Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

J'avançais d'un pas tranquille vers la tanière de l'alpha printanier. Oui, j'ai bien dit tranquille. J'étais très décontracté, et les terres printanières faisaient à présent partie intégrante de mon train train quotidien. Je vagabondais souvent sur ces terres colorées, parfumées et surtout très vastes, depuis que j'avais rejoins le camp des gagnants. J'avais un peu l'impression que ce territoire m’appartenait, que je pouvais m'y promener nonchalamment comme et quand je le souhaitais. Et bientôt, les territoires accessibles s'étendraient à perte de vue sur toute la surface du pays grâce à la guerre qui se préparait, car nous allions gagner, cela ne faisait aucuns doutes. Cependant, afin de pouvoir continuer à profiter de ce privilège de pouvoir voyager où bon nous semble, il fallait être actif, et répondre aux ordres de notre chef, Oxymore, alias le loup bariolé. Cependant, l’habit ne fait pas le moine, bref, J'avais un certain respect pour ce dernier, quoique, parfois il tombait vraiment dans une folie effrayante, mais bon, comme on dit, personne n'est parfait, sauf peut-être moi, fort heureusement. Tout cela pour en venir au fait, que j'allais actuellement voir ce très chère Oxymore, afin de prendre connaissance de ma prochaine mission. J’espérerais que cette fois je n'irais pas trop me salir les pattes. Comme la torture de certains traîtres. La dernière fois que j'avais effectué une quête de la sorte, je m'étais retrouvé couvert de sang et j'avais du finir tout une journée dans le lac Sherkaan à faire trempette pour pouvoir enfin récupérer ma bonne odeur de loup et faire la lessive de mes accessoires tachés de gouttelettes vermeilles. Oui, un loup qui fait la lessive, si si je vous assure c'est possible, ne me demandez pas comment je m'y étais pris, j'ai mon honneur tout de même ! Enfin, toujours est-il que je n'avais pas envie d'une mission trop salissante. Je préférais assassiner tout de suite les victimes d'un solide coup de griffe, c'était plus discret, plus propre... d'autant plus qu'avec un pouvoir de caméléon comme le mien... héhé.

Le loup bariolé s'approchait justement, il devait sans doute m'avoir entendu. Puisque sa majesté ne supportait pas que l'on entre dans sa tanière, il préférait nous retrouver dehors. Je pense surtout qu'il voulait garder sa femelle pour lui. Comment s'appelait-elle déjà ? Ah oui, ça sonnait comme Froune. Bon, voilà, il devait sans doute protéger sa chère Froune, parce que vu le nombre de mâles qu'il avait embauché, peut-être qu'il y en avait qui étaient assez fou pour se taper la femelle du chef. D'ailleurs, j'étais bien content que ma Nilania ne soit pas dans le coin. L'imaginer, elle, la frêle petite louve naïve entourée de tout ces assassins assoiffés de sang et de sexe, brrr, je ne paierais pas chère de sa peau !

J'attendais que  froufrou-bariolé me donne mes ordres, je n'avais pas trop l'intention de discuter, et puis avec lui, valait mieux pas. C'est bien pour cela que j'attendais qu'il engage la conversation en premier, oreilles dressés en avant.

Le grand loup noir faisant les cent pas dans son antre. Il détestait attendre. Pourquoi étaient-ils si longs ? Il n'avait pas envoyé ses messagers les plus rapides pour passer des heures ici à attendre que l'un des loups qu'il souhaitait rencontrer n'arrive. Il n'était pas parti pour gagner du temps. Il avait convoqué plusieurs loups à la fois. Il poussa un léger grondement de mécontentement. Un peu de patience. Il avait dû l'apprendre durant ces longs mois d'hiver. Sauf que le printemps était maintenant là. Leur puissance était à son paroxysme. Il n'était plus temps d'attendre. Pivot sur ses pattes arrière. Un pas de plus en avant. Encore un autre. Le son de ses pas dans la terre battue était presque imperceptible. Alors qu'il allait gronder de nouveau et peut-être bien se laisser aller à briser quelque chose il entendit un bruit qui le fit sourire. Ah, enfin. Son premier invité arrivait. Il ne devait pas le faire attendre. Ils n'avaient déjà que perdu trop de temps. Des missions devaient être données sans délais. Il ne doutait pas que ses ordres seraient promptement exécutés. Il n'avait fait appel qu'à des loups en lesquels il avait confiance. Enfin, confiance, à son échelle. Qui serait dont le premier sur les lieux ? Il le saurait bien assez tôt. Les autres ne devraient pas tarder. Il avait envoyé ses messagers personnels. De pauvres loups qui, à défaut d'être de bons combattants, savaient courir vite. Autant s'en servir plutôt qu'ils ne deviennent d'inutiles bouches à nourrir. Les printaniers commençaient à les reconnaître et Oxymore savait que si certains étaient contents de les voir venir d'autres les haïssaient presque autant qu'ils le détestaient lui même. Un quart de tour et quelques mètres plus tard il se trouvait dehors. La tête haute et l'air fier.

Ses yeux d'obsidienne se posèrent sur Auron. Bien, il était important pour lui que ses nouvelles recrues participent elles aussi à des tâches importantes. Le loup chocolat lui avait déjà prouvé sa loyauté et avait semé la mort en son nom. Il ne s'agirait pas de cela aujourd'hui. La mission qu'il comptait lui confier serait un peu plus subtile et demanderait de la discrétion. Et il ne doutait pas que lorsqu'il n'était qu'une larve rampante de neutre il eut appris à l'être. Leur avènement allait enfin avoir lieu. Ce n'était plus qu'une question de jours. Peut-être de semaines mais pas plus. Ils allaient mettre ce monde à feu et à sang. La terre abreuvée de liquide carmin resterait rouge jusqu'à la fin des temps et les bardes ne cesseraient de chanter leurs exploits et la grande bataille.

- Enfin là. Ce n'est pas trop tôt.

Qu'alliez-vous imaginer ? Oxymore ne ferait jamais part de son contentement à ses troupes. S'il ne vous tuait pas ou s'il ne vous blessait pas c'était que vous lui conveniez. Dans le cas contraire ... Mieux valait ne pas trop y penser et faire en sorte que cela n'arrive pas. Le grand loup noir fit un pas de plus en avant. Il rêvait que le jeune loup se rebelle pour pouvoir planter ses crocs dans sa gorge. Il savait cependant que ça n'arriverait pas. Et puis, cela ne servirait pas sa cause. Il n'avait pas recruté de nouvelles troupes pour les tuer avant même qu'elles aient eu le temps de voir un combat. Ce serait un terrible gâchis.

- Mais nous ne sommes pas là pour parler de ton manque de ponctualité. Il parait que tes dernières missions se sont bien déroulée. J'aurai une nouvelle tâche à te confier. Pas dan le même genre que la dernière. Cela t'intéresse-t-il quand même ?

La question était rhétorique. Il se fichait comme de sa première proie de savoir si l'ancien neutre était heureux de le servir. Du moment qu'il faisait ce qu'on lui demandait. C'était tout ce qui lui importait. Le regard noir ne quittait pas le nouveau venu. Avait-il une quelconque réclamation ? Il ne vaudrait mieux pas pour lui. A moins que cela ne soit une intelligente remarque.

Froufou bariolé ouvrit enfin sa boite.

- Enfin là. Ce n'est pas trop tôt.

Wow, quel accueil, ça c'est de la gentillesse comme j'aime. M'enfin bon, fallait pas s'attendre à ce qu'il me jette des fleurs, je savais bien qu'il préférait les loups de son clan aux neutres. Mais tout de même, de plus je ne crois pas l'avoir vu une seule fois félécité quelqu'un. Je n'ose même pas l'imaginé vieux, avec des poils gris sous le menton en mode vieux sénile qui n'aime personne... enfin, qui n'aime  ENCORE MOINS personne, parce que là c'était dure de faire pire. Brrr, esperons que d'ici là, je sois retourné dans mon bon vieux territoire neutre avec ma Nilania. Bon, revenons à nos moutons. Je n'avais rien à ajouté à sa remarque. Sinon " oui j'suis à la bourre, quelle est ma punition ?" Hrum très peu pour moi, merci, je tiens un minimum à mon honneur, d'autant plus que je vous est avoué que je savais faire la lessive...Alors une information confidentiel par jours, pas plus !

- Mais nous ne sommes pas là pour parler de ton manque de ponctualité. Il parait que tes dernières missions se sont bien déroulée. J'aurai une nouvelle tâche à te confier. Pas dans le même genre que la dernière. Cela t'intéresse-t-il quand même ?

Une nouvelle tâche, pas dans le même genre ? Houhou, ça sentait la discrétion et les coups bas ! Ma spécialité, muahahah. Un geste sur la gauche attira un peu mon attention. Mais je ne me retournai pas. Se détourner de Froufou-bariolé lorsqu'il nous donnait des ordres, c'était comme une coccinelle qui tournait autour du faucon pour attendre la première occasion de se faire bouffer.  Et je n'avais pas de tendance suicidaire à ce que je sache. Donc, à en déduire par mon cerveau extrêmement intelligent, ça devait être un autre des sujets qui était arrivé en retard. Du moins, encore plus en retard que moi. Huhu. Bref, revenons à la partie intéressante. La mission.

- Bien sure...  et en quoi consiste-elle ?

Premières paroles de la journée prononcés, autant dire que ma voix était grave et enrouée. Non pas que je ne sois pas matinale, mais bon, avec lui on pouvait jamais en caser une a part dire oui, maitre, oui chef, oui oxymore, oui prince,etc... Alors bon, hein. Et puis fallait  le dire, les autres était pas très causant non plus, alors comment veux-tu entrainer ta voix ici ?
Bon allez, retournons une fois de plus au sujet important. Quelle était cette mysterieuse mission intéressante ?

La voix du neutre crissa douloureusement aux oreilles du grand loup noir. S'était-il subitement transformé en grenouille pour coasser de la sorte ? Mais passons, là n'était pas la question. Il se contrefichait que les neutres s'intègrent mal dans leur nouveau clan. Tout ce qu'il leur demandait c'était de l'obéissance, pas qu'ils fassent ami-ami avec tous les printaniers du coin. Lui même ne s'entendait pas avec grand monde. Il inspirait plutôt de la crainte ou du dégoût et cela lui convenait. Le premier mieux que le second, il fallait bien l'avouer. Ce n'était que le revers de la médaille qu'il portait ou plutôt qu'il arborait avec fierté. Il n'était pas devenu Alpha sans avoir l'envie de diriger. Il était devenu dirigeant parce qu'il le souhaitait. Il aurait pu laisser Moune à la tête de son Clan sans chercher à s'investir. Cela aurait certainement été plus simple pour tout le monde mais n'aurait pas servi ses intérêts.

- Va donc voir pour moi ce qu'il advient des automnaux. Ils auraient bien besoin de se souvenir que nous existons. Sème le trouble dans les esprits. Mens, jure que tu n'es qu'un neutre en quête de protection. Je me fous que cela froisse ta fierté et je me fous que tu aimes mentir ou non. Infiltre-les et vois si tu peux m'apprendre des choses intéressantes.

Il laissa passer un petit silence le temps qu'Auron intègre bien ses paroles. Oui, il fallait qu'ils apprennent ce que les automnaux avaient prévu. Allaient-ils prendre part aux combats ou laisser les autres Clans se charger du sale boulot ? Il en doutait fort mais on ne savait jamais.

- Ah et, autant te dire qu'il n'est pas nécessaire de revenir ici si tu n'as pas appris ce qu'ils comptaient faire.

Le sourire qui s'étirait maintenant sur ses babines n'augurait rien de bon. Il était aussi dégoulinant et mielleux qu'une ruche. Une ruche dans laquelle les abeilles s’apprêtaient à attaquer. Oxymore en avait maintenant terminé avec lui et les yeux d'obsidienne se tournaient maintenant en direction du second arrivant qui n'avait pas même pris la peine de le saluer. Ceci dit il avait certainement bien fait. Il détestait qu'on l'interrompe pendant qu'il parlait. Un certain sens de la survie donc derrière ces prunelles bleues.

- Kérès, heureux de voir que tu nous honores toi aussi de ta présence.

Il n'allait pas le féliciter. Les neutres et les printaniers étaient logés à la même enseigne. Il n'avait nulle préférence pour les membres d'origine du Clan. Il se foutait de l'ancienneté comme de sa première proie. Un subalterne était un subalterne. Pour lui tout s'arrêtait là.

La voix de l'imposant loup noir ne se fit pas prier et il finit enfin pas dévoiler les raisons de cette assemblée de gens à qui il distribuait des missions comme on distribue des excréments aux scarabées.

- Va donc voir pour moi ce qu'il advient des automnaux. Ils auraient bien besoin de se souvenir que nous existons. Sème le trouble dans les esprits. Mens, jure que tu n'es qu'un neutre en quête de protection. Je me fous que cela froisse ta fierté et je me fous que tu aimes mentir ou non. Infiltre-les et vois si tu peux m'apprendre des choses intéressantes.

Si je ne tenais pas à ma fourrure, j'avoue que j'aurais lever les yeux au ciel. Il avait coupé mes protestations avant même que je ne les prononces. Heureusement, car je ne pense pas qu'il m'aurait sortie la même phrase si j'avais clamer une exclamation du type  : "QUOI ?! Et pourquoi pas mes fesses rôties accompagnées de sauce aux champignons tant qu't'y es ?! " ça aurait pas été des fesses rôties, mais pulvérisées à mon avis... Fiouf, heureusement que j'étais doté d'une tolérance hallucinante - tout comme le reste de ma personne, ça va de soit -. Non pas que je ne souhaite pas continuer cette conversation au sujet de mon extraordinaire postérieur, mais froufrou bariolé n'avait pas terminé ses explications.

- Ah et, autant te dire qu'il n'est pas nécessaire de revenir ici si tu n'as pas appris ce qu'ils comptaient faire.

Très bien, comme d'habitude quoi. Je me demande ce qu'il se passerait si un jours je ne revenais pas ? Je pourrais me faire passer pour mort et finir ma vie dans une grotte caché de tous avec ma Nilania. Mhh... cette perspective me parait assez attirante, mais j'aime bien aussi foutre la zizanie, même aux services d'un gros maboule comme froufrou-bariolé. Tiens, en parlant de ce dernier, il était tant que j'y aille, sinon il allait s'impatienté, et j'allais finir par vraiment y laisser mes 'tites fesses.

- Bien, j'y vais de ce pas.

Rien d'autre à ajouter, j'imagine. De toute façon froufrou n'aimait pas causer pour ne rien dire, et préférait gagner du temps. Et il avait sans doute d'autres loups à fouetté, sachant que je n'étais pas le seul de ces sujets à qui il donnait une mission. Je me retournais donc comme pour soutenir ma phrase, et marchait d'un pas assuré vers les frontières automnales. Mhh... j'allais m'amuser !

Auron s'en alla en assurant qu'il mènerait sa mission à bien. Cela Oxymore n'en doutait pas. S'il n'aimait pas vraiment le solitaire il savait que c'était une bonne recrue qui ne l'avait jamais déçu. Il pouvait compter sur sa plus parfaite obéissance. Le travail serait fait et bien fait. Quant à Kérès il daigna enfin le saluer.

- Bonjour chef.

Chef ? Encore un qui l'appelait comme ça. Le premier à lui avait donné ce titre était Rage, le soldat qu'il avait envoyé pourrir le territoire d'Akisa. Le tout étant qu'il était facile de s'y habituer et que cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Et puis, il avait des ordres à donner. Des ordres assez similaires à ceux que venait de recevoir Auron mais que voulez-vous, on ne pouvait pas toujours faire dans l'originalité. Espionner ses ennemis avait toujours du bon. Le savoir avait toujours été la plus puissante des armes lorsqu'on préparait une guerre. Sur le terrain tout serait très différent mais ils n'y étaient pas encore. Ils n'en étaient toujours qu'à la phase de préparation. La puissance des crocs et des griffes ne leur servirait pas immédiatement. Mais bientôt. Oui, bientôt. Ils abreuverait le sol du sang de leurs ennemis.

- As-tu entendu ce que je disais à Auron?

Il laissa à son subordonné le temps de répondre. Même s'il avait entendu il allait se répéter. Des fois qu'il n'ait pas bien intégré les informations. Il ne voulait pas laisser la moindre place à l'erreur. Il en était parfaitement hors de question. Il reprit dont ce qu'il avait expliqué à l'ancien neutre à peine quelques minutes plus tôt.

- Tu iras te promener en terres hivernales. Je te prierai de faire disparaître un tant soit peu cette odeur de fleurs qui est agrippée à ton pelage. Fais croire à Meneldil que tu tentes de fuir ou je ne sais quelle connerie. Comme j'ai pu le dire à ton collègue je me contre fout de tes méthodes. Tout ce qui m'intéresse ce sont les informations que tu pourras glaner. Combien sont-ils ? Partent-ils en guerre contre nous ? Les troupes sont-elles réellement fidèles à Meneldil ? Toute chose à son importance.

Le regard sombre était braqué sur le loup au pelage terne. Ce n'était pas pour rien que c'était lui qu'il envoyait chez cette chère Meneldil. Il passerait certainement moins mal qu'un loup vert ou bariolé. Les hivernaux avaient l'habitude du gris alors c'était ce qu'il leur envoyait. Même si cela ne pesait qu'un peu dans la balance c'était déjà quelque chose. Ne rien négliger, jamais.