque qui traduisait assez visiblement ce qu’il ressentait pour ses interlocuteurs : haine, dédain, pitié… Il se racla la gorge bruyamment, réprimant une grimace douloureuse.

- Il ne me semble pas t’avoir demandé ce que TU faisais là, il me semble, grogna-t-il à la petite louve grise. Alors ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas, veux-tu ?

Il se tourna pour lui faire face. Jedah était définitivement plus grand et plus lourd qu’elle.  Pas de soucis à se faire. Il sentait son corps se réchauffer, douloureux. Son dos craqua quand il s’étira pour se tenir droit, au-dessus de l’autre louve qui s’approchait. Proche, bientôt à portée. L’envie de l’affronter ne manquait pas d’effleurer son esprit. Sa petite tête entre ses mâchoires… Un vilain sourire lui barra les lèvres.

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