Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Oxymore sentait ses dents grincer face au spectacle qu'offraient les loups de Four Seasons. La plupart étaient là, les yeux plein d'étoiles. Toutes ces mièvreries l'ennuyaient au plus haut point. Non mais, sérieusement, qu'est-ce que c'était encore que cette mascarade ? Quelle idée aussi de faire venir les morts jusqu'au monde des vivants. Non mais vraiment. Le grand loup noir préférait se tenir loin de ces mièvreries. Tant d'amour dégoulinant risquait fort de lui donner de l'urticaire. Même sa belle Moune avait cédé au chantage des autres Alphas et elle se tenait avec eux au bord de l'eau noire. Pfff, j'vous jure, ces femelles et tous leurs bons sentiments ... C'étaient de telles attitudes qui pourraient leur coûter la victoire. Le Prince des Ténèbres se releva, incapable de rester en place tant il avait envie de se défouler sur quelque chose. Quelque chose de vivant de préférence. Quelque chose qu'il pourrait faire souffrir jusqu'à plus soif. Mais, malheureusement pour lui, ils étaient tous tellement occupés par leurs retrouvailles qu'ils en oubliaient même de le craindre. Bien sûr certains continuaient de faire de grands détours pour l'éviter et les membres des clans ennemis lui lançaient des regards mêlés de haine et de peur mais rien de plus. La paix ... Un cessé le feu. Il n'y avait rien de plus ennuyeux que la paix. Dommage que Rage ne fut pas là, il était certain que le Soldat aurait partagé ses sentiments. Ses dents grinçaient tant il les gardait serrées. Il avait envie de courir, de hurler, de détruire quelque chose. N'importe quoi mais éparpiller de par le monde le chaos qui l'habitait. Le Monstre hurlait de frustration dans son esprit.

En une pensée il fit imploser un arbrisseau qui avait seulement eu la mauvaise idée de pousser là. Son voisin subit le même sort. S'il ne pouvait faire de mal aux autres alors au moins pouvait-il faire comprendre à tous que cette situation ne lui convenait pas le moins du monde. Parce que, mine de rien, ça faisait pas mal de bruits tous ces morceaux d'écorces qui volaient dans tous les sens. Sentant qu'on le regardait le prédateur fit brusquement volte face et son regard fou croisa des yeux bleus dans lesquels régnait un calme absolu. Il détailla rapidement l'animal à la fourrure claire et, instantanément, il la détesta. Parce qu'il s'agissait d'une femelle à ce qu'il pouvait en juger à cette distance. Ne s'embarrassant pas de politesses ses premières paroles furent âpres.

- Qu'est-ce que tu veux ? Te venger peut-être ? Il se peut que je t'ai tué mais je n'en sais rien du tout. La mort elle même ne peut se souvenir de toutes les vies qu'elle a volé.

L'évocation de tous ses anciens carnages le fit sourire de toutes ses dents. Oui, il aimait la violence, il aimait le sang et non, il n'avait ni remords ni cœur. Et la louve claire ne lui disait absolument rien mais cela ne voulait pas dire qu'il ne l'avait jamais rencontrée. Juste qu'elle était peut-être trop insignifiante pour qu'il l'eut gardée en mémoire.

La situation me semblait totalement irréelle, il y avait si longtemps que je n'avais m'approcher d'un mortel et, comble du bonheur, être vu par ce dernier. C'était un moment féerique qui me faisait monter les larmes aux yeux tant il m'offrait de possibilité. Si seulement mes proches n'étaient déjà venus me rejoindre, pour la majorité, dans l'au-delà, j'aurais pu les voir et leur dire à quel point j'étais fière de ce qu'ils étaient devenus. J'étais fière de ma lignée, même si je n'avais pu faire partie de leur vie, je ne faisais partie que de le mort, la mienne étant survenue à la naissance de mes petits. Je n'étais pas à plaindre, j'avais eu une vie bien remplie et j'avais eu la chance de vivre le grand amour qui m'avait permis de mettre au monde quatre magnifiques petits fabuleux.

J'étais venu au lac des murmures dans l'espoir de voir ma fille, mais elle n'y était pas. Par bonheur ou pas malchance, ce ne savait que décider, je tombais sur un loup fort intéressant au gré de mon vagabondage innocent. Un loup qui ne méritait aucune considération et à qui, si j'avait eu un corps physique, j'aurai mis une bonne fessée. Ce loup, un pauvre bouffon qui jouait à l'Alpha ne méritait même pas qu'on lui porte attention, mais je me devais de le faire pour lui faire passer un message. Je m'avançais donc vers lui, au départ j'eus l'impression qu'il m'ignorait. Il n'avait pas l'air d'apprécier la soirée. Bien normal quand vous n'avez personne qui vous aime pour venir discuter avec vous. Décidément, il me faisait un peu pitié, mais je n'allais surtout pas m'apitoyer sur son sort. Il avait tué ma petite-fille après tout... Il finit néanmoins par lever la tête vers moi, s'adressant à moi comme si je n'étais qu'une vulgaire inconnue agaçante.

- Qu'est-ce que tu veux ? Te venger peut-être ? Il se peut que je t'ai tué mais je n'en sais rien du tout. La mort elle-même ne peut se souvenir de toutes les vies qu'elle a volées.

Il avait visiblement une forte estime de lui-même. Ce dire être la mort, ce qu'il fallait être naïf ce loup, cet Oxymore. Je ne faisais pas tellement attention à ses paroles. Je m'assis tout simplement devant lui, adoptant ma pose habituelle avec la queue enroulée autour des pattes. Une attitude qui s'était transmise à mes descendants de ce que j'avais pu observer. Cela m'amusait parce que sans le savoir ils avaient adoptés certaines de mes manies et habitudes. Je pris la parole, après une silence, d'une voix calme et posée comme toujours.

- Tu ne mérites pas qu'on se venge et ne t'inquiète pas, je ne suis pas une de tes victimes, je n'ai pas eu le déshonneur de mourir sous tes crocs. Parce qu'il faut s'entendre, être tué par un gros égoïste qui se croit être la mort c'est pas la mort la plus honorifique qui soit. La mort est douce et belle, si tu étais comme elle nous n'aurions probablement pas cette discussion Monsieur l'Arc-en-Ciel en Chef.

Je laissais une pause dans mes paroles, je voulais qu'il ait le temps d'assimiler ce que j'avais à lui dire. Après tout, avec un cerveau lent comme le sien il ne fallait pas s'attendre à des miracles. Je me surprenais à avoir des pensées mesquines envers lui, mais il faut dire qu'il les méritait, même si cela n'était pas dans mes habitudes de manquer de respect à qui que ce soit.

- Tu devrais être content, tout le monde va t'oublier après ta mort. On se souvient des valeureux et des justes, pas de ceux qui sèment la mort, ceux là on préfère les oublier tellement ils sont idiots puisqu'ils vont même jusqu'à tuer ceux qu'ils aiment. Et oui, je sais que tu as tué ton frère, ta mère est morte pour toi et maintenant c'est la louve que tu prétends aimer, Moune, que tu vas tuer par ton imbécillité.

Je me tus, j'étais prête à écouter ce qu'il avait à dire. Il ne pouvait pas me faire de mal, il est impossible de tuer quelqu'un qui est déjà mort.

Dès que la louve s'assit face à lui avec nonchalance Oxymore sut que ce qui allait suivre ne lui plairai pas le moins du monde. Il n'aimait pas les choses sur lesquelles il n'avait aucune prise et cette situation en faisait partie. Il haït cette louve sur le champ sans même connaître son identité. Si elle était venue dans le seul but de le tourmenter elle apprendrait bien vite que très peu de choses pouvaient encore le toucher. On se fichait de tout lorsqu'on était égocentrique et que notre cœur n'était plus qu'un tas de cendres, brûlé par la vie et la folie. La louve prit la parole et, tout comme il l'avait prévu tout cela ne lui plaisait pas le moins du monde. Un grondement menaçant monta de sa poitrine alors qu'elle l'affublait de surnoms ridicules. Il avait cessé de bouger, tous les muscles tendus, comme s'il avait pu la tuer une nouvelle fois. Mais il savait bien que ce n'était qu'une utopie. Qu'il devrait endurer la morte jusqu'à ce qu'elle en ait assez parce qu'il n'avait aucun moyen de la faire taire. Ceci dit elle lui faisait penser à quelqu'un. Qui ça il n'en avait encore aucune idée mais ça ne devrait pas tarder à lui revenir. Les yeux d'obsidienne brûlaient de haine tandis qu'il détaillait celle qui ne savait apparemment qu'il fallait parfois se taire.

- Et oui, je sais que tu as tué ton frère, ta mère est morte pour toi et maintenant c'est la louve que tu prétends aimer, Moune, que tu vas tuer par ton imbécillité.

Touché. De nouveau le grand loup noir gronda. En pure perte bien évidemment mais il fallait bien qu'il puisse extérioriser un minimum cette colère qui lui tordait les entrailles et bouillait dans ses veines. S'il avait pu il n'aurait pas hésité une seule seconde avant de faire exploser ses os un à un simplement pour qu'elle éprouve dans son corps toute la douleur qu'elle provoquait dans son pauvre esprit qui ne connaissait pas la douleur. Jamais il n'avait aimé. Jamais il n'avait eu peur de perdre quelqu'un. Jamais avant que Moune n'entre dans sa vie. C'était difficile à admettre et à comprendre mais c'était ainsi. Il n'y pouvait rien et avait même longtemps cru que l'Alpha printanière lui avait jeté un sort.

- On se souvient toujours de ceux qu'on a craint. Ici je suis considéré par beaucoup comme un fléau, comme le loup à abattre. Je les attends de patte ferme, tu peux me croire. Qui que tu sois d'ailleurs. Et puis je me fous de ton avis. Tu es morte alors que je suis vivant. Tu n'as plus aucune emprise sur ce monde. Et, veux-tu que je te révèle un petit secret ?

Oxymore avait susurré ces derniers mots en s'approchant de la morte. Ses mouvements avaient une grâce quelque peu terrifiante. Une grâce que seuls peuvent avoir ces chasseurs à la mortelle puissance. Il n'avait pas que son don pour lui. Il avait aussi sa force physique. Il passa derrière la louve crème et murmura de nouveau des mots de cette voix de velours que tous ses subordonnés avaient appris à craindre.

- Ma mère n'était qu'une traînée pas même capable de protéger ses enfants et mon frère n'aurait pas dû avoir le pouvoir. Lui aussi m'a trahi. C'est lui qui m'a banni de cette meute qui m'avait vue naître. Les ai-je un jour aimé ? Non, je ne crois pas. Leur mort était-elle un déchirement ? Pas le moins du monde. Il laissa passer un léger silence, juste le temps de lui faire de nouveau face et de plonger ses prunelles sombres dans les siennes, si bleues. Tu vois, tu avais tort toi qui te crois si maligne. Ceux que j'aime je les protège.

Il n'aimait que Moune. Elle était la seule pour qui il put donner sa vie. Leurs rêves de grandeur ne pouvaient mener à leur mort. Ils étaient la puissance incarnée. Ils étaient les nouveaux maîtres de ce monde quoique puisse en dire la trépassée. Oxymore était sûr de lui et un sourire flottait sur ses babines. Elle ne parviendrait pas à le déstabiliser. Du moins pas temps qu'elle ne s'en prendrait pas à sa belle et, aussi étrange que cela puisse paraître, à ses rejetons qu'il avait fini par aimer malgré lui.

Le louve claire secoua la tête, visiblement en désaccord avec ce que pouvait dire l'Alpha printanier. Sauf que lui s'en contre-fichait. Il était à la tête du Clan le plus puissant de Four Seasons alors qu'elle n'était rien. Rien qu'une morte qui voulait outrepasser ses droits en lui faisant la morale. Le problème étant qu'il était si sûr de lui même que ses reproches n'avaient nulle prise sur sa conscience. Non pas que ce qu'elle pouvait dire lui plaisait, c'était loin d'être le cas, cela lui hérissait le poil même mais cela ne le perturberait peut-être pas bien longtemps. Si elle avait encore eu un cœur il aurait dores et déjà explosé. Comment pouvait-elle insinuer qu'il rendait les siens malheureux ?! Ils vivaient tous les quatre et passaient des heures à jouer. Il n'aurait jamais cru cela possible mais ça l'était malgré tout. Elle ne savait rien, cette espèce d'idiote qui avait décidé de lui faire la morale. Elle ne savait rien du tout mais se permettait tout de même de parler. Être mort ne donnait pas le droit de dire n'importe quoi ! Même dans l'au-delà il fallait garder un minimum de dignité. Il ne fallait pas mentir. Elle se leva et se promena autour de lui. Ses pas avaient une légèreté certaine. Elle devait avoir eu l'habitude de se faire respecter de son vivant. Cela se sentait dans son attitude fière.

- Tu chercheras surement à venger ta douleur en tuant encore plus d’innocent, tel la jeune Hope, ma descendante, dont tu as pris la vie par seule soif de pouvoir. Mais tu verras que cela ne change rien à la douleur de la perte, surtout quand on en est la cause.

Ahh voilà donc la raison de sa présence. La mort de Hope. La jeune et tendre Hope qu'il avait achevée en une seule pensée. Cela ne lui avait pas demandé le moindre effort et on ne pouvait pas dire que son image hantait ses nuits. Ce serait un mensonge éhonté. Il se fichait comme de sa première proie de la mort de cette donzelle. Elle n'était qu'un pion sur son échiquier. Un pion qui lui avait été fort utile puisqu'elle lui avait permis de rallier à ses causes certains neutres. Oxymore se mit à rire. Un rire bas et sombre. Un rire qui n'avait rien de joyeux ni d'engageant. Il secoua doucement la tête, comme si cette situation l'amusait réellement alors qu'il n'en était rien. Enfin, un peu quand même. Les tentatives de la louve pour le raisonner étaient risibles. Vraiment. Que croyait-elle qu'elle pouvait lui prouver ? Elle ne savait pas. Elle ne le connaissait pas. Peut-être qu'elle l'avait observé depuis son nuage mais elle ne savait pas ce qui se passait dans sa tête alors que c'était, et de loin, le plus intéressant.

- Qu'essaies-tu de faire ? Me culpabiliser ? La mort de cette petite louve n'a pas été veine. Elle m'a permis de rallier bien des troupes. Tu devrais être fière de sa contribution à la montée au pouvoir du Printemps. Ton Clan, tu ne l'aurais pas oublier tout de même ?

La voix se faisait de nouveau mielleuse. Ce ton de velours liquide qui intimidait plus d'un de ses subordonnés. Il savait cependant que la louve y resterait parfaitement hermétique. Elle se fichait bien de ce qu'il avait à lui raconter. C'était ce que l'on pouvait appeler un dialogue de sourds. Elle n'avait cure de ses arguments et lui se contre-fichait de sa morale. A quoi servait dont se dialogue mis à part à le mettre en rogne ? D'ailleurs, il ne savait même pas à qui il parlait. Certainement quelqu'un qui avait bien connu Moune. La louve parlait de son aimée avec beaucoup de tendresse et de nostalgie.

- Qui es-tu pour Moune ? Tu cherches à la protéger par delà la mort et ce n'est que quelque chose que je puis approuver. Je l'aime. Il est normal que je veuille ce qu'il y a de mieux pour elle et connaître ce passé dont je ne faisais pas partie. Il laissa passer un léger temps de battement. Tu sais beaucoup de choses sur moi mais je ne connais pas même ton identité. Ce n'est pas très fair-play.

Sheyla, Sheyla ... Ce nom lui disait vaguement quelque chose. Peut-être que sa belle l'avait déjà évoquée. Possible si elles avaient été aussi proches que la morte le disait. Faisait-il parti des choix douteux ? Très certainement mais si elle l'aimait il ne voyait pas ce qu'elle avait à dire. Elle n'avait pas à faire de commentaire sur les choix de vie de son aimée. Moune était bien assez grande pour savoir ci qui était le mieux pour elle. Et elle l'avait choisi. Lui. Le Monstre. Celui que tous avaient toujours craint. Celui que personne n'avait jamais aimé auparavant. Ça la Guérisseuse ne pourrait jamais le comprendre. La douceur qui habitait ses yeux bleus ne pouvait qu'être celle d'une louve aimée des siens et de ses parents. Lui n'avait jamais eu cette chance. Ça faisait longtemps qu'il ne s'en souciait plus mais l'un n'empêchait pas l'autre.

- Non je ne suis pas fière de ce qu'est devenu le printemps, le printemps a toujours été symbole de renouveau et de beauté, pas de sang et de pouvoir.

Tsss ... C'était bien pour ça que les printaniers n'avaient jamais dominé alors qu'ils l'auraient toujours pu. A cause de cette mentalité de perdants. On ne pouvait se contenter de regarder pousser les fleurs pour se nourrir et rester en vie. Et sans combats tout n'était que terrible ennui. S'ils étaient en paix quelle était l'utilité de former des Clan différents ? Autant se rassembler et vivre tous ensemble heureux pour toujours. Sauf que ce n'était qu'une utopie. Jamais ça ne pourrait avoir lieu parce qu'il y aurait toujours des loups comme lui. Des loups de pouvoir capables de faire changer les choses et de modifier les règles. Il leva la tête vers le ciel encore piqueté d'étoiles, un sourire sombre apparaissant sur ses babines. Il pencha encore un peu la tête et la fit pivoter. Il ne voyait Sheyla qu'à demi et ne doutait pas qu'une telle pose lui donnait l'air d'un fou.

- Tu n'es qu'une faible. La paix c'est la mort lente des âmes. Pourquoi crois-tu que la guerre se perpétue entre les Clans ? Il n'y aurait pas une once de jalousie et de haine dans tout cela que nous vivrions tous ensemble. Mais ton monde idyllique n'existe pas, redescends sur terre.

D'un mouvement sec il redressa sa tête, provoquant un sinistre craquement au niveau de sa nuque. Il se tourna vers son interlocutrice sans se presser, lui montrant bien ainsi à quel point il la dédaignait. Il se fichait de ce qu'elle avait à lui raconter. Ça n'avait pas changé mais elle l'intriguait. Son point de vue était quelque chose de tout à fait nouveau pour elle. Même si elle l'agaçait. Il avait dû apprendre à se contrôler durant tous ces mois à la tête du Clan du Printemps. Ca n'avait pas été chose facile au début mais ça allait mieux. Il progressait bien que ça ne soit qu'à son échelle.

- Je suppose que je fais partie des mauvais choix de Moune. Mais crois-tu qu'elle aurait pu trouver quelqu'un d'autre que moi ? Un autre loup capable de lui montrer sa valeur ? De lui rappeler qu'elle se devait de vivre malgré l'âge qui commence à ronger ses os ? Je ne suis pas certain qu'un de ces faiblards de printaniers auraient pu le faire.

Il y allait peut-être un peu fort en dénigrant ainsi les membres de son ancien Clan mais il s'en fichait.

On ne pouvait pas tout détruire pour le plaisir ? Humm ... si. C'était bien ce qu'il faisait. La destruction était tellement plus drôle. Plus rapide que de construire quoi que ce soit. Mettre en place un équilibre prenait du temps. Plus qu'il n'était bien décidé à en accorder au Printemps. Il savait qu'il ne resterait pas ici éternellement. Il avait toujours été un loup solitaire et la vie en Clan commençait à lui peser. Il n'était pas fait pour ça. Le pouvoir. Le commandement. Cela lui plaisait. Mais devoir se contrôler, surveiller ses dires, il ne le supportait que mal. Il ne le supportait que pour Moune, Strom et Anouk. Eux seuls le conservaient ici. Eux et le pouvoir ainsi que l'appât du sang. Les combats ne tarderaient plus et la soif du Monstre serait étanchée.

- Tu devrais faire attention, on insulte pas ceux qui nous suive fidèlement. Je ne crois pas qu'un loup tel que Rage serait très heureux de savoir que tu le traites de faiblard aussi facilement. Et puis, tu sais, Moune a aimé avant toi... tu n'est qu'un deuxième choix... pas l'amour de sa vie.

Le Prince des Ténèbres reçut comme un coup au cœur. La jalousie mordit cruellement son âme. Moune lui avait dit qu'il était le seul, l'unique. Qu'elle n'aimait que lui. Quel était donc cet autre loup que sa belle aimait en secret ? Il l'aurait su. Il aurait repéré son odeur sur elle si elle le voyait encore. Il était loin d'être bête contrairement à ce que semblait penser la louve crème.

- Il est vrai qu'il y a quelques exceptions pour confirmer la règle. Rage est loin d'être faible. De même que Pandore et ma famille bien évidemment. Mais d'autres sont bien trop frileux, comme toi d'ailleurs. Trop gentils et plein de bons sentiments. Ce n'est pas ainsi qu'on soutient une guerre; Comme cet imbécile d'Aïko qui fait toujours en sorte de détourner mes ordres lorsqu'il s'agit de tuer. Tsss...

Parler du Bêta printanier fit tomber un voile de colère sur ses prunelles noires. Il le détestait. S'il pouvait il le tuerait sur le champ. Il n'était qu'un inutile. Qu'un idiot sur lequel on ne pouvait compter. Il se retint de gronder. Il ne devait pas montrer ainsi l'étendue de sa haine pour le monde. C'était Moune qui le lui avait dit. Et puis cette Sheyla le méprisait bien assez pour qu'il ne se laissât pas aller à de telles extrémités. Un sourire carnassier se dessina sur ses babines tandis qu'il songeait à un événement passé. Il revenait sur ce que l'ancienne Guérisseuse avait dit il y avait un moment mais peu importait l'ordre de cette conversation qui n'avait de toute manière ni queue ni tête.

- Et peut-être ne suis-je que le second chronologiquement parlant mais elle n'aurait accepté de porter nos enfants si son amour n'était pas sincère. Et puis, si elle est si gentille que tu le penses, elle ne mettrait pas en danger ce pauvre loup pour lequel elle serait éprise. Elle sait très bien que je n'aime pas qu'on tente de me la voler...

Keiro s'il se souvenait bien. Cet idiot avait tenté de la séduire et il avait payé cet affront de sa vie. Moune était là. Elle avait tout vu. Elle avait contemplé la scène avant qu'il ne s'approche d'elle pour la rassurer et panser ses blessures. Elle n'avait pas tenté de fuir, au contraire. Elle s'était simplement blottie contre lui.