Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

De retour à la maison. De retour chez moi, sur mon territoire, dans mon clan. Bizarrement, celui-ci ne m'avait jamais vraiment manqué, mais là... Là c'est différent. Je me sens de nouveau vivre, de nouveau respirer. Le soleil brille, les oiseaux chantent, je ne sais pas vraiment s'ils agissent ainsi parce que leur reine est de retour, mais peu importe, ça n'est pas la plus grande de mes priorité. Je dois le revoir, LES revoir. Voilà presque... Je ne sais pas, plus d'un mois que je suis partie? Que je n'ai pas revu l'être qui compte le plus à mes yeux, et même LES êtres. Mes petits...
Ce mot résonne dans ma tête, accompagné d'un étrange goût dans la bouche, légèrement acide. Des bourdonnements dans mon ventre se font aussi sentir. Mon cœur s'accélère... Je vais les revoir, ma chaire et mon sang. Mes louveteaux. Combien sont-ils déjà? 2? Oui, je crois bien... Anouk et Storm... Et, mon Prince. Mon Oxymore.

Après une marche lente et détendue, je commence à courir, la tanière ne se trouve qu'à quelques minutes, bientôt, je serai avec eux. Je n'arrive pas à me rendre compte de la situation, à vrai dire, c'est tellement bizarre, je n'arrive pas non plus à me reconnaitre à travers moi même. Et dire que je détesté tellement tout ça, les petits, l'amour, la famille... Au fond, je dois avouer que je me dégoute, mais d'une autre façon, j'apprécie cette sensation de chaleur et de bien être. Et puis, je suis toujours moi, j'aime toujours la mort, la souffrance, et le sang. Mes projets sont toujours aussi ambitieux, même si, là, pour l'instant, je ne sais pas vraiment où ils en sont... Partir n'était pas la meilleure des idées, d'ailleurs, je ne sais pas vraiment pourquoi je l'ai fait. Pour réfléchir? Pour avoir du repos? Non. Je ne sais pas.

Rapidement essoufflée, je stop ma galopade. Je reprends mon souffle. Je ne suis plus aussi jeune qu'avant, et ça aussi, ça m'énerve. Ca me mets presque hors de moi, et si l'envie de les retrouver n'avait pas été si forte, j'aurais certainement cherché quelque chose sur laquelle me défouler... Mais je n'ai pas le temps, vraiment pas.

La nuit ne va pas tarder à tomber, et la lumière se fait rare. La chaleur, déjà peu présente, va bientôt laisser place à la nuit glacée. Je ne veux pas m'attarder dans le froid. Pas alors que je pourrais choper une saloperie de maladie. Je relève la tête, et de là où je suis, je peux facilement apercevoir ma tanière, elle ne se trouve qu'à deux minute à vol d'oiseau. Je pars sur une marche plutôt rapide, m'obligeant à souffler plus que fort. Heureusement que je suis chez moi, sinon, il y aurait belle lurette qu'on m'aurait repérée.

Enfin, j'arrive. Je suis complètement morte, j'ai l'impression que je vais exploser, et mes articulations me font souffrir. Je reste là, et je respire, il faut que je sois présentable pour ma famille. Mon pouls se stabilise peu à peu, ma respiration aussi. Je me relève, me donne un coup de toilette au niveau de la tête, et rentre avec délicatesse dans la tanière...

... Il n'y a personne. Je regarde à droite, à gauche, au fond, à l'entrée... Personne. Ni mes petits, ni mon Roi. Pas l'ombre d'une vie. Seulement les bêtes nocturnes qui grattent et se battent à l'extérieur. Je hurle une fois, et couine, appelant mes enfants, ou mon Amour, mais rien. Toujours rien.

Où sont-ils... Oh! Certainement chez une nourrice!
Je me retourne, la tanière est sombre, très sombre, et je n'arrive pas à distinguer ce dans quoi je suis rentrée. C'est doux, chaud, et son odeur me rends soudain folle de joie.

Oxymore.

Je relève la tête. Il est là, imposant, comme avant. Bizarrement, je ne suis partie que peu de temps, et pourtant, j'ai l'impression que ces quelques mois ont durés une éternité.
Lui, il n'a pas changé, il est toujours aussi beau, toujours aussi grand, toujours aussi splendide. Il me sourit, et un frisson parcourt tout mon corps, des pattes jusqu'à la tête, et de la tête jusqu'aux pattes. Que c'est bon d'être là, et de pouvoir sentir ces odeurs qui m'avaient tant manquées.
Il s'approche un peu plus de moi, avant de me murmurer quelques mots doux à l'oreille. Je l'aime tellement... Mais... Vraiment quoi. Je n'arrive même plus à savoir si c'est de l'amour ou autre chose. J'avoue me sentir conne avec tout ces sentiments. Ca ne me ressemble pas, mais qu'est ce que j'en ai à faire après tout. Il est là, et moi aussi, c'est tout ce qui compte.

- Ma belle dame de retour, le monde peut enfin tourner rond.

Oxymore... Oxymore et ses belles phrases. Suffisamment puissantes pour me faire rougir, si je le pouvais en tout cas, au quart de tour. La pression de son corps contre le mien se fait un peu plus puissante. Je peux sentir son cœur battre... Car oui, contrairement à ce qu'il pourrait dire ou à ce que les autres pensent de lui, il a un cœur. Un véritable cœur qui bat sous ce tas de poil. Et il n'appartient qu'à moi. Pour toujours.

Je respire son odeur, son bonheur, sa joie, son amour. Je pourrais mourir à l'instant même que ça ne me décevrais pas... Je relève une nouvelle fois la tête, le fixant dans les yeux. Ces organes qui ont maintes fois réussit à m'envouter. Il est si beau. Et l'éclat de la Lune le rend davantage magnifique. Les secondes passent sans qu'aucun mot ne soit échangé. Sa seule présence me convient...
Une idée me trotte dans l'esprit. Nous allons jouer. Jouer au chat, et à la souris.

"Et à qui ai-je l'honneur, bel inconnu?"

Je lui adresse une grand sourire, et me détache de lui, m'enfonçant peu à peu dans l'obscurité qu'offre la structure des lieux. Je sais qu'il se prêtera facilement au jeu, car je le connais, mieux que quiconque, et je sais à quel point il aime être le chasseur. A quel point il adore être fort, et à quel point il idolâtre le fait que je sois sa pauvre petite proie innocente. Je sais qu'il sourit, et qu'il me cherche, qu'il ne tardera pas à me trouver, et que je l'embrasserai avec fougue tout en m'échappant de nouveau. Et que nous serons capable de continuer ça toute la nuit, sans êtres essoufflés ni même fatigués.

"Alors, j'attends, qui es-tu et que fais tu chez moi?"

Les palpitations se font plus rapides. Cette scène fait remonter tant de souvenirs. Tant de haine, mais aussi de bonheur. De souffrance, mais aussi de bien être. Tout ces mois à avoir peur pour tant de choses différentes. Je nous vois encore lors de notre rencontre. J'étais si stupide de ne pas tomber entre ses griffes dès le début. Et pourtant... Pourtant, ça avait un côté si... Excitant. Sentir ce cœur si proche de l'explosion, ou même de son dernier battement. Savoir qu'un monstre vous cours après nuit et jour. Qu'il vous désire plus que tout. Et se refuser à lui donner ce qu'il souhaite. Et puis finalement, je me vois succomber, succomber à son charme. A sa cruauté. A son sourire, et a ses yeux. A lui, et rien qu'à lui.

Je nous vois profitant l'un de l'autre. Nous deux, ne faisant plus qu'un. Je nous vois amoureux. Je nous vois nous détestant. Nous disputant. Nous battant. Nous embrassant... Je nous vois ensemble.

Mais après tout, tout ceci est si peu important. Tout ça ne se résume qu'à une chose, l'amour. Je sais qu'il m'aime, et que je l'aime.

Sa belle le regarda dans les yeux. Les yeux d'obsidiennes rencontraient les pupilles dorées. D'ailleurs la lune se reflétaient dans ses dernières, donnant un air mystérieux à Moune. Elle était encore plus belle qu'habituellement. Ou peut-être était-ce parce qu'il n'avait pu la contempler dans toute sa splendeur depuis longtemps. C'était certainement un peu des deux. Il lui sourit tendrement. Un sourire doux qui semblait parfaitement incongru venant de sa part à lui. Elle était la seule à avoir le droit de le voir ainsi. De le voir aussi faible dans un sens. Mais pour elle il se serait dépouillé de toute sa fierté. Il aurait tout pu vaincre pour voir le bonheur dans ses yeux. La voix de sa belle s'éleva, espiègle.

- Et à qui ai-je l'honneur, bel inconnu ?

Le sourire doux et affectueux se fit un peu plus carnassier. Elle savait ce qu'il aimait, ce qui pouvait l'amuser. Elle s'était écartée de lui, son pelage gris et feu se fondant doucement dans les ombres qui envahissaient la tanière. La lueur de la lune n'était pas suffisante pour tout éclairer. Les saillies formées par les roches et les racines créaient des silhouettes diffuses et presque inquiétantes. Du moins, qui quoi que ce fut et qui que ce fut eut pu effrayer les deux Alphas. Ensemble ils étaient forts, invincibles même. Ce n'était pas pour rien qu'ils avaient pu monter une incroyable armée. Une armée composée des leurs mais aussi de neutres. Ils étaient parvenus à rallier à leur cause ces êtres sans foi ni loi. Moune le tira de ses réflexions et de ses rêves de grandeur.

- Alors, j'attends, qui es-tu et que fais tu chez moi?

Il n'était pas temps de songer à leur projet, aussi grandiose puisse-t-il être. Pour le moment son attention, toute son attention, se concentrait sur sa belle dont il ne pouvait que deviner les courbes. Elle était belle, la plus belle de toute. Et, surtout, elle était sienne. Ils allaient jouer. Le Prince des Ténèbres enferma le Monstre loin, très loin, pour que le jeu ne devienne pas mortel. Il n'avait que déjà trop goûté à son sang. Il ne voulait plus lui faire le moindre mal même si, parfois, le goût de sa chaire lui revenait.
Le grand loup noir se coula à sa suite, prenant une démarche souple et féline. Ses crocs si blancs accrochaient un rayon de lune de temps à autre. Dans ses yeux noirs luisait une lueur d'amusement. Il se fondait parfaitement dans le noir de la tanière. Il ne la lâchait pas du regard, suivant chaque de ses gestes. Mimant des bonds et la frôlant légèrement de ses pattes puissantes sans pour autant lui faire le moindre mal. Ils s'attaquaient, s'esquivaient. Ravivant les souvenirs d'une ancienne traque. De celle qui avait duré bien plus longtemps, qui avait fait naître les si complexes sentiments qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Oxymore se souvenait de la terreur qu'il lui inspirait et aussi, qu'à l'époque, tout cela n'avait rien d'un jeu innocent. Le grand loup noir surgit soudainement d'un recoin sombre, laissant ses dents claquer au dessus d'une épaule de sa belle. Il laissa son poids l'emporter vers l'avant, fauchant Moune au passage. Le Prince des Ténèbres laissa son corps amortir sa chute. Il mordilla doucement son cou, ses crocs ne laissant aucune marque sur la peau de sa belle. Hors de question de la blesser, il ne jouait plus à ce jeu là.

- Je t'ai attrapé petite proie. Et je te rappelle que je suis le seul qui ai des droits sur ta vie.

Encore une fois il faisait référence à leur passé. A ce passé houleux qui les avait pourtant réunis. Il frotta sa tête contre la sienne. Le Monstre était bien loin et, une fois n'étant pas coutume, il était semblable à n'importe quel loup avec sa compagne. Il lécha doucement sa joue. Son baiser tendre ne tarda pas à descendre jusqu'à ses lèvres. Il l'embrassa passionnément, longuement. Peut-être allait-elle tenter de lui échapper. Ou peut-être pas. C'était justement tout l'intérêt de ce jeu à deux. Elle était sa proie et il était le chasseur.

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Il la laissa se libérer de son étreinte. Se contentant de laisser filer un petit rire. Bien sûr que si. Bien sûr qu'elle était sienne. De même qu'il était sien. Leurs âmes étaient maintenant indissociables. Pour le meilleur ou pour le pire il n'aurait su le dire. Simplement il ne se sentait entier que lorsqu'elle marchait à ses côtés aussi étrange et perverti que puisse être son amour pour elle. Il la laissa filer en direction du fond de la tanière. Il ne s'était jamais aventuré par là bas. Il avait mieux à faire et puis il avait une diffuse impression de danger. Son instinct et le monstre le poussaient à se méfier. Il s'était relevé prestement mais c'était là plus un réflexe qu'autre chose. Il vit l'éclat de ses yeux à travers la pénombre. Elle le cherchait. Un sourire froid s'étira sur ses babines. Un sourire de carnassier qui aurait pu être mal interpréter par quiconque ne les connaissait pas. Qui aurait été mal interprété par tout le monde du coup mais peu importait. Ils n'étaient que des incompris et ce n'était pas une grande nouvelle. Ce n'était pas pour rien qu'ils vivaient presque uniquement entre eux. Son envie d'elle et la joie de la retrouver chassèrent ses appréhension et il ne tarda pas à s'engouffrer à sa suite. L'obscurité se fit plus profonde. Elle était telle qu'il ne voyait presque plus rien lui qui se targuait d'avoir une excellente vue. Tant pis, il se fierait à son odorat. Il l'aurait reconnue entre mille cette douce fragrance de fleurs. Elle n'était pas semblable à celle des autres printaniers. Elle lui était propre. Et il l'aimait. Le Monstre lui soufflait encore parfois qu'il suffirait d'un coup de croc ou d'une pensée pour recouvrer son ancienne liberté mais l'envie lui manquait. Il avait goûté à bien des choses avec elle. A ce qu'elle nommait l'amour mais aussi au pouvoir. Ce pouvoir qu'il avait toujours convoité était enfin sien. C'était tout ce qu'il avait toujours voulu alors pourquoi y aurait-il mis fin ?

Il avait repéré sa trace. Mais de même qu'il ne voulait perdre ce qu'il avait gagné il ne voulait pas mettre fin au jeu immédiatement. Parce que le jeu commençait tout juste à devenir intéressant. Son odeur avait un peu changé. Elle se faisait un peu rance. Il connaissait ce changement. Elle avait peur. Le Prince des Ténèbres adorait encore plus effrayer autrui que le pouvoir. C'était un plaisir dont il pouvait jouir en tout temps. Et infliger de la peur à son aimée n'était qu'encore plus satisfaisant. Perdu qu'il était dans ses pensées il ne prit garde au changement de sol, faisant crisser quelques graviers sous ses griffes. Le son était désagréable mais il sentait qu'il se rapprochait de sa belle. Un éclat de lune fit briller ses boucles d'oreille attirant immédiatement le regard d'obsidienne sur elle. Trouvée. Un grand sourire s'épanouit sur ses babines. Elle ne pouvait plus lui filer entre les pattes. Il l'avait découverte et elle ne pouvait se dérober. Il fit par l'entendre prononcer son nom alors qu'il se glissait avec furtivité dans sa direction. Il prenait garde à ne plus fouler de gravier pour ne pas l'avertir de sa présence. La voix de sa belle tremblait légèrement.

- Tu as perdu ma belle. Je t'ai encore trouvé.

Le grand loup noir avait parlé alors qu'il se trouvait face à sa cachette. Il avait pris sa voix la plus suave. Elle ne pouvait pas lui résister. Pas encore. Le jeu était bien trop drôle pour qu'elle ne se dérobe immédiatement. Il se fondit de nouveau parmi les ombres, se glissant auprès d'elle en faisant aussi peu de bruit que possible bien qu'elle dut encore percevoir sa respiration et certains froissement de son pelage à cause, ou grâce qui sait, de leur proximité. Il finit par faire volte face, l'embrassant avec fougue dans la foulée. Il avait envie de son corps sans trop savoir encore comment le lui exprimer. Ceci dit elle devait en avoir conscience. Mais le jeu n'était pas encore terminé. Il allait se mettre dans une situation qu'il détestait, celle de la proie. Il n'aimait pas ça mais lorsque c'était pour jouer avec Moune ça n'était plus un problème. De toute manière il savait qu'il pouvait retourner la situation à tout moment et c'était d'ailleurs tout l'intérêt de leurs batifolages.

- Et si c'était à mon tour de disparaître, me retrouverai-tu ?

Il lui vola un dernier baiser avant de filer dans le dédale des couloirs. Un sourire heureux étirait ses babines. Ses pattes crissèrent sur les graviers sur quelques pas avant qu'il ne se fasse plus discret. Il avait simplement indiqué à sa belle la direction qu'il avait prise. Il l'attendait de patte ferme.

Quelque chose de doux me frôle, et une bouche au nez légèrement humide s'approche soudainement de ma tête, me déposant au passage un baiser. Je n'ai pas le temps de sursauter que je suis déjà rassurée. Bizarrement, Oxymore déclenchait auparavant des frayeurs épouvantables chez moi, mais à présent, je me sens apaisée en sa présence. Il est une sorte d'ange gardien j'imagine. En l'espace d'à peine quelques mois, sont comportement a tellement changé. Je ne saurais dire quelle personnalité je préfère, car au final, je m'en fiche, celui que j'aime, c'est Oxymore, bon ou mauvais.
L'animal, jusqu'à présent, collé à mes côtés, s'éloignait peu à peu, jusqu'à ce que je n'entende plus ni les battements de son coeur, ni sa respiration.
Une voix aux intonations à la fois révoltantes et entrainantes se fit entendre. Se répétant dans les dédales de la grotte encore et encore. S'en était presque... Flippant.

- Et si c'était à mon tour de disparaître, me retrouverai-tu ?

Un léger bruits de pierres qui tombent, puis, plus rien. Cela venant de derrière, je pris cette direction, sans trop vraiment savoir où j'allais. Je ne suis pas descendue par ici depuis des lustres, et je sais que je vais m'y perdre. Si ça ne tenait qu'à moi d'ailleurs, je n'irais même pas. Mais je connais mon beau loup noir, et pas question que j'arrête le jeu en si bon chemin, ce serait m'avouer vaincue, et ça, il n'en est pas question, je veux lui montrer que dans notre couple, il n'est pas en permanence le plus fort, et que moi aussi, je sais être une Alpha dure et ferme. Je dois le trouver, même si ça doit me prendre la nuit, et m'entrainer dans je ne sais quel piège.

Je marche donc, lentement, mais surement. Les graviers sont de moins en moins présent, laissant place à de la terre ou je ne sais qu'elle autre étrange matière, de la pierre peut être, ou de la mousse. Je ne sais pas.

Je m'arrête un instant, humant l'air, il n'y a pas la moindre trace de mon compagnon, ni même un bruit. Je dois bien avouer qu'à ce jeu, il est un peu plus fort que moi. En plus de cela, ses yeux sont beaucoup plus habituer à la pénombre, et dans ces endroits, c'est lui qui est le maitre, pas moi. Pourtant, je ne pas déclarer défaite, et je dois encore chercher.

Je m'enfonce donc un peu plus profondément dans le sol. Il fait de plus en plus sombre, ici, aucune lumière n'arrive à passer, et un vent glacial souffle entre ces murs. Un peu comme si... Je ne sais pas, une sorte de bête féroce non loin de là, soufflait tout l'air qu'elle avait dans les poumons. Je secoue la tête. Moune, tu es idiote, tu vis ici, et tu sais pertinemment qu'aucun monstre de vit en ces lieux... Du moins, on te l'aurait dit... Non?

Je n'ai plus trop confiance, mais la chute d'une pierre un peu plus loin me pousse à descendre encore plus. Oxymore n'ai pas loin, je le sens, je sens son odeur, sa délicieuse odeur. Je le tiens, j'en suis certaine, et cette fois, il ne m'échappera pas.


"Je sais que tu es là, inutile de te cacher plus longtemps!"

En effet, quelque chose vient de bouger, je saute alors dessus, pour atterrir sur... Du vide. Il est rapide, j'aurais dû m'y attendre, je le connais bien pourtant.

Et c'est alors que, sans que je comprenne le pourquoi du comment, une intense lumière envahit les lieux. Des colonnes de champignons, tous plus grands les uns que les autres, inondent la pièce de leur auras. Je ne connais pas cet endroit, d'ailleurs, l'expression de mon visage en dit davantage. Encore plus la sensation désagréable de m'être encore fait piéger lorsque qu'Oxymore m'étala soudainement sur le sol... Et zut...

Spoiler:

Oxymore s'enfonçait toujours plus vers le fond de la tanière. La peur qu'il avait ressenti plus tôt avait bien vite disparu. Toute son attention était maintenant focalisée sur le jeu qu'il menait avec sa belle compagne. De toute manière il ne craignait rien ni personne. Il n'avait pas même craint son frère pourtant Alpha de la meute qui l'avait rejeté. Il avait tué bien des siens avant qu'il ne se décide à se jeter à sa poursuite. Il l'avait même tué lui lorsqu'il était venu jusqu'à Four Seasons pour se venger. Il se fichait éperdument de se battre et même d'être blessé. La sensation de son propre sang se déversant hors de son corps était toujours pleine d'adrénaline. Il laissa cette pensée s'estomper et tomber entre les griffes du Monstre. Ce dernier n'avait pas son comptant d'hémoglobine ces derniers temps et il devait se contenter de ce genre de pensée que de certains auraient jugées perverses. Il continuait de trottiner doucement, s'éloignant toujours plus de Moune qui devait bien évidemment le suivre à la trace. L'odeur de fleurs qu'il portait à présent sur lui devrait être facile à suivre au milieu de la senteur lourde de la terre qui les environnait. Il s'amusait comme un petit fou et se demandait si ce sentiment était partagé par sa belle. Il n'en doutait pas. C'était elle qui avait lancé le jeu après tout n'est-ce pas ? On ne mettait pas en route un jeu si l'on ne prenait pas plaisir à y jouer. Sa petite fleur ne tarderait certainement pas à le rejoindre. Il avait quelque peu ralentit l'allure. Il faisait attention où il posait ses pattes. L'endroit où il était lui était parfaitement inconnu et il ne voulait pas risquer de tomber dans un trou ou il ne savait quoi d'autre. Le pas glissant de Moune était tout près. Il le percevait s'il se concentrait suffisamment. Son odorat et son ouïe étaient exacerbés par la perte de sa vue occasionnée par l'ombre qui régnait. Il avait de bons yeux mais n'était pas non plus digne d'un nyctalope. Il se retint de jurer lorsqu'une pierre roula sous une de ses pattes, révélant immédiatement sa position avec autant d'efficacité que s'il ne la lui avait crié.

- Je sais que tu es là, inutile de te cacher plus longtemps!

Le grand loup noir se décala avec souplesse. Il ne voulait pas qu'elle le retrouve aussi facilement. Ca ôtait tout le charme de la partie si elle ne découvrait sa cachette que grâce à sa maladresse. Oxymore sentit sa patte arrière droite butter doucement contre quelque chose de légèrement sur-élevé. Une odeur de forêt flottait dans l'air maintenant. Il ne savait pas ce que ça signifiait mais il n'avait pas le temps de s'apesentir sur le sujet. Il aurait bien le temps de questionner Moune à ce sujet une fois que le jeu aurait pris fin. Il l'entendit bondir. Elle ne l'avait pas loupé de beaucoup. Heureusement qu'il avait songé à se décaler ou il aurait été découvert. Un petit sourire sournois vint auréoler ses babines. Il bondit avec légèreté sur ce qu'il avait senti contre sa patte. Une intense lueur blanche teintée de bleu emplit immédiatement l'air. Il grogna en plissant les yeux. Qu'est-ce que c'était encore que cette merde ?! Il avait pourtant déjà amorcé son second mouvement et retomba un peu moins légèrement que prévu sur les épaules de sa compagne.

- Oh ? La proie aurait-elle réussie à attraper le chasseur ?

On sentait l'amusement dans sa voix. Il se moquait un peu mais ce n'était pas méchant. Il s'excusa dans un murmure au cas où il lui aurait fait mal. Fut un temps ou la blesser lui procurait du plaisir mais ce n'était plus le cas. Il l'aimait plus elle que le goût que pouvait avoir son sang. Elle était la seule pour qui il eut montré de l'attention. Il se releva, prenant le temps de regarder autour de lui. La lueur de ce qui semblait être un champignon éclairait maintenant une gigantesque grotte. Qu'est-ce que c'était que cet endroit ? Moune ne lui en avait jamais parlé. Il se tourna vers elle, de l'étonnement flottant dans les yeux d'obsidienne. Le chapeau irradiant de lumière devait s'être déclenché lorsqu'il avait sauté dessus. S'il s'était attendu à voir un jour des trucs comme ça ... Sûr que ce n'était pas dans sa forêt natale que ça risquait de se produire.

- Qu'est-ce que c'est que ce truc ? T'étais déjà venue ici ?

Toutes ces choses étranges en devenaient presque flippantes. Tous ces végétaux n'étaient pas normaux. Le Printemps étaient peut-être la saison des fleurs mais là ce n'était pas franchement ce à quoi il s'attendait. Parfois Four Seasons le ferait fuir. Tant de bizarrerie le troublait bien plus qu'il ne voulait bien l'admettre.

Je me relève péniblement. Décidément, la vieillesse ne me va vraiment. Plus les années passent, et plus j'ai l'impression de me rabougrir, et de ne plus savoir rien faire à part me plaindre, et dormir.

Oh? La proie aurait-elle réussie à attraper le chasseur?

Je le regarde. Lui et son sourire moqueur... Il m'énerve vraiment parfois. A un point tel, que j'aimerai lui faire coudre la bouche, pour qu'il ne l'ouvre plus jamais.
Lorsque les lumières apparurent, la figure d'Oxymore se dégrada de la même façon que la mienne quelques secondes auparavant. Apparemment, lui non plus n'avait jamais entendu parler d'un endroit pareille. Dommage, j'aurais apprécié qu'une personne avisée m'informe sur cet étrange lieu. J'imagine que quelqu'un doit être au courant. Quelqu'un d'encore vivant en tout cas.

Qu'est-ce que c'est que ce truc? T'étais déjà venue ici?

Je tourne la tête vers la sienne, la gueule grande ouvertes, les yeux toujours aussi grands. J'imagine que cela répond à sa question.
M'approchant de lui, je ne peux me retenir de lui offrir un baiser, avant de m'en éloigner de nouveau.
Ce lieu ne doit pas être bien dangereux, je vis juste en dessus, et je ne suis pas morte, ni gravement malade ou je-ne-sais-quoi encore.
C'est donc pour ces multiples raisons, que je m'en vais à demi trottant, vers divers champignons géants, aux allures féériques. Des plantes aussi belles qu'inconnues se dressent à des hauteurs légendaires, je n'ai jamais vu ça de ma vie, et je n'arrive pas à croire que cet endroit a toujours été là, sous mes pieds. Pourquoi ne suis-je jamais descendue aussi bas?

Plus j'avance dans cette jungles exotiques, et plus je découvre de somptueux spécimens. Tous sont phosphorescents, s'illuminant lorsqu'on passe à côté d'eux. Du pollen volent par-ci par-là. J'espère que ça n'est pas toxique, sinon... Hé bien, sinon, ce serait vraiment idiot. Mourir dans sa propre maison, par de bêtes fleurs, insignes de notre clan.

Je me promène encore quelques minutes, je crois que j'aime vraiment bien cet endroit. Ce serait un terrain de cache-cache parfait. Si Oxymore est d'humeur, je lui en proposerai une tout à l'heure...

"Mon Amour, tout cela n'est-il pas merveilleux. Qui sait ce que nous allons trouver tout au bout de cette forêt souterraine. Peut être un trésor. Peut être un monstre qui déclarera être à mes services. Ne serait-ce pas fantastique?!"

Il me regarde de ses yeux si beaux et si parfaits. Je l'embrasse alors tendrement. Je l'aime, tellement, et vraiment.
Bizarrement, cette grotte me rend heureuse, toutes ces couleurs me mettent de bonne humeur, et j'ai envie de courir dans tout les sens. Sont-ce les spores? Je n'en sais rien, et je m'en fiche, je n'ai jamais été aussi bien depuis longtemps, et j'aimerais réellement que mon Prince partage mon enjouement...

Sa belle lui fournit une réponse tout ce qu'il y avait de plus explicite en se tournant vers lui avec un air parfaitement ahuri. Ce n'était pas très galant comme manière de dire mais c'était la plus proche de la réalité alors autant appeler un chat un chat. Il lui sourit légèrement alors qu'elle s'approchait de lui, déposant un tendre baiser sur ses lèvres. Leurs souffles se mêlèrent une fraction de seconde qu'il aurait souhaitée éternelle. Moune s'éloigna de lui, visiblement très excitée par leur découverte fortuite. Le grand lui noir, quant à lui, était plutôt tendu. Il détestait ce genre de surprise. Le pollen qui voletait dans l'air ne lui disait rien qui vaille. Ses yeux fouillaient les alentours tandis que ses oreilles restaient constamment en mouvement, captant le moindre bruit étrange. On ne savait jamais. Il ne fallait pas s'aventurer n'importe comment dans un lieu inconnu. Il ne se sentit pas le courage de dire à sa belle de cesser de gambader comme un louveteau et de se méfier. Il se contenta de la suivre, toujours sur ses gardes. Les seuls bruits qu'il parvenait à percevoir étaient ceux de la végétation qui se trouvait tout autour d'eux. D'ailleurs il faudrait que quelqu'un lui explique comment du pollen pouvait voler dans un endroit supposément clos. Il devait y avoir une ouverture quelconque sur le dehors. Sa belle finit par revenir vers lui et ils échangèrent de nouveau un baiser. Cependant, Oxymore avait maintenant l'esprit ailleurs. Il sentait sa méfiance s'émousser et il détestait ça. Ce n'était pas normal comme réaction.

- Peut être un trésor. Peut être un monstre qui déclarera être à mes services. Ne serait-ce pas fantastique?!

Devant tant d'exubérance il ne put se retenir de sourire. C'était qu'il commençait à faire preuve de sentimentalisme. A moins que ça ne soit l'ambiance de cette pièce. Il n'aurait su le dire. Ses perceptions se faisaient moins précises, comme recouvertes d'une ouate. Il secoua la tête pour chasser cette impression qui lui collait au corps. Mais rien n'y faisait. Il répondit à Moune, comme pour faire diversion.

- Un monstre ? Je ne pense pas mais il y a quelque chose d'étrange dans l'air. Il y avait quelqu'un d'autre qui habitait ici avant toi ?

Si ledit quelqu'un existait bel et bien peut-être pourrait-il les renseigner. Son esprit s'engourdissait et lui donnait une étrange impression de bien être. Ce n'était pas désagréable mais perturbant. Lui qui ne connaissait habituellement que haine, douleur et frustration se sentait presque apaisé. Et plus il respirait cet air vicié plus il se sentait bien. Ce qui aurait été une bonne chose pour n'importe qui lui semblait être une sorte de malédiction.

- Je n'aime pas tellement cet endroit. Allons rapidement voir s'il y a un fond à cette caverne et remontons aussi vite que nous sommes descendus.

Ses sourcils froncés n'étaient plus que l'ombre de son expression habituelle. Il commença à s'avancer entre les plantes fluorescentes. Il n'allait pas trop vite, ses doutes s'étant effacés comme par magie. Il profitait simplement du moment passé en compagnie de sa belle. Bonne ou mauvaise chose il n'aurait su le dire. Cette perte d'inhibition ne lui plaisait pas tellement mais il ne s'en rendait plus même compte tandis que le pollen voletait dans l'air encore et encore.

- Un monstre ? Je ne pense pas mais il y a quelque chose d'étrange dans l'air. Il y avait quelqu'un d'autre qui habitait ici avant toi ?

Mh, dans la tanière, oui, c'est logique, tout les Alphas y ont vécu les uns après les autres. Après, mes parents ne m'ont jamais parlé de cet endroit, aucune allusion, aucune légende, aucune histoire pour faire peur le soir, rien. Enfin... Oui et non. La légende de Four-seasons dit qu'il existe quatre sphères des saisons. Chaque saison a sa sphère, qui se trouve caché quelque part dans la tanière des Alphas. Je n'y ai jamais vraiment cru, faute de preuve. Et puis, la légende dit que ces sphères maintiennent la paix et les dites saisons... Qu'arriverait-il si elles étaient dérobées, voire même détruites... Je ne pu retenir un sourire à l'idée que l'Hiver ou que l'Automne ne disparaissent pour toujours...

- Je n'aime pas tellement cet endroit. Allons rapidement voir s'il y a un fond à cette caverne et remontons aussi vite que nous sommes descendus.

Je me retournais une nouvelle fois vers mon Prince. Je pense garder cette histoire pour moi pour le moment. Pas parce que je désire avoir le pouvoir à moi seule, mais seulement parce que ça me semble un peu extravagant, et que je préfère aller au bout de cet endroit pour en tirer des conclusions claires et précises.

Ma soif de pouvoir est toujours plus forte, chaque jour. Toutes les nuits, je rêve de mon règne. Je me vois gouverner Four-seasons, aux côtés d'Oxymore. Je vois la population entière me respecter et m'aimer... Parfois, je me demande si ça aurait aussi pu être le cas en ayant agit d'une autre façon. Je veux dire, si j'avais été bonne. Si j'avais mieux gouverné. Si j'avais davantage aimé. Si j'avais fait les bons choix... Je secoue la tête. Toutes ces pensées sont étranges... Et ça ne me ressemble pas de devenir aussi molle d'une seconde à l'autre. Je pense que cet endroit y est pour quelque chose... Mais comment en être certaine. Je ralentie la cadence, de façon à être à la hauteur de mon compagnon. Lui aussi a les yeux qui brillent, et je me demande à quoi il pense.

"Tu sais... Enfin... Cette endroit est bizarre... Mais... Je t'aime. Enfin, je veux dire... Continuons d'avancer..."

Non mais, à quoi je pense. Je suis vraiment trop bête. Et puis, pourquoi je suis gênée pour si peu. C'est Oxymore après tout. C'est pas comme si on avait tout vécu ensemble. C'est pas comme si on ne se connaissait pas depuis longtemps. Trop peut être. Je le regarde de bas en haut, puis de haut en bas. Lui aussi a subit le coût des années. Son poils, plus terne, ne repose plus sur un corps aussi vigoureux et aussi musclé qu'auparavant. Je ne dis pas qu'il est faible. Il serait capable de vaincre contre n'importe quel loup du clan... Mais pas aussi bien qu'avant. Ça me fait presque de la peine de le voir comme ça. Nous étions si... Moins... Vieux... Je déteste tant me voir vieillir! N'existe pas quelque part une fontaine de jouvence. une rivière de la vie éternelle... Une potion d'immortalité... Je ne sais pas, quelque chose. Quelque chose qui me sauve moi, et lui. Nous.

Plus nous nous enfonçons, et plus l'air devient étouffant, oppressant. La lumière est toujours la même, provenant de la bioluminescence de tel ou tel être. C'est beau, certes, mais presque effrayant. De même, l'espace se réduit petit à petit, devenant toujours plus étroit.

"C'est... Long. Je me demande vraiment ce qu'on va trouver au bout."

Bout qui ne semble jamais arrivé. Surtout que je commence à avoir sérieusement mal à la tête. Vivement qu'on sorte de là et que je puisse respirer du bon air frais.
On prend alors un virage à droite, puis une nouveau à gauche. Devant nous se dresse un mur. Avec une... heu... Une porte?

Celle-ci est ornée de dessins et de gravures. Pour moi, elles n'ont aucun sens. Je m'approche de celle-ci, et essaye de la pousser... C'est lourd, mais elle bouge d'un ou deux mètres, suffisamment pour passer en tout cas. Une lumière aveuglante illumine toute la pièce, et il me faut une bonne trentaine de seconde pour que ma pupille s'habitue à l'intensité lumineuse. Je n'en crois alors pas mes yeux. Je cligne à plusieurs reprises, regarde à droite, à gauche, devant, en haut. Devant moi se trouve une espèce de salle de trône. Au cente de la pièce se trouve une sorte de siège de plantes et de champignon, d'où s'échappe de grande lumière bleues. C'est magnifique. Et je n'avais jamais vu ça avant aujourd'hui. Je m'approche du trône, mais un petite étendue d'eau en barre l'accès. D'ici, je peux tout de même apercevoir ce qu'y si trouve. Et pincez moi si je rêve, mais là, à quelques mètres de moi, se trouve bel est bien la sphère de cristal.

Lieux:

Je pensais à l'arrivée d'un monstre, tu peux l'introduire si tu veux ^^:

"Tu sais... Enfin... Cette endroit est bizarre... Mais... Je t'aime. Enfin, je veux dire... Continuons d'avancer..."

Le grand loup noir sourit doucement aux paroles de sa douce. Un sourire vrai. Pas un sourire cynique ou un de ceux qu'il façonnait pour enjôler son interlocuteur. Un sourire comme il n'en arborait que très rarement, même en compagnie de sa compagne. Ce n'était pas vraiment contre elle. Plutôt comme s'il ne savait plus comment faire autrement. Mais il l'aimait, c'était indéniable. Sa gêne fut la fausse note qui assombri les choses. Oui, l'air n'était pas bon. Ils devaient repartir. Repartir vite. Une sirène hurlait maintenant à ses oreilles. L'impression de danger se faisait de plus en plus présente. Comme si une pierre était venue se déposer sur sa poitrine et qu'il ne pouvait l'en déloger. Il suffoquait. Et pourtant Moune ne semblait pas gênée outre mesure. Si ce n'était ce comportement étrange. Oxymore se mit petit à petit à haïr toutes ces choses desquelles la lumière sourdait. Elles étaient anormales. Son instinct lui soufflait qu'elles n'était pas tout à fait innocentes à son état. L'espace dans lequel ils évoluaient se réduisait lui aussi. Il détestait plus que tout les endroits clos. S'il ne l'aurait avoué pour rien au monde il se sentait presque claustrophobe ainsi enfoncé sous terre.

"C'est... Long. Je me demande vraiment ce qu'on va trouver au bout."

Les oreilles en arrière et la mine sombre le Prince des Ténèbres se contenta de hocher la tête. Tête qui le faisait horriblement souffrir. Nettement moins que lorsqu'il usait trop de son pouvoir mais tout de même... Il n'aimait pas ça. Ses crocs étaient à demi découverts et il tentait de capter quelque odeur ou son étranges. Du moins, plus étrange encore que tout ce qu'il pouvait percevoir depuis qu'ils étaient entrés dans cette étrange grotte. Et dire que tout avait commencé par un jeu... Jeu qui paraissait maintenant bien lointain et stupide. Ils étaient face à quelque chose qu'ils ne pouvaient comprendre et qui les dépassait totalement. Les champignons luminescents et autres êtres tout aussi étranges défilaient autour d'eux. Oxymore sentait qu'il perdait peu à peu ses repères. Qui pouvait bien avoir mis ça là ? Il secoua la tête. Là n'était pas la question. Il fallait seulement qu'ils puissent retourner à la surface. Satisfaire la curiosité de Moune et courir vers l'extérieur. Fuir cet intérieur empuanti par l'haleine fétide d'il ne savait quelle créature.
Les deux loups parvinrent face à une porte. Enfin, d'un rectangle couvert de runes découpé dans la roche. Le grand loup noir refusa de s'en approcher. Tenta de l'empêcher de l'ouvrir. A moins que ce ne fut que dans son esprit. Tout était si confus. Il savait simplement qu'ils n'avaient rien à faire ici. Ils n'aurait pas dû descendre et encore moins entrer dans la pièce. Mais sa belle s'était faufilée à l'intérieur et il ne pouvait faire autrement que de la suivre.
Les yeux d'obsidienne se ferment face à la cascade de lumière qui se trouve à l'intérieur. Il tente de les rouvrir mais ne peut pas. Pas avant un certain temps. Des tâches dansant sur sa rétine. Il détestait ça. Cela lui donnait l'impression d'être impuissant, de perdre l'un de ses sens.

- Allons-y maintenant. Tu as vu ce qu'il y avait à voir. Nous n'aurions jamais dû venir ici...

C'était ce que les pierres soufflait. Ils étaient des intrus. Ou alors peut-être était-ce seulement lui parce que Moune ne semblait plus lui prêter la moindre attention. La printanière était toute entière tendue vers la chose qui trônait au centre de la pièce. Une sphère translucide dans laquelle flottait une chose parfaitement non-identifiée à ses yeux. Il abaissa de nouveau les paupières, aveuglé. Il se sentait de trop de ce fragile écosystème. Comme si sa seule présence suffisait à tout dérégler. Et son mal de crâne qui ne cessait d'augmenter. Partir. Partir. Partir. Cet unique mot se répétait en boucle dans son esprit. Cela l'obsédait.

- Moune, vraiment. Il faut que nous y all...

Les mots moururent dans sa gorge lorsqu'un hurlement se fit entendre. Un hurlement qui n'avait rien de lupin. Rien de vraiment reconnaissable en fait. Ce dont ils pouvaient être certains c'est qu'il n'était pas de bonne augure. Bestial et sauvage ce cri n'annonçait réellement rien de bon. Oxymore fit volte-face en direction de la sortie. Sortie maintenant barré par quelque chose qu'il n'avait jamais vu. Grande comme un arbre et bâtie comme un roc, la chose qui leur faisait face était effrayante, même pour lui qui disait ne craindre rien ni personne. Ou alors était-ce encore une fois l'effet de cet air nauséabond, comme empli de miasmes. D'ailleurs des champignons courraient ça et là sur le corps de la créature. Comme si elle avait attendu longtemps et se réveillait d'un sommeil qui aurait duré bien des lunes. Plusieurs vies de loup même. Le grand loup noir se mit en position d'attaque, ses crocs blancs luisaient étrangement sous la lueur trop claire de la pièce. Il voulu atteindre son ennemi en une pensée mais ne put atteindre cette vision des choses propre à l'utilisation de son don. Le monde ne s'accélérait pas autour de son champ de vision. Rien ne devenait plus net et plus précis.

- Ma belle ? Peux-tu maîtriser les plantes autour de nous?

Pour la première fois on pouvait entendre un brin d'inquiétude dans sa voix. Il avait confiance en ses capacités physiques mais savait que, sans son pouvoir, il était tout de même largement diminué. Il en connaissait les risques et ne l'utilisait donc qu'avec parcimonie mais il leur aurait été bien utile dans le cas présent. La créature les toisait, les invitant à tenter une attaque. A essayer quelque chose d'insensé pour parvenir à en sortir vivants. Tout en semblant dire que cela ne se ferait pas. Ils étaient venus là où il ne devaient pas et avait contemplé un trésor inestimable. Ils ne pouvaient maintenant repartir alors qu'ils possédaient ce secret.