Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Le soleil commençait à décliner tandis que l'après-midi s'aventurait vers les portes du crépuscule. Rayons déclinant, les températures les suivaient, installant un froid humide mais rien de bien inhabituel sur les terres hivernales qui se dressait devant les pattes du géant cornu. Il était stoppé, près de la frontière, détaillant de ses yeux écarlates l'étendue blanche qui se laissait apercevoir au-delà de la grande chute que pouvait provoquer l'abime qui s'échouait non loin de lui. Détestant faire demi-tour, revenir sur ses pas pour un obstacle qui en découragerait plus d'un, il franchit cette limite invisible pour pénétrer dans ce territoire ennemi. Il n'avait aucun ordre de mission d'espionner ce clan qui connaissait un drôle de maux : une maladie achevant le gibier mais venant à toucher les canins. Cela ne faisait guère peur au démon, au contraire. Dans son monde, de tels malheurs pleuvaient autant que les averses venaient frapper en automne. Giboulées d'infections, il ne les connaissait que trop bien.

S'ébrouant, Ash'Naï s'avançait vers la béante gueule de froideur qui s'étendait sur bien des kilomètres, attendant qu'une proie usée par la désespoir ou nullement prudente, se jette ou glisse entre ses crocs pour se fracasser au fond de sa gorge. Cruel destin et pourtant, le cornu la longeait, regardant le fond. Les profondeurs venaient le caresser, comme des sirènes venant happer les désirs de marins pour ne que les plonger dans la Mort. Le vide était un ennemi de longue date et, de son regard ne montrant que rage et non peur, c'était comme si un défi oublié renaissait pour charger l'air d'électricité.

Le géant posait une patte après l'autre, sa marche quoique légère pour son gabarit musclé, faisait craquer dangereusement la glace et pourtant, il ignorait complètement ce bruit qui venait résonner dans ses longues oreilles. Il poursuivait son chemin le long de cette abime, fusillant du regard les invisibles sirènes des profondeurs. Cependant, les craquements cessèrent au moment où ses pattes s'arrêtèrent. Il détourna le regard de son adversaire, chose qu'il n'aurait jamais fait lors d'un combat contre un être de chair et de sang mais, il n'en négligeait guère non plus les tours que pouvaient lui faire cette frontière que trop dangereuse.

Pourquoi c'était-il arrêter, lui qui détestait tellement ne pas continuer sa route ? La réponse était simple en soit : il n'était pas seul. Non, il ne l'était plus. La neige craquait mais, il n'avait pu l'entendre précédemment pour cause qu'il était gêné par ses propres pas. Mais, son sixième sens, celui d'un fier guerrier, s'était réveillé. Il se retourna légèrement, posant son regard sur l'étendue neigeuse des terres hivernales. Il ne vit personne ... Ce n'était donc guère des soldats hivernaux et qui plus est, aucun affrontement n'aurait pu avoir lieu pour cause que la béante gueule les aurait séparé. Fort malheureusement, ce n'était pas de là que provenait les pas. Ash'Naï fit volte-face, grognant et son poil se dressant de son échine au bout de sa queue s'achevant de cartilage tranchant. Imposant molosse, le voilà qui s'énervait pour un être futile qui l'avait suivi. Du moins, il pensait à la traque de son être sans songer à la simple coïncidence d'une simple promenade près de cette frontière.

Le silence se tut lorsque les grognements du géant vint le déranger à sa somptueuse contemplation de la scène. Ash'Naï n'était seul, il le savait, il sentait la présence de plusieurs êtres. Des hivernaux ? Non, non, ce n'était ce clan affaiblit par la maladie, de plus, il doutait que les patrouilleurs passeraient les frontières, notamment celle-ci à la gueule béante et au vide si attractif. Sa logique se tenait alors, qui était ce ? Il l'ignorait mais, la brise de la saison semblait répondre à ses attentes et changea de direction dans une douce caresse de détournement, elle vint apporter fumet au canin. Il put alors distinguer la présence d'un automnal, ou plutôt d'une femelle de son Clan. Mais, pourquoi Diable se cachait-elle de lui ? Serait ce à cause de l'imposante stature du canin cornu ? Cela ne l'étonnerait guère, il n'avait que des remarques vis-à-vis de son corps, de ce qu'il était.

- Pourquoi se dérober à mes yeux quand votre odeur vous trahi, jeune Demoiselle ?

Sa voix imposait soumission d'un moindre être et pourtant, il se voulait qu'elle sorte de sa cachette de glace dans cet endroit recouvert de cette succube neigeuse. Il ignorait son âge mais, le mâle savait que cette manière de nommer une dame plaisait pour cause, cela les rajeunissait et les comblait d'un quelconque orgueil face à l'empreinte d'un temps qui se devait d'avancer. Il ne quittait de son regard rougeoyant, qui semblait s'adoucir malgré sa provocation précédente. Il ne voulait davantage effrayer l'être qui l'avait sans doute suivis. Cela importait peu, ils étaient de la même meute.

- Je ne te ferai de mal.

Le cornu lui tourna le dos, balayant de son écarlate regard les étendues neigeuses. Il avait la conviction que la belle cachée n'était guère la seule en ces lieux empreints d'une maladie inconnue, gourmande du gibier et désormais aussi des lupins y vivant. Drôle de fléau, il n'en était que trop dangereux lors qu’aucun remède ne pouvait le faire taire.

- Vous autres, montrez vous.

Son ton était toujours aussi colérique que sa position de combat l'avait laissé paraitre auparavant. Il détestait ceux qui observait de loin, disparaissant à la vue des autres. c'était ironique lorsque l'on savait qu'il était un espion, lorsqu'il disparaissait lui-même d'un champ de vision d'un inconnu devenu sa proie. Malgré sa stature imposante, et ses cornes, il pouvait devenir l'invisible, n'être plus qu'un songe tandis qu'il retenait les dires de ses proies, allant les reporter le plus fidèlement à son Alpha Ypso.