Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Eh ben mon cochon, Mekki l'avait enfin percé à jour, le copain de Melda. Une saleté d'espion, voilà ce qu'il était. Lui qui se prétendait neutre... Il avait seulement décidé de s'en prendre à sa pauvre soeur trop sentimentale pour pouvoir espionner plus sereinement les automnaux ! Qu'il essaye de lui ré-adresser la parole, pour voir, il se recevrait un sacré coup de patte... En fait faire son enquête ne s'était pas révélé si compliqué que cela. Il suffisait de suivre le loup en question, à savoir Tsume le prétendu neutre, et paf il se jetait dans la gueule du loup -de l'autre, Mekki donc. Quelques pas sur tous les territoires, ce qui était déjà étrange et confirmait l'idée du loup brun concernant un double-jeu d'espion du côté du "neutre", et un retour... En terres hivernales ! Ah, le bougre ; mais tel est pris qui croyait prendre ! Il l'avait démasqué, le petit frère, et à présent il allait lui faire sa fête à cet imbécile heureux. Un espion. Comment pouvait-on prendre le risque de faire autant de mal à une si gentille louve que Melda ??! Quel sans-coeur ! Comme tous les hivernaux, apparemment. Jamais on n'avait entendu parler en bien d'un petit hivernal vertueux... Qu'ils ne se posent pas de questions, si personne ne les aimait, ceux-là...

Voilà ce que faisait le beau loup à mèche blonde en Hiver, pour les curieux. Lui qui était habituellement d'un terrible et incurable égoïsme, il se mettait à se mêler de la vie de sa famille (demi, famille). En même temps, ce n'était pas n'importe qui, Melda. Elle restait la plus sympathique et généreuse louve de tout l'automne, voir de tout Four Seasons si Mekki avait connu tous les spécimens existants de toutes les terres de FS. Maintenant le frère de l'agréable louve était ravi d'avoir démasqué cette saleté de taupe infiltrée ! Et d'avoir sauvé sa guérisseuse de soeur d'un usurpateur, d'un trompeur, d'un... traître ! Aha, créature ingrate et détestable, tu es découverte. Le fils adoptif de l'alpha automnal battrait presque de la queue de satisfaction. Le froid lui rongeait les os, mais peu lui importait la température ; il pourrait prouver à Melda que Tsume n'était pas celui qu'il prétendait être. Quoique non ; il le tuerait purement et simplement ! Comme ça il ne passerait pas pour un méchant. Et quand on découvrirait la vérité, il se contenterait de jouer la surprise. Oh oui, il le sentait bien. Il allait tourner les talons en sifflotant, seulement une présence se fit sentir aux alentours. Il s'arrêta, immobile, et attendit de voir si quelqu'un se manifestait. Il espérait ne pas être découvert, il priait même. Non pas qu'il doutât de ses capacités au combat... Le souci serait qu'il DEVRAIT se battre. Non, la flemme, après toute une journée de pistage. Peut-être qu'en restant immobile, il passerait inaperçu. Non ..?

Le battement régulier de mon coeur cognant contre ma poitrine, un rythme qui tend à s'accéléré à mesure que j'avance parmi les brumes éternelles. Il n'y sera pas bien entendu, notre lieu de rencontre ayant changé au fil du temps, mais cet endroit restant un de mes préférés dans tout ceux que j'ai pu visiter pour l'instant dans mon existence mortelle. Cet endroit et intimement associé à lui dans mon esprit ce qui explique la vitesse de mon rythme cardiaque, la même chose se produit en sa présence. J'ai envie de le voir et de me blottir tout contre lui, mais avant je veux passer un instant par ici comme pour m'assurer une millième fois que tout ceci n'est pas qu'une illusion.

Zigzaguant en souplesse entre les arbres familiers je n'ai plus besoin de regarder devant tant le chemin m'est connu si bien que je peux me perdre dans mes rêveries. La brume m'entoure créant une aura de mystère et chargeant mon pelage d'humidité, ce dernier quoique court me protège bien du froid mordant de l'endroit par un phénomène que je ne peux expliquer. Une présence bien connue se fait sentir, mais ce n'est pas la sienne et mon esprit ce met à charger toutes les possibilités parmi mes connaissances. Une seule solution, avancer à la rencontre de l'individu familier.

La silhouette de l'inconnu, pas si inconnu que ça, se découpe finalement de la brume et je peux y reconnaître mon jeune frère Mekki. Aurait-il découvert le secret de mon amant, découvert ce que personne ne doit savoir pour éviter des soucis à mon compagnon. J'ai fait le serment de ne rien dire, quitte à devoir mentir même si ce n'est pas dans mes habitudes. J'avance toujours vers le jeune blondinet, d'un pas souple et rapide. Je m'arrête à quelques pas de lui en laissant un grand sourire se dessiner tout naturellement sur mon visage. J'aime mon frère, nous n'avons peut-être aucun sang en commun, il n'en reste pas moins un membre à part entière de ma famille.

- Mekki !? Qu'est ce que tu fais ici?

Autant jouer la carte de la surprise, garder le secret de Tsume et venir le retrouver ici devient de plus en plus difficile, c'est pourquoi nous nous retrouvons maintenant ailleurs la grande majorité du temps, mais je reste déterminé à découvrir les intentions de ma fripouille de petit frère.

L'automnal eut une grande surprise, et pas des moindres ; Melda apparut devant lui, ses grands yeux bleus écarquillés. Ce qui ne changeait pas forcément de d'habitude, la guérisseuse étant de nature curieuse, et ses iris reflétant parfaitement ce trait de caractère. Ainsi que son innocence. Sa soeur ressemblait en tout point à un ange, c'était envoûtant. Rien qu'à la voir on se sentait aussitôt apaisé, lavé de tout problème, léger. Comme si on attendait que quelque chose se passe, ou qu'elle s'envole. Et personne ne pipait mot lorsqu'elle colorait des feuilles. L'acte en soit n'avait rien de bien passionnant, surtout qu'il n'existait pas une multitude de teintes côté jaune, orange, rouge, marron & co, pourtant ses gestes étaient si soignés et délicats qu'on ne pouvait que rester béats devant son application.

« - Mekki !? Qu'est ce que tu fais ici ? »

Problème. Concentration ! Si Melda venait ici, peut-être qu'elle aussi se méfiait de son compagnon ; dans ce cas, elle avait vu pareil que lui. Ce qui se trouvait être quasi improbable, vu son humeur joyeuse, presque trop joyeuse par ailleurs. Non, elle s'était sans aucun doute rendue ici pour une autre raison, quelle qu'elle soit, et ils s'étaient croisés par le plus grand des hasards tout près du refuge d'espionnage de Tsume. Aucun commentaire sur la crédibilité, pour l'instant... Concentration ! Qu'est-ce qu'il pourrait lui répondre ? Pour le moment, il avait tout juste confirmé ses craintes, pas question d'en tenir propos à Melda. Il devrait trouver une excuse. Qu'est-ce qu'il foutait en hiver ? Cueillir des champignons ? Heu, à part en Automne cette excuse ne servait à rien. Raaah, cette question se révélait très affolante. Que dire, que dire. Mekki sourit, un sourire qui sonnait horriblement faux mais qui passerait selon lui : le mensonge faisait partie à part entière de sa vie. La solution qui s'offrait à lui n'était pas des plus agréables, néanmoins qui sait, peut-être que sortie de sa bouche elle lui paraîtrait moins affreuse.

-Je... Ben en fait, je te suiv... Cherchais. Parce que, bah, ça fait longtemps, tu vois, que je t'ai vue ...

Depuis la chasse de cette semaine, glandu arriéré. Il n'aurait pu trouver plus débile. En premier lieu, feindre une feinte, tout bêtement. Aussi répétitif que cela soit. En second point, et bien, dire quelque chose complètement de travers dans l'espoir de se montrer alarmé et désireux de couper court à la conversation. Les deux derniers points n'étant pas si inventés que ça, en final. Le loup brun, fort gêné, se dandinait d'une patte à l'autre, souriant.

-Alors ça va ?

Il lui sembla louper un aspect de sa réflexion. Ah oui, zut.

-Et toi, qu'est-ce que tu fais là ?

Le discours le plus incongru et discordant du monde venait d'être prononcé. Ces paroles étaient tellement mal organisées que ça en devenait presque paradoxal. En fait il lui montrait qu'il venait juste de tomber sur elle. C'était un coup à se donner mal à la tête, ola, ne réfléchis pas trop mon petit blondinet.

Un horrible sourire se dessina sur le visage de mon jeune frère, visiblement je le dérangeai et il s'apprêtait fort probablement à me mentir. C'était facile à voir, du moins c'était aisé pour moi de deviner les intentions des membres de ma famille, je l'ai connais bien assez pour les connaître par coeur. Après tout, nous n'étions pas de la même famille pour rien.

-Je... Ben en fait, je te suiv... Cherchais. Parce que, bah, ça fait longtemps, tu vois, que je t'ai vue ...

Hésitation, par dessus hésitation dans cette simple phrase, Mekki voulait bien entendu me cacher ses véritables intentions. Le voilà maintenant à se dandiner d'une patte à l'autre comme un louveteau fautif.

-Alors ça va ?

Il essayait de changer de sujet, ça présence ici avait-elle une si grande importante qu'il se devait de me le cacher à tout prix. Je tâchais de ne pas trop me questionner sur le sujet, c'était à lui de me donner des réponses pas à moi de les inventer.

-Et toi, qu'est-ce que tu fais là ?

Retour au sujet de départ, mon frérot sautait du coq à l'âne avec une certaine aisance, ce qui m'amenait à me questionner à savoir s'il faisait ça souvent de mentir aux autres. Nous ne nous voyions pas si souvent, mais j'en savais néanmoins assez sur ses activité que je me devais de lui réprimer pour avoir une bonne idée de son tempérament à longueur de temps. Je m'assis en douceur, faisant voleter les quelques flocons de neige qui se trouvaient sur le sol. La saison ayant beau être à l'automne, on trouve toujours de la neige quelque part sur le territoire automnal. J'indiquais à Mekki de s'asseoir d'un signe de tête bref puis peint en jaune une des rares feuilles de cet endroit juste au dessus de sa tête.

- Espèce de fripouille, ne détourne pas le sujet et répond à ma question honnêtement.

Voilà qui était clair, je me devais aussi de répondre à la sienne, cela va de soi.

- Pour ma part, je viens cueillir quelques herbes avant que l'hiver les emporte et qu'il n'y en ait plus jusqu'au printemps prochain.

« - Espèce de fripouille, ne détourne pas le sujet et répond à ma question honnêtement. »

Grillé. Sa soeur s'était assise en face dans la poudre blanche qui recouvrait d'à peine quelques centimètres le sol. Elle lui fit signe de faire de même ; Mekki s'exécuta sans broncher. Il réfléchissait à ce qu'il pourrait inventer, tout mais pas la vérité. C'est alors que la meilleure idée du siècle lui apparut. Il aurait pu y penser avant, ce choix s'imposait à lui ! Il s'accordait même, à lui. Il songeait à son génie, tout en observant du jaune se teindre sur les dernières feuilles de l'Hiver. Encore de "l'art" venant de Melda.

« - Pour ma part, je viens cueillir quelques herbes avant que l'hiver les emporte et qu'il n'y en ait plus jusqu'au printemps prochain. »

Voilà qui éclairait sa lanterne. Elle prenait très au sérieux son rôle de guérisseuse. Rien de plus. Mekki n'avait aucune raison de s'en faire, alors ; ni aucune raison de lui révéler ses véritables plans, et ses découvertes par la même occasion ! Un point qui le rassurait grandement. Il prit alors son courage à deux pattes, qui fut à peine nécessaire tant son argument était crédible. Il l'était plus encore que la raison première de sa visite. Tout mélodieux, il fit néanmoins figure embarrassée et se gratta nerveusement l'oreille avec sa patte avant droite. Ce qu'il s'apprêtait à plaider comme excuse, il savait que sa grande soeur ne le supportait pas. Qu'elle détestait presque cette partie de lui. Peu importe, il préférait être un crétin à ses yeux que de lui briser le coeur.

-Je.. Ben, en fait, je venais voir si par ici il ne se promenaient pas quelques....

Sa voix se réduisit jusqu'au chuchotement :

-... Louves..

Il fit un grand sourire désolé et gêné à la guérisseuse automnale, avant de détourner le regard vers les feuilles jaunes déjà saupoudrées de neige. En voilà, un alibi en béton. C'était tellement évident, en fait ! Mekki se demanda bien pourquoi il n'y avait pas pensé en premier lieu.

Imitant mon geste, cédant par le fait même à ma demande silencieuse, Mekki s'assit sur la fine couche de neige. Sa manière de se gratter nerveusement derrière l'oreille attira mon attention, mais je m’abstiens de commentaire, s'il voulait me cacher certaines choses il était bien en droit de le faire.

-Je.. Ben, en fait, je venais voir si par ici il ne se promenaient pas quelques....

Sa voix devient presqu'un murmure l'espace d'un instant, suffisamment longtemps pour qu'il prononce le mot que je redoutais.

-... Louves..

Un soupir las m'échappa, tandis que mon frère relevait la tête pour me faire un grand sourire maladroit avant de reporter son regard sur les feuilles au dessus de sa tête, je ne cessai de me demander où était passé le Mekki que j'avais connu quand il était jeune. Celui qui était un jour revenu tout heureux en annonçant à tous qu'il s'était fait une amie, je me souviens de son sourire radieux et je ne peux m'empêcher d'être déçue. Déçue de ce qu'il a choisi comme chemin, courir après les louves pour profiter d'elles n'est pas un comportement que je tolère et Mekki en est conscient.

- Parfois tu me décourages tellement Mekki, jouer avec le coeur et le ... corps... des louves ça ne se fait pas.

Je tournai la tête vers lui pour croiser son regard vert, il a les mêmes yeux que notre mère et aussi son grand coeur, même si sur ce point il pourrait me contre-dire et ne pas me croire. Le même petit air taquin que notre mère, mais aussi un côté brutal et fort que ne viens pas de la famille et ce fait explique beaucoup de chose notamment sa capacité à enflammer le sol.

- Un jour tu finiras par en blesser une à un tel point qu'elle ne reviendra plus, sauf que celle-ci aura été la louve de ta vie, ton âme soeur. Fait attention. Je serai peiné que tu finisses seul à cause de tes bêtises.

« - Parfois tu me décourages tellement Mekki, jouer avec le coeur et le ... corps... des louves ça ne se fait pas. »

Dit Melda à son frère après un soupir désolé. Il s'attendait à cette morale. Il eut été vain de tenter une quelconque réplique, et méchant de faire remarquer que son soit-disant cher et tendre ne s'en privait pas, lui. Côté coeur, côté corps il ne se risquait pas à cette pensée de peur d'avoir lui-même de mauvaises envies contre le loup en question, qu'il aurait sûrement du mal à réprimer... Mekki se borna donc à observer les alentours, accordant cette fois une morale à son encontre de la part de sa soeur. Il savait déjà précisément tout ce qu'elle disait, elle ignorait sûrement qu'il ne cessait de faire tourner ces phrases dans son esprit, mais vivre autrement ne lui paraissait pas possible. Il s'agissait de sa seule activité plaisante, dans un moment d'ennui il ne songeait qu'à aller chercher une louve pour se distraire... Cependant il écouta Melda d'une oreille, ne souhaitant pas s'attirer plus ses foudres que présentement. La louve crème chercha son regard, et il finit par lui céder au coût d'un grand effort.

« - Un jour tu finiras par en blesser une à un tel point qu'elle ne reviendra plus, sauf que celle-ci aura été la louve de ta vie, ton âme soeur. Fais attention. Je serai peinée que tu finisses seul à cause de tes bêtises. »

Pour lui ce n'était qu'un détail. Jamais il ne s'imaginerait au dépens d'une seule louve. La louve de sa vie. L'image de la petite louve beige aux yeux bleus se dessina dans son esprit : Hope. Il avait espéré pouvoir faire sa vie avec elle, mais pour elle justement il avait du l'effacer de son âme. Puisque cette louve-là n'était pas revenue, il pouvait bien vagabonder à sa guise, non ? Il ne perdrait rien de plus. Il n'y avait que sa soeur, un peu trop naïve à son goût, pour croire à ce genre d'illusion : l'âme-soeur. Ce que l'on pouvait nommer ainsi n'était qu'un mirage, une chose non concrète, et personne ne vivrait jamais ça. Puisqu'une âme-soeur n'existe pas. On fait croire en l'âme-soeur aux louveteaux, ou aux louves gniangniantes -sans vouloir vexer Melda. La preuve pour elle, remarque, son chéri d'amour n'était qu'un espion. Jouer avec les sentiments et faire semblant était bien plus simple et offrait un avantage que la relation à long terme ; un plaisir sans condition, et aucun compte à rendre. Aucune souffrance, quoique dépendait de quel côté on se penchait, et pas de souci autre que le fait de devoir se priver de sentiments. Sauf que Mekki lui ressentait beaucoup de choses à chaque fois, à chaque "trouvaille". Il était capable de tomber instantanément amoureux d'une louve croisée au détour d'un buisson ou d'une souche d'arbre, et de l'oublier juste après. Mais ce qu'il avait comme sentiments aux milieu de ces deux périodes, était indescriptible au sens propre du terme. De l'amour, de la passion, tout son refoulement d'émotions l'envahissaient, tout ce que son coeur lui interdisait de penser revenait au grand galop lorsque son regard d'émeraude croisait une paire d'yeux féminins. Il aimait les louves. Vraiment. Et c'était dans ces simples mots que résidait le centre de son problème. Comment pouvait-on aimer, d'un véritable amour, chaque louve étrangère à sa famille ayant de beaux yeux ou un beau pelage ? On ne pouvait pas. Alors pourquoi lui y arrivait-il, à son plus grand malheur ? Il était illogique, bizarrement constitué, ce n'était pas une nouveauté. Tout le monde savait qu'il avait le même genre d'oiseau en meilleur ami, et on le comparait -négativement- à Auron. Mais il n'était pas pareil, et ça peu de loups pouvaient le comprendre. Personne, ne comprendrait. Il fixait sa soeur tout en réfléchissant à tout cela. "Jouer avec le coeur et le corps des louves, ça ne se fait pas". Gnia gnia gnia. Elle ne faisait pas d'effort dans sa manière de lui faire comprendre, cette phrase on lui avait répétée sous toutes ses coutures. Il oublierait sûrement cette façon de la dire dès le lendemain. Il fit preuve d'un contrôle extrême de lui-même pour ne pas balancer Tsume et ses cachotteries. A présent il en voulait presque à Melda, la plus compréhensive de ses soeurs, enfin c'était ce qu'il pensait, de lui faire la morale et de critiquer sa manière de vivre.

Mekki se releva, menton haut levé, impassible. Il continuait de garder ses yeux plantés dans ceux de la guérisseuse. Il attendit, laissa encore des secondes passer. Voyant qu'il ne se passait rien de plus, il répliqua après un soupir :

-C'est bon, tu as fini ?

Les yeux vers le ciel, il se mit à faire les cent pas en rond, seul le minimum de respect qu'il entretenait pour sa soeur le retenant encore. Qu'elle ne se demande pas d'où venait son éloignement de sa "famille".

-Dorénavant si tu pouvais éviter de juger mes actes et si à la place tu surveillais un peu t... Ta vie... Je n'ai pas besoin de toi en plus pour me faire la morale. Tu n'es pas ma mère.

Mekki n'ignorait pas les problèmes que le couple avait rencontrés auparavant, ennuis qui s'étaient résolus peu de temps avant seulement. Melda se permettait de donner son avis sur son existence et ses choix, mais elle ne regardait pas plus loin que le bout de son nez concernant son cher et tendre. Fulminant, le loup brun s'arrêta de déambuler et s'assit, grondant.

-C'est bon, tu as fini ?

Il s'était relevé, gardant son regard dans le mien. Je l'avais visiblement offusqué, il faisait maintenant les cents pas. Ce n'était pas mon intention, mais voilà le résultat.

-Dorénavant si tu pouvais éviter de juger mes actes et si à la place tu surveillais un peu t... Ta vie... Je n'ai pas besoin de toi en plus pour me faire la morale. Tu n'es pas ma mère.

Les mots me blessent, ils sont un million de lames qui viennent se planter dans mon coeur, comment peut-il ainsi parler... Je ferme les yeux, laissant les larmes couler en silence sur mes joues, penser à notre mère me fait cet effet. J'ai perdu les deux louves qui sont mes mères, de manière brutale, sans prévenir, personne n'a le droit de parler d'elles, pas même mon jeune frère. Lentement j'ouvre de nouveau les yeux, mon regard est baigné de larme, mais je tâche de contrôler ma voix, éviter qu'elle flanche.

- Ne parle pas de notre mère...

J'agitais un peu la queue, faisant voleter la neige tout autour, plus par agacement qu'autre chose, comme expliquer à Mekki que ce n'était pas un jugement. Il est bien libre de vivre comme il veut, il sait que je désapprouve. Ce trait de personnalité est si semblable à son père, à celui qui a blessé notre mère. Mekki s'est rassit dans un grognement, je sens la colère qui gronde dans son coeur. Pourquoi s'offusque-t-il si facilement ?

- Tu ressembles tant à ton père, même caractère enflammé, même goût pour les femelles, j'aurai tant aimé que tu hérites un peu plus de maman.

J'ignore s'il connait son père, c'est Tsume qui m'a fait remarquer la ressemblance entre l'Alpha estival et Mekki, je n'ai pu que confirmer la chose. J'ai rendu visite à notre tante et j'ai pu rencontrer Aki, notre cousine adoptive, elle est très ressemblante à mon frère. Il m'a fallu un bon moment pour démêler tout ça et faire mes conclusions, mis avec ce qu'Ita savait déjà. Je fis tout pour capter son regard un instant avant de me rapprocher de lui, je ne voulais pas le faire fuir, ne pas l'effrayer, mais je voulais des réponses... honnêtes.

- Mekki, soit honnête avec moi, pourquoi avoir choisi ce mode de vie, tu n'étais pas comme ça avant, que s'est-il passé?

La louve crème cilla et finit par fermer les yeux, des gouttes perlant en leurs coins. Elle pleurait. Mekki se contenta d'attendre qu'elle ait terminé. Elle n'avait qu'à tout simplement pas juger ses actes. Doucement elle rouvrit les paupières. Il ne savait pas pourquoi il ne partait pas. C'aurait été plus facile, et il se débarrasserait de cette conversation dont il n'avait jamais souhaité l'existence. Il gardait un regard dur et sans fond pour sa soeur, tant elle l'avait agacé. Ses yeux à elle sont humides, une tracée mouillée s'est dessinée des deux côtés de son visage. Sa voix presque rauque de tristesse retentit à nouveau :

« - Ne parle pas de notre mère... »

C'était incroyable, elle ne pouvait pas retenir ses émotions plus de trente secondes. D'un côté, sans doute elle aussi pensait que leur mère était morte. Mais non, elle les avait abandonnés, elle méritait à peine une attention, même si elle ne l'avait pas voulu au départ. Et après ? Melda n'allait pas rester dessus jusqu'à la fin de ses jours ! Elle avait disparu de leurs vies, et voilà. La queue de la guérisseuse s'agitait vivement sous elle, les flocons voletant à leur tour. Mekki s'irritait de la tournure de la discussion. Et dire qu'il aurait pu terminer sa petite enquête sur sa conclusion, voici que sa soeur arrivait pour lui gâcher sa bonne humeur d'avoir résolu un mystère -la concernant, qui plus est. Il n'avait plus qu'une seule idée en tête, quitter Melda et s'en aller de ce territoire frigorifique.

« - Tu ressembles tant à ton père, même caractère enflammé, même goût pour les femelles, j'aurai tant aimé que tu hérites un peu plus de maman. »

Sur ce coup-là, Mekki grogna violemment contre sa soeur. Elle dépassait les bornes. D'où prétendait-elle connaître son géniteur ? Et pour qui se prenait-elle pour lui faire ce genre de remarques désobligeantes et déplacées vu son cas ? Plus elle parlait, plus sa colère s'accentuait et pénétrait son coeur. Il se fichait éperdument de ses espérances. Lui, avait-il eu son mot à dire lorsqu'elle avait choisi de se mettre avec Tsume ? Avait-il son mot à dire devant Mélodie qui se plaisait de plus en plus au Printemps ? Non. Alors ce n'allait pas être la plus sentimentalement influençable des louves automnales qui allait lui régler sa vie en fonction de ses envies ou de ses regrets. Mekki ressentait fortement le désir de lui demander plus d'explications sur sa réflexion au sujet de son "père", mais il se retint. Pas question de bafouer son honneur, il trouverait tout seul sur les terres estivales celui qu'il cherchait. La louve crème se déplaça doucement pour le rejoindre et se rapprocher de lui. Tentative qu'il réprima d'un grondement sourd.

« - Mekki, soit honnête avec moi, pourquoi avoir choisi ce mode de vie, tu n'étais pas comme ça avant, que s'est-il passé ? »

Le concerné se releva une nouvelle fois et approcha sa tête de celle de la louve, les yeux emplis de haine. Il s'aperçut qu'à présent il était bien plus grand et massif qu'elle. Sa précédente bonne humeur se dissipait peu à peu dans un nuage de critiques et de discours désagréables à ses oreilles. Il commença à "répondre" :

-Je t'ai dit, que tu n'étais pas ma MÈRE.

Il avait crié ce mot à la figure de sa soeur volontairement. Qu'elle pleure, qu'elle se plaigne, qu'elle aille conter ses malheurs et son désespoir à son vrai faux Don Juan. Tout ce que voulait Mekki maintenant, c'était qu'elle le laisse, qu'elle parte. Ou au moins qu'elle s'occupe justement de SA vie et non pas de la sienne. Il parlait à sa guise de celle qui aurait du être sa mère. L'écho de sa voix s'éteignit lentement dans la forêt pleine d'ombres. Il reprit dans un souffle :

-Je suis comme je suis. Je n'ai rien à perdre à vivre comme ça, contrairement à toi. Surveille un peu ta vie, comme je t'ai dit. Une fois que tu auras su gérer et assumer ta manière d'être et ton rêve de vie à toi, tu pourras venir me demander de me justifier.

Le loup brun se demanda si en final il n'allait pas laisser Melda dans son illusion concernant Tsume. Il finit par sourire, fadement, et se recula, ce faux sourire toujours suspendu aux babines. Il s'était retenu de dire bien des choses. Il se rassit pour la troisième fois, presque agacé de ces mouvements à répétition. Lâchant un soupir, il se gratta de manière pas très distinguée l'oreille avec sa patte avant droite, geste qu'il répétait très souvent également. Il devrait prendre garde à ne pas devenir prévisible. Le mystère était point important auprès des "dames".

Up :3

Shey ? Faut-il archiver ce sujet ?

Oui, aux archives