Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Rage s'amusait comme un p'tit fou. En tout cas, dans sa tête, tout autour de lui n'était qu'amusement et divertissement ; nombreux de ses ennemis avaient droit à ses crocs et ses griffes qui se déchaînaient, mais lui les distribuait comme s'il saluait tout l'monde. D'un avis extérieur, on avait plutôt affaire à un monstre verdâtre dont les yeux fous cinglaient les adversaires sans vraiment les voir, tandis qu'il était à l'origine d'une tempête de coups acérés. De son avis, le soldat était tout heureux d'enfin sentir ses muscles servir à quelque chose, de pouvoir esquiver, foncer, bloquer, attaquer, se déporter, remballer.

Il y eut un moment de blanc, pendant lequel tout ceux qui l'entouraient n'étaient plus en mesure de lui nuire, et que personne dans les alentours ne lui prêtait attention, vu que tout le monde était entraîné dans le chaos du combat. Bon, p'tite pause les gars ! Rage en profita pour reprendre un peu le dessus sur sa folie meurtrière, et promena ses yeux dorés sur les environs. La bataille battait son plein, de nombreux loups s'entre-déchiraient, et il était de plus en plus difficile de dire dans quel clan on mordait... Tout à coup, les yeux du soldat tombèrent sur une silhouette ma foi fort alléchante. Ce pelage couleur de sable, cette tresse turquoise, n'était-pas la délicieuse Akisa qu'il apercevait là-bas ? Diable, elle devait être toute jeune, mais elle se défendait plutôt bien, confrontée qu'elle était à un printanier sûr'ment plus âgé qu'elle. Plus âgé, mais plus con ; elle n'eut pas vraiment de mal à en venir à bout.

Et si on allait lui montrer c'que c'était vraiment qu'le combat ?

Il s'en délectait d'avance. Navré, mon cher Oxymore, mais tu peux pas être le seul à profiter entièr'ment de cette situation de crise. Le loup vert commença à marcher vers sa future proie, ses yeux dorés dardés sur elle, son sourire carnassier s'étirant sur ses babines, signe d'une menace grandissante pour la santé de l'Alpha estivale. Salut ma jolie, on danse ?

Une chose était sûre, quiconque viendrait se placer entre lui et sa cible en subirait de lourdes conséquences.

Mal à la tête. Monde qui tourne. Envie de vomir. Mon dieu... Un pic-vert s'était installé sous sa boîte crânienne et il fallait dire qu'il s'en donnait à cœur joie. L'odeur du sang était de plus en plus insupportable et le sol était spongieux sous son corps, empli d'un liquide plus cramoisi encore que le sol lui même. Toboe souleva avec peine son corps douloureux. Pourquoi ? Comment ? Il ne savait plus trop. Peu à peu, dans le vacarme du combat, la mémoire lui revint. Il s'était battu. Avec une hivernale. La fourbe avait réussi à le mettre au tapi. Cependant il s'estimait heureux qu'elle ne l'ait pas tué, proprement et simplement. Elle l'avait juste laissé pour mort, étendu sur le sol. Il secoua la tête, tentant de se remettre les idées en place. Le grondement était sourd et le sang lui battait violemment aux tempes. Comment pouvait-il encore se battre dans cet état ? La question était épineuse et, alors qu'il parvenait à se remettre sur ses pattes, son flanc le lança. De grandes lacérations y couraient, autre souvenir de son combat contre l'hivernale. Il grimaça mais se força à avancer. Il ne pouvait pas vraiment user de son don ici. Il n'y avait rien qui puisse servir de réservoir. Il y avait bien les autres combattants mais il avait trop peur d'user de son don sur eux. Il ne savait quel en serait le contre coup ... Il secoua vivement la tête, tentant de faire abstraction de ses douleurs. Il n'avait pas le temps de prendre soin de sa petite personne. Les duels qui se déroulaient autour de lui semblaient terriblement lointains, comme pris dans un autre espace temps. Le loup écarlate ne reposa les pattes sur terres qu'en avisant Akisa. La louve était belle et combattait bien. Orphée avait, comme toujours, bien fait son travail et grâce à lui la meneuse estivale n'était pas une ennemie à prendre à la légère. Les prunelles rouges parcoururent le terrain et se fixèrent sur un loup vert. Pas un beau vert. Un vert sale qui donnait envie de le haïr. Bien loin de la douce couleur de son aimé. Songer à Haru le fit gronder  sourdement. Il ne pouvait pas abandonner. Il n'en avait pas le droit. Il avait donné sa vie pour lui ce n'était pas pour la perdre maintenant.
Il vit les yeux de la bestiole vert sale regarder dans une direction précise, manifestement intéressé comme pouvaient en attester ses grandes oreilles qu'il tenait bien droites. Le carmin suivit son regard. Son sang se figea dans ses veines lorsqu'il vit sur quoi les pupilles du printanier étaient braquées. Akisa. Son Alpha. Sa Reine. Celle qui lui faisait confiance. Celle qu'il s'était juré de protéger, coûte que coûte. Dans un grondement Toboe s'élança malgré les blessures et son mal de crâne lancinant. Il sentait les énergies de tous les loups présents pulser autour de lui. Qu'importaient les conséquences. La seule chose qui eu de l'importance était de sauver la louve crème. En un battement de cils, tout en continuant d'avancer, l'estival se glissa dans le monde en noir et blanc des énergies. Il trouve des corps à terre, inanimés. Il ne savait à quel Clan ils appartenaient et, à vrai dire, il n'en avait strictement rien à faire. Il ne les tua pas, se contentant de prélever de l'énergie. Dans son esprit des images naissaient. Il tentait de les préciser au maximum. Il ne fallait pas que tout cela soit vain. Il ne fallait pas que ses protections lâchent à la dernière seconde.
Alors qu'il parvenait enfin au niveau de celui qui osait ne serait-ce que songer s'en prendre à son Alpha on put voir des plaques argentées luisantes apparaître sur le corps de Toboe tandis qu'un mur haut de deux mètres se dressait maintenant entre le printanier et l'estivale. Le Veilleur bondit, usant de la dernière parcelle d'énergie restante pour se fabriquer de longues griffes, prolongement des siennes et toujours de cette couleur argentée si particulière. L'attaque était grossière et n'atteindrait peut-être pas sa cible mais il était sûr d'une chose : la bestiole vert sale serait forcée de se soucier de sa présence.

Les yeux presque fous de Rage étaient dardés sur sa future victime, et y s'plaisait à s'imaginer la réaction des estivaux lorsqu'ils verraient la tête de leur reine voler. Ça promettait d'être drôle en tout cas, et le soldat s'en pourléchait les babines à l'avance. L'excitation filtrait dans les moindres fibres de son être, mais y prenait son temps. Fallait savourer l'instant... Ouais, mais pas trop quand même.

Dommage, à l'instant même où le grand vert décida qu'il allait se ruer sur la louve, un haut mur lui fit face, et il manqua de peu de se péter la fiole dessus. Merde alors, d'où qu'il sortait lui ?? A peine cette pensée était née dans l'cerveau enfiévré du printanier que l'auteur probable de la paroi lui atterrissait d'ssus. Ouais ouais, vraiment dessus. Pourquoi l'auteur probable ? Ben, il avait des espèces de plaques et griffes d'la même couleur et p'tête la même matière que ce dans quoi il avait failli imprimer son portrait. Quoi, comment y savait ça ?

...

Dans un grondement sourd, le soldat fit une formidable ruade pour se débarrasser du mouch'ron rouge qui s'tait collé sur son dos. Merde alors, il était complètement à l'ouest ou quoi ?? Il avait failli s'manger un mur et voilà qu'il laissait un microbe le lacérer sans soucis ! Quel temps de réaction minable, fallait qu'il se ressaisisse... Et ça commençait par se dépêtrer de ce merdeux avec ses foutues griffes à rallonge. Ce s'rait pas long.

Pour assurer le coup, Rage plongea après sa ruade et roula sur le dos. Avec ça, si son adversaire s'tait pas décollé, il allait le sentir passer ! Viv'ment, le grand vert se remit sur ses pattes, et jeta un coup d'oeil sur son dos, déjà bien abîmé, qui présentait maint'nant de nouvelles cicatrices, sanguinolentes celles-ci. De nouveaux trophées, même si y s'en venterait pas des masses... Les mâchoires serrées, le soldat jeta un regard assassin à la mauviette qui lui avait causé ça. Rappelle-toi de ce jour, petit. C'est celui où tu meurs.

Malgré les brûlures qui l'élançaient, Rage n'allait pas s'laisser abattre. L'adversaire avait l'air risible, certes, mais visiblement son pouvoir était pas à sous-estimer. Bien, il allait mettre la patate, du coup. Le rouge était sûr'ment plus rapide que lui, mais à ce stade de frustration et d'énervement, le printanier avait plus trop envie de mijoter des stratégies. Il fonc'rait dans l'tas, comme à son habitude, et advienne que pourra.

- Tu vas regretter d'avoir fait ça, nabot...

Les yeux dorés jetèrent un regard acéré sur l'estival - c'en était sûr'ment un - et Rage esquissa un rictus grimaçant. Sa voix caverneuse laissait filtrer son mépris et son agacement. Personne ne pouvait prétendre déranger ses plans et aller s'pavaner par la suite. Il en réchapperait pas.

Le grand vert était dressé sur ses grandes pattes musclées, tête basse, regard furieux rivé sur le rouge. Puis, d'un coup, il bondit, sans prév'nir. Ça d'vait pas vraiment surprendre l'autre, mais tant pis. A présent, il se jetait sur son adversaire, crocs et griffes en avant, avec la ferme intention de le dépecer sur place.

Akisa. Il devait protéger Akisa. Il avait juré de donner sa vie pour elle si nécessaire. Et il le ferait, il n'hésiterait pas une seule seconde. L'autre avait l'air vraiment, mais alors vraiment, en rogne. Toboe tenta de l'imaginer en train de danser la polka. Il ne savait pas trop d'où lui venait cette idée mais il la trouvait plutôt intéressante. Le vert avait, dans son esprit, l'air parfaitement stupide. Ce n'était qu'une maigre consolation mais peu importait. Cela valait toujours mieux que rien. Il savait que les plaques rigides qui recouvraient son corps finiraient pas disparaître. D'ailleurs c'était déjà le cas des griffes qu'il avait créé trop rapidement. Elles commençaient à s'étioler. Il aurait été sympathique que son adversaire ne le note pas mais il ne fallait quand même pas trop rêver. Il était mal de base. Il s'était frotté à plus fort que lui et il allait certainement le payer cher. Voir même très cher. Enfin, il avait toujours un atout dans sa manche. Les énergies lui avait offert un nouveau don pour lutter contre Oxymore. Il n'avait pas voulu essayer. Voler l'énergie vitale d'un autre loup lui semblait trop horrible pour que l'idée ne soit même qu'évoquée rapidement. S'il se montrait trop gourmand il savait qu'il pouvait provoquer la mort aussi simplement qu'en plongeant ses crocs dans la jugulaire de sa cible. A la différence prêt que ladite cible ne saurait même pas d'où la mort venait. Il avait un don parfait pour le pleutre qu'il était.
Toutes ces idées se bousculaient trop rapidement dans son esprit. Il n'y réfléchissait pas vraiment. Tout se succédait sans qu'il ne puisse se fixer sur une idée précise. Quoique... Le gros vert se jetait maintenant tête baissée sur lui. Ma fois c'était une idée assez terrifiante pour attirer durablement son attention. L'autre était fort, très fort. Toboe pouvait voir les muscles puissants rouler sous le pelage et les cicatrices. Il allait y passer ! Il allait y passer ! Il dut faire un effort presque sur-lupin pour réagir. Pour bouger et tenter de profiter un dernier instant de l'avantage "griffes" qu'il s'était offert avec son pouvoir. Il n'aurait peut-être pas l'occasion de s'en servir de nouveau. Si l'autre ne lui laissait pas de répit il ne pourrait se trouver assez de concentration pour créer quoi que ce soit. L'autre atterrit sur l'estival et ils roulèrent au sol en une masse de membres et de fourrure.Le Veilleur sentit les griffes de son adversaire taillader sa peau et certaines de ses anciennes blessures se rouvrirent. En une vaine contre attaque il passa ses pattes arrières sous son adversaire et tenta de le pousser vers l'arrière. Les griffes qu'il s'était créé n'était plus là et les dégâts qui en résulteraient ne seraient certainement pas très importants.