- Oui Kérès, apprend moi.
Kérès retint un soupir. Comme si c'était facile. Se comparer à soi-même plutôt qu'aux autres. Pour lui c'est ce qui importe, c'est toujours comme ça qu'il a fonctionné. Mais comme on dit, pour Modeste, la comparaison de ceux qui l'entourent est primordiale. Parce que quand on a une piètre opinion de soi-même, toute confirmation extérieure compte beaucoup, qu'ils disent. Faire dépendre son image de ce que renvoient les autres. Ce qui rend visiblement sensible au refus comme au rejet, et amène à essayer constamment de plaire et d'être à la hauteur des autres. Kérès ne connait pas cette méthode. Le soldat printanier, lui, n'a pas besoin qu'on lui confirme sa perfection pour savoir qu'elle existe.
- Je dirais que se comparer aux personnes qui t'entourent est une habitude toxique qui n’inspire que le découragement. Et l’auto-critique. Il faut se fixer des objectifs personnels pour s'améliorer. Et quand t'es plus près de ton but, tu peux te féliciter.
Il allait finir psychologue si ça continuait. Il avait la nette impression que ce qu'il racontait rentrait par une oreille et ressortait par l'autre. Il regarda avec insistance l'automnal et ne vit pas d'air ahuri collé sur son visage. Au moins s'il ne comprenait rien à son charabia, il n'en montrait rien.
- Bon, on va faire simple. Tu ne dois pas faire des choses qui te dévalorisent. C'est moche. T'as beau être sympa, altruiste et tout le tintouin, ne laisse pas les autres te traiter comme un tapis de porte. T'as le droit d'aimer tout le monde, c'est ton choix, mais y'en a surement dans ton clan ou ailleurs que tu devrais aimer de loin.
Des gens peu fréquentables comme lui-même par exemple. Kérès lui, n'aimait réellement personne. Sa famille, il l'a toujours détestée. D'ailleurs l'un de ses frères et soeurs en a fait les frais quand il l'a étouffé par "accident" avec son pouvoir. Les membres de son clan l'indiffèrent tous plus ou moins, il y en a simplement certains qu'il respecte plus que d'autres. Il ne s'attache pas le soldat. L'idée d'avoir une compagne ne lui a jamais effleuré l'esprit. Ou alors c'est qu'il ne s'est jamais avoué avoir un jour réellement apprécié quelqu'un.