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La faiblesse d'une âme ne lui apporte que plus de tourments

Le rouquin s’ennuyait mortellement. Tout le monde s’agitait au Campement, il aimait quand il y avait de bruit et de l’agitation, en tant que hyper actif c’était tout à fait normal. Mais il y avait autre chose de moins normal, c’était le fait que le petit turbulent qu’il était appréciait le silence. Le calme. Il avait fait nuit blanche et il ne désirait qu’une chose : Piquer un bon gros roupillon. Mais non, les Dieux semblaient vouloir punir le gamin à l’air revêche de toute son énergie dépensée à faire des actions inutiles. Et ouais, c’était genre «  T’es crevé, tu veux dormir ? Ahah écoute un peu les autres brailler. Ça te fait chier hein ? Eux aussi ça les saoulaient quand tu hurlais nawak . Biim, boum clashé ! » Le grand loupiot bailla largement. Impossible de ne serait-ce, somnoler avec un boucan pareil. Il avait tenté al technique de l’autruche au bout d’un moment. Vous savez, se mettre la tête sous la terre ! Pour le plus grand  bonheur  malheur de tous il avait failli s’étouffer vivant. Il en avait donc conclu que c’était une mauvaise idée. Après il avait tenté de faire intervenir ses feu-follet rebelles. Tolores, Adamor  et Creaon  s’étaient largement prêtés au jeu, mais ça avait failli finir en incendie général. Quant au petit Baltimore, depuis la fois ou il s’était disputé avec aux Plaines Volcaniques, il résistait au pouvoir de Daeron et faisait en sorte de ne pas apparaitre.

D’ailleurs cela commençait à agacer fortement l’automnal  en surdose de caféine. Certes il n’avait pas été très gentil  de rabaisser sa flamme devant quelqu'un. Même qu’il commençait à éprouver un peu de remord…Il l’avait quand même humilié devant le Prince hivernal. Mais justement ! Baltimore s’était tellement mal comporté avec le petit hivernal…Et Daeron avait eu si honte, si plongé dans l’embarras que les mots avaient jaillis seuls de sa gueule tel un torrent. Il n’avait pas pu les retenir  et lorsqu’il s’était arrêté, il ne pouvait plus retourner en arrière. Le mal était fait. Par la suite,  voyant le refus de son ex-meilleur ami d’apparaitre il avait demandé  à  Adamor, sa flamme la plus nonchalante de transmettre ses excuses au feu-follet. Mais n’ayant jamais reçu de nouvelles, le gamin savait très bien que le message n’avait jamais du être passé…  Mais hors de question qu’il se mette à supplier ou quoi que ce soit. Il était beaucoup trop fier et tenait à son honneur. Puis  implorer une flammèche quoi….On aura tout vu.

Daeron  se leva. Autant aller se trouver une autre place que de rester ici. Il sentait que ses oreilles commençaient à bourdonner. Puis il faisait beaucoup trop chaud dans la tanière des nourrices, si bien qu’il en était devenu encore plus écarlate que d’habitude. Il marchait d’un pas tranquille vers l’Étang  des Feuilles d’Automnes. Il aimait bien ce lieu car il était comme lui : rusé et trompeur. En effet, étant mioche il avait pu tester lui-même le degré de fourberie que contenait cet endroit. La surface du Lac ce jour là  était pleine de feuilles, si bien qu’elle se confondait avec le paysage…Il se souvint de l’air hébété qu’il avait affiché lorsque Nennvial et Mystics l’avait amené ici. Lorsqu’ils lui avaient annoncé qu’il y avait un Lac, il ne les avait pas cru et inconscient comme il était, il s’était mis à courir droit devant lui. Et bien sur, brusquement le sol était devenu plus mou et le voilà qui se débattait comme un chien mouillé à travers l’étang en hurlant comme une gonzesse. Mais contrairement aux jeunes louveteaux, qui, après avoir subit un traumatisme dans un certain lieu ont tendance à vouloir l’éviter, Daeron était revenu souvent juste pour s’amuser.

Ainsi  il était bientôt arrivé à l’endroit voulu, quand plusieurs gouttes de pluie se mirent  à l’assaillir de partout. Oh il n’était pas une petite nature, être trempé et revenir avec les pattes collantes de boues ne lui posait aucun problème. C’est donc  avec joie qu’il continua son chemin. Pourtant, un autre événement vint interrompre la marche du jeune automnal. Quelque chose de chaud s’était matérialisée sous son poitrail. Comme d’habitude, il eut une réaction plus ou moins étrange pour un louveteau normalement constitué. Au lieu de sursauter comme ferait 99,9% des gens, lui il baissa la tête pour faire face directement à la source de cette chaleur. Ses yeux dorés étaient devenus ronds comme des billes.

- Juuuuure Baltimore c’est toi !

Comment il l’avait reconnu ? Tout le monde l’ignore. Ses feu-follet se ressemblent tous physiquement. Peut être portaient-ils chacun une odeur différente que seul le gamin arrivait à détecter ? Peut importe, de toute façon ses flammes faisaient partie de son pouvoir, on pouvait donc considérer ça normal qu’il sache les identifier.  Batimore en format mini luisait sous la poitrine de Daeron pour se protéger des gouttes de pluie.

- Heureux que tu aies gardé en mémoire mon nom de « petit être dépourvu de cerveau ». Mais ce n’est pas pour toi que je suis venu. .

La queue du loupiot retomba au sol, vexée et déçue. Le rouquin releva la tête et continua d’avancer avec beaucoup moins d’entrain. Il fixait un point dans le vide.

- Et alors t’es venu pour quoi ? Pour admirer la pluie ?
- Je suis venu car j’ai détecté quelque chose d’intéressant. Beaucoup plus intéressant que toi.
- Le pas intéressant va te faire disparaitre si tu continues…
- Mhm. Un loup avec une peluche.
- Oh génial, tu t’es trouvé une passion pour les doudous ! O joie.  Tu n’étais pas obligé de me le dire, je ne veux pas me taper encore plus la honte.
- Il a une peluche qui parle, je le sens, c’est étrange, elle est comme moi.
- Dans ce cas le porteur de la peluche a du souci à se faire…
- Ouais c’est ça. Je vais la voir.
- Hé mais…attend !

Et Baltimore détala vers l’étang. Daeron le rattrapa tant bien que mal, mais il manqua de lâcher une injure en voyant qu’un loup le regardait. Il était repéré, il ne pouvait plus faire marche arrière, de plus c’était un hivernal,  il n’avait pas envie de parler avec un  de ces touristes…Puis il n’était surtout pas d’humeur. Il souffla sur sa mèche et traina des pattes vers l’inconnu. Il avait une capuche, comme les petites femmes qui voulaient se protéger  de la pluie…Rooh, mais quel fragile sérieux..Il n’aimait pas ces mâles riches avec leurs habits  de l’autre monde, ça faisait bourge…Il fallait s’assumer quoi, montre ton corps, expose tes cicatrices,  ne te cache pas comme un noble derrière ton bout de tissu. Ses yeux dorés se posèrent sur Baltimore qui fixait de ses petits yeux noirs une peluche assez effrayante dans le capuchon du mâle.

- Eh, tu t’appelles comment ?   Tu viens des Enfers ? Tu es une âme ? Est-ce que c’est Papa Hadès qui ta envoyé dans ce monde ? Toi aussi tu dois aider un morveux ?

Daeron grogna légèrement puis reporta son attention sur l’hivernal a la barbichette. Tient c’était chelou ça aussi.  Ce petit  fragile était vraiment bizarre.

- Heu bonjour, la flamme c’est la mienne, j’vais la récupérer, désolé du dérangement hein..heu….

Il se mit à fixer Baltimore avec un air sévère. L’automnal ne plaisantait pas du tout. Il n’avait pas envie de bavarder avec l’autre et sa peluche. Puis il voulait se débarrasser de Baltimore .

La faiblesse d'une âme ne lui apporte que plus de tourments

Voilà, Baltimore s’était trouvé un pote. Génial. Absolument génial.  Ce qui voulait dire que, le feu follet n’était pas décidé à partir. Qu’il allait être obligé de rester ici. Bien sûr, il aurait pu tenter de faire disparaitre la flamme dorée…Mais le rouquin était assez intelligent pour savoir que cela ne ferait que d’ajouter de l’huile sur le feu. Batimore péterai encore un boulon et ce serait la catastrophe. Le métamorphe n’avait aucunement envie d’être humilié, en plus devant cet hivernal. Il plongea ses yeux semblables à de l’or fondu dans ceux bicolores de l’animal. Dépareillés, comme ceux de son enquiquineuse de sœur, Meldy. Ce qui n’améliora pas bien sûr, le point de vue de Daeron sur l’hivernal blanc. Il était plus grand que lui et l’adolescent avait la désagréable sensation que celui-ci le toisait de haut. En plus, il n’était même pas fichu de répondre à sa phrase  précédente qui puait l’amabilité ( saisissez l’ironie ) .

Moi j'm'appelle Nero. J'sais pas si j'viens des enfer,ni c'que j'suis, et j'sais pas non plus si j'suis là pour aider le môme là,mais c'que j'sais, c'est que je suis la clé de son pouvoir! Eh ouai,un pouvoir vachement puissant et c'est moi qui le garde! Ca t'en bouche un coin, hein? Il fit un petit mouvement de tête, hautain, avant de demander à son tour. Et toi alors, t'es qui ou quoi? Tu viens d'où et tu sers à quoi?

Son regard se baissa sur la petite créature animée dans le capuchon du mâle. C’était bien leur seul point commun. Posséder une entité vivante qui te lâche pas d’une semelle et qui ne cesse de te pourrir la vie à chaque fois que tu rencontres quelqu’un. N’empêche, ce Nero, il  avait l’air bien plus sympathique que sa flamme boudeuse . Le touriste ne pouvait donc pas se plaindre, surtout que la peluche avait l’air de savoir prendre des initiatives pour s’occuper de son maitre aussi silencieux qu’une tombe. Dae, lui, savait très biens ‘occuper de lui. Il maitrisait son pouvoir..humhum…enfin, son pouvoir des flammes en partie.  

Baltimore regardait bouche bée la bestiole violette, le silence planait quelques instants quand tout d’un coup, il se retransforma en moulin à parole.

- J’suis Baltimore ! Y a très longtemps, genre 3 millénaires j’étais vivants, je crois que j’étais un humain…Un baron, un duc, un truc de ce genre. Mais bon, tu peux comprendre qu’après 3 millénaires j’ai un peu oublié. Bref.  Puis pouf, je suis mort, je suis allé au Enfer quoi, normal. Comme j’étais un perturbateur dans mon ancienne vie, j’étais condamné à aller au Châtiment chez pas quoi. La grosse torture..Puis Hadès a  ramené ses fesses –quel arnaqueur- et il m’a proposé un marché…Il soupira. J’étais trop une tapette à l’époque, je ne voulais pas aller me faire torturer et souffrir…Alors j’ai accepté son marché. Mon fantôme est devenu un feu des Enfers, un feu follet, voilà. Puis 3 millénaires  plus tard, alors que j’étais pénard avec les copains, il m’a confié en tant que pouvoir à….ça lâcha t-il en se tournant vers Daeron. Puis il reprit : J’aurais du flairer l’arnaque, sérieux….Donc en fait tu vois, moi je ne garde pas son pouvoir, je suis son pouvoir. Je peux te dire que c’est bien relou, surtout quant on voit qu’il n’a fait aucun progrès depuis sa naissance.

Daeron était à deux doigts de l’étriper. Ce n’était pas juste ! Il avait juste dit devant Yaël qu’il était stupide, mais voilà, il s’était déjà assez vengé maintenant. Là il cherchait vraiment à  l’enfoncer et il commençait à être blessé. Il y avait des limites, enfin… C’était un esclave d’Hadès, avait-il vraiment des limites, en fait ? Le mâle se mit à pâlir légèrement. Jusqu’où ira-t-il comme ça ? Il devait absolument faire cesser cette conversation pour pouvoir parler à Baltimore après.

Il se tourna  et aperçu l’hivernal blanc. Il était tellement resté silencieux qu’il l’avait presque oublié. Celui-ci continuait toujours de le regarder fixement, sans aucune émotion, comme si l’automnal ne valait pas la peine d’être considéré par môsieur. Il fronça les sourcils.

- Tu sais, me répondre ça va pas te tuer hein, je ne sais pas, ne serait-ce que «  Bonjour » ça aurait été bien. Mais apparemment, vu comment tu me toises, je devrai même ne pas t’adresser la parole. T’es grand, ta ton vêtement de bourge, moi je vaux rien hein, ouais je comprends. Bon.

Il se tourna vers Baltimore qui ricanait.

- Reviens, je dois te parler.

La flamme recula.

- Je suis occupé avec un pote, tu ne vois pas ? Ah, j’ai oublié, t‘en a pas.

Le loup rouge perdait de plus en plus ses couleurs. Il sentait la colère monter en lui dangereusement, tandis qu’une partie de son cœur se brisait. C’était ça, de tout confier à son sois disant meilleur ami…après, il te connait pas cœur, il sait, ce qui peut te faire mal..Et Baltimore jouait cruellement avec toutes ces précieuses informations. Il ne savait plus comment l’arrêter.