Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Tsume s'était aventuré, une fois encore, sur les terres neutres. Il était supposer surveiller qu'il n'y ait pas de mouvements suspects. Comme quelque chose ressemblant à des mouvements de troupes par exemple. Pour l'instant il n'avait rien vu de tel. Mais il n'avait pas non plus croisé beaucoup de monde. Les loups d'ici semblaient craindre quelque chose. Il n'aurait su dire quoi. Il savait juste que tant de calme était anormal, même alors qu'on était encore en hiver. Hiver qui ne durerait plus si longtemps à en croire les parcelles de vert qu'il pouvait voir de ci de là et les températures de plus en plus clémentes à mesure que les jours rallongeaient. Le LibreLune aurait aimé passer plus de temps avec sa famille mais si savait que ce n'était pas possible. Il était lié à la guilde depuis le jour où il était revenu vers Kaede. Kaede qui n'avait jamais douté de lui, qui avait toujours été persuadée qu'il reviendrait vers elle. Il se souvenait avec une précision presque terrifiante de ce jour où ses pas l'avaient mené vers celle qui fut sa mère puis son mentor. Il se souvenait encore de son doux sourire. De ce sourire qui lui disait qu'il avait fait le bon choix même si la route qu'il avait décidé d'emprunter était longue et semée d'embuches.
Tandis qu'il pensait à elle ses pas l'avait mené jusqu'au Paradis de Miluiel. Ce n'était pas qu'il appréciait particulièrement ce lieu ni même que Keade l'eut aimé elle aussi. Mais il était leur terrain d'entraînement. Un lieu où le grand loup gris avait pas mal souffert sous les regards durs et les ordres de sa mentor. Elle savait se montrer intraitable lorsqu'il s'agissait de son entraînement. Lorsqu'il avait pu passer les épreuves il avait compris pourquoi. Si elle ne l'avait pas entraîné ainsi il en serait mort. Mais, alors qu'il était plongé dans ses pensées, Tsume entendit un bruit. Il leva la tête, les oreilles dressées, captant le moindre son alentour. Son regard ne tarda pas à tomber sur un individu au pelage de suie avec quelques tâches plus claires. Le LibreLune n'aurait pu dire de quel clan il venait, orienté ainsi sous le vent. Il se retint de rabattre ses oreilles sur son crâne. Ils étaient en terres neutres après tout, tout le monde avait le droit de se trouver là. Et puis, il se faisait passer pour neutre aux yeux de tous même si une odeur automnale commençait à dominer un peu à cause de sa nouvelle famille. Il s'adressa au nouveau, ou à la nouvelle il ne savait trop encore à cause de la distance, d'une voix forte.

- Bien le bonjour, quel bon vent vous amène donc par ici ?

Car, bien évidemment, Tsume était toujours d'une politesse irréprochable et il ne lui serait jamais venu à l'esprit de tutoyer un inconnu. Inconnu qui continuait d'avancer vers lui et dont les yeux bleus apparaissaient maintenant. Et, oh chance et fortune, le vent tourna, lui apporta une odeur bien connue. Une odeur de terre mouillée typique des automnaux. Et une odeur de femelle aussi. Le loup gris attendit de voir la réaction de la nouvelle venue avant de poursuivre la conversation ou faire quoi que ce soit d'autre.

Yoru s'était aventurée hors du territoire de l'automne. Elle avait décidé, en attendant de prendre son nouveau poste, d'explorer le territoire qu'occupait son nouveau clan. Mais, au fil de ses pensées, sans s'en rendre compte, elle avait franchi la frontière et était revenue sur les terres neutres. La force de l'habitude probablement. Elle connaissait plutôt bien ce territoire. Elle y avait vécu avec Isaac, son père adoptif, puis, après la mort de ce dernier, elle y avait erré seule pendant plusieurs mois. Des mois de liberté. Mais, au cours de cette période, elle avait appris que la liberté n'était pas toujours si belle. Vivre seul a ses avantages et ses inconvénients. Pour la jeune louve, il y avait plus d'inconvénients. Peut être que c'était parce qu'elle était trop jeune et immature, mais ces mois à vivre toute seule avaient été synonyme de faim, de froid et parfois même de peur.
Mais, à présent, elle appartenait à un clan, et elle en était très heureuse. D'autant plus, que dès son entrée dans le clan de l'automne, elle s'était faite sa première amie. Elle repensa à son père. Elle espérait qu'il était fier d'elle, là où il était.
Elle sortit de ses pensées pour observer les environs. Elle se trouvait au paradis de Miluiel. Elle connaissait bien ce lieu. Isaac adorait venir ici au printemps, lorsque toutes les fleurs montraient leurs couleurs chatoyantes. Pour Yoru, ce lieu était calme et apaisant. il ne lui rappelait que des moments heureux de son enfance. Elle se souvenait des instants où Isaac et elle couraient après les papillons multicolores. Ils le faisaient pendant des heures, riant aux éclats lorsqu'ils avalaient l'un de ces insectes au passage.
Néanmoins, en ce jour, la plaine était loin d'être aussi idyllique que dans ses souvenirs. La neige avait en partie fondu, mouillant la terre et la rendant boueuse. Des touffes d'herbe verte perçait ça et là. La jeune louve trouvait le lieu presque glauque ainsi.
Elle allait faire demi-tour lorsqu'une bourrasque de vent lui apporta l'odeur d'un loup. Un mâle. Difficile de déterminer de quel clan il venait. Peut être un neutre. La louve noire hésita à peine, elle était ben trop curieuse pour partir sans voir qui se trouvait là. Elle ne tarda pas à apercevoir un loup à la carrure qui pourrait se révéler dangereuse s'il était un ennemi. Son pelage gris acier s'accordait parfaitement avec les couleurs de ce lieu en cette fin d'hiver. En s'approchant, Yoru distingua une marque en forme de X sur le poitrail de l'inconnu. Elle remarqua également ses yeux, dont elle n'arriva pas à décider s'ils étaient bleu ou gris, qui l'observaient.

- Bien le bonjour, quel bon vent vous amène donc par ici ?


Yoru fût surprise par le ton aimable et la politesse de l'individu. Rares étaient les loups qui s'adressaient ainsi aux inconnus. Toutefois, elle ne laissa pas le mâle gris s'apercevoir de ses émotions. Sa méfiance diminua lorsqu'un coup de vent lui apporta un léger effluve de feuilles mortes. Un automnal ? Ce n'était pas certain mais elle décida d'être aimable, au cas où. Elle afficha un sourire avenant.

- Bonjour. Je me promène simplement. Le paradis de Miluiel est un endroit que j'apprécie. Et vous, que faites vous là ?


Elle s'assit face à son interlocuteur, attendant sa réponse en le détaillant. Elle tenta de déchiffrer son expression, en vain. Elle n'arriva pas à découvrir ce qu'il pensait.

Spoiler:

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- Bonjour. Je me promène simplement. Le paradis de Miluiel est un endroit que j'apprécie.

Oui, c'était bien là une excellente raison que le LibreLune ne pouvait qu'approuver. Il faisait toujours bon de se promener dans un endroit que l'on appréciait. Et on les appréciait très souvent pour de bonnes raisons. Si le loup gris avait des souvenirs ici il ne devait pas être le seul dans ce cas, il ne se faisait pas la moindre illusion. Les lieux étaient une constante commune dans les vies des loups de Four Seasons. Les territoires étaient variés mais pas innombrables non plus. La louve le sortit de ses pensées en continuant sur sa lancée, se renseignant à son tour.

- Et vous, que faites vous là ?

Tsume eut un léger sourire. Il ne pouvait pas lui avouer les réelles motivations de sa présence ici. Dire qu'il était en mission ferait désordre si l'on savait que les LibresLunes devaient rester parfaitement secrets. Sur un territoire ennemi il aurait pu passer pour un espion idiot mais en terres neutres il était bien connu qu'il n'y avait pas grand chose à espionner. Les solitaires ne représentaient pas une menace pour grand monde, vivotant comme ils le pouvaient de leur côté souvent dans les privations. Évoquer ses souvenirs, même très vaguement, était une meilleure solution. D'autant plus qu'on posait rarement des questions personnelles à un loup qu'on venait simplement de rencontrer n'est-ce pas ? Les réflexions du loup gris pouvaient sembler longues mais elles ne prirent en réalité pas plus de quelques secondes. Envisager toutes les solutions en un laps de temps très court faisait partie intégrante de son éducation.

- Je songe à ceux qui ont été. A ces loups qui ont foulé ces terres à mes côtés. Ils me manquent alors venir ici me rapproche un peu d'eux. Je ne sais pas s'ils me voient d'où ils sont mais j'ose espérer qu'ils sont fiers de ce que je suis devenu.

Un sourire un peu triste apparut alors sur les babines de Tsume. Il n'avait pas vraiment voulu laisser ces émotions l'envahir mais, ces derniers temps, Kaede lui manquait. Il regrettait tant qu'elle ne put voir ses trois petits monstres. Elle n'aimait pas particulièrement les enfants mais le LibreLune avait la certitude qu'elle serait tombée sous le charme de Lyia, Elwyn et Takeo. Il secoua doucement la tête, reprenant la conversation qu'il avait un peu laissé en plant en se perdant une fois encore dans ses songes. Penser à son passé lorsqu'on était seul était parfois bon mais le faire lorsqu'on était accompagné était fort peu seyant.

- Mais je ne vais pas vous embarrasser avec mes histoires, vous devez avoir bien mieux à faire que de songer à m'écouter déblatérer. Je sens sur toi une odeur de terre et de feuilles. Tu es automnale ?

Il restait dégagé. De toute manière il ne doutait pas de la réponse que lui donnerait la louve. D'ailleurs, en parlant de ça ! Le grand loup gris se redressa d'un mouvement brusque de toute sa hauteur. Il avait totalement oublié de se présenter ! Non pas que son nom eut une grande importance mais tout de même. Il fallait savoir respecter les règles élémentaires de politesse.

- Tout cela me fait oublier mes bonnes manières ! Je suis Tsume, enchanté demoiselle.

Ce disant il inclina légèrement la tête en direction de la louve noire. Il faisait peut-être un peu pompeux mais mieux valait être pompeux que mal élevé. Kaede l'avait éduqué dans cet optique et son enseignement était profondément ancré en lui.

Up?

Yoru vit un léger sourire s'étirer sur les lèvres de son interlocuteur.

- Je songe à ceux qui ont été. A ces loups qui ont foulé ces terres à mes côtés. Ils me manquent alors venir ici me rapproche un peu d'eux. Je ne sais pas s'ils me voient d'où ils sont mais j'ose espérer qu'ils sont fiers de ce que je suis devenu.

La jeune louve noire eut un petit pincement au cœur en entendant ces mots. Ils exprimaient presque parfaitement ce qu'elle pensait quelques minutes auparavant, et le souvenir d'Isaac s'imposa à son esprit. Elle le chassa d'un léger mouvement de tête et reporta son attention sur son interlocuteur. Le sourire du grand loup devint triste, et la mélancolie s'installa dans ses yeux. Il sombra dans ses pensées et y resta plusieurs minutes avant de se secouer. La louve eut un sursaut presque imperceptible face à ce mouvement.

- Mais je ne vais pas vous embarrasser avec mes histoires, vous devez avoir bien mieux à faire que de songer à m'écouter déblatérer. Je sens sur toi une odeur de terre et de feuilles. Tu es automnale ?

"Dommage" pensa la jeune louve. Elle était de nature curieuse et aimait les histoires, surtout quant il s'agissait de souvenirs. Elle trouvait cela fascinant. Cependant, rares étaient les loups dans Four Seasons, qui acceptaient de révéler leurs secrets à des étrangers.
Elle allait lui répondre quant il se redressa brusquement. La louve noire se releva, surprise. Par réflexe, elle avait adopté une attitude défensive. Néanmoins, le loup gris ne fît que se présenter.

- Tout cela me fait oublier mes bonnes manières ! Je suis Tsume, enchanté demoiselle.

Sur ces mots, il inclina légèrement la tête. Le ton était un peu trop pompeux au gout de la jeune louve, mais elle ne s'y attarda pas. Yoru se détendit et reprit une attitude neutre, regrettant de ne pas avoir mieux contrôler sa réaction. Elle espérait juste que Tsume n'aurait pas noté sa réaction, légèrement disproportionné. Elle sourit aimablement, et lui retourna sa politesse.

- Enchantée. Je suis Yoru, et je suis effectivement automnale. Cela pourrait paraître déplacé mais, de quel clan viens-tu ?

A vrai dire, elle ne pensait pas vraiment que la question était déplacé mais elle préférait être diplomate avec les loups qu'elle ne connaissait pas.

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