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Valse des Cloportes

Feat Rubis

La louvette s'abrita avec empressement sous une voûte rocailleuse. Quelques gouttes s'écrasèrent avec violence à ses pattes, tandis que la petite estivale se tassait pour laisser entrer sa comparse sorcière. Sa cape noire ruisselait, tandis que quelques araignées, maîtresse de cette arche creusée dans la roche, s'amusait à torturer ses courts poils crèmes. Ses yeux d'émeraude sondèrent un instant la pluie, éternelles larmes d'un ciel attristé par la perte de ses anges, multitude d'éclairs mourant peu à peu dans le lointain. Comprenant alors que l'averse durerait encore un moment, Kileen se coucha, tassée dans son coin, offerte au froid mordant de l'air extérieur. L'air s'était chargé de senteurs automnales, et embaumait les bois de ses parfums humides.
La loupiote n'avait jamais aimé la pluie. Cette valse inconsciente des eaux, miraculeuse pour certains, déprimante pour d'autres. Kileen appartenait à cette dernière catégorie. Elle n'avait jamais trouvé aucun réconfort, en ces gouttelettes d'argent, qui chargeaient les toiles d'araignées d'infimes cristaux. Mais combien finirait noyé par cette beauté singulière et meurtrière des torrents céleste ? Combien sentirait l'eau infiltrer leurs os, leurs poumons, et n'en jamais ressortir ? Un frisson saisit la petite estivale. La présence de Paquerette - c'est ainsi qu'elle la surnommait, incapable de prononcer son nom - la rassurait au plus au point, à mesure que s'éveillait la colère des nuages et spectres infernaux d'un ciel enragé. Son poil vert gazon réchauffait ses pauvres et minuscules os rongés par le froid, et son regard bienveillant accompagnait les pensées positives de la loupiotes estivales. Dès que la pluie cesserait, la chasse aux cloportes commencerait !
- Paquerette ? Tu sais, je connais un super coin, pour les cloportes ! Là, juste sous le grand arbre, qu'on voit là bas, y a plein de bêbêtes, et je suis sûre qu'on va trouver pleins de cloportes ! Un jour j'ai croisé une énorme musaraigne, juste en dessous de l'arbre. Mais je l'ai pas mangé, elle était trop grosse pour moi, tu sais...
Elle songea, dans un gloussement, à sa rencontre avec Goriar, l'énorme musaraigne, et ce simple souvenir suffit à revigorer ses muscles épuisés par l'orage. Cependant, alors qu'elle semblait s'assoupir lentement, un petit insecte se glissa dans sa légère toison. Avec un couinement, la loupiote se retourna, sentant la redoutable piqûre de l'insecte.

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Ronde de cloportes

La tâche d'aujourd'hui ne semblait pas très hardue. En effet la louve au pelage émeraude et sa comparse Kileen devaient trouver quatre cloportes, créature à priori inoffensive. La louve savait que ces incestes à la carapace dure se réunissaient dans les souches d'arbre ou près de racines.

Ce jour-là se fut à la louve estivale de guider Haënymae vers un endroit favorable à la capture de ces petits êtres. Elle se retrouvait donc dans les terres neutres en face du saule pleureur. Elle était blottie contre sa comparse sous une voûte rocailleuse car la pluie ne cessait de tomber. Elles s'étaient donc abritées là en attendant que la pluie s'arrête. Ce saule pleureur sous la pluie était vraiment déprimant. La louve commençait à s'assoupir quand sa comparse l'arrêta :
-"Paquerette ? Tu sais, je connais un super coin, pour les cloportes ! Là, juste sous le grand arbre, qu'on voit là bas, y a plein de bêbêtes, et je suis sûre qu'on va trouver pleins de cloportes ! Un jour j'ai croisé une énorme musaraigne, juste en dessous de l'arbre. Mais je l'ai pas mangé, elle était trop grosse pour moi, tu sais..."
En effet, c'est ce à quoi la louve pensait également. Haënymae sentit la louvette estivale s'endormir paisiblement sur elle. Quand tout à coup, celle-ci poussa un couinement aigu. La louve surprise, se releva avec sursaut. Elle affirma à son amie :
- Nous devrions partir d'ici, il y a trop d'insectes. C'est pas grave si on est mouillé. On va chercher les cloportes sous le saule pleureur.
La louve estivale acquiesça et sortit la première. Haënymae se cogna la tête en voulant sortir de la voûte. Ce n'était rien mais ce n'était pas très agréable. Elle rejoignit sa comparse sous le saule et y vit de nombreux insectes d'espèces différents grouiller près des racines. Parmi eux, des insectes à la carapace noire. C'était ça des cloportes. Haënymae prit tranquillement deux cloportes qu'elle glissa dans la poche de sa cape tandis que Kileen se jeta dans le fouillis d'insectes pour y attraper deux cloportes également. Quatre, le compte était bon. Elles partirent donc rapidement de cet endroit pour rentrer dans leurs territoires respectifs.
- A demain Kileen ! : salua joyeusement Haënymae.

Valse des Cloportes

Feat Rubis

En vérité, Kileen préférait la morsure des insectes à celle de la pluie. Elle ne voulait pas de ces lames invisbles et glaciales qui rongerait lentement sa peau. Rien dans ces larmes d'argent ne l'attirait. Aucune chaleur, aucun réconfort. La loupiote frémit et se renfrogna lorsque sa comparse se glissa à l'extérieur. un frisson la saisit lorsqu'elle entendit distinctement l'eau s'écraser sur les longs poils de la printanière. Mais les griffes de l'obscurité de la tanière ne la rassurait pas plus, et, tant qu'à faire, elle préférait affronter le courroux du ciel.
Un grognement agacé lui échappa lorsque quelques gouttes s'écrasèrent sur sa truffe. Avec précipitation, ses petites pattes froissèrent les misérables notes de la pluie tombante. Violons d'un orage colérique, légers points sur la partition noire du ciel, les rafales de vents balayaient cette tendre et douce mélopée. La loupiote se glissa sous l'immense saule en pestant violemment. Sa comparse, le museau plongé dans un tas grouillant, avait déjà saisit deux insectes et les fourrait dans sa sacoche. S'empressant de l'imiter, l'enfant trempée plongea parmi les bestioles et, en broyant quelques une entre ses crocs, se débrouilla pour en conserver deux intactes entre ses crocs. Elle les recracha avec dédain dans un petit récipient et adressa un regard assuré à la printanière. Tandis que celle-ci lui donnait rendez vous le lendemain, Kileen acquiesca et, fuyant rapidement la pluie, se mit en route vers le soleil de ses terres.

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