Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Ironie, toi qui m'habites depuis mon enfance, pourquoi a-t-il fallut que tu apparaisses pour me taquiner moi, et non les autres ? Je ne comprenais pas le tour que tu m'avais joué et pourtant, il était belle et bien présent, trop à mon gout. Je m'avançais là, dans cette clairière où de nombreuses louvettes venaient mettre au monde leurs gosses, pensant leurs offrir une vie pleine de santé. L'ironie du sort ? J'étais allongée là, au centre de cette clairière, la tête posée au sol, le souffle court voire suffoquant. Des douleurs se faisaient ressentir dans le bas de mon ventre et un liquide s'écoulait d'entre mes cuisses. Oui, j'étais enceinte, prête à accoucher. Argh, je ne poussais pas que la douleur pouvait être aussi mordante dans cette situation ridicule et pourtant, je la sentais me lécher tandis que le travail d'accouchement semblait se mettre de plus en plus en place. Et dire que je préférais infliger et semer douleur ...

Mon ironie s'était retournée contre moi. Je venais de comprendre ce qui s'était arrivé, ma prise de poids, mes changements d'humeur, mes courbatures et mon appétit sans faim qu'en cet instant.Le jour où j'avais vu le beau mâle au pelage mauve, ma galère avait vu le jour. L'imbécile, le goujat et j'en passe, m'avait foutu enceinte ! Je feulais de rage à cette pensée si sure mais, comment cela était-il arrivé ? Je les entendais rire dans ma tête ... Mes détenteurs de pouvoir se riaient de moi ... Le printanier n'y était pour rien, mon pouvoir avait déjà commencer à ronger dans la partie que je ne contrôlais pas. Décidément, on m'avait octroyé un beau pouvoir qui m'avait tant aidé et le voilà qui se retournait contre moi. Je rageais contre cette ironie présente malgré moi, tandis qu'une contraction plus forte se fit sentir, m'arrachant un cri de douleur.

Le travail commençait. Je n'avais jamais eu ce genre d'expérience et, je m'en cachais plus : je paniquais. Je devais être bien pathétique en cet instant. Des larmes montaient dans mes yeux tandis que je couinais de nouveau ... Encore et encore ... Mon instinct m'ordonnait de pousser aux moments propices, et, je décidais de l'écouter. Une contraction et voilà que je poussais en serrant fortement les crocs, retenant mon souffle pour parvenir à mes fins. Entre chacune d'elles, je reprenais mon souffle, inspirant et expirant fortement, dans un râle rappelant celui d'un être à l'agonie. Mourir ? Ah ça, hors de question. Je me battrais contre la mort si il le fallait. Idiots que vous êtes, vous ne vous débarrasserez pas de moi de sitôt ! Cette pensée m'arracha un sourire et un petit ricanement qui furent réduits à néant par une nouvelle contraction. Le travail était plus dur que je l'avais pensé. J'enfonçais mes griffes dorés dans la terre meuble. Aucun bruit ne me parvenait des alentours. Je reprenais mon souffle et poussais de nouveau. Le premier môme qu'avait abrité mon ventre pendant un certain temps venait d'apparaitre. Je n'avais guère le temps de m'occuper de lui que je me retrouvais à pousser de nouveau.

Je haletais, retrouvant peu à peu mes esprits. J'étais une battante et cet accouchement m'en ferait prendre de la graine. Je n'aurait jamais du m'approcher autant d'un mâle ! Tss, maudite Walpurgis que tu es ! Je poussais de nouveau et le deuxième bambin sortit me faisant arracher un soupire de soulagement. Deux, c'était pas mal. Pourtant, quelque chose clochait. Je les sentais encore. Oui, je savais qu'il y avait encore des mômes dans mon ventre. Je reprenais mon travail avec plus de difficulté, comme si le troisième était " bloqué ". Je paniquais de nouveau, n'arrivant pas à le faire sortir. Je posais mon regard sur les peluches accrochées au bout de mes queues touffues. Hags et Iské riaient de moi, Yaslow gardait un sinistre silence, tandis que Erkanos s'approcha doucement et s'entreprit de m'aider. C'était la plus gentille des quatre, je la remercierais noblement. Et voilà, je venais d’expulser le troisième qui était de suite suivi par le dernier. Un râle de soulagement s'échappa du plus profond de ma gorge, tandis que je me demandais comment les autres louves pouvaient apprécier d'avoir pleins d'enfants ... Je repensais à ma mère qui avait mis au monde neuf rejetons en trois portées ! Il y avait des fous dans ce bas-monde que je ne comprendrais jamais.

Je m'affalais complètement dans l'herbe devenue tiède de ma sueur qui s'écoulait de moi avec abondance. Mon pelage me collait à la peau et, toutes mes forces semblaient m'avoir quitté dans cet acte visant à mettre au monde d'adorables petits louveteaux. Ah ! J'y repensais enfin et avec regret, je quittais ma position allongée pour les fixer, durement. Ils gigotaient, les pattes dans le vide, près de moi. Je plissais les yeux et, avec l'aide de mes multiples queues, je les ramenais vers moi. Je sursautais lorsque je sentis un pincement. Ils venaient de s'accrocher avec avidité à mes pauvres mamelles qui n'avaient pas l'habitude d'être autant torturé ! Je les regardais toujours. Aujourd'hui serait le jour de leur naissance et la date de leur abandon. Il faudra que je trouve une pimbêche prête à s'occuper d'eux. A moins que je les refile à cet enflure de Pandore ...