Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Allez ! Rends moi service ! Fais ce que je te demande !

Hezerkine s’était aventurée sur les terres abondantes dans l’espoir de calmer la grosse bête à l’intérieur d’elle : son estomac, qui criait famine depuis quelques temps déjà. Les pattes engourdies, la femelle n’était guère motivée pour chasser. Elle avait ouï dire que l’on pouvait trouver des baies juteuses au parfum délicat. Certes l’adolescente préférait dévorer des cuisses d’antilopes bien sanglantes, mais hélas, avant d’entamer ce délicieux repas, il fallait réussir à attraper la proie vivante, ce qu’elle était en ce jour incapable de faire.
Elle se fiait à son flair pour trouver la cachette de ces délicieux fruits. Elle plissait également les yeux afin de mieux voir où ils se trouvaient. Mais rien, aucun signe de ces végétaux qui l’alléchaient tant. Elle soupira, perdant espoir. La faim lui tiraillait le ventre, c’était une sensation très désagréable. Elle arrêta de déambuler, et s’allongea sur le sol, affaiblie. Elle respirait bruyamment, afin de combler d’air le vide qu’elle sentait dans tout son organisme.  Si seulement la Cornue avait été accompagnée par un camarade, qui aurait chassé ou déniché les baies pour elle ! Mais malheureusement, elle était seule.
Soudain, un effluve lupin parvint à ses narines. Aucun doute, un automnal. Un sourire se dessina sur son visage, peut-être allait-il l’aider et calmer l’ogre, en elle, qui criait famine ? Elle ne prit pas le temps de se lever, et se contenta simplement de faire entendre le son de sa voix.

«  - Hé, toi, hé hé … Va m’chercher de la bouffe s’te plaît … »

Dit-elle, la tête au sol, les yeux fermés.

Spoiler:

Seijii releva la tête lorsqu'un louveteau lui sauta sauvagement sur le dos. Les jeux de mâle ce n'est pas ce qu'il préférait. Ses goûts étaient davantage tourner pour les jeux doux et délicat des femelles. Les coiffés et les pouponnés l'intéressait plus que la bagarre. La nourrice poussa un petit cri de surprise particulièrement aigu lorsqu'un petit mâle au pelage bleuté lui tira la queue. Afin d'amuser les louveteaux mais, aussi de mettre fin à ses souffrances physiques, l'automnal feint la crise cardiaque en se couchant sur le sol, les quatre fers en l'air. Erreur fatal puisque les deux monstres ne se firent pas prier pour lui écraser le ventre. Seijii ramena sa crinière d'or en arrière d'un coup de patte et retroussa les babines. D'ordinaire, la nourrice était d'une douceur et d'une tolérance extrême. Mais cette fois-ci c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Il leur donna un sermon d'une certaine d'une voix qui était censé devenir sévère. Mais qui s'avéra plutôt étranglé qu'autre chose. Une situation amusante devenue risible. La nourrice décida de ne plus y prêter attention.

Quand il put prendre congé en plein milieu de l'après-midi, Seijii, soulagé, trotta en direction des territoires neutres, lassé de l'humidité automnal. Sous le faible soleil camoufler par d'épais nuages, le loup à la mèche blonde réfléchissait à l'incident de tout à l'heure. S'il n'arrivait pas à se respecter lui-même qui le pourrait ? Même des louveteaux en âge de parler pouvaient aisément lui tenir tête. L'automnal grimpa en haut d'une petite pente, en petite foulée avant de sauter par-dessus d'un paisible cours d'eau. La pluie avait encore trempé le sol la nuit dernière, rendant les relents de champignons d'autant plus fort.

Lorsque Seijii parvient à la hauteur des terres abondantes, l'effet immédiat de température se fit ressentir, le visage d'une rougeur écarte et la langue pendant, la nourrice avait besoin de se désaltérer.

▬ «  - Hé, toi, hé hé … Va m’chercher de la bouffe s’te plaît … »

L'intéresser agita doucement les oreilles. Ne sachant pas à qui il avait à faire, l'automnal s'avança prudemment, le ventre au sol, en position de soumission. Quand deux minuscules cornes d'une magnificence sans pareille se dessina dans son champ de vision, Seijii reconnu instantanément Hezerkine, une de ses amies. A sa requête, il inclina la tête et obéit sans protester. Que ce soit une femelle de son clan ou un canidé ennemi, la nourrice aurait eu la même réaction. Servir les autres c'est ce qu'il savait faire de mieux.  

Ses terres abondantes de cette magnifique endroit, regorgeaient d'animaux en tout genre. Il était paisible pour n'importe quel loup d'y chasser. N'importe quel loup sauf Seijii. Ce dernier ne s'alimentait que de racines, de champignons, ou tous autres mets végétariens comestibles. Chasser était devenue mission quasi-impossible pour lui, à cause de son complexe, vis-à-vis de son pouvoir qui lui permettait de communiquer avec les autres animaux de la forêt. En les traquant, le poltron canidé se donnait la sensation de tuer l'un de ses amis. Hezerkine, même s'il voulait lui faire plaisir, devrait se mettre au régime pour aujourd'hui.

Un parfum de baies gorgées de sucre lui parvient à la gorge. Sans plus attendre, la nourrice s'avança dans la zone du parfum suave de ses délicieux fruits et il arracha quelques branches au buisson pour l'apporter plus facilement. Au pied du générateur de baies, un détail tapa dans l'eau de l'automnal. Une microscopique perle s'était perdu dans ce feuillage infini. Attendrit, Seijii la ramassa et trotta en direction de son amie, après s'être déshydraté dans une petite source à deux longueurs de queue de sa destination.

- Et voilà des succulentes baies que peut nous offrir de la Plaine d'Idromède.

Dit-il enjoué en arrivant à la hauteur de sa camarade automnal. Plus confus, le loup à la mèche d'or ajouta, tout en joignant geste aux paroles :

- Je... je t'ai apporté ça aussi. C'est une perle. Je suis sûr que dans tes cheveux, tu seras parfaite.

Il recula pour mieux visualiser les effets de sa création. Jouer à la coiffeuse c'était vraiment son activité favorite.

– Merci Seijii ! Elle est magnifique ! Peut-être même autant que ton cœur l’est !

Le sourire de son amie face à son offrande illumina sa journée. La nourrice fut ravi que son petit cadeau lui fasse plaisir au point qu'elle se jette sans crier gare sur lui. D'abord, surpris, Seijii se rappelle que sa confidence agissait ainsi pour marquer son affection envers autrui. Non pas pour avoir un rapport de force.

– T'es vraiment le meilleur des amis, Sei !

Il rougit une seconde fois, touché par les compliments d'Hezerkine. Gêné et à la fois attendrit. Le blond n'avait pas pour habitude qu'on lui fasse des éloges, d'ordinaires, c'était elles qui sortaient de sa bouche. Ce court moment de joie intense fut vite estompé par une curiosité assez mal placé qui a voulu une question à son amie :

– Au fait, tu ne m'as jamais dis pourquoi tu ne chassais pas ?

Les oreilles de l'automnal se baissèrent instantanément et son regard bleuté se riva sur le sol desséché. Comment lui expliquait qu'il agissait à un cause d'un complexe de l'un de ses pouvoirs, sans se faire juger ou en donnant une mauvaise image de lui à sa confidente ? Après tout, dans le mot confidente, il y a confidence et même confiance. Il devait le lui dire. Pourtant, aucuns mots, aucune syllabes ni même aucuns sons ne daigna sortir de sa bouche. Aussitôt, il s'en voulu d'avoir donner tant de non-dit de lui à son amie. Peut-être qu'elle lui cachait des choses elle aussi ?  Mais, ce n'est pas une raison pour Seijii d'en faire tout autant. Il alla même jusqu'au se refuser de croire d'Hezerkine pouvait avoir son jardin secret sans lui en parler.

S'accrochant à ses profondes pensées, la nourrice répondit doucement, de sa voix de femelle refoulée :

- Je....je n'aime pas tuer....

Réussit-il à avouer. Les oreilles rouges de honte. Le canidé brun-gris tripota ses bracelets violets, chose qu'il faisait régulièrement quand il était stressé. Son amie aux cordes de bélier qui le connaissait par cœur, aurait assez de jugeote pour peut-être, essayer de le comprendre ou de le rassurer. Du moins, c'est ce qu'il espérait de tout son cœur.

© Imaginary pour Epicode

La lune gibbeuse ascendante se glissa avec casuistique dans la voûte monotone. À l'horizon, des nappes de brume se formèrent valsant au rythme du vent, pénétrant entre des frondes de fougère. Les ombres gagnèrent du terrain pendant que les derniers rayons lumineux s'étouffaient en silence, luisant aux travers les eaux d'un ruisseau cristallin. L'ascension d'une coccinelle se hissant à l'extrémité un brin d'herbe attira son attention. L'infiniment petit, un monde imperceptible aux canidés, un lieu où gravir un caillou était escaladé des montagnes pour un loup. Lorsque le coléoptère déploya ses minuscules ailes transparentes, pour plonger dans un univers invisible à ses yeux, l'air, d'une pureté nocturne s'infiltra dans ses narines, laissant une placide chaleur s'écouler le long de ses veines. Alors que l'astre d'argent embrasa la clairière de sa lumière nacrée, accompagné d'une étoile solitaire, comme un couple indissociable, Seijii se tourna progressivement vers sa confidente. Ne souhaitant pas interrompre le cours de ses pensées par de mouvements indiscrets, l'automnal resta figé, sentant le froid ardent voyager le long de ses os, jusqu'à ce qu'elle  dise, la tristesse perçant sa voix d'accoutumé si assurée :

- C'est trop tard pour faire un vœu, maintenant, non ... ?

Compatissant, la nourrice saisit avec précaution les pattes antérieures de la cornue pour venir les appliquer contre son poitrail. La commissure de ses lèvres courra le long de ses joues, pendant qu'il se remémora l'une des superstitions concernant la perle qu'il avait offert à Hezerkine. Si découvrir une perle portait bonheur à celui qui l'a dénichée, en offrir une procurait santé et amitié au receveur. Tandis qu'il posa sa truffe sur la paume des pattes de son amie, une goutte ruisselante éclata sur son visage. Si le ciel était dégagé ne laissant pas entrevoir le moindre nuages filandreux, la nourrice se doutait que la provenance de ses sanglots naissaient, dans les yeux ambrés de son interlocutrice. Coulant son regard candide progressivement, il fit circuler les mouvements de ses paupières sur la cornue, qui serra l'un de ses bracelets. D'un geste ample de la queue, Seijii essuya sa larmichette après avoir enfoui le haut de son crâne sous son menton. Son balancier ne cessa pas d'effleurer le haut de son dos avec une douceur maternelle.

- Oh ma puce... Pourquoi tu pleures ?

Murmura t-il en poursuivant ses gestes de réconfort. Il ajouta à son questionnement, son désaccord pour aperçoit un visage blafard à l'antipode d'un sourire rayonnant. Cette journée magnifique ne sera pas marqué par des pleures mais, par l'euphorie qui était le plat du chef, assaisonné par un soupçon d'amitié.