Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Vu la direction qu'il avait prise, Toboe s'était perdu. Après avoir emprunté la Forêt Sans Fin, il avait zigzagué jusqu'à la Clairière d'Azur. Sans les arbres pour freiner sa course, Haru accéléra.

Il l'apperçut enfin, sa course se faisait hésitante. Le printannier accéléra, son coeur semblait vouloir battre des records de vitesse. Il bondit, cherchant à stoper son ami. Mais au lieu de l'effet escompté, prit par la vitesse, il entra en collision avec le loup rouge et ils roulèrent dans l'herbe.
D'une impulsion, Haru stoppa leurs tonneaux. Instinctivement, il plaqua Toboe sous lui. Pendant de furtives secondes, leurs museaux se trouvèrent à seulement quelques millimètres l'un de l'autre, juste avant que ... Haru ne s'écroule sur l'estival, complètement vidé. Sa transformation colérique en apprenant ce qui était arrivé à Midnight, son combat pour immobiliser la louve, puis une autre transformation inutile pour retrouver Toboe et enfin une dernière transformation ajoutée à sa course éffrenée lui avaient vidé chaque parcelle d'énergie de son corps.
Ses pattes de bois tombèrent et son écorce s'éffrita. Ses muscles étaient secoués de soubresauts incontrôlables et il haletait. Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était la fréquence de ses battements de coeur. Cela semblait empirer chaque séconde.

Malgré tout, il parvint à articuler d'une voix cassée par l'effort:

- Part pas. J'ai plus la force de te suivre.

Le printannier ferma les yeux, reprenant doucement son souffle. Il était bien là, c'était doux et confortable, le parfum d'été lui rappella cet épisode où ils avaient flemmardé au bord d'une cascade estivale.

Réalisant subitement qu'il devait écraser Toboe, Haru se releva brusquement pour retomber quelques secondes plus tard sur le flanc. Même après avoir retrouvé son souffle, il était bel et bien vidé.
Il jeta un regard en biais au loup rouge.

-Ca va ? Tu n'es pas blessé ? Ton intervention m'a sonné, j'ai eu peur que tu te sois blessé. Mais si tu as pu arriver jusque là, ça ne va pas trop mal.

Il fronça les sourcils, inquiet.

-J'espère que Midnight ne va pas nous retrouver, je ne peux plus me battre.

Il courait. Il courait à en perdre haleine. Ses pattes commençaient à s'engourdir. Il courait sans savoir où il allait. Si tombait. Se relevait. Continuait. Il pleurait tandis qu'il continuait d'aller de l'avant, comme si fuir ainsi pouvait lui permettre d'oublier la louve noire et le loup vert. Haru. Ses larmes redoublèrent alors qu'il pensa à lui. Il ne devait pas. Il ne devait plus. Il ne devait plus songer à ce printanier qui lui faisait tant de mal. Ou peut-être était-ce lui qui se faisait du mal en songeant sans cesse à cet amour impossible ? Il serra les dents et tenta d'accélérer encore le pas. Il n'en pouvait plus. Il ne se retrouvait pas ici. Il ne faisait que s'égarer davantage à chaque pas. Sa tête bouillonnait d'émotions. Il pensait à tout sauf au chemin qu'il suivait. Il lui semblait entendre des bruits de course dans son dos. Il se dit qu'il devenait parfaitement paranoïaque. Il avait senti la vie des deux Midnight s'envoler. Haru avait du rester avec son corps. Ou peut-être le poursuivait-il ? Il enfonça rageusement cet espoir idiot au fond de son cœur d'artichaut. Il ne devait pas avoir ces pensées. Il devait cesser de rêver ! Le rêve et l'espoir lui avaient déjà fait trop de mal. Alors il courait. Il courait sans cesse.
Alors qu'il songeait que les bruits de pas n'étaient pas qu'un délire de son imagination il entraperçut un mouvement du coin de l’œil. Il n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait. Ses pattes se dérobèrent sous lui tandis qu'il sentait que quelqu'un heurtait son flanc avec violence. Les deux loups furent entraînés dans la pente douce. Lorsqu'ils cessèrent de rouler-bouler Toboe prit le temps de regarder qui était là. Une douce odeur de fleur, de fleur et d'herbe fraîchement coupée. Et de l'écorce ... Le cœur de l'estival fit un violent bond dans sa poitrine. Haru. Que faisait-il ici ?! Les muscles du printanier étaient secoués de soubresauts. Le loup écarlate s'en alarma. Était-il dans cet état à cause du temps qu'il avait passé à la poursuivre ?! Il ferma les yeux, acceptant de bon cœur le poids de l'élu de son cœur sur lui. Il n'aurait probablement plus jamais l'occasion de l'avoir ainsi si proche de lui. La voix cassée de son aimé lui vrilla les oreilles alors même qu'il ne parlait pas si fort. C'était le son si inhabituel, si altéré, qui rendait sa respiration soudain difficile.

- Part pas. J'ai plus la force de te suivre.

Il ne bougerait plus. Il ferait tout ce qu'il voulait tant qu'il ne lui demandait pas de ne plus jamais revenir, de l'oublier, de le rayer de sa vie. C'était la seule chose qu'il ne saurait faire. Il entendit la respiration de son ami se faire plus calme. Il était heureux d'être si prêt de lui. Plus proche qu'il ne l'avait jamais été et qu'il ne le serait probablement jamais.
Mais, soudain, son ami se releva. Leurs truffes se retrouvèrent à quelques centimètres l'une de l'autre et Toboe se retint d'embrasser tendrement son ami. Il aurait tant voulu qu'il comprenne. Qu'il comprenne que "ami" n'était pas ce qu'il voulait. Qu'il voulait plus. Mais si rester ainsi était le seul moyen de ne pas l'effrayer et de rester à ses côtés, alors soit ... Il en serait ainsi. Haru s'effondra sur le flanc à ses côtés. L'estival resta sur le dos, les pattes reliées sur son ventre. Il pouvait sentir le souffle du printanier dans sa fourrure. Il était encore si proche. Si proche et pourtant si lointain.

-Ca va ? Tu n'es pas blessé ? Ton intervention m'a sonné, j'ai eu peur que tu te sois blessé. Mais si tu as pu arriver jusque là, ça ne va pas trop mal.

Oui, dans un sens c'était vrai. Son corps allait parfaitement bien. Son cœur, quant à lui, ne se remettrait pas de sitôt de l'apparition puis de la disparition de la louve noire. Il ferma les yeux sans répondre. Qu'avait ressenti Haru lorsqu'il avait envoyé les énergies ? Avait-il ressenti tout son amour ? Cet amour inconditionnel ? Cet amour presque terrifiant tant il prenait de place en lui. La voix de Haru se fit plus pensive.

-J'espère que Midnight ne va pas nous retrouver, je ne peux plus me battre.

Toboe ouvrit les yeux d'un coup. Il n'avait pas compris ? Comment pouvait-il ne pas avoir compris alors qu'il se trouvait encore auprès de son aimée alors qu'elle succombait sous l'assaut des énergies ? L'estival sentit sa gorge se serrer. Il allait devoir lui dire ... Devoir lui annoncer. Lui annoncer que tout était de sa faute. Il laissa une minute s'écouler. Le temps semblait s'étirer indéfiniment. Il semblait au loup écarlate qu'il mettait des heures entières à trouver ce qui lui semblait être les mots justes. Il les fit tourner dans son esprit plusieurs fois. Il ne savait pas si cela irait. Il ne savait pas non plus comment son ami pourrait réagir à ses mots. Il parla sans quitter le ciel des yeux. Il ne regardait pas dans la direction de Haru. Il savait qu'il perdrait totalement ses moyens si son regard de sang croisé les yeux bruns du printanier.

- Midnight n'est plus ... Elle s'est libérée de l'emprise de l'Autre au prix de son corps. Elle n'est plus que pur esprit. Elle existe toujours ici mais sous une autre forme. Sous une forme difficilement visible.

Il laissa ces paroles faire leur chemin dans l'esprit de Haru. Il espérait que le loup vert comprendrait sans qu'il n'ait besoin de s'étendre plus. La louve était morte ... Il aurait très bien pu annoncer ça de cette manière. Cela aurait été tout aussi juste. Mais il ne voulait pas. Il ne voulait pas annoncer une telle nouvelle de la sorte. De plus, il savait que son esprit n'avait pas quitté la terre. Il restait toujours une parcelle de son énergie vitale même si elle était plus que minime. Il pourrait effacer toute trace de la louve s'il absorbait cette énergie. Mais il ne le ferait pas. Par respect pour son ami et ne serait-ce que, pour ça, il devait être capable de retrouver le spectre.

- Et ... et je crois que c'est moi qui l'ai forcée à faire ça lorsque j'ai lancé les énergies sur vous.

Les mots se bloquèrent dans sa gorge et des larmes perlèrent à ses paupières. Il se laissa rouler sur le flanc, tournant le dos au printanier. Il ne voulait pas lire la haine qui ne manquerait pas d'y apparaître. Il allait le détester. Il allait le chasser. Mais il lui devait la vérité. Il ne se sentait pas la force de lui mentir. Il ne saurait vivre dans le mensonge. Il laissa une larme puis une autre former une trace sombre sur son pelage écarlate. La gorge toujours aussi sèche il se força à reprendre là où il s'était arrêté. Tout lui avait semblé si simple, si limpide, lorsqu'il s'était prononcé mentalement tous ces mots. Il se heurtait maintenant durement à la réalité.

- Si ... si tu voulais partir je ... je comprendrais ...

Ces quelques mots avaient été comme s'arracher la langue. Il en eut les larmes aux yeux. Ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas se séparer de lui. Alors qu'il prononçait ces mots tout son corps hurlait "Reste ! Ne ma quitte pas !". D'autres larmes suivirent les deux premières.

Un silence s'installa. Haru en profita pour se détendre, ses muscles semblaient comprendre que leur travail était terminé.
Le printannier entrouvrit les yeux et réalisa pour la première fois à quel point il était pret de l'estival. Ce dernier n'avait pas bougé. Haru en profita pour le dévisager à son insu. Il n'avait jamais remarqué à quel point le loup rouge était séduisant. Ses traits étaient plutôt fins, il n'avait pas l'air très musclés. Tout en longeur sous ses poils courts et flamboyants.
Pretextant un soupir de bien être, Haru inspira avidement son parfum sucré et chaud.

"Midnight n'est plus ... "

Haru écarquilla les yeux comme s'ils allaient sortir de ses orbites. Il lui sembla que son coeur rattait un battement. Ce n'était pas possible ! Toboe se trompait, il s'était enfuit si vite. Il devait se sentir coupable, lui qui était si gentil.

"Elle s'est libérée de l'emprise de l'Autre au prix de son corps. Elle n'est plus que pur esprit. Elle existe toujours ici mais sous une autre forme. Sous une forme difficilement visible."

Cette fois, le souffle lui manqua. Toboe ne lui mentirait jamais. Mais il n'arrivait pas à se résoudre à y croire. Il l'avait enfin revue, elle ne pouvait être morte, pas déjà. Elle était encore jeune. Ca ne tenait pas debout.
Pourtant, au fond de lui, il savait. L'Autre se serrait relevée pour le tuer et Midnight pour le rassurer.
Sa gorge se serra, il laissa échapper un sanglot. Décidément, il était vraiment un incapable. S'il avait continué à la chercher, il aurait put la sauver avant que ses ravisseurs de la trouve. S'il avait été plus convaincant, plus fort, il aurait pu chasser l'Autre, la sauver de ce double maléfique. Tout était de sa faute.
Il sentait les larmes perler quand Toboe reprit la parole d'une voix enrouée par le chagrin.

"Et ... et je crois que c'est moi qui l'ai forcée à faire ça lorsque j'ai lancé les énergies sur vous."

Haru parvint à se redresser. Toboe pleurait. Le voir ainsi fendit le coeur du printannier. Ce n'était pas lui le coupable, Toboe ne ferait pas de mal à une mouche, il était un loup gentil, serviable.

"Si ... si tu voulais partir je ... je comprendrais ..."

-Surtout pas ! S'offusqua Haru immédiatement.

Il passa une patte par dessus le corps rouge de l'estival et plongea son regard dans le sien.

-J'ai survécu à ton attaque, j'ai juste été un peu sonné. Si elle avait voulu s'accrocher, Midnight ne serait pas morte. Elle a juste ... profité de toi pour se débarasser de l'Autre. C'était son choix.

Pleurant sur Toboe, il tentait autant de le convaincre de se convaincre lui même.

-C'est moi l'imbécile, si je n'avais pas fait cette erreur il y a des années de ça, on en serait pas là.

Il déglutit et tâcha de ravaler ses larmes.

-Mais ça ne se reproduira plus, je ne te laisserais pas tomber. Surtout pas toi !

Mais qu'est-ce qu'il racontait ? Ca ressemblait à une déclaration amoureuse. N'avait-il pas honte de raconter de telles inepties à Toboe ? Juste après la mort de son premier amour ! Mais quel idiot ! Quel parfait imbécile !
Confus, Haru baissa la tête et détourna le regard vers un brin d'herbe. Il était partagé entre une profonde détresse et un sentiment chaud qui lui envahissait le ventre et caressait son coeur. Il se sentait honteux de ressentir quelque chose d'aussi doux alors que Midnight, la louve qu'il avait tant aimée, venait de mourir.
Il fut même tenté de croire que son amie d'enfance serait rassurée de le savoir heureux. Mais il se sentait si égoïste et cruel. Mais il devait se rendre à l'évidence, Toboe prenait une place plus grande encore dans son coeur que celle qu'avait pris Midnight. Pourtant, quand il pensait à elle, il se sentait toujours amoureux.

-Dis ... marmonna le printannier. Puisque tu semble pouvoir sentir l'énergie, tu pourrais la retrouver. Je voudrais lui parler ...vous parler à tout les deux.

Pretextant des étirements, Haru se releva pour cacher les rougeurs qui avaient prit d'assaut ses joues.

-Surtout pas !

Cette exclamation fit si chaud au cœur de l'estival ! Il s'en voulut de ressentir une telle émotion alors qu'il venait de perdre celle qu'il aimait. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il pourrait continuer de le voir. Il pourrait continuer de l'aimer en secret. Il serait son ami en apparence mais malgré tout l'être aimé. Cependant les larmes de Haru lui faisait mal. Il aurait tant voulu se redresser et les effacer d'un coup de museau. Non, il ne le ferait pas. Il trouverait ça bizarre ... Il ne voulait pas être chassé. Il voulait rester à ses côtés.

-J'ai survécu à ton attaque, j'ai juste été un peu sonné. Si elle avait voulu s'accrocher, Midnight ne serait pas morte. Elle a juste ... profité de toi pour se débarrasser de l'Autre. C'était son choix.

Il détourna les yeux, terriblement gêné. Il allait encore falloir que son ami apprenne des choses sur son pouvoir. Mais pour ça il faudrait aussi qu'il lui ouvre son cœur ... Et ça, il n'était pas certain d'être prêt à le faire. Pas encore. Il ne savait pas ce que voulait Haru. Il était anormal. Il n'avait pas besoin que ça se sache. Haru ... Il l'aimait et avait si peur de le décevoir. De le terroriser s'il lui disait ce qu'il était réellement. Les larmes de son aimé gouttaient l'une après l'autre sur son pelage carmin. Ses propres pleurs s'étaient taries devant la détresse du loup vert. Il était tellement plus important que lui même. Ou peut-être pas. Il n'avait jamais accordé grande importance à sa personne de toute manière. IL s'éclipsait totalement en cet instant. Il disparaissait derrière un sentiment qui effaçait tout le reste.

-C'est moi l'imbécile, si je n'avais pas fait cette erreur il y a des années de ça, on en serait pas là. Mais ça ne se reproduira plus, je ne te laisserais pas tomber. Surtout pas toi !

Toboe crut qu'il allait céder. Céder et poser ses lèvres sur les siennes en une promesse. En une promesse d'une éternelle présence. Non, il ne le quitterait pas. Jamais. Mais, encore une fois, la peur enchaîna ses paroles. La crainte de rester finalement aussi seul qu'il avait toujours pensé le rester. Il s'était pris à espérer. Il n'est pas facile de renier ses espérances ... Une fois qu'elles sont dans un être elles y restent. Il n'avait réussi à les faire taire. Les perdre avec Haru serait à coup sûr bien douloureux ... Et ce fol espoir qu'il pourrait un jour être aimé de lui qui se réveillait dans son âme. Ces quelques paroles étaient si douces à ses oreilles ! Il aurait voulu que ces instants durent toujours mais, bien évidemment, toutes les bonnes choses ont une fin. Fin qui fut assénée par de nouveaux mots du printanier :

-Dis ... Puisque tu semble pouvoir sentir l'énergie, tu pourrais la retrouver. Je voudrais lui parler ...vous parler à tout les deux.

Midnight toujours Midnight ! Même morte elle continuait d'être celle qui avait son cœur. L'estival se releva. De nouvelles larmes étaient venues remplacer celles qui étaient parties auparavant. Il pleurait les larmes amères du désespoir. On lui avait offert l'espoir pour le lui reprendre juste après. Ce n'était pas juste ! Rien n'était juste ... Il tourna résolument le dos à Haru. Il ne savait pas ce qu'il allait lui dire. Ce qu'il pouvait lui dire. Des larmes d'impuissance se mêlèrent aux larmes de désespoir. Il aurait tant voulu qu'il comprenne. Mais non, non, il ne comprenait pas. Personne ne comprenait. Personne ne savait. Lui seul avait gardé cela au fond de son esprit, comme un boulet accroché à sa cheville, comme une grande chaîne qu'il devait encore traîner derrière lui. Il n'en pouvait plus ! Il se retourna vers Haru d'un bloc, les gouttes salées poissant son pelage qu'il tenait habituellement si propre et en ordre.

- Tu ne comprends pas. Tu ne peux pas comprendre. C'est de ma faute si elle s'est libérée de ton corps. Tu ... tu ... tu ...

Les mots restèrent bloqués dans sa gorge un instant. Il inspira difficilement une goulée d'air et secoua la tête dans une veine tentative de chasser ses larmes.

- Tu n'as pas ressenti la même chose qu'elle. Parce que elle je la hais. Je la hais tu comprends ! Et la haine brûle, la haine ébouillante celui vers qui elle est dirigée. Si elle a quitté son corps c'était à cause de la douleur que je lui infligeais !

Il criait. Il avait mal. Il n'avait pas voulu ça. Non, il ne voulait pas. Il n'avait jamais voulu la tuer. Il la détestait mais ne voulait pas sa mort. Il ne voulait pas sa mort parce qu'elle allait faire du mal à Haru. Il ne voulait pas qu'il ait mal. Il était si important. Il fallait qu'il soit heureux. Et c'était avec elle qu'il était heureux. Pas avec un espèce de machin rouge totalement idiot et infoutu de contrôler ses émotions ! Des hoquets incontrôlables l'agitaient. Ses yeux le piquaient. Il en avait plus qu'assez de vivre ainsi dans le mensonge, de n'être que le gentil loup écarlate que l'on vient voir quand on a besoin d'un coup de patte de ci de là.

- Tu devrais me haïr, pas me demander de l'aide.

Ses pleurs redoublèrent. Il avait tué. Il avait tué et allait perdre l'être qui comptait le plus pour lui. Cependant il n'alla pas jusqu'au bout de ses explications. Il ne pouvait pas. Il ne se sentait pas le droit d'accabler l'estival se ses envahissants sentiments. Il n'était rien qu'une loque. Une loque meurtrière.

La réaction de Toboe décontenança Haru. Pourquoi lui tourner le dos ainsi ? Qu'avait-il encore fait pour déclencher cette réaction de rejet ?

"Tu ne comprends pas. Tu ne peux pas comprendre. C'est de ma faute si elle s'est libérée de ton corps. Tu ... tu ... tu ..."

Haru soupira, mi-rassuré, mi-inquiet. C'était normal de s'en vouloir quand quelq'un était mort, il n'allait pas débarasser Toboe de ses angoisses aussi facilement.

"Tu n'as pas ressenti la même chose qu'elle. Parce que elle je la hais. Je la hais tu comprends ! Et la haine brûle, la haine ébouillante celui vers qui elle est dirigée. Si elle a quitté son corps c'était à cause de la douleur que je lui infligeais !"

Haru redressa le buste, choqué. Il ne comprenait pas. Il était vrai que l'Autre avait été mauvaise, mais l'estival savait que ce n'était pas la vrai Midnight. Et quand bien même, le printannier savait que son ami n'aurait jamais tué intentionellement qui que ce soit.

"Tu devrais me haïr, pas me demander de l'aide"

Ca commençait à bien faire. Haru lui aussi s'en voulait, ce n'était pas pour autant qu'il allait fuir le fantôme de Midnight en lui demandant de le haïr.
Le loup vert était triste de savoir son amie décédée, mais aussi rassuré pour elle d'être enfin libérée de l'Autre. Et dans un sens, il était rassuré de ne pas avoir directement été celui qui avait mi fin au jours de son amie d'enfance. Parce que si Toboe n'était pas intervenu, l'Autre les aurait tué, tous les deux et sans doute d'autre après eux.

Le printannier fit la moue:

-Je préfère me dire que tu as tué l'Autre et que tu as libéré Midnight. Je ne sais pas pourquoi tu la déteste, mais je sais que tu n'a jamais voulu la tuer ... Si tu n'étais pas intervenu, j'aurais été forcé soit de la tuer de mes propres pattes, soit de mourir en te laissant à sa merci.

Il se rapprocha du loup rouge et lui donna un coup de museau dans l'épaule comme un louveteau cherchant à attendrir sa mère.

-Allé, tu veux bien me guider jusqu'à elle. Je dois au moins lui dire adieu. Et mon coeur aussi. Sinon je resterais prisonnier de son souvenir comme je l'ai été trop longtemps déjà. Je veux juste tourner la page. Après on en parlera plus, ok ?

Et il lui lança un de ses regards brillants dont il avait le secret. Il ne se servait plus de son regard de loupiot depuis longtemps, mais il se sentait l'âme d'un enfant après tout ces évènements douloureux.

- Je préfère me dire que tu as tué l'Autre et que tu as libéré Midnight. Je ne sais pas pourquoi tu la détestes, mais je sais que tu n'as jamais voulu la tuer ... Si tu n'étais pas intervenu, j'aurais été forcé soit de la tuer de mes propres pattes, soit de mourir en te laissant à sa merci.

"[...]Je ne sais pas pourquoi tu la détestes[...]" Les hoquets de Toboe ne firent qu'empirer. Il recula d'un pas. Ne comprendrait-il jamais ? Ou peut-être qu'il ne voulait pas comprendre. Oui, ça devait être ça. Il ne voulait pas comprendre. Il ne voulait pas de l'amour d'un monstre. C'était juste cela. C'était la seule raison qui faisait qu'il ne comprenait pas le pourquoi de toutes ces attentions ni même pour quelle raison il détestait tant celle que lui aimait par dessus tout. Cependant, sa peine était quelque peu adoucie par le fait qu'il lui laissa sa confiance. Il avait eu peur pour lui ... Il avait voulu le protéger ? Non, non et non ! Il s'efforça de tuer cet espoir en gémissant de dépit. Il fallait qu'il cesse de voir des indices de son amour là où il n'y en avait pas. Il fallait qu'il cesse de se monter de belles histoires dans sa tête. Ca ne ferait que le mener à sa perte. Il le savait et pourtant ... Il s'efforça d'arrêter de pleurer. Il ne fit qu'augmenter ses hoquets. Il fallait qu'il respire calmement, qu'il se détente pour respirer plus librement.

-Allez, tu veux bien me guider jusqu'à elle. Je dois au moins lui dire adieu. Et mon cœur aussi. Sinon je resterais prisonnier de son souvenir comme je l'ai été trop longtemps déjà. Je veux juste tourner la page. Après on en parlera plus, ok ?

Ce n'est que cette dernière phrase qui lui fit prendre la décision de l'aider. Sans cela, il n'aurait rien fait. Rien de rien. Mais ne plus entendre parler de la louve noire ? En ce cas il était d'accord. Il regarda Haru et se permit un léger sourire. Bien loin de ce sourire qu'il arborait habituellement. Ce n'était là qu'une pâle imitation mais il ne pouvait faire mieux. Ses yeux lui piquait et son cœur battait fort après cet accès de larmes. Il laissa glisser ses yeux vers Haru qu'il fixa dans les yeux. Il se demanda comment des yeux simplement bruns pouvaient lui sembler si beau. Il se secoua. L'amour rendait idiot. Idiot et follement, désespérément, en quête d'attention. Il étouffa encore une fois ce sentiment si doux. Le printanier ne voulait pas de lui. Il s'efforçait d'ignorer tous les signaux qu'il lui envoyait. Il ne voulait pas de lui. Il ferma les yeux un instant. Fuyant le regard de l'être aimé.

- Bien, allons chercher Midnight. Je me suis entraîné afin de pouvoir marcher et ressentir les émotions en même temps. Mettons nous en route.

Ce n'était qu'un murmure mais il savait que le loup vert entendrait. Il était si près, trop près. Il allait se mettre en marche. De telles recherches pouvaient prendre du temps. Cependant, alors qu'il étirait doucement son Don autour d'eux il sentit presque immédiatemment ce qu'il cherchait. Ou plutôt, celle qu'il cherchait. Seul un fantôme pouvait posséder une énergie semblable. Prêt d'un arbre. Juste à l'orée de la clairière. Il coucha ses oreilles sur sa tête, mécontent et apeuré. Il ne savait lequel de ces sentiments allaient l'emporter. Pour l'instant, ils devaient être à égalité. Il rouvrit les yeux. Il savait peu de choses sur les fantômes. Mais le peu qu'il en savait serait assez pour que son aimé fasse ce qu'il avait à faire.

- Elle est là-bas. Près de l'arbre au tronc tordu et devant la pierre. Elle n'a pas quitté son corps depuis longtemps, nous devrions pouvoir distinguer une forme et entendre le son de sa voix. Mais vas-y toi. Moi, je n'ai pas ma place là bas.

Il avait rempli sa part don contrat. Il pouvait maintenant s'en aller. Il commença à faire demi tour, la mort dans l'âme. Il ne voulait pas quitter Haru. Tout son être lui criait de faire demi tour, de se jeter sur lui et de lui avouer ce qui lui rongeait le cœur depuis bien trop longtemps. Il était indécis. Il priait fort, si fort pour qu'il le retienne, qu'il lui dise qu'il avait besoin de lui. Peut-être que son vœu serait exhaussé.

Toboe avait l'air de toujours faire la tête.

"Bien, allons chercher Midnight. Je me suis entraîné afin de pouvoir marcher et ressentir les émotions en même temps. Mettons nous en route."

Mais ils ne partirent pas, au lieu de cela, Toboe ferma les yeux et déclara presque aussitôt:

"Elle est là-bas. Près de l'arbre au tronc tordu et devant la pierre. Elle n'a pas quitté son corps depuis longtemps, nous devrions pouvoir distinguer une forme et entendre le son de sa voix. Mais vas-y toi. Moi, je n'ai pas ma place là bas."

Haru chercha des yeux l'endroit indiqué par Toboe, plissant les yeux pour essayer de distinguer quelque chose. Il ne vit qu'une perturbation dans l'air, comme lorsqu'on regarde derrière un feu et que la chaleur déforme la perception de l'environnement. Mais il n'avait pas prévu que Toboe s'en aille aussi vite. Immobile, le printannier tournait la tête vers lui, puis vers la forme. Il répéta ce manège jusqu'à ce que Toboe soit assez éloigné.
Incapable de se résigner à s'approcher de Midnight pour s'éloigner du loup rouge, mais ne pouvant pas non plus tourner le dos à son amie d'enfance, il décida de ne pas bouger et si mit à crier en direction du fantôme.

- Pardon Midnight ! Je me sens coupable de ce qui t'arrive, mais je suis heureux pour toi que tu sois enfin libre. Tu sais, je t'ai aimé sincèrement ! J'ai été maladroit, excuse-moi. Je suis désolé, mais aujourd'hui, j'aime quelqu'un plus que je ne t'ai jamais aimé ! Mais je ne t'oublirais pas, car quand je pense à toi, mon coeur pleure. J'aimerais qu'on reste bons amis, même à travers l'au-delà. J'espère que tu trouvera la paix.

Sur ces mots maladroits dû à la précipitation, Haru tourna le dos à la forme fantômatique et se précipita à la suite de Toboe.

-Attend moi !

Après cette déclaration indirecte de plus, le printannier ne savait plus trop quoi dire ou faire en présence de l'estival. Il se contenta de marcher à côté de lui. Peut importait sa destination, il le suivrait.
Maintenant qu'il y pensait, c'était vrai que c'était un peu bizarre comme situation. Il avait bien plus d'affection pour Toboe que pour Midnight et il savait que c'était possible d'aimer quelqu'un du même sexe. Il n'y avait jamais vraiment pensé jusqu'à présent, il avait toujours accepté les choses telles qu'elles étaient sans se poser de question. Ca ne l'avait pas surpris lorsqu'il avait croisé deux louves visiblement plus qu'amies. Il avait alors logiquement conclut que c'était possible entre loups, mais il n'avait jamais envisagé que ça lui arriverait. Mais après tout, on ne contrôlait pas ses sentiments. Quelque part, il espérait que Toboe ne se sentirait pas vexé ou gêné par ses sentiments, ça lui allait de l'aimer avec un grand A à sens unique. En tout cas, pour le moment. Car il savait qu'un jour, il ne pourrait se retenir de franchir un point de non-retour qui forcerait Toboe à faire un choix compliqué. Aimer à sens unique était douloureux. Surtout si un jour, l'estival se trouvait un ou une petite amie.

Quelque chose fit tilt dans l'esprit du loup vert. Il entendait les mots du loup rouge. Il avait dit détester Midnight. Etait-ce possible que ce soit ce à quoi il pensait ? Mais alors, depuis combien de temps ? Quelles horreurs avait-il encore commise ?! Si c'était bien vrai, alors Haru avait du piétiner sans le savoir le coeur de son ami un bon nombre de fois.

Furieux contre lui-même à la fois pour avoir -peut-être- surblessé le loup qu'il aimait et pour se donnner ^-peut-être- de tels faux espoirs, le printannier se mordit la babine inférieur.

Toboe mis encore une patte devant l'autre. Haru ne dit rien. Encore un pas. Toujours rien. Un pas. Encore et toujours rien. Il espérait tant que le printanier le retienne. Mais il n'en faisait rien. Il accéléra le pas presque sans s'en rendre compte. Son cœur était lourd et ses yeux restaient secs malgré la boule qui était maintenant logée dans sa gorge, l'empêchant presque de respirer librement. Il avançait en fixant le sol. Il voyait les brins d'herbe et les fleurs défiler. Il ne dit rien. Il n'y avait rien à dire. Il ne parvenait pas à faire taire le bourdonnement qui lui emplissait les oreilles. Il était comme rentré en lui même. Seulement conscient de ses pensées et des sentiments qui tourbillonnaient dans son esprit. Il avait encore envie de pleurer sans cependant y parvenir. Il était au dessus des larmes. Il n'en pouvait simplement plus d'attendre pour ne rien recevoir.
Alors il s'en allait, tel une ombre. Il allait sortir de la vie de son ami. De toute manière, il ne supporterait pas de continuer à le voir ainsi tout en se consumant corps et âme pour lui. Ce serait trop dur. Il finirait pas craquer. Il finirait forcément par craquer. Et là il le perdrait pour de bon ... Autant le quitter maintenant. Partir avant que cela ne fasse trop. Mais, alors qu'il ne s'y attendait plus, n'espérait bien plus une voix retentit, la voix tant aimée de son cher Haru.

-Attend moi !

Il eut l'impression que la nature se remettait à vivre rien qu'avec ces deux mots. Ces deux petits mots qu'il avait tant attendu. Il ne dit rien. Des larmes de joie perlaient à ses paupières. Se pouvait-il qu'il ait compris ? Sinon, pourquoi aurait-il quitté Midnigt. L'espoir refaisait surface. Une bouffée d'espoir qu'il ne parvenait pas à trouver le courage d'étouffer. S'éloigner de lui avait été comme s'arracher une part de lui même et le retrouver, même alors qu'il ne l'aimait pas, lui donnait l'impression d'être enfin un être entier. Il ne parla pas. Il savait qu'il ne saurait dire autre chose que "Je t'aime" une phrase qui le ferait fuir à tous les coups. Il n'en doutait pas. Il avait tout fait pour ne pas prendre en compte son affection. Le regard de sang du loup se fit plus sombre. Cependant, il ne pouvait s'empêcher d'étudier son ami à la dérobée. Il ne se laissait pas de le contempler. Il l'avait toujours trouvé beau. Il l'était aujourd'hui autant que d'habitude malgré sa fatigue. Aucun d'eux ne parlait. Toboe aurait donné cher pour se trouver en cet instant dans la tête du printanier. Que pensait-il de lui et de ce qu'il s'était passé ces dernières heures ? Le trouvait-il affreusement lâche ? Pensait-il rester pour le torturer ? Il ne savait pas. Il remarqua cependant que Haru semblait mal à l'aise ou indécis. Ses crocs étaient plantés dans sa babine. Il avait envie de l'embrasser. Il se détourna en sentant une chaleur envahir son visage. Il s'empourprait à cette idée mais, fort heureusement, son pelage écarlate dissimulait parfaitement bien cette faiblesse.

- Ca ne va pas ? As-tu parlé à Midnight.

Oui, il ne lui parlait pas de ce qu'il pouvait ressentir. Peu importait. Ses sentiments à lui n'étaient pas vraiment important. Il les avait fait taire bien longtemps. Aujourd'hui n'était qu'une ultime répétition de plusieurs autres rencontres. L'estival changea de direction pour aller vers l'ombre d'un arbre au pied duquel il s'effondra. Il avait mis un peu de distance entre lui et son aimé par cette manœuvre. Il avait besoin de reprendre un peu ses esprits. Il ferma les yeux. Il n'entendait pas le pas de Haru. Il soupira.

- Pourquoi ne voit-il pas que je l'aime tant ?

Une larme roula. Petite goutte solitaire. L'estival garda les yeux clos. Peut-être qu'il ne le suivrait pas. Ou peut-être qu'il était déjà là. Il espérait qu'il l'avait entendu autant qu'il priait pour que ce ne soit pas le cas. Les mots lui avaient échappé. Ils étaient sortis tout seuls, sans qu'il ne puisse rien y faire. Il ne voulait pas ouvrir les yeux. Il préférait se figurer que Haru l'aimait. Croire qu'il pourrait venir vers lui au lieu de le rejeter. Il voulait continuer à rêver de cet amour impossible ...

"Ca ne va pas ? As-tu parlé à Midnight."

Haru hocha la tête. Il avait dit qu'il n'en parlerait plus parce que cela dérangeait Toboe, mais si ce dernier l'évoquait, peut-être qu'il voulait savoir ce qu'il avait éxpliqué à Midnight. Sauf que le printannier ne pouvait se résoudre à le lui raconter. Premièrement parce que cela donnerait lieu à une déclaration qui angoissait Haru plus que jamais, deuxièmement parce qu'il se pouvait, si ses sentiments étaient partagés, que cela blesse l'estival.

Le loup rouge dû en avoir assez d'attendre car il s'éloigna pour se reposer sous un arbre. Haru lui laissa quelques mètres d'intimité avant de le suivre, mais il entendit distinctement les quelques mots soupirés par Toboe:

"Pourquoi ne voit-il pas que je l'aime tant ?"

Haru se figea. Mon Dieu ! Mais pourquoi n'arrivait-il pas à être heureux d'entendre cela ? Il avait l'impression de surprendre une pensée comme s'il avait été un télépathe indiscret. Comment réagir ? Etait-il sensé avoir entendu ? Et puis, cela confirmait ses craintes, il avait torturé psychologiquement son ami presque à chaque fois qu'il s'était vu puisque, tel le crétin abruti qu'il était, il n'avait parlé que de ses propres malheurs et de sa Midnight adorée qu'il avait perdue. Quelle souffrance cela avait du être pour Toboe ! Pire encore, il avait rencontré Midnight, il avait vu tout l'amour qu'Haru avait témoigné pour elle alors que son double les menaçait.

Le coeur déchiré et la gorge noué, le printannier s'avança d'un pas raide et vint appuyer son front contre le tronc de l'arbre. Il avait la furieuse envie de frapper son crâne contre l'écorce dure jusqu'à en saigner. Mais il savait qu'en faisant cela, il ne ferait que choquer et blesser Toboe plus encore. Cette fichue journée ne se terminerait donc jamais ? Non, sa fichue vie d'abruti fini ne cesserait-elle jamais de blesser tous ceux qui l'entouraient ? Toboe avait bien plus de raison de le détester que de l'aimer.

Son regard, comme aimanté au loup rouge finit par tomber sur les larmes qui perlaient sous ses paupières. Il n'avait qu'une envie, réparer ses erreurs, mais il ne savait pas si cela serait possible. Il ne savait même pas comment faire.

Allé ! Haru secoue-toi et réfléchis ! Que voudrais-tu à sa place ?

A la place de Toboe ? Il n'aurait qu'une envie, être aimé en retour. Et c'était le cas ! Alors qu'est-ce qu'il attendait non d'un chien ? Se sentir coupable ne servait à rien, il fallait juste qu'il se lance pour débloquer la situation.

Le loup vert inspira profondément, se donnant du courage.
Il s'allongea en face du loup rouge et posa doucement sa truffe sur la sienne.

-Désolé de t'avoir fait attendre si longtemps. Tu as dû souffrir à cause de moi, murmura-t-il. Je ne savais pas, mais je ferais tout ce que je peux pour réparer ça. Moi aussi je t'aime. J'aime encore Midnight, mais plus comme une soeur. J'avais juste besoin de la revoir une dernière fois pour ouvrir les yeux. Il n'y a plus que toi, je te le promet.

Et il attendit qu'il ouvre les yeux.

Il voulait continuer de penser qu'un jour peut-être il y aurait des réponses à ses sentiments. Continuer de penser à lui. Continuer de l'épier. Continuer de l'aimer dans le secret de son âme. Il gardait les yeux soigneusement fermés. S'il les rouvrait il allait encore pleurer. Et il avait versé suffisamment de larmes pour aujourd'hui. Il entendait des pas près de lui. Il ne savait toujours pas si son aimé l'avait entendu. Oui. Non. Oui. Non. Qu'est-ce qui serait le mieux ? Il n'arrivait toujours pas à se décider. Il n'en savait rien. Il n'était pas aimé alors peut-être qu'il valait mieux que ce ne soit pas le cas. Il aurait bien soupiré mais les évènements de la journée l'avaient éreinté. Il n'avait pas le courage de bouger ne serait-ce qu'une griffe. Aussi respirait-il doucement, à petites inspirations, tentant de calmer ses angoisses. Il respirait le parfum des fleurs, de l'herbe et de la terre. Mais, alors qu'il rêvassait encore à un possible avenir entre Haru et lui il se rendit compte que le printanier s'approchait de lui. Son cœur se mit à battre la chamade. Il allait bientôt savoir. Avait-il été percé à jour ou non ? La réponse ne tarda pas à venir. Il sentit que le loup vert posait doucement sa truffe contre la sienne, entremêlant leurs respirations. D'une voix douce il s'expliqua. Toboe n'entendait qu'à demi. Il voguait sur un océan de perplexité.

-Désolé de t'avoir fait attendre si longtemps. Tu as dû souffrir à cause de moi, murmura-t-il. Je ne savais pas, mais je ferais tout ce que je peux pour réparer ça. Moi aussi je t'aime. J'aime encore Midnight, mais plus comme une soeur. J'avais juste besoin de la revoir une dernière fois pour ouvrir les yeux. Il n'y a plus que toi, je te le promet.

L'estival ouvrit les yeux d'un coup, estomaqué. Mais mais mais ... C'était une déclaration d'amour ça ou quoi ?! Il ne put répondre. Se contentant de cligner bêtement des yeux tout en louchant plus ou moins sur la truffe de son ami. Ami ou petit ami au final ? Il ne trouvait vraiment rien à dire. Il avait vraiment l'air d'une chouette exposée à la lumière. Ou à un poisson sorti de l'eau. Au choix. Il ouvrit la gueule pour la refermer immédiatement. Comment ça le rêve était devenu réalité ?! Son cerveau réfutait ce que ses sens lui disaient. Il avait une forte envie de se mordre une patte pour vérifier qu'il n'était pas en train de rêver. Au lieu de ça il ne put que demander :

- C'est ... c'est pas une blague. Tu te fou pas de moi hein Haru ?

Oui bon, il y avait mieux comme réponse à une déclaration d'amour. Mais comprenez bien que quand on contemple de loin quelqu'un pendant aussi longtemps quand rêve et réalité se confondent .... on se retrouve un peu perdu. Pour faire bonne mesure le loup écarlate battit encore plusieurs fois des cils. Toute larme avait déserté ses yeux. Il n'était plus que profondément étonné et perplexe. Tout pouvait donc se finir aussi bien ? Il avait de la chance pour une fois.

- Enfin euh ... non, c'était pas ce que je voulais dire. Je suis content hein parce que moi aussi je t'aime. Je t'aime depuis longtemps donc euh ... que tu m'aimes toi aussi ben c'est ... c'est ...

Il bafouillait comme un imbécile. Mais le principal était dit non ? Il l'aimait et était aimé en retour. Finalement la vie était belle. Et pour fêter l'évènement Toboe s'avança un peu plus pour faire ce dont il rêvait depuis si longtemps. Il n'avait jamais songé que sa déclaration puisse se passer ainsi mais seul importait le résultat. Il déposa donc un baiser sur les lèvres de son aimé. Un doux baiser plein de tendresse mais aussi de retenue. Il avait si peur que ce ne soit encore qu'une illusion ...

Toboe ouvrit les yeux qu'il cligna d'un air un peu idiot, mais qui eu le don de faire fondre Haru. Ce côté innocent de loupiot l'attendrissait. Il ce devait de noter que c'était un trait qu'il partageait, même si dans son cas, cette maladresse enfantine causait plus de dégat qu'autre chose.

"C'est ... c'est pas une blague. Tu te fou pas de moi hein Haru ?"

Le printannier rit interieurement. Il avait bien conscience d'offrir à Toboe son rêve sur un plateau d'argent.
Décidément, l'estival était adorable quand il était incredule. Un mignon plus grand que lui d'une tête, mais un mignon aux airs de jeune louve rêveuse qu'il avait envie de combler de bonheur.

"Enfin euh ... non, c'était pas ce que je voulais dire. Je suis content hein parce que moi aussi je t'aime. Je t'aime depuis longtemps donc euh ... que tu m'aimes toi aussi ben c'est ... c'est ..."

Sans doute inespéré, pensa tristement Haru. Il s'en voulait tellement de l'avoir fait souffrir à ce point.

Avant que le printannier n'ai eu le temps de réagir, le loup rouge se pencha pour l'embrasser. Haru sentit comme un courant électrique le parcourir et une chaleur se diffuser dans tout son corps. Son coeur battait si vite qu'il crut qu'il allait faire un malaise. Heureusement qu'il était allongé, car après tous ses efforts et ces émotions, il se serait sans doute écroulé.
Ce fut lui qui se détacha, non sans tristesse. Il ne fallait pas oublier que son amant n'était pas printannier, leur relation ne serait pas approuvée par leurs clans respectifs. Il n'était pas question de s'embrasser ou autre en ces lieux.

-On devrait aller en territoire neutre, fit remarquer le loup vert. Pas que j'assume pas d'être avec toi, mais je préfèrerais qu'on n'ai pas un clan de printannier en colère sur le dos.

Il essaya de se lever, mais ses pattes refusaient de le porter. Il ne manquait plus que ça. Voilà qu'il se retrouvait aussi vulnérable qu'un nouveau né. Décidément, il cumulait les boulettes.

-Ton truc avec les énergies, ça marche aussi pour en donner aux autres ? Demanda-t-il.

Il était aussi curieux d'en apprendre plus sur son compagnon. Maintenant qu'il y pensait, il ignorait beaucoup de chose sur le loup rouge.

Toboe laissa le printanier mettre fin à leur baiser, non sans regrets, mais avec le sourire. Ce n'était donc pas un rêve ... Haru était avec lui ! Haru l'aimais ! Il avait l'impression que tous les oiseaux du territoires s'étaient donnés rendez-vous dans sa tête pour y lancer leurs plus joyeuses trilles. S'il avait pu se mettre à gambader de ci de là sans avoir l'air d'un parfait abruti il l'aurait fait. Il aurait voulu que le monde entier sache ce qui lui arrivait. Que le monde ait connaissance de leur amour. Il avait l'impression que son cœur allait sauter hors de sa poitrine tant il était gonflé de bonheur.

-On devrait aller en territoire neutre. Pas que j'assume pas d'être avec toi, mais je préfèrerais qu'on n'ai pas un clan de printanier en colère sur le dos.

Dans son esprit embrumée de bonheur même la menace de tout un clan en colère lui courant après ne lui semblait pas si important. Il ne fit pas la moindre tentative pour se lever. Il se contentait de regarder Haru. Il le regardait en souriant, ne parvenant toujours pas à croire en sa chance. Il était toujours fatiguée mais plus las comme il avait pu l'être. Il était tout simplement heureux d'être là, avec son aimé, allongé dans l'herbe. Les problèmes concernant les clans attendraient. Il voulait profiter pleinement et tranquillement de ce moment. Ils auraient tout le temps d'avoir des difficultés avec leurs Alphas respectifs.

- Ton truc avec les énergies, ça marche aussi pour en donner aux autres ?

Toboe haussa un sourcil. Il ne s'était pas du tout attendu à une telle question. Le printanier était-il faible à ce point ? Il fronça les sourcils, réfléchissant à la question que Haru venait de lui poser. Son pouvoir ne fonctionnait pas vraiment comme cela. Il ne pouvait pas s'approprier l'énergie qu'il prélevait alentour. Il ne pouvait que l'envoyer ailleurs sous une autre forme. Quoique ... S'il faisait comme ça ... Peut-être que ça pourrait fonctionner.

- Je ne peux pas prendre pour moi l'énergie que je prends ailleurs. Je peux, à la limite, prendre un peu d'énergie animale. Mais ça me coûte autant que ça m'apporte donc c'est pas très utile. Mais je ne peux pas le faire avec les plantes. Mais, pour toi, ce sera sûrement différent. Je vais essayer. Mais je te garanti rien hein ! Il ferma les yeux pour se concentrer mais, au dernier moment, souleva une paupière pour ajouter : Et si jamais ça va pas tu me tapes pour que je m'arrête. Et tu tapes vraiment, crier servira à rien. Je ne pense pas que je t'entendrais.

L'estival se plongea en lui même ou, tout du moins, dans le monde l'entourant. Il pouvait aller moins loin dans le monde des énergies. C'était ce qu'il faisait habituellement mais là, c'était une opération inconnue qu'il allait effectuer. Il le faisait sur celui qu'il aimait en plus. Alors il devait prendre toutes les précautions. Il attrapa doucement l'énergie de plusieurs arbres alentour. Il ne voulait en aucun cas les tuer. Il lança sa propre énergie-conscience contre celle de son aimé. Il s'efforça de ne pas laisser son amour trop déborder. Mais il avait bien du mal. Il ne pouvait s'empêcher de penser à lui. Lui, être si merveilleux. Il se secoua. Tout doucement il fit passer l'énergie des arbres dans l'énergie-conscience d'Haru. Il réussit à faire passer un peu d'énergie dans son organisme. Cependant, il était lui même fatigué et cela lui en demandait trop. Il cligna des yeux.

- Je peux pas vraiment faire mieux. Et désolé pour la proximité. Mais bon ...

Mais ce n'était pas si désagréable que ça. Il aimait se sentir si proche de lui. Trop proche peut-être. Mais il avait pu percevoir très clairement l'amour qu'il lui portait. Il ne pouvait avoir le moindre doute sur l'affection que le loup vert lui portait. Il lui adressa un sourire lumineux, ce sourire qu'il arborait si souvent.

- Je t'aime.

Sa voix était emplie d'une joie enfantine. Il était tout simplement heureux. Plus heureux qu'il l'avait été depuis bien longtemps.

"Je ne peux pas prendre pour moi l'énergie que je prends ailleurs. Je peux, à la limite, prendre un peu d'énergie animale. Mais ça me coûte autant que ça m'apporte donc c'est pas très utile. Mais je ne peux pas le faire avec les plantes. Mais, pour toi, ce sera sûrement différent. Je vais essayer. Mais je te garanti rien hein ! Et si jamais ça va pas tu me tapes pour que je m'arrête. Et tu tapes vraiment, crier servira à rien. Je ne pense pas que je t'entendrais.
"

Effectivement, cela semblait complexe. Haru espérait sincèrement ne pas avoir à frapper Toboe, de toute façon, dans son état, il ne pourrait pas.

Le loup rouge avait les yeux fermés, mais le printannier pouvait distinguer ses yeux bouger derrières ses paupières. Il devait faire ça pour voir les énergies. Peu à peu, Haru sentit son esprit se faire plus léger, mais la sensation n'était pas qu'agréable. Il avait l'impression que des intrus se glissaient dans son corps, heureusement qu'il savait que c'était l'énergie apportée par Toboe, sinon il aurait très certainement paniqué.

Cela ne dura pas longtemps, l'estival avait l'air de souffrir de cette manipulation et Haru se sentit coupable.

"Je peux pas vraiment faire mieux. Et désolé pour la proximité. Mais bon ..."

Haru sourit. Si Toboe ne s'inquiétait que pour ça, il ne devait pas être trop épuisé par son effort. Sourire auquel répondit Toboe qui rayonnait comme un soleil.

"Je t'aime."

Haru répondit à ses mots par une lechouille sur la joue. Il se releva et s'étira, comme après un long sommeil.

-Et toi ? Tu n'es pas trop fatigué ? S'enquit Haru.

Il était pret à le porter s'il le fallait, du moment qu'il l'emmenait loin de la menace printannière.
Les oreilles du printannier surveillaient les alentours comme une paire de radar et il humait régulièrement l'air. Avec ses hautes pattes, Toboe était sans doute le plus rapide des deux, mais plus trapus et avec son don, Haru devait être le mieux taillé pour le combat, bien qu'il n'en est qu'une unique experience. Bien sur, il s'était souvent chamaillé avec Willy loupiot, mais son vrai combat n'avait eu lieu que contre Midnight.

Sa queue fouettait l'air nerveusement. C'était la première fois qu'il se sentait menacé sur le territoire de son propre clan. Il se demandait s'il ne devait pas devenir neutre pour ne plus avoir à s'inquiéter de son amour pour Toboe.

Spoiler:

Toboe se sentait comme sur un petit nuage. Enfin, encore plus sur un petit nuage que d'habitude. Il sentit un long frisson remonter le long de sa colonne vertébrale lorsque Haru lui donna une petite léchouille. Il ne savait pas vraiment comme interpréter ça aussi laissa-t-il sa réaction de côté pour le contenter de regarder le printanier. Ce dernier semblait avoir bien profité de l'énergie qu'il venait de lui donner, s'étirant de tout son long. L'estival ne put s'empêcher de sourire, simplement heureux d'être là où il était même si c'était en territoire ennemi.
Il ne put empêcher un nouveau sourire de fleurir sur ses babines lorsque son aimé lui demanda s'il se portait bien. Il ne répondit pas immédiatement, préférant ne pas rompre le charme par des paroles mal venues. Il ne parvenait toujours pas à croire que tout cela ne fut pas qu'un rêve de plus. Il observa Haru avec attention. Tout dans son attitude lui montrait son inquiétude. Étaient-ils réellement en danger ? Le loup écarlate ne le pensait pas mais cela n'était, de toute évidence, pas l'avis de son compagnon. Compagnon … Associer ce mot à Haru, pour de vrai, lui semblait parfaitement improbable quelques minutes auparavant. Et maintenant il le pouvait. Préférant ne pas trop en dire, Toboe prit le parti de se lever plutôt que d'assurer qu'il allait bien. Il se remit donc sur ses quatre pattes sans trop de difficulté. Elles lui semblaient un peu cotonneuses mais rien qui ne puisse l'empêcher de marcher aux côtés du printanier. Ils n'auraient qu'à ne pas trop forcer l'allure, voilà tout.

- Je vais bien mais je te sens inquiet. On va aller en terres neutres, là bas on avisera. Et, même si on ne trouve pas la solution aujourd'hui, on sera au moins tranquilles.

L'estival se retint d'embrasser Haru. Chaque chose en son temps mes enfants, il n'était pas question de le brusquer ou de l'ensevelir sous des tonnes de sentiments et d'attentions. Ils n'avaient pas besoin de ça. Aussi Toboe se contenta-t-il de passer simplement tout près de lui, mêlant doucement leurs fourrures en une petite caresse. Ils devaient s'éloigner d'ici pour l'instant. Il n'aimait pas lorsque le printanier était si inquiet.

[RP terminé suite Y a-t-il une solution à notre amour ? [PV Haru]]