Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

La forêt orientale.. C'était un lieu boisé, habillé des sublimes couleurs de l'automne. Ambre, rubis, or, le soleil qui perçait entre le feuillage dense des arbres faisait briller la forêt comme s'il s'agissait d'une étendue de pierres précieuses. La brise automnale portait avec elle les douces senteurs de bois et de feuille morte...

Et au milieu de cette éternelle étendue de beauté, progressait un loup qui semblait porter sur ses épaules le poids de tous les maux de cette planète. Son regard vide semblait fixer un point invisible, il ne faisait pas le moindre bruit lorsqu'il marchait, ne parlait pas, ne jurait pas lorsqu'une racine attrapait sa patte et le faisait lamentablement trébucher. Tous pouvaient témoigner de sa jeunesse.. Pourtant, il semblait déjà rendu vieux par les nombreuses cicatrices qui zébraient son pelage ainsi que sa queue, inexistante.

Qar'Kam ignorait pourquoi il s'était rendu en cet endroit, il n'avait aucune raison d'y être. Pourtant, il était bien là, à marcher au milieu des feuilles mortes dans cet endroit qu'on appelait forêt orientale, reconnue pour sa beauté envoûtante, elle ne faisait pourtant ni chaud ni froid au loup qui voyait le mal et le malheur en chaque chose qui peuplait ces terres. Il portait sa capuche sur sa tête, sur laquelle étaient venues se reposer d'audacieuses petites feuilles mortes, de sorte à ce que sa longue chevelure soit gardée bien à l'abri. Si cette forêt avait été teinté de vert émeraude, elle aurait ressemblé en tout point à une forêt printanière. Cette constatation raviva dans la mémoire de Qar'Kam d'horribles souvenirs de ses parents, membre de son clan d'origine : le printemps.

Un frisson parcouru l'échine de Qar'Kam, voilà encore une raison pour lui de se méfier de cet endroit et de se persuader qu'il n'en retirerait rien de bien. De toute manière, où qu'il se rende, que ce soit au printemps ou pas, les voix de ses parents hantaient constamment son esprit, elles étaient là, l'insultaient, le méprisaient et détruisait la confiance déjà inexistante qu'avait le jeune mâle blanc en lui même. Une erreur, un raté, voilà ce qu'il était et ce qu'il serait jamais.

Soudainement, un bruit le tira de ses sombres pensées. Il sursauta et fit un bon en arrière, les oreilles dressées. " On dirait qu'on a de la visite!" dit Nero qui sembla se réveiller lui aussi d'un seul coup. Qar'Kam baissa le regard pour découvrir une petite louve au pelage gris et à la chevelure plus foncée qui était affalée dans les feuilles mortes, feuilles qui parsemaient son pelage. C'était une très jeune louve. " Eh beh, t'as même peur d'un pauvre louveteau maintenant?" ricana la peluche logée dans sa capuche d'un air moqueur.

Il sursauta de nouveau lorsque la femelle lui sourit et bougea pour tenter de se redresser,mais échoua lamentablement. Demeurant ainsi parmi les feuilles, la petite louve lança à Qar'Kam :

- Bonjour !

Etait-ce lui qu'elle saluait? Logiquement, oui, à moins qu'elle ne s'adresse à Nero. Troublé par le fait qu'on lui adresse la parole, à lui qui ne parlait presque jamais, si bien que certains devaient se demander si en plus d'être balafré et sans queue, il était muet. Il demeura ainsi, la gueule entre-ouverte, incapable d'articuler le moindre mot qui soit compréhensible, si bien que ce fut finalement Nero qui prit la parole, vivement et avec agacement :

- Ah! Mais que va t-on faire de toi, empoté que tu es? Posant ses petits yeux jaunes sur la femelle, il reprit.Bonjour, petite, excuse ce grand idiot qui n'est pas foutu de parler de lui même. Nero s'adressa à Qar'Kam, le bousculant.Allez, parle donc, imbécile!

Ainsi bousculé, ne réagissant même pas aux insulte de la petite peluche, Qar'Kam se reprit et parvint à articuler de manière parfaitement compréhensible, de sa voix déjà un peu grave et mal assurée :

- Excuse moi. Bonjour, jeune hivernale. Je me nomme Qar'Kam, et toi?

Se faisant un petit siège de feuilles mortes humides, l'hivernal s'assit face à la petite louve, regardant son regard vairon parfaitement identique au sien. Il ne souriait pas et restait impassible, mais sa voix et son attitude n'avaient rien de mauvais, de méchant ou d'agressif, il était simplement calme et parfaitement inexpressif.

DREAMY

L'hivernal observa le visage de la petite princesse de l'hiver se teinter de surprise et de curiosité lorsqu'elle entendit Nero parler. Qar'Kam ne comprit d'abord pas réellement ce qui provoquait l'étonnement de la femelle, mais il en déduit que ce n'était donc pas commun d'avoir pour éternel compagnon de route une petite poupée aussi bavarde qu'agaçante. A vrai dire, maintenant qu'il y réfléchissait, c'était vrai qu'il n'avait jamais eu la chance de voir quelqu'un se balader avec un compagnon semblable au sien...

Tandis qu'il réfléchissait, la petite femelle se mit à le harceler de questions si soudainement que Qar'Kam ne put qu'entre-ouvrir la gueule et rester ainsi, tel un grand bêta, tant il était surpris :

« Ouah ! Elle est trop bien ta peluche ! Dit, elle a un nom elle aussi ?! Est-ce qu'elle peut marcher ?!

Qar'Kam fut incapable de répondre tant il avait été pris au dépourvu par la tonne de questions de la petite femelle hivernale. Il commença à bégayer, priant cette fois-ci pour que Nero vienne l'aider mais ce ne fut pas le cas. Visiblement, la petite peluche ne prenait la parole que quand cela l'arrangeait.... De toute manière, Qar'Kam n'eut pas le temps de répondre, car la petite femelle reprit de sitôt :

Moi je m'appelle Layla ! Tu es un hivernal c'est ça ? Çâ veut dire qu'on ai du même clan ! Trop bien !»

Layla? C'était bien un prénom de princesse, ça. L'hivernal n'avait toujours pas bougé d'un poil, incapable de répondre à la femelle. Heureusement pour lui, finalement, Nero se décida à prendre la parole :

- Eh là! Doucement! T'es bien curieuse toi dit moi! Grommelant, la peluche répondit. Déjà, j'ai un nom, c'est Nero. Ensuite, non j'peux pas marcher, du moins, à ce que je sache. Mais et toi alors, tu sors d'où comme ça?

Qar'Kam ne prononça pas le moindre mot, bien qu'il n'apprécia pas des masses le ton de Nero...Mais il y était habitué. L'hivernal se sentit tout de même obliger de dire à femelle, de son ton calme et posé, totalement contraire à celui de sa peluche noire :

- Excuse Nero... Je suis hivernal moi aussi, en effet.

L'hivernal était incapable de comprendre pourquoi Layla trouvait "trop bien" le fait qu'ils soient dans le même clan... C'était plutôt un désavantage d'avoir un raté tel que lui au sein de son clan..Mais il sourit tout de même vaguement à la femelle grise. Il regarda autour d'elle, puis lui demanda, de son ton toujours mal assuré :

- Tu..Tu es venue jusque ici toute seule..?

DREAMY

Qar'Kam put remarquer que la petite femelle semblait absolument fascinée par sa petite peluche, c'est pourquoi il laissait la boule de tissu s'exprimer et restait en "retrait" en quelques sortes, n'osant absolument pas imposer sa présence. Après tout, sa peluche était bien plus intéressante que lui. Regardant ailleurs, il écoutait simplement leurs échanges, tel un spectateur impuissant d'une pièce de thêatre bien comique. Layla demanda à nouveau, d'un ton teinté de curiosité :

« C'est pas embêtant de vivre avec Nero ? Enfin tu ne dois pas t'ennuyer il doit avoir des idées de génie pour te faire tourner en bourrique, non ? »

Ailleurs, il mit un petit moment à se rendre compte que c'était à lui que la petite femelle hivernale s'adressait. Redressant les oreilles et posant de nouveau son regard vairon sur Layla, il ouvrit la gueule,prit une grande inspiration, et répondit d'un ton calme et un peu, un tout petit peu,plus assuré. Au moins, il ne bégayait plus, bien qu'il restait mal à l'aise :

- Oh..Non, je suis habitué. Il secoua la tête. Jusqu'à aujourd'hui, il m'a toujours plutôt suivi de guide...C'est un peu mon co-pilote.

Visiblement flatté, Nero s'empressa de répondre, d'un ton fier:

- Ah! Qu'est-ce que tu croyais, p'tite louve? Le p'tit peut pas s'passer d'moi! Et toc!

Qar'Kam laissa parler sa peluche vivante sans broncher, pour une fois, car après tout il ne pouvait pas réellement la contredire. L'hivernal ne saurait ce qu'il ferait, parfois, s'il n'avait pas Nero à ses côtés...Et d'autres fois, il se débarrasserait bien de cette insolente peluche à la langue un peu trop bien pendue. Il laissa Layla continuer, l'air toujours parfaitement impassible :

« Disons que j'arrive à échapper à l'attention des nourrices mais c'est pas évident vu qu'ils sont toujours collés à nous. »

Il aurait pu,mais il ne pensa même pas à réprimander la petite princesse hivernale pour ce qu'elle faisait. D'abord par ce qu'il en était parfaitement incapable, ensuite car lui aussi, petit, échappait sans cesse à l'attention des nourrices pour aller se balader seul. Cependant, alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la gueule, Nero lui coupa la parole :

- Ah! Et ça fait sa rebelle en plus! Bravo!

Encore une fois, le jeune mâle blanc se trouva parfaitement incapable de réprimander Nero pour sa remarque, se contentant de regarder la peluche du coin de l'oeil et de renifler. Il espérait que Layla ne se sentirait pas offensée par les paroles de sa petite peluche, mais par précaution, il baissa les oreilles et se mit à regarder ses pattes, d'un air penaud. De toute façon, il n'était qu'un incapable, même pas foutu de contrôler cette petite peluche.

Il n'eut le temps de réagir, qu'il vit la petite Layla se dresser sur ses pattes arrières et venir poser ses pattes pleines de terres et de feuilles en décomposition sur le museau du loup blanc. Ses oreilles se dressèrent de surprise tandis que ses prunelles, parfaitement identiques à celles de la louve, croisaient celles de cette dernière. Quelques secondes s'écoulèrent, avant que Qar'Kam ne fasse un grand pas en arrière en poussant un petit cri de surprise.

Légèrement désorienté, il s'emmêla les pattes arrières et finit sur les fesses, assis par terre, l'air bêta. C'est Nero qui le sortit encore une fois de sa torpeur, braillant d'un air railleur, à la limite de l'hilarité:

- Eh bah alors mon gros, on a peur d'un louveteau maintenant?!

Il éclata de rire, et Qar'Kam baissa doucement les oreilles, se redressant pour regarder Layla. Il s'approcha d'elle à nouveau, écrasant doucement les feuilles mortes à chacun de ses pattes, le vent fouettant doucement sa capuche et ses cheveux colorés. L'air désolé, il vint à la femelle, les oreilles basses. Il bégaya doucement, son peu d'assurance s'étant absolument effacé :

-E-E..Excuse moi..Tu m'as..Tu m'as surpris!

DREAMY

La petite hivernale était retombée parmi les feuilles en décomposition, ce que put voir Qar'Kam lorsqu'il s'approcha d'elle. A peine eut-il le temps de se sentir coupable de l'avoir fait tomber ainsi que les voix de ses parents s'élevèrent dans ses oreilles. Où qu'ils soient, vivants ou morts, Qar'Kam les entendait ricaner, vriller ses longues oreilles d'injures blessantes, qui ne faisaient que conforter le jeune mâle dans l'idée qu'il n'était qu'une erreur. Si Candide pensait que tout allait bien dans le meilleur des monde possible, Qar'Kam pensait absolument tout le contraire de cette théorie. Pour lui, quoi qu'il fasse, rien n'allait jamais bien. Rien n'irait jamais bien.

Secouant doucement la tête, tandis que Nero, à son tour, se mettait à ricaner d'un air moqueur, il n'eut pas le temps de voir la petite louve se redresser qu'elle était déjà de nouveau perchée sur ses quatre pattes. Qar'Kam gardait son regard ailleurs, bien trop occupé à écouter les voix l'insulter, ne faisant rien d'autre qu'approuver leur paroles venimeuses. Ce fut le petit rire fluet de Layla qui fit sortir le mâle de sa torpeur. Ses oreilles se redressèrent tandis qu'il l'écoutait rire...Puis retombèrent. Il ne semblait pas vexé, puis ce que lui même pensait qu'il ne valait rien de bon. Néanmoins, il s'en voulait d'avoir fait chuter la petite louve...Partager son malheur ne faisait pas partie de ses envies.

Il la regarda venir jusqu'à lui, obligé de baisser la tête pour pouvoir l'apercevoir correctement. Il laissa ses oreilles tombantes sur les deux côtés de sa tête tandis que la petite louve parlait, retenant encore son hilarité :

« Désolé ! Je ne voulais pas te surprendre ! »

Il secoua la tête: elle n'avait pas à s'excuser, c'était lui qui était définitivement le plus abruti des abruti. Néanmoins, il n'eût pas le temps de faire entendre son sombre point de vue, car la loupiote enchaîna :

« Je voulais juste regarder tes yeux de plus près, c'est la première fois que je rencontre un loup avec les mêmes yeux que moi. »

Ses oreilles se redressèrent tout à coup. Aurait-elle, elle aussi, remarqué qu'ils possédaient tous les deux des yeux parfaitement identiques? L'un teinté d'un jaune doré si pur et si clair, que même l'or s'en trouverait jaloux s'il le voyait; l'autre? habillé d'un bleu pareil à un ciel dégagé, il donnait presque l'impression que l'on pouvait voir les oiseaux le traverser. Peut être même qu'en écoutant bien, on eût même put y entendre les mouettes pleurer. Pour une fois, Qar'Kam s'autorisa à regarder la loupiote dans les yeux, pour pouvoir admirer avec curiosité ces yeux, si peux communs et pourtant pareils aux siens. Et pourtant...Le pessimiste ne put s'empêcher de penser que des yeux comme les siens ne pourraient attirer que du malheur à la petite louve..Il n'osa pas lui faire part de son point de vue, mais le pensa très fort...

Il détourna finalement le regard, sa bravoure ayant des limites bien définies. Il ne pipait toujours mot, ne sachant que dire..Ou n'en ayant tout simplement pas envie. Qar'Kam ne vit donc pas Layla se dresser de nouveau sur ses pattes arrière..C'est lorsqu'elle arriva à sa taille qu'il s'interrogea et coula un regard intrigué vers l'hivernale... Que faisait-elle? Réessayait elle de le toucher? De peur de la faire tomber, il n'osa pas bouger et se laissa faire. Quelle ne fut pas sa surprise, de voir la loupiote venir presser doucement sa truffe contre la sienne. C'était un geste affectueux, souvent usé par les mères. Si Qar'Kam n'en avait jamais bénéficié, il en compris tout de suite la signification.

L'incrédulité se lisait sur son regard tant il était surpris par le geste de l'hivernale, il ne bougea pas jusqu'à ce qu'elle retourne sur ses quatre pattes, puis il se laissa de nouveau tomber sur les fesses, la gueule entre-ouverte et l'air toujours aussi étonné. Il entendit à peine la loupiote lui dire :

« Voilà pour me faire pardonner, désoler Qar'Kam. »

Il bégaya sans parvenir à articuler le moindre mot compréhensible...Pourquoi Layla avait-elle fait ça? Pourquoi à lui? Un raté tel que lui ne méritait pas ce genre de gestes si amicaux. Avant qu'il parvienne à se remettre de ses émotions, Nero lâcha, toujours égal à lui même :

- Eh mais c'est qu'il va nous faire une syncope le p'tit gars! L'as donc jamais fait un bisou à une fille? C'est qu'on change pas une équipe qui gagne, ma foi! C'est bon, tu vas t'en remettre ou quoi?

Secouant vivement la tête pour revenir à lui, le jeune mâle se redressa, aussi peu assuré qu'un petit louveteau. Se dandinant d'un air embarrassé sur ses pattes, il baissa la tête et parvint à articulé, d'un ton très peu assuré :

- Je..Ne t'excuse pas..Tu n'as..Tu n'as pas à le faire..Je ne mérite pas que l'on s'excuse, c'était ma faute. C'est moi qui m'excuse.

Ses oreilles retombèrent une nouvelle fois de chaque côté de sa tête, lui donnant cet air penaud et malheureux qu'il portait si souvent sur son visage. Il gardait le regard détourné et n'osait pas bouger. Il était parfaitement troublé. Peut être ferait-il mieux de s'en aller, au lieu de l'importuner avec son malheur et son extrême stupidité..? Qar'Kam se mit à y penser en regard plus loin, mais ne bougea pas pour autant. La tête gardée bien basse, il demanda :

- Je..Je suis vraiment bête..Je sers à rien..Je ferais peut être mieux d'arrêter de t'embêter..

DREAMY

Alors qu'il s'était de nouveau renfermé sur lui même, se remettant à se morfondre comme il en avait l'agaçante habitude, la petite hivernale s'approcha encore une fois de lui. Persuadé que c'était cette fois-ci pour le chasser, il baissa la tête et les oreilles, adoptant une position soumise et lorsqu'elle bondit, il retint un couinement de terreur, sursautant. Cette fois, c'était sûr, elle serait de son avis et le chasserait! Il le méritait après tout. Pourquoi? Il le méritait, voilà tout.

Et quelle ne fut pas sa surprise quand il sentit les pattes de l'hivernale vinrent doucement s'entourer autour de son encolure, faisant presque glisser sa capuche. Ses oreilles se redressèrent doucement, mais il ne se détendit pas pour autant, n'osant pas bouger. Peut être essayait-elle de l'étrangler? Mais..Il en semblait autrement, elle ne resserrait pas son étreinte et ne faisait que l'enlacer ainsi, Qar'Kam pouvait sentir le coeur de la loupiote battre tant elle était proche de lui..Et pourtant, il ne se décrispa toujours pas. Que faisait-elle..? Pourquoi agissait-elle ainsi envers lui? Pourquoi était elle gentille avec lui? Tandis qu'il réfléchissait, il entendit la voix étouffée de Nero qui semblait ne pas apprécier de tout ce geste d'affection. On ne pouvait comprendre ce que la peluche braillait, étouffée par les poils des deux lupins, mais elle n'avait pas l'air enthousiaste. Tout prêt de ses longues oreilles blanche, les mots de l'hivernale lui parvinrent :

« Ne dis pas ça, tout être à sa place dans l'univers donc toi tu as forcément la tienne. Je suis vraiment désolé, je ne voulais pas te rendre triste. Tu sais on est constamment sur moi à me dire de faire telle ou telle chose, uniquement Parce que je suis la fille de l'alpha. »


Il écouta sans rien dire, se contentant de couler un regard en coin en direction de la petite louve au pelage gris. Comment la contredire? Pourtant, lui pensait formellement que nulle place n'existait en cet univers qui soit la sienne. Cependant, il imaginait aisément les contraintes d'être fille d'Alpha. Se retenant, il pensa simplement, ° Certains ont tout de même la chance de naître avec une place déjà toute faite pour eux..°. Lorsqu'elle prit à nouveau la parole, Qar'Kam l'écouta alors à nouveau sans piper mot :

« J'étais contente de voir quelqu'un qui me ressemblait un peu. Je sais que je ne le mérite pas mais tu veux bien qu'on soit ami ? »

Doucement, tandis qu'elle prononçait ces mots, leur étreinte se desserra peu à peu et Qar'Kam put à nouveau regarder la petite princesse hivernale. Le jeune mâle affichait un air surpris malgré lui... Amis? Sa requête résonna dans sa tête pendant un bon moment. Cette demande semblait si déroutante venant de la part d'un comparse, que même Nero en resta estomaqué au point qu'il ne répliqua pas du tac au tac comme il l'avait fait précédemment.


Lui ? Un ami? C'était une grande première pour le mâle qui ne savait comment réagir, ni comment se sentir face à cette requête. Serait-il un bon ami? Savait-il seulement ce que c'était que l'amitié? Il ferait sûrement un bien pitoyable ami, lui qui n'était capable de rien. Mais...Quelque chose, niché au fond de son coeur l'empêcha de refuser cette demande faite avec tant de pureté et d'innocence que même le plus monstrueux des êtres n'aurait su y répondre négativement. Doucement, se remettant de ses émotions, Qar'Kam articula, de son même air si inexpressif que sa voix ne trahit cette fois-ci aucune émotion de peur ou de surprise, rien d'autre que son coutumier ton peu assuré :

- Que l'on soit amis..Toi..Et moi? Je..Pourquoi pas..Je n'ai jamais été l'ami de personne, et je mérite bien moins ton amitié que toi la mienne..Mais..Mais..Si tu veux bien de moi alors...Je..J'accepte.

Visiblement remis de ses émotions à son tour, Nero renchérit:

- Beh pour sûr! L'allait quand même pas refuser! C'est qu'il a pas un seul ami le pauvre rejeté alors comprend le, tu vas lui faire faire une de ses attaques avec tes demandes! Non mais j'vous jure!

Ses oreilles s'agitèrent à nouveau, il n'écoutait même plus Nero tant il avait l'habitude de ses remarques. Seules les paroles de ses parents, toujours présentes, résonnaient dans sa tête, tentant surement de le dissuader de ce choix qu'il faisait. Sûrement était-ce une mauvaise idée..Mais Qar'Kam ne trouvait encore à ce lien nouveau aucune perspective si désastreuse..Pour l'instant seulement. Prenant une grande inspiration, il parla :

- Alors...C'est d'accord?

DREAMY

Qar'Kam vit les yeux de Layla se voiler d'un rideau de larmes qui firent briller ses prunelles or et saphir de milles éclats. Ses oreilles s'inclinèrent vers l'arrière lorsqu'il se rendit compte de cela...Etait-il si peu potable qu'il faisait pleurer la petite hivernale? Ne voulait-elle finalement plus être son ami..? Elle n'aurait pas eu tort..Qar'Kam n'y comprenait plus rien. S'il n'était pas accoutumé aux preuves d'affections, il connaissait mieux que quiconque les signes de malheur et de tristesse, lui même étant partisan d'un éternel pessimisme. De toute façon, cela n'était pas pour surprendre le jeune mâle qui se mit mentalement à se dénigrer plus encore qu'il ne le faisait habituellement..Inutile, bon à rien, mauvais, ne causant rien d'autre que le malheur sur son chemin, c'est ce dont était toujours persuadé le jeune mâle blanc à son propre égard. Son regard se fit plus vide encore et il reposa son regard sur ses pattes. Il fut presque surpris de ne pas entendre Nero le railler par ce qu'il faisait pleurer quelqu'un...Aurait-il perdu sa langue? Curieux, Qar'Kam releva doucement le regard. ° Bah alors, tu m'insulte pas cette fois? Pourquoi? Fait-le donc!° pensa le jeune mâle.

Un sourire, dessiné sur les lèvres de la jolie petite louve grise, attira l'attention de Qar'Kam qui n'y comprenait plus rien. Elle pleurait et souriait à la fois..Qu'était-ce sensé signifier? Reniflant d'incompréhension, il observa, incrédule, Layla pleurer avec bonheur.. Paradoxe complet pour le jeune mâle qui ne cessait de froncer les sourcils d'un air curieux. Il ne recula cette fois pas lorsqu'elle s'approcha de lui pour venir prendre sa patte dans la sienne, serrant cette dernière de sa petite poigne. Les longues oreilles du blanc s'agitèrent avec plus de curiosité tandis qu'il tentait encore de comprendre ce nouveau geste, si peu familier pour le pauvre loup qui n'y comprenait définitivement plus rien. Supposant que c'était ce qu'il fallait faire, il serra à son tour la patte de Layla, doucement, mais n'ayant aucun contrôle ni conscience de sa force physique. C'était cela que de se dénigrer continuellement.

Il continua d'éviter volontairement toute confrontation visuelle avec la petite louve, incapable de soutenir le regard de qui que ce soit. Ce n'est que lorsqu'elle parla qu'il accepta de croiser un instant son regard, toujours incrédule :

« Bien sûr que oui ! Merci d'avoir dit oui. »

Que... Qu'était-il sensé comprendre? Elle semblait si heureuse..Et pourtant, coulaient le long de son joli visage, des larmes qui venaient tracer des sillons plus foncés sous les yeux de la princesse. Déglutissant avec difficulté puis prenant une grande inspiration, il tenta de parler, bégayant tant il ne parvenait à analyser cette situation :

- M-..Tu..Tu n'as pas...A..A me remercier...C'est..C'est moi qui devrait le faire..!

Secouant la tête comme pour appuyer ses paroles, il la redressa ensuite pour venir poser de nouveau son regard vairon sur Layla, demandant, ses prunelles brillant tant il était intrigué :

- M..Mais...Alors...Pourquoi donc pleures-tu? Est-ce moi qui te rend malheureux..? Je..Ce serait normal mais..Pourquoi souris-tu alors?

Il put à peine entendre Nero marmonner dans sa barbe, de son habituel ton moqueur et empli de mépris et d'arrogance :

- Par tous les dieux, c'est qu'il comprend rien celui là!

Mais il ne se concentrait pas sur la peluche vivante, non, il était en pleine tentative de compréhension..Qu'était-ce que cette situation où les pleurs manifestaient un sentiment de bonheur..Le bonheur..C'était une notion si étrangère à l'hivernale que même en face de son nez ou dans son coeur, il ne savait se rendre compte de sa présence. Pour lui, il n'existait nulle part en cette terre, tout menait au malheur, peu importe le chemin que l'on empruntait...Mais alors, qu'était-ce que cette sensation agréable de chaleur qui peu à peu envahissait son coeur de glace?

DREAMY

Commençant à s'habituer aux preuves d'affections de l'intéressante petite princesse, Qar'Kam ne broncha pas le moins du monde lorsqu'il la vit le contourner pour venir se placer dans son dos. Seuls ses sourcils se froncèrent d'un air intrigué...Qu'allait elle encore bien pouvoir trouver à lui faire? Bah...Visiblement, ce n'était pas du mal qu'elle lui voulait, bien qu'il restait tout de même méfiant et prêt à se coucher si jamais il sentait des crocs s'enfoncer dans sa chair.

Soudainement, il sentit une masse peser sur son arrière train et il réprima un petit couinement de surprise. Que tentait-elle de faire encore? Paniqué, l'idiot se mit à agiter frénétiquement la tête en cherchant à regarder derrière lui, ne comprenant mais alors absolument pas ce que tentais de faire la petite louve. Puis, au bout de maintes galères, elle finit par venir s'installer sur le dos de l'hivernal, qui put sans mal supporter son poids tant elle était légère. Intrigué, il la laissa sans se plaindre venir poser sa petite tête entre ses deux oreilles.

Qu'est-ce que cela signifiait? D'ici, il pouvait entre Nero pouffer de rire tant il trouvait les réactions de Qar'Kam drôle. Ce que le jeune hivernal pouvait comprendre et ne cherchait même pas à contredire. Ses longues oreilles frémirent doucement lorsque Layla parla juste à côté de celles-ci. Il leva les yeux comme s'il cherchait à la regarder, ce qui était parfaitement impossible sans se déboiter la nuque. Tout de même, il l'écouta, finalement soulagé de ne pas pouvoir croiser son regard :

« Tu ne me rends pas malheureuse, au contraire, grâce à toi je suis heureuse. Je pleure Parce que je suis contente de m'être fait un ami et que cet ami ce soit toi.»


Lui? La rendre heureuse? Cela lui semblait parfaitement improbable et il fronça les sourcils en signe d'incompréhension mais bien évidemment, la petite loupiote ne put voir son visage intrigué. Qar'Kam n'avait jamais envisagé que le côtoyer puisse être synonyme de bonheur, ce pourquoi il s'en trouva complètement troublé.

La tête toujours en l'air, l'hivernal tenta alors de s'allonger doucement, assez pour ne surtout pas faire tomber Layla de son dos, car finalement cela ne le dérangeait pas tant que cela qu'elle y reste. Finalement. Il tourna doucement la tête sur le côté et répondit doucement, toujours aussi troublé:

- Je..Je te rends heureux...Moi..?

Sa tête se secoua négativement comme si cela était impossible, inimaginable, inconcevable..Et pourtant, presque immédiatement après, il ajouta, par réflexe, sans même qu'il réfléchisse avant de parler, bien que son ton n'en fut pas plus assuré, ses paroles étaient tintés d'une sincérité qui, si elle n'était que peu remarquable, était d'une grande profondeur :

- Moi..Moi aussi je suis..Je suis content que tu sois mon amie!

Il ne sourit pas pour appuyer ses paroles, il ne le faisait jamais, il n'avait aucune raison de le faire..Mais son regard seul suffisait à confirmer que ses paroles étaient vraies et n'avaient rien d'un mensonge. Le regard n'est-il pas, après tout, le miroir où se reflète l'âme de chacun?

Se réveillant soudainement, Nero trouva bon d'ajouter, d'un ton empli de dégoût et avec son tact et son charme naturel et incontestés... :


- Baah, vous me donnez envie de vomir!

DREAMY