Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Poursuite de la découverte du territoire pour la jeune et nouvelle guérisseuse printanière. Cette fois-ci, elle s'était attablée à la tâche d'étudier la luxuriante végétation que l'on pouvait trouver ici. Finalement, lorsqu'elle arriva dans la forêt, elle s'accorda le loisir de repousser son travail afin de profiter des lieux riches et abondants. Après tout, elle pouvait bien se le permettre, non ?

Le vent venait s'engouffrer dans son pelage, si bien qu'elle se stoppa quelques instants avant de lever son fin museau pour humer l'air forestier. La froidure ne fit pas même frémir son chétif corps, tellement elle était paisible. Ses oreilles rayées de gris clair, couleur ne tranchant qu'à peine avec son pelage blanc, s'étaient dressées. Elle se sentait dans son environnement ; chez elle. Non, pas vraiment chez moi, se reprit-elle avec une subite pointe de nostalgie. Mais dans un endroit où pour l'instant, je peux me considérer en sécurité.

Cette pensée la ramena à la réalité. Ses yeux allèrent brièvement à son collier de cuir, celui qui lui nouait la gorge et duquel s'accrochait un pendentif. Ce n'était sans aucun doute pas sur le territoire printanier qu'elle avait eu de tels attributs. Alors, elle repartit d'un trot éphémère, parcourant les alentours en laissant un vague regard planer dans la forêt. Ses tourments l'avaient reprise, elle ne parvenait plus à se concentrer. Ses yeux se fermèrent à moitié, et elle se laissait virevolter sans trop savoir où elle allait. Ses songes la guidaient, la perdraient peut-être même rapidement dans ces lieux.

D'entre ses crocs fila soudain un petit sifflement bas, qui, finalement, se mua en une douce chansonnette que la louve murmurait de sa cristalline voix. C'était comme si elle s'était détachée du paysage. La forêt n'était en effet pas vraiment lieu à chantonner, surtout les profondeurs de celle-ci, et pourtant, la chétive louve au pelage blanc se laissait porter par cette mélodie...

Si bien qu'elle ne parvint même pas à ressentir la présence d'un second individu dans les profondeurs de ces sombres bois.

Tiens, un nouvel endroit. La découverte de ce nouveau et étrange lieu se poursuit. Apeuré par ce monde inconnu, j'avance lentement, scrutant les alentours et le ciel. Des arbres m'encerclaient, je suis pris de panique. Un vent frais me fouettait le visage tendis que cette divine odeur printanière me caressait de nouveau les narines. Un bruit vient souffler sur mes tympans. Je redresse ma tête et me concentre sur l'endroit d'où provenait ce son. Je vis une créature, j'accèlère le rythme de mes pas mais silencieusement, je me glisse sur le côté. Je m'approche peu à peu de cette bête blanche qui ressemble à ce que je suis. Je hume l'air et m'approche doucement.

La jeune louve ne cessait de trottiner d'une allure éphémère. Ses pensées continuaient de la mener, et ses yeux verts s'étaient presque entièrement fermés. Elle ne sentait plus que la légère brise qui parvenait à s'infiltrer dans les bois, ainsi que la pierre couleur émeraude qui ricochait contre son fébrile membre en mouvement. A chaque pas, l'objet relié à son collier revenait taper contre son épaule, comme si le minéral voulait l'avertir de sa continuelle présence - pensée qui arrivait souvent à arracher un sourire amusé à la louve. Sauf que cette fois-ci, elle n'en fit rien.

Rien ne semblait parvenir à la détacher des éléments qu'elle essayait pourtant de fuir.

Soudain, elle entendit un craquement. A ce moment là, elle releva la tête. Tout était revenu en place ; du moins, son pessimisme -naturel chez elle- ainsi que sa raison. Elle scrutait les bois. Elle était sure d'avoir entendu quelque chose. Vraiment sure.

Ses yeux se tournèrent aux alentours. La chétive louve s'était figée sur place sans s'en rendre compte, et elle entreprit alors de marcher afin de détendre ses muscles crispés. Sa tête restait fixe, tandis que ses yeux pivotaient de part et d'autre.

Gauche, droite ; personne en vue. Soupir de soulagement. crac ! ; alerte ; un bruit. On se remet aux aguets, vite !

C'est à ce moment là que la jeune louve crut -par pur pessimisme- remarquer un mouvement juste devant elle. Alors, elle recula subitement et culbuta violemment de son dos un individu. Ces mouvements précipités la firent tomber dans un bruit sourd atténué par les craquements des feuilles mortes.

Elle finit par rouvrir un oeil, puis serra les crocs.

Un grand mal au pelage brun marqué de beige et strié de rayures d'un roux vif lui faisait face. Son poil flamboyant d'un vermeil prononcé la saisit d'autant plus, et sous la surprise, elle se mit à reculer d'un air maladroit, le fixant de ses grands yeux brillant d'une légère crainte.

- D... Désolée, je suis navrée, balbutia-t-elle dans sa maladresse. Je ne savais vraiment pas où je mettais les pattes...

Elle le considérait longuement telle une proie, comme si elle cherchait à voir apparaître sur le visage du loup inconnu du calme ou de la sympathie.

Je me calma vu la prise de panique de la jeune louve. Je me força de sourire. Son pelage était d'un plan pur et merveilleux qui berçait mes yeux verts. Son regard vert était innofencif et elle possédait un collier en cuir autour du coup d'où était accroché en pendentif une magnifique pierre verte. J'était plongé dans la beauté de ce caillou étrange. Je releva les yeux pour plonger dans son regard (d'Airmead, pas du caillou Uu).

-Oh non ne t'inquiète pas... c'est de ma faute je ne sais pas où je vais, je découvre un peu ! Dis-je pour rassurer la canine blanche. Je suis juste... un loup qui se promène.

Je humait l'air à nouveau et elle portait belle et bien cette douce odeur de printemps que je perçue tout à l'heure en entrant dans les bois.

-Excuse moi, je ne voulais pas te faire peur. Tu ne t'es pas fais mal ?

La chétive printanière vit sur le regard du grand loup un sourire apparaître. Alors, elle soupira de soulagement et arbora un léger sourire sur ses babines. Elle commençait à se relever, et à retirer par petites tapes les saletés de la tourbe forestière qui s'étaient accumulées sur son pelage. Son regard se reporta vivement sur le grand animal. Il se montrait rassurant, et elle redressa les oreilles lorsqu'il se mit à parler :

- Oh non ne t'inquiète pas... c'est de ma faute je ne sais pas où je vais, je découvre un peu ! Je suis juste... un loup qui se promène. Excuse moi, je ne voulais pas te faire peur. Tu ne t'es pas fais mal ?

La jeune louve secoua négativement la tête afin de lui assurer qu'elle allait bien. Elle n'avait pas vérifié, mais ça ne comptait que peu ; elle ne voulait pas non plus le mettre dans l'embarras. Rapidement, elle se redressa entièrement en face de lui, et bien qu'elle fut d'une taille plus petite, elle répondit d'un ton calme avec une pointe de joie :

- Moi aussi, je me promène. Je suis nouvelle sur le territoire du Printemps, avoua-t-elle sans mal. Elle avait remarqué que le loup aux couleurs à moitié forestières portait aussi la chaleureuse odeur de sa saison. Tu es nouveau, toi aussi ? demanda-t-elle alors par la suite.

Sa queue balayait lentement le sol tandis qu'elle s'asseyait. Elle n'avait eu que peu d'occasions de rencontrer des loups du Printemps pour l'instant -ironie du sort- mais celui-ci lui semblait réellement cordial et sympathique. Ces petits détails firent naître en elle l'envie de le connaître.

Et quand sa curiosité est défiée, plus grand chose ne peut l'arrêter... !

Je continua de sourire.

-Moi aussi je suis nouveau !

Je regarda le sol en trépignant des pattes, en ayant peur de la réponse de la question que j'osa poser.

-Tu...tu voudrais qu'on découvre l'endroit ensembles ?

Je commença a prier intérieurement pour ravaler mes paroles. J'ai peur de la faire fuir. Elle était chaleureuse et me donnait envie de la connaître. Ce qui me surprend le plus c'est que je n'aime pas beaucoup parler et proposer a quelqu'un de faire la route avec moi me semblait différent de mes habitudes. Je suis habituellement seul. Pourquoi est-ce que je lui ai posé cette question ?

-Moi aussi je suis nouveau !

Cette réponse mit du baume au coeur de la louve. Elle se dit qu'enfin elle rencontrait quelqu'un qui se retrouvait à peu près dans la même situation qu'elle. De plus, il lui semblait fort aimable, et les loups de ce tempérament ne pouvaient qu'être appréciables au plus haut point. C'est alors qu'elle vit le grand loup au pelage strié de vermeil trépigner un peu avant de demander d'un air presque incertain :

-Tu...tu voudrais qu'on découvre l'endroit ensemble ?

- Oh. Eh bien...

Mais pourquoi se prenait-elle à réfléchir ? Cet aimable printanier lui faisait une proposition dont la réponse était plus qu'évidente. Il pouvait la faire sortir de sa sombre mélancolie, de son infâme solitude, et s'ils découvraient le territoire à deux, ce ne serait que plus amusant ! Elle hésitait pourtant, se sentait un peu gênée. Peut-être n'avait-elle pas envie d'être un fardeau ou de lui gâcher sa promenade... mais finalement, sa raison prit le dessus - et sa curiosité d'autant plus. C'était l'occasion de faire connaissance, et de partager un bon moment avec l'un des siens. Elle leva ses grands yeux vers lui en acquiesçant d'un signe de tête et en souriant.

- ... Bien sûr, merci beaucoup. Je ne voulais pas être toute seule, c'est gentil de m'accompagner.

La jeune femelle se releva délicatement pour s'approcher de son camarade. Ses oreilles basses ne témoignaient pas de la méfiance, mais elle les gardaient baissés dans une sorte d'humilité mêlée à un soulagement. Elle paraissait heureuse auprès du canidé aux nobles couleurs flamboyantes et aux étranges marques clairement délimitées. La chétive louve au pelage blanc vint se poster à son côté, et elle lui lança un regard entendu, l'attendant avant de se mettre à marcher.

Sa curiosité reprenant le dessus, elle ne mit que peu de temps avant de murmurer de sa douce voix :

- Dans ma maladresse, j'ai oublié de me présenter. Je suis Airmead, dit-elle calmement, agitant doucement ses oreilles finement rayées. Comment t'appelles-tu ?

Il y a un début à tout... ! Et cette conversation, elle tenait bien à y participer.

-Je suis... Qwerty. Oui c'est cela, je suis Qwerty. Je suis ravi de faire ta connaissance.

La jeune guérisseuse remarqua alors d'autant plus le désarroi dans lequel le loup semblait être pris : son ton ne cessait d'être hésitant, et ses pattes s'étaient même mis à frémir. De plus, il scrutait les alentours de la forêt, comme s'il craignait que quelque chose ne surgisse des sombres bois... Airmead commença même à se demander si une menace ne planait pas sur lui. Dans un élan de gentillesse, voulant détourner l'attention du loup de cette sorte de panique dans laquelle il s'immisciait, elle lui sourit et déclara avec engouement :

-Enchantée, alors, Qwerty... !

La fine louve continuait d'alterner ses pas entre une marche paisible et un petit trot éphémère qui n'allait pas plus vite que l'allure du grand loup. Ainsi, il s'appelait Qwerty. Ce nom lui semblait étrange, mais pour autant il sonnait bien. Peut-être le loup brun venait-il de bien loin. La grise-blanche n'en fut que plus piquée de curiosité, mais lorsqu'elle osa un coup d'oeil vers son sympathique camarade, elle le revit encore dans cette torpeur étrange. Il semblait perdu dans ses pensées.

Soudain, ne pouvant plus ignorer ce tourment dans lequel le somptueux mâle semblait plongé, elle ralentit vivement en se rapprochant de lui, le regardant d'une mine un peu soucieuse. Ses yeux reflétaient une partie de son inquiétude. Tout va bien, Qwerty ? Non, ce n'était certainement pas comme ça qu'il fallait commencer. Il ne la connaissait pas, et n'allait sans doute pas lui faire confiance aussi rapidement. Sans doute aurait-il répondu oui, je vais bien, comme tout le monde, à cette question. Alors, choisissant avec prudence ses mots, elle s'engagea d'une voix douce :

- Tu n'apprécies pas la forêt, Qwerty ?

-Je n'en suis pas si sûr mais je n'aime pas l'ambiance de ce lieu.

Le loup avait répondu d'un ton confus.

... Etait-ce seulement cela ? "L'ambiance de ce lieu"... ? Peut-être bien. Mais pourquoi ? Peut-être le loup n'avait jamais apprécié les coins ombragés, tout simplement. Ou peut-être qu'il n'appréciait pas la hauteur vertigineuse des arbres. Peut-être n'aimait-il pas l'inquiétude que pouvait procurer la forêt. Peut-être qu'il n'aimait pas cet endroit où se trouvaient de nombreuses cachettes...

Peut-être avait-il eu de mauvaises rencontres dans une forêt.

La jeune louvre frissonna imperceptiblement à cette pensée, mais elle la rejeta vite. Car, en fait, le loup semblait plus perdu qu'angoissé. C'est comme si... comme s'il ne connaîssait pas la forêt. Pourtant, il devait déjà y être venu, non ? Prenant cette hypothèse pour une indéniable possibilité, elle se préparait à lui poser la question. Lorsqu'elle tourna la tête vers lui, il semblait encore avoir la tête ailleurs ; il était encore plongé dans ses pensées. Il faut vraiment que je le sorte de là, pensa hâtivement la guérisseuse printanière. Elle ne supportait pas de le voir ainsi. C'est comme... si elle avait envie de l'aider. Elle le trouvait si proche d'elle, ainsi, dans d'interminables songes qui le tourmentaient...

Elle allait poser sa question pour le tirer de là, mais subitement, il sortit lui-même de ses pensées. Surprise, la grise-blanche l'entendit demander :

- Es-tu déjà venu ici ?

- Dans cette forêt là ? l'interrogea-t-elle, comme pour être sure de ce à quoi elle allait répondre. Non, je n'étais jamais venue ici auparavant. J'ai arpenté de nombreux bois et de nombreuses forêts différentes, mais celle du territoire printanier ne me semble pas familière, car je n'y avais jamais mit les pattes.

Elle se mit à faire le tour du paysage de ses yeux aux couleurs végétales. Puis, elle reposa son calme regard sur son compagnon de promenade, Qwerty. Elle cligna doucement des yeux en le regardant quelques instants pendant qu'un sourire franc éclairait son fin visage. Elle lui demanda alors en retour :

- Et toi, Qwerty, tu n'as jamais couru dans une forêt ?