Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Lance avait profité de l'inattention de sa mère partie voler pendant que son père était encore en train de chasser. Hope était restée en sécurité dans la tanière. Mais lui avait envie d'explorer le monde. Il avait donc laissé sa grande soeur pour s'aventurer dans les bois entourant le lac. Il savait qu'il devait éviter de s'éloigner, mais il lui était difficile de contenir son enthousiasme et peut-être qu'il se perdit un petit peu. De toute façon, Blue, l'amie de la famille, n'habitait pas loin et avec un peu de chance, il croiserait son père qui rentrerait de la chasse. Il risquait de se faire passer un savon, mais il ne s'en préoccupait pas pour le moment.

Au lieu de cela, Lance s'entrainait à décoller. Il avait vu sa mère le faire des dizaines de fois avec grace. Il savait qu'elle trichait un peu avec son pouvoir sur le vent, alors il ne se décourageait pas malgré sa maladresse. Et il prenait aussi de nombreuses précautions pour n'écraser aucun insect ni aucune fleur. Il pouvait sentir les battements de leurs vies, les échos de leurs âmes. C'était ça son pouvoir. Ses parents prenaient toujours soin de ne pas tuer les proies qu'ils ramenaient en sa présence, sentir une vie s'éteindre plongeait le petit louveteau dans une profonde tristesse. Il n'était pas sûr de devenir un grand chasseur plus tard.

Lance trotta sur quelques pas en battant des ailes, décolla de quelques centimètre, plana sur un mètre environ et reposa ses pattes sur le sol. Maintenant, il parvenait à synchroniser ses ailes et à maintenir sa direction bien droite.

L'échos d'une âme parvint au sixième sens du louveteau. Une vie plus grosse que les petits animaux, les insectes ou les plantes. Une vie lupine. Il ajouta à sa perception quelques reniflements, humant l'air avec un mélange de prudence et de curiosité. C'était bien l'odeur d'un loup.
Avec précaution pour ne pas faire de bruit, Lance rampa dans les hautes herbes. Il préférait s'éloigner, il n'avait pas envie de croiser un loup inconnu, ni même connu d'ailleur, la menace de la punition à venir prenait à présent toute son importance.

Mais le louveteau ailé distingua une petite silhouette. Un autre louveteau au pelage terne avec un motif flamboyant sur le front et ... de petites ailes comme les siennes. Un autre louveteau ailé ! Oubliant toute prudence, Lance se releva avec enthousiasme, tout heureux de rencontrer un autre louveteau comme lui; Hope, sa soeur, n'avait pas d'aile. Si les ailes de Lance arboraient des couleurs froides, ce n'était pas le cas des plumes de l'autre louveteau.

Les deux petits loups se dévisagèrent un instant avant que Lance ne se décide à prendre la parole avec un ton joyeux:

-Bonjour. Comment tu t'appelles ?

Le louveteau sentait les terres neutres, il n'avait pas l'odeur froide des hivernaux, le parfum fleuri des printanniers, les senteurs fruitées des estivaux, les effluves humides des automnaux ou l'arôme mysterieux des librelunes. Ce petit loup exhalait la nature libre des loups solitaires.

Je me promenais tranquillement sans vraiment savoir où j'allais, ni où j'étais... Et oui, je m'étais une nouvelle fois perdue dans mes pensées et j'avais perdu mon chemin par la même occasion. Ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait, de toute façon personne ne m'attendait chez moi. Et je finissais toujours par retrouver mon chemin, même si pour ça il me fallait parfois plusieurs jours...
Je pensais à tout et à nimporte quoi : le lapin que j'avais tué et mangé ce matin, le temps gris comme je l'aimais, quels tortures je pourrais utiliser pour les sales cleos qui ont tué mon père adoptif... oui, mes pensées revenaient tout le temps vers le seul loup qui m'avait aimé. Il me manquait, il me manquait terriblement. Je me demandais si quelqu'un m'avait trouvé et enterré ou s'il était encore labas, là où je l'avais laissé se faire assassiner... Je n'étais qu'une lache, une lache, une lache, une lache... ce mots restait dans ma tête comme un parasite qu'in ne peut pas enlever. J'étais lache. Mais j'allais changer! Oui, je changerais et me vengerais!
Mais avant ça, il fallait que je trouve où j'étais... Bon, voyons voir. A ma droite, un arbre. A ma gauche, un arbre. Devant moi, un arbre. Derière moi, un arbre... Mal barré, j'étais dans une forêt. Au moins, je savais ça. Je pensais tout en continuant de marcher. Et bien voila quelque chose qui pouvait m'aider, il y avait un lac en fasse de moi. Je dessidais de le longer, j'arriverais peut-être quelque part...
Tournant la tête, j'apperçus quelque chose briller dans la forêt. Evidemment, je courus voir ce que c'était... un caillou. Il n'avait rien de particulié et j'en avais déjà plein. Oui j'adorais ce qui brillait et je ramenais souvent des cailloux dans la petite grotte que j'habitais...
Je vis alors, entre des arbres, loin devant moi, un louveteau qui tentait de prendre son envole... Il ne savait pas voler, ça se voyait. Moi aussi, j'étais passée par cette étape. Voler, en sois, était plutôt simple mais prendre son envole était plus compliqué et demandait une bonne concentration au début. Je devrais peut-être aller l'aider et lui dire comment faire... Ho, et puis pourquoi je ferais ça? Je ne le connaissais pas après tout.
Je me tournais pour revenir sur mes pas et me retrouvais nez à nez avec un genre de petit sanglier. Il était moche et avait l'air de ne pas me vouloire que du bien. Il m'avait surprise et sur le coup, je m'étais envolée, le coeur battant. Bon, je vais le laisser tranquil. Je m'éloignais de lui en volant.
Evidement, en m'éloignant de lui, je m'étais approchée du jeune loup qui s'entrainait à voler. Même si je ne le voyais plus de là où j'étais, je savais qu'il était encore là. Je me reculais doucement, évitant de faire du bruit ou de retourner vers le sanglier. Je ne voulais pas me faire repérer ni par le loup, ni par cette chose immonde.
D'un seul coup, quelque chose bougea à coté de moi. Je me retournais en vitesse pour voir ce que c'était. Le louveteau de tout à l'heure... il m'avait vu. Je restais le regarder quelques instants. Qu'est ce que je devais faire? Partir en courant? Non, je ne voulais plus être une lâche. L'attaquer? Une idée tentante mais qui n'avait aucun fondemment. Faire comme si je ne l'avais pas vu? Trop tard, je le dévisageais. Il n'était pas très grand, même s'il était plus grand que moi. Son poil était cuivré, sa queu noire et beige et ses pattes arborraient d'étranges couleurs... Les couleur de tous les clans! Peut-être avait-il, lui aussi, été rejeté par ses parents à cause de son pelage particulier?

"Bonjour. Comment tu t'appelles ?"

Quoi? Non, il n'avait pas été abandonné. Un loup abandonné n'aurait jamais pausé cette question, du moins pas sur le ton que ce louveteau avait employé... A moins qu'il soit stupide... Nous n'avions toujours pas bougé, nous nous regardions comme deux louveteaux qui venaient de rencontrer un louveteau particulièrement interressant... ce que nous étions.
Que devais-je lui répondre? De toute façon, savoir mon nom ne lui servirais à rien étant donné que je n'existais pas vraiment. Mes parents avaient dit que l'un de leurs nouveaux-nés était mort quelques instants après sa naissance. Ce nouveau-né soit disant mort, c'était moi. Par conséquant, je n'exisais pas...

"Toi, comment tu t'appelles?"

Et oui, moi je me mefiais! Je n'étais pas du genre à faire confience facilement. Mais ce loup semblait ignorant de la cruauté de ce monde... quelle chance il avait, j'aimerais être à sa place...

"Toi, comment tu t'appelles ?"

Lance perçu son ton sec et froid. Et ses mots étaient méfiants, voir un petit peu provoquant. Mais Lance entendait son âme, percevait sa vie qui palpitait en elle. Car oui, elle avait une odeur de femelle, comme sa mère, sa soeur et Blue.
Cette vie qu'il sentait en chaque être et qui l'émerveillait et le rassurait, le poussait à la gentillesse, à l'attention et à la compassion. Il savait qu'elle ne s'était pas montrée très polie, cette petite louve un peu plus âgée que lui. Mais il était incapable de s'attarder sur son impolitesse, il voyait en elle une vie jeune, encore pleine d'énergie. Et il aimait la sensation de la vie. Alors il ne pouvait vraiment, vraiment pas lui en vouloir.

Il répondit néanmoins avec plus de calme, se laissant bercer par le son de cette vie ... ou l'odeur, ou la vue, il ne savait pas trop quel mot employer pour désigner ce qu'il ressentait comme un sixième sens. Mais sentir cela le réconfortait, l'appaisait. Il aimait les êtres vivants comme il aimait la vie.

-Je m'appelle Lance, je suis neutre comme toi.

Comme tout petit qui se respecte, Lance ne restait pas longtemps concentré sur la même chose, à présent qu'il était habitué à ressentir l'âme de vie de la petite louve, il passa à autre chose. Il regarda les ailes de la loupiotte en se demandant si elle savait s'en servir mieux que lui.
Puis il se rappella qu'il ignorait toujours son nom, mais il ne voulait pas la vexer ni l'éffaroucher.

-Tu n'es pas obligée de me dire ton nom si tu ne veux pas.

Voilà. Comme ça il ne la forçait pas et ne l'ennuirait sans doute pas non plus. Il préférait être en bon therme avec le premier louveteau exterieur à sa portée qu'il rencontrait. Il avait bien envie de se faire une amie en dehors du cercle familiale. Mais ce ne serait surement pas possible tout de suite. Après tout, son père et sa mère ne cessaient de lui répéter qu'il devait se montrer prudent et éviter de s'adresser à des inconnus, alors il ne pouvait pas reprocher à la petite louve d'appliquer la rêgle qu'il aurait lui même du respecter.

Ce louveteau me regardait bizarrement comme s'il ne me regardait pas vraiment, comme s'il me voyait avec autre chose que ses yeux. Ce qui était plutôt troublant...

"Je m'appelle Lance, je suis neutre comme toi."

Lance? Joli nom... Neutre? Se pouvait-il qu'il ait été abandonné lui aussi? Oui, ça se pouvait même si ça me semblait peut probable, il n'avait pas le comportement d'un loup abandonné...
Il avait parlé calmement, j'aurais cru qu'à son age il me répondrait plus violemment vu comment, moi, je lui avais parlé. Il est stupide ma parole! Où peut-être ne faisait-il que me tester, voir si moi, j'étais suffisemment idiote pour tomber dans son piège. Ce qui ferait que lui aussi se mefiait. Il se pourait qu'il est été abandonné?

"Tu n'es pas obligée de me dire ton nom si tu ne veux pas."

Il se fout de moi! C'est pas possible sinon! Dire ça comme ça. D'un air si gentile. Ce louveteau me troublait vraiment. Comment est-ce que je devais réagir fasse à lui? Je n'en avais pas la moindre idée...
Il avait cessé de me regarder bizarrement. Maintenant, il me regardait vraiment, fixant mes ailes comme s'il n'en avait jamais vu... Cette pensée me fit sourire, il avait lui-même des ailes... Je le prennais vraiment pour un idiot. Je devrais peut-être être plus gentile avec lui. Oui, peut-être, mais comment savoir s'il ne me tendait pas un piège? Comment savoir s'il ne faisait pas exprès de paraître idiot? ... Et bien, pourquoi ne pas jouer le jeu? Juste pour voir ce qu'il a derière la tête, s'il a bien quelque chose derière la tête...

"Nilane. Mon nom est Nilane."

Oui, je lui avais mentie... et alors? Il n'avait pas besoin de savoir mon nom pour l'instant. Si c'était une personne qui le merite, je lui dirais mon nom... mais pour l'instant, il allait se débrouiller avec celui là. Et puis le nom que je lui avais donné ressemblait beaucoup au mien... Ce n'est pas vraiment comme si j'avais mentie après tout... Je n'avait fais qu'avaler une syllable.

"J'ai vu que tu ne savais pas bien te servir de tes ailes... Moi non plus. J'ai un peu de mal à les faire battre en même temps..."

Et oui, encore un messonge. Le premier était un petit mensonge. Celui-ci était plus gros. Je savais très bien voler et me servir de mes ailes était plutôt simple. Mais s'il pensait que je ne savais pas le faire, je pourais m'en servir au cas où il voudrait m'attaquer...
J'avais parler d'une petite voix, comme si j'étais timide. Ce qui n'était pas vraiment le cas, juste que je me méfiais toujours des loups que je rencontais. Et je n'en croisais pas beaucoup, je faisais toujours en sorte de ne pas me faire voir...
Evidemment cette fois, je m'étais fait voir, et par un loup bizarre en plus... Remarque faite, tout le monde est bizarre, mais lui l'était encore plus...
J'avais presque peur de lui, il me semblait trop stupide, ce n'était pas possible. A moins qu'il était comme ça habituellement et qu'il n'avait peur de rien, ou encore qu'il soit simplement très gentil. Ou peut-être était-il très fort et du coup n'avait pas vraiment besoin de faire attention...
Raaaaaa... il m'embrouillait ce louveteau!

"Nilane. Mon nom est Nilane."

Lance battit un peu l'air de sa queue, content d'apprendre son nom. Il lui sourit.

"J'ai vu que tu ne savais pas bien te servir de tes ailes... Moi non plus. J'ai un peu de mal à les faire battre en même temps..."

Ah ? Donc il n'était pas particulièrement en retard pour son âge. Il devait avouer que le rythme auquel il apprenait à voler l'avait un peu inquiété jusque là. Sa mère lui avait raconté qu'elle savait voler dès sa naissance, mais que cela s'expliquait sans doute par le fait qu'elle soit l'amie du vent. Par contre, elle avait raconté que son frère, l'oncle de Lance, avait mis plus de temps à apprendre le vol. Ces explications n'avaient cependant pas fournis suffisemment de détail à Lance pour savoir s'il progressait normalement.

-Je suis content de rencontrer un autre louveteau ailé, j'ai une soeur, mais elle n'a pas d'ailes. Si tu veux, on peut s'entrainer tout les deux ?

Lance ouvrit ses ailes pour appuyer son invitation. Il escalada un tronc d'arbre couché et sauta en battant maladroitement des ailes. Il n'osait pas trop prendre d'altitude de peur de se fatiguer et de tomber. Il plana jusqu'à se poser en douceur et se tourna à nouveau vers Nilane.

-Je ne sais pas trop comment m'y prendre, avoua-t-il. Ca peut être dangereux de trop monter, même si j'en ai bien envie.

Il poussa un petit soupir. Sa mère lui expliquait bien les choses et il avait eu le droit à quelques leçons, mais il se sentait tellement nul comparé à elle qu'il préférait s'entrainer tout seul dans son coin. D'ailleur, sa mère n'avait pas insisté, elle avait dit que la plupart des louvetaux apprenaient cela tout seul, d'instinc, comme ils savent nager dès la naissance. Mais en sa présence, il aurait pu se permettre de monter plus haut sans danger, elle aurait juste eu à utiliser ses pouvoirs sur le vent s'il perdait l'equilibre et tombait.

"Je suis content de rencontrer un autre louveteau ailé, j'ai une sœur, mais elle n'a pas d'ailes. Si tu veux, on peut s'entrainer tout les deux ?"

Une sœur? Donc il n'était pas seul. Peut-être s'étaient-ils fait abandonné tous les deux en même temps? Où peut-être n'avait-il simplement pas été abandonné... Après tout, pourquoi je voulais tant qu'il ait été abandonné? Pour ne plus être la seule? Peut-être, mais je ne souhaite ça à personne. Me retrouvée seule avait été terrible pour moi, j'avais failli mourir bien plus d'une fois et je pense que peu de loup, même adultes, auraient survit à ce que j'ai subit. Mais j'étais encore là, vivante malgré tout...
S'entrainer? Mince, je n'avais pas pensé qu'il me demanderait ça. Pouvais-je faire semblant de voler? Je ne sais pas. Ça voulait dire que je devais faire en sorte qu'il pense que je ne le sache pas. Mais me sentir plané dans les air m’enivrait. J'aimais sentir l'air passer tout autour de moi, sentir le vent sur mes ailes, voire la terre s'éloigner et l'univers se rapprocher... Je n'étais pas sur de pouvoir me contrôler pour ne pas m'envoler devant lui.
Il sauta sur un tronc et tenta de prendre son envole, battit un peu des ailes, il ne s'y prenait pas si mal, et je vis tout de suite que ce qui n'allait pas : il n'avait pas suffisamment confiance en lui et en ses ailes pour voler correctement, il avait surement trop peur pour ça. Il finit son court vole en planant et atterrit doucement sur le sol. Il se tourna vers moi.

"Je ne sais pas trop comment m'y prendre."

Il me l'avoua comme s'il se confessait. J'avais envie de lui dire qu'il s'y prenait plutôt bien et qu'il ne lui manquait plus qu'un peu de confiance en lui. Mais si je lui disais ça, il se douterait surement que je sais mieux voler que ce que je lui avais dit.

"Ça peut être dangereux de trop monter, même si j'en ai bien envie."

Ha... il avait donc peur de se blesser. Moi aussi j'avais eu peur de me faire mal, au début. Mais il faut affronter cette peur, sinon il ne pourrait jamais voler. Mon intuition me disait que ce n'était pas simplement sa peur qui l’empêchait de voler, il y avait autre chose parce que même s'il avait très peur, il devrait pouvoir voler mieux que ça, pouvoir battre des ailes même sans prendre beaucoup d'altitude...
Je n'avais toujours pas répondu à la question qu'il m'avait posé. Que devais-je lui répondre? Oui? Mais pourrais-je me contrôler et ne pas voler? Non? Il le prendrait peut-être mal et je n'avais pas envie. Je voulais savoir s'il avait une famille ou s'il avait été abandonné comme moi... Pourquoi ne pas simplement lui demander?

J'allais lui poser la question quand j'entendis un bruit venant d'un buisson derrière moi. Je fis volte face pour voir ce que c'était... Deux sangliers. L'un des deux était adulte, l'autre n'était autre que le jeune sanglier que j'avais vu plus tôt. Mon cœur rata un battement. J'avais peur.
J'allais m'envoler quand je me rappelais que le louveteau juste derrière moi ne savait pas voler. Je m'étais rendu compte qu'il ne pouvait pas me mentir la dessus, n'importe qui sachant voler ne pourrait pas faire semblant de ne pas savoir... Moi, je pouvais m'enfuir sans problème mais pouvais-je le laisser face à deux sangliers surtout face à un adulte? Je pouvais, c'est certain, mais je ne voulais pas. Je ne voulais plus laisser quelqu'un derrière moi en m’enfuyant lâchement. Je me rappelais le regard que m'avait lancer mon père adoptif. Un regard d'au revoir, un regard pour me donner du courage mais un regard de peur. Je ne sais pas vraiment s'il avait peur pour lui ou pour moi...
Pourquoi je n'avais pas entendu ou senti ces sangliers avant qu'ils soient aussi près. Ils avaient pourtant une forte odeur de... quelque chose. Ils puaient. Et les sangliers ne sont pas connus pour être silencieux quand ils se déplace...
Que devais-je faire? Bon sang! Je ne pouvais simplement pas laisser le pauvre louveteau seul face à ces choses...
Je fis doucement un pas en arrière puis un autre et encore un autre... Les sangliers ne bougèrent pas. Mais je savais qu'à la moindre occasion, ils m'attaqueraient.
Le louveteau était maintenant juste derrière moi. Je ne le voyais pas. Avait-il aussi peur que moi? Oui surement. Je continuais à reculer. Arrivé à la hauteur du louveteau, je m'arrêtais.
Je n'avais pas lâché les sangliers du regard depuis qu'ils étaient sorti du buisson. Ils n'avais toujours pas bougé, se contentant de nous regarder pour l'instant.

"J'ai menti tout à l'heure. Je sais voler, ne t'en fait pas je te laisserais pas seul face à ces monstres. Tu vas venir avec moi, tu m'entend? Tu vas voler."

Je m'étais dit que n'importe quel louveteau, dans cette situation, aurait paniqué. Moi, ça m'était déjà arrivé, je ne laissais pas la peur me prendre. J'avais parlé calmement, comme pour le rassurer alors que je ne savais pas vraiment s'il avait peur ou non.

"Tout ce que tu as à faire c'est de sauter le plus haut que tu peux tout en battant des ailes. Ais confiance en toi et tu y arriveras. Tu as compris?"

Je ne quittais pas les sangliers des yeux et ne le voyais donc pas... Je me demandais s'il allait bien... Peut-être que je me faisais des idées, peut-être qu'il n'avait pas peur... De toute façon je ne pouvais pas vraiment l'aider...

Un bruissement coupa Nilane avant qu'elle ai pu prononcer le moindre mot. Comment Lance n'avait-il pas pu détecter ces présences plus tôt ? Elles étaient si imposantes ! Il ne connaissait pas ses animaux et se doutaient qu'ils ne devaient pas être des proies faciles pour les loups solitaires qui chassaient seuls. Cela expliquait qu'il n'en ai pas eu à déjeuner puisque c'était ses parents qui chassaient.

Lance ressentit la colère des animaux. Ils devaient se trouver près de leur tanière, s'ils en avaient une. Ces mastodontes pouvaient facilement les piétiner sous leur poid titanesque ou les éventrer avec leur longues dents recourbèes. Lance n'osait faire aucun mouvement, de peur de les inciter à charger.

"J'ai menti tout à l'heure. Je sais voler, ne t'en fait pas je te laisserais pas seul face à ces monstres. Tu vas venir avec moi, tu m'entend ? Tu vas voler."

Il aurait bien aimé, il aurait vraiment bien aimé pouvoir s'envoler aussi facilement. Le louveteau ne s'attarda pas sur le fait que Nilane lui ai mentit, cela n'avait pas d'importance en cet instant. Tout ce qui comptait, c'est que son pouvoir aidait juste à détecter, par à apaiser les âmes. Donc il devait fuir.

"Tout ce que tu as à faire c'est de sauter le plus haut que tu peux tout en battant des ailes. Ais confiance en toi et tu y arriveras. Tu as compris?"

La confiance en lui était justement ce qu'il lui manquait depuis toujours pour voler. Il se sentait tellement incompétent comparé à sa mère, mais aussi maintenant à Nilane qui était à peine plus âgée que lui et qui volait déjà comme une adulte. Mais là, il n'avait pas le choix, il devait décoler du premier coup pour éviter les monstres. Peut-être pourrait-il se contenter d'atteindre une branche en hauteur pour se mettre à l'abris.

-Doucement, chuchota-t-il, je sens leur colère, au moindre mouvement brusque, ils nous sautent dessus. Mais aura-t-on le temps de décoller si on ouvre nos ailes trop vite ?

Lance commença à ouvrir ses ailes, guettant les réactions émotionelles des mastodontes, ainsi il pourrait déterminer à quelle vitesse les ouvrir. Les énormes naseaux de la première bête frémirent. C'était mauvais signe. Mieux valait ouvrir les ailes d'un coup et décoller aussitôt que d'essayer de les ouvrir doucement au risque de les faire charger sans se donner le temps de décoler.

Lance lança un regard en biais à Nilane. Il prit une profonde inspiration et hocha la tête pour montrer qu'il allait faire de son mieux et qu'il attendait son signal.

"Doucement, je sens leur colère, au moindre mouvement brusque, ils nous sautent dessus."

Il avait raison, les sangliers semblaient être en colère. Mais pourquoi avait-il employé le verbe "sentir"? Comme si on pouvait sentir les émotions des autres... Il devait simplement s'être trompé de mot. Bon, ce n'était pas vraiment le moment de penser à la grammaire.

"Mais aura-t-on le temps de décoller si on ouvre nos ailes trop vite ?"

Là aussi, il avait raison. Les sangliers semblaient surveiller le moindre de nos mouvements. Je me demandais pourquoi ils m'avaient laissé reculer jusqu'à Lance sans vraiment réagir. Mais l'heure n'était pas à ce poser le pourquoi du comment. Nous devions trouver une solution au cas où nous ne pourrions pas décoller.

Tout en continuant de regarder les sangliers, je reculais d'encore quelques pas pour pouvoir voir le jeune loup à coté de moi, mais je restais quand même légèrement devant lui. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais j'avais l'impression de pouvoir le protéger en restant devant lui. Je me disais que si les sangliers chargeaient, je pourrais me mettre devant eux et peut-être permettre à Lance de s'enfuir.
Je comprenais maintenant un peu mieux ce qu'avait ressentie celui que je prenais pour mon père quand il m'avait protégée de ces chiens. Je me retrouvais dans la même situation que lui et je ne comprenais pas vraiment pourquoi je voulais absolument sauver ce louveteau qui ce trouvait légèrement derrière moi. J'avais beau me dire que je ne faisais ça que parce que je ne voulais plus être lâche, que je ne voulais plus abandonné quelqu'un derrière moi, je savais que ce n'était pas la seule raison. Mais que pouvait bien être cette raison qui me poussait à faire ça? Je sais, simplement parce que moi je n'ai plus rien à perdre, plus rien ne me rattache vraiment au monde des vivants. Je n'ai pas de famille, pas d'amis, personne ne m'attend, à part peut-être Auron, ce loup que j'ai rencontré il y a peu, à qui je dois la vie et envers qui j'ai une dette... Lance , lui, a sa sœur qui doit surement l'attendre, surement a-t-il des amis et peut-être une famille.

Je continuais de regarder les monstres qui se trouvaient devant moi, quand j'en vis un dont les naseaux frémirent. Je jetais un coup d’œil vers Lance pour voir pourquoi ce sanglier réagissait comme ça. Lance ne bougeait pas, il avait les ailes à moitié déployées. Il avait surement voulu les déployer pour voir comment réagissaient les mastodontes et en toute évidence ils réagissaient mal.
Lance qui regardait lui aussi les bêtes, tourna les yeux vers moi. Je le vis prendre une profonde inspiration et hocher la tête. Je compris tout de suite le message. Il était près et n'attendait plus que moi...

Je reposais les yeux sur les sangliers. L'un d'entre eux grattait le sol de sa patte droite. Avait-il compris? Ces monstres n'étaient pas censé être intelligent! Il voulait charger. Il allait charger. Que devais-je faire? Donner le signal de voler et m'envoler en prenant le risque que Lance ne puisse pas me suivre dans les airs? Je ne pouvais pas! Je ne voulais pas! Si je devais l'abandonner, je ne pourrais simplement plus vivre, j'aurais trop honte de moi... Autant que ces sangliers me tuent directement, avec un peu de chance ça permettrait à Lance de s'enfuir...

Je pris à mon tour une profonde inspiration et soufflais pour chasser l'image d'Auron à qui je ne pourrais surement pas payer ma dette. Tout en gardant les yeux rivé sur les monstres imposants, je hochais la tête pour faire comprendre au louveteau que moi aussi j'étais prête et que j'allais m'envoler d'ici peu.
Mon plan en tête, je reculais une dernière fois pour me placer juste à coté de Lance. Je m'approchais de lui. Je lui donnerais une impulsion suffisante pour qu'il puisse au moins voler jusqu'à une branche haute de l'arbre au dessus de nous. Il avait dit avoir une sœur. Je suis sur qu'elle le chercherait et qu'elle le trouverait pour l'aider...

Mais en même temps, je ne voulais pas mourir. Je ne devais pas mourir! Je devais payer la dette que j'avais envers Auron! Je devais le revoir! Je devais venger le vieux loup! Je devais faire souffrir ces cleps autant qu'eux m'avaient fait souffrir! Je devais prouver à ceux qui m'avaient mis au monde que je pouvais me débrouiller! Je devais continuer d'avancer sur le chemin cahoteux qu'était devenu ma vie! ...Je devais vivre!

Quelque chose en moi remua. "On arrive" dit une petite voix dans ma tête. Je ne sais trop pourquoi mais au fond de moi, cette chose qui venait de ce réveiller m'emplissait de joie. Ce sentiment étrange que je ne connaissais que trop peu...
Mais qu'était cette chose? Je ne sais pas mais j'avais la conviction que je pouvais avoir confiance.

Je me tournais vers Lance et lui criais:

"VOLE!"

"Vole !"

Lance prit une grande impultion, à la fois dans ses pattes et dans ses ailes. Il avait l'impression que son corps tout entier se lançait dans les airs, chaque membre dans une synchronisation parfaite.
Il décolla plus vite et plus haut qu'il ne l'avait jamais fait. Ce n'était pas étonnant vu les circonstances. Jamais il n'avait eu autant envie de s'élever dans le ciel. C'était même plus que cela, c'était un besoin ... urgent !
Il sentait la présence de Nilane non loin de lui et en dessous, les bêtes enragées. Il tâcha de ne pas regarder sous lui et de se concentrer sur le ciel, il avait l'impression qu'il ne serait jamais suffisement haut pour échapper à ces monstres.
Ce fut seulement quand il dépassa la cîme des arbres qu'il réalisa ce qu'il faisait. Il volait ! La surprise lui fait rater quelques battements et il du se concentrer pour retrouver son équilibre. Ce n'était pas encore un vol parfait et il peinait à faire du sur-place, mais il était à l'abris des créatures. Il ne tarda pas à se sentir fatigué et à s'approcher d'un arbre pour s'y poser. Il se câla sur une branche, enfonça ses griffes dans l'écorce du tronc et étira ses ailes. Il avait la douloureuse impression de s'être découvert de nouveaux muscles.

Il chercha du regard Nilane, manquant de se faire un torticoli.

"VOLE!"

Je vis Lance prendre une grande impulsion se servant tout autant de ses pattes que de ses ailes. Il était bien parti et ses ailes battaient en même temps. Je n'avais même pas eu besoin de l'aider.
Moi, je n'avais pas décollée, j'étais restée par terre devant les sangliers et regardais Lance s'envoler. Ayant les yeux rivés sur le louveteau, je ne vis pas le sanglier charger sur moi. Mais je l'entendis et l'évitais de justesse en sautant et battant des ailes d'un seul coup.
J'avais bougé trop vite et j’eus une crampe à l'une de mes ailes. Par chance je n'étais qu'à un mètre du sol et ne tombais donc pas de trop haut. Mais j’atterris à seulement deux mètre devant le sanglier qui venait de charger. Il me regardait et je le regardais. Aucun de nous ne bougeait. Je vis dans ses yeux de la colère, il était furieux. Lance et moi ne leur avions pourtant rien fait. Il gratta une nouvelle fois le sol de sa patte avant...
"On arrive" m'avait dit la petite voix. Je ne sais pas ce qui arrivait mais il devait arriver vite sinon ce ne serait plus la peine de venir. Ce serait trop tard. Je ne savais pas ou était Lance. J'espérais qu'il soit en sécurité et que le chose qui arrivait l'aiderait.
La bête devant moi, gratta le sol avec plus d'insistance. La joie que j'avais ressentie tout a l'heure quand la petite voix m'avait parlé s'était dissipé. J'avais peur, incroyablement peur. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que j'avais du mal à respirer. Je ne pouvait pas mourir maintenant que j'avais Auron et Lance. Je devais payer ma dette envers Auron et je voulais vraiment protéger ce petit loup qui venait de s'envoler. Il était le deuxième loup seulement que je rencontrais et qui ne voulais pas me tuer, le premier étant mon vieux père adoptif. Il était naïf et je l'enviais de cette naïveté. Je ne pouvais plus mourir...
"Ne t'en fais pas, tu ne mourras pas maintenant!"c'était la petite voix. Elle était encore là. J'avais envie de croire en ce qu'elle me disait mais j'avais trop peur pour ça.
C'est alors que le sanglier chargea. Mais la crampe était encore là. Je n'arrivais pas à battre des ailes. Tout ce passa si vite et pourtant je le vis au ralentie. Il n'y avait que deux mètre qui me séparait du sanglier, pourtant j'avais l'impression que sa course durait une éternité. Je me voyais déjà allongée par terre, morte, pourtant j'étais encre sur mes pattes. Mon cœur battait trop fort et le sang me montait à la tête...
Et puis, alors que le sanglier n'était plus qu'à une vingtaine de centimètres, un nuage multicolore l’empêcha d'avancer, lui bloquant les pattes. Le sanglier, dérouté, commença à gémir et essaya de m'attaquer. Mais le nuage l'empêchait toujours de bouger.
"Tu voix, on est là et tu n'es pas morte!" cette voix, la même que les deux dernière fois, résonna dans ma tête, plus clairement qu'avant. Une larme coula sur ma joue. Je n'étais pas morte. Du moins pas encore. Le danger était toujours là... et ma crampe aussi.
"On se charge de ces pas-beau pas-gentil." dit la petite voix de façon enfantine. A peine eu-t-elle prononcé ces mots, qu'un second nuage, plus petit que le premier, arriva et tourna autour de la tête du sanglier qui essaya de le happer. Le nuage le fit tourner en bourrique. Non, pas un nuage! Des papillons! Une centaine de papillons! Ils volaient et jouaient avec le sanglier qui faisait presque pitié maintenant, pris dans leur piège.
Puis les papillons s'écartèrent du monstre et celui-ci partie en courant, suivie de près par second sanglier. Je lâchais un profond soupir de soulagement. Je n'étais pas morte! J'étais heureuse. Et maintenant je voulais revoir Lance pour lui dire que tout allait bien. Mais avant ça...

"Qui es-tu?"

Je savais, au fond de moi, que la petite voix appartenait à l'un de ces papillons. C'était obligé, comment aurait-elle su qu'ils arrivaient sinon?
J'avais raison, un papillon sortie du "nuage" et s'approcha de moi. Il est la copie parfaite du papillon que j'ai sur le front, rouge et bleu.

"Bonjour, je m'appelle Milène. J'ai décidé d'être ton protecteur, à partir de maintenant"

Sa voix résonna, une fois encore dans ma tête. Oui, c'était bien la voix enfantine que j'avais entendu. Mon protecteur? Pourquoi pas? Quelque chose en moi me disait que je pouvais lui faire confiance.
Les papillons s'envolèrent et se dispersèrent. Tous sauf Milène.

Je devais maintenant retrouver Lance...

Entre les branches, Lance ne voyait rien. Elle n'était pas non plus au dessus. Tâchant de maitriser sa panique, le louveteau se concentra pour chercher sa présence. Il la trouva, en dessous, sans doute au niveau du sol. Elle vivait encore. Les présences des deux monstres s'étaient éloignées. Il n'y avait plus rien à craindre. Le louvetau supposa qu'elle s'était reposée avant lui.

Lance rouvrit ses ailes et se pencha pour redescendre. Il visa un espace entre deux branches où il estimait pouvoir passer et se lança. Il plâna jusqu'à se poser non loin de Nilane. Il gambade jusqu'à elle. Après coup, cette mésaventure lui paraissait très amusante. Il avait hate de la raconter à Hope. Et de montrer à sa mère comment il volait.

-On a eu chaud, n'est-ce pas ?

Il sourit à Nilane. Puis il apperçut le papillon qui voletait à côté d'elle. Il s'en approcha et le renifla. L'insecte sentait le pollen. Pourtant, il n'y avait pas de fleur dans les environ. Que faisait-il ici ?

Lance n'était pas le genre de louveteau à courir après les insectes pour les attraper. Il avait trop conscience du risque que cela représentait pour ces petites vies. Il préférait les observer. Son environnement le passionait. La nature était pleine de surprise merveilleuse ... et aussi dangereuse, il l'avait découvert aujourd'hui. Et il comprenait mieux pourquoi ses parents ne le laissaient pas s'éloigner tout seul.

Ses parents ! S'ils apprenaient le danger qu'il avait courut, ils ne le laisseraient plus sortir de la tanière. D'ailleur, le simple fait qu'il soit sorti le mettrait face à une punition.

-Je crois que je ferais mieux de rentrer, je vais me faire gronder.

Mais avant, il voulait mieux se renseigner sur sa nouvelle amie.

-Tu habites dans le coin ? On pourra se revoir ?

Bon, Lance ne devait pas être loin, surement était-il perché dans un arbre. Je levais la tête avec l'espoir de le voir mais il devait s'être caché derrière un feuillage. Bon, je vais devoir utiliser mes ailes même si celle à laquelle j'avais eu la crampe était encore endolorie. J'allais prendre mon envole quand Milène me héla, me disant de regarder en haut d'un arbre. Il était utile ce petit papillon... Lance était là, en train de descendre en planant. Il avait l'air d'aller bien, tant mieux.
Le louveteau atterri à coté de moi. Il semblait joyeux. Bon, s'il ne prenait pas mal les choses qu'il venait de se passer, c'était soit qu'il était complètement niais, soit qu'il n'était pas peureux, ou encore qu'il était trop content de savoir voler... je ne savais pas laquelle de ces solutions coïncidait le mieux.

"On a eu chaud, n'est-ce pas ?"

Oui, c'est certain, on a eu chaud. Surtout moi qui avait été à deux doigt... non, à vingt centimètres d'une mort certaine... encore merci à ce nuage de papillons. En parlant des petite bêtes, Lance semblait attiré par Milène qui voletait juste à coté de moi. Il s'en approcha et le renifla.

"Heu... Il a jamais vu de papillon ou quoi?"

Le pauvre papillon avait peur que Lance le gobe et l'avale. Sa réaction m’amusa : il n'avait pas eu peur de se mettre entre le sanglier et moi mais il avait peur d'un louveteau qui le sniffait. Je ne lui répondais pas, même si je me doutais qu'il pouvais m'entendre quand je lui parlais par pensées je trouvais ça plutôt troublant de le faire.

"Je crois que je ferais mieux de rentrer, je vais me faire gronder."

Se faire gronder? Il avait donc des parents. A moins que ça soit sa sœur qui le gronde mais j'en doutais. J'étais égoïste. J'aurais voulu qu'il soit comme moi, qu'il ait été abandonné par ses parents ou qu'ils n'en ait pas. J'aurais aimé avoir quelqu'un qui me comprenne. J'aurais adoré pouvoir en parler. Mais j'aurais préféré que les miens ne m'abandonne pas...
Mais en même temps, au fond de moi, j'étais heureuse qu'il en ait. Heureuse qu'il ne connaisse pas ce que j'ai connu, qu'il ne connaisse pas la solitude... Je ne souhaitais à personne de se faire abandonner dès sa naissance. J'aurais même préféré que mes parents soit morts plutôt qu'ils m'aient abandonné.
L'espoir ne me conduira à rien et tout ce que je peux faire c'est aider Lance simplement pour lui permettre de profiter de sa famille.

"Tu habites dans le coin ? On pourra se revoir ?"

Il était vraiment naïf! Ça me fit sourire. Sa naïveté, son innocence le rendait vraiment attachant. Je ne lui faisais pas encore vraiment confiance mais assez pour répondre à ses questions, et surtout assez pour lui dire la vérité.

"Nilane n'est pas mon vrai nom. Je m'appelle Nilania. Je n'habite pas ici mais je me promène souvent et je reste assez rarement plus de deux jour chez moi..."

Je ne savais pas vraiment quoi lui répondre pour sa dernière question. J'avais envie de lui dire oui mais je ne savais pas si je pourrais. Je devais payer ma dette envers Auron et je ne savais pas ce qu'il allait me demander. Peut-être ne pourrais-je plus revoir Lance. Mais j'avais envie de le revoir, lui et sa naïveté...

"Oui, pourquoi pas? Mais il faudrait que je sache où tu habites comme ça ce sera plus facile de se retrouver. Et je suis désolée mais je serais incapable de te dire où j'habite, j'ai moi même du mal à me retrouvé parfois."

Ma réponse fut d'une honnêteté rare pour moi...

"Nilane n'est pas mon vrai nom. Je m'appelle Nilania. Je n'habite pas ici mais je me promène souvent et je reste assez rarement plus de deux jour chez moi..."

Lance pencha la tête sur le coté en haussant un sourcil. Il ne comprenait pas trop pourquoi Nilane ... Non, Nilania, avait mentit sur son nom. Peut-être était-ce un jeu ? D'autres questions lui vinrent à l'esprit. Pourquoi ne restait-elle que très peu chez elle ? Elle était encore très jeune, pourtant.

"Oui, pourquoi pas? Mais il faudrait que je sache où tu habites comme ça ce sera plus facile de se retrouver. Et je suis désolée mais je serais incapable de te dire où j'habite, j'ai moi même du mal à me retrouvé parfois."

Oui, son père lui avait raconté que le monde était très grand. Mais Lance restait curieux sur la liberté dont bénéficiait Nilania, il doutait que ses parents le laissent un jour vagabonder ainsi.

-D'accord, je veux bien te montrer où j'habite, mais il ne faudra rien dire à mes parents sur ce qui est arrivé, sinon je serais punis.

Le louveteau attendit que son amie hoche de la tête avant d'humer l'air. Il n'était plus très sur de retrouver son chemin. Mais après tout, cela n'était pas bien grâve. Maintenant, il pouvait voler et du ciel, il pourrait voir le lac. Seulement, il était encore trop maladroit pour voler longtemps.

Il décolla, s'éleva au dessus de la cîme des arbres et repéra le lac avant de redescendre.

-C'est par là, dit-il.

Et il guida Nilania en sautillant joyeusement.
Ils ne mirent pas longtemps à trouver le bord du lac. Après y avoir lappé quelques gorgées, Lance le longea en direction de sa tanière. Il s'arrêta en percevant un mouvement. Volant au dessus de la surface de l'eau, sa mère pechait. Quelle était habile dans son pelage gris et ses ailes aux nuances noires, grises et bleues. Elle frôlait la surface de l'eau à pleine vitesse, tapait sa proie du bout du museau pour la jeter en l'air et la rattraper avant de l'achever d'un coup de croc.

-C'est ma maman, annonça fièrement Lance.

La tanière était cachée parmis les herbes, mais une boule de poil beige se trouvait devant l'entrée, c'était Hope, sa soeur.
Melinya revint vers la tanière et y déposa son butin. Hope et elle les avaient vus.

-Viens, je vais te présenter, dit Lance à Nilania.

Le louveteau semblait se poser des questions mais ne me demanda rien. Ce qui n'était pas plus mal, je ne voulais pas subir un interrogatoire.

"D'accord, je veux bien te montrer où j'habite, mais il ne faudra rien dire à mes parents sur ce qui est arrivé, sinon je serais punis."

Alors il avait vraiment des parents... Quelque chose me fit mal, comme un pieu dans mon cœur, pourtant je n'avais aucune blessure extérieur. Je savais quel était ce sentiment, cette pointe dans mon pauvre cœur, je l'avais déjà ressentie et je le ressentais toujours quand je voyais des louves avec leurs louveteaux ou simplement quand un petit parlait de ses parents... la jalousie. Oui, j'étais jalouse, jalouse de ce louveteau. Lui, il avait des parents, des parents qui l'aimaient. Lui, il pouvait être innocent parce qu'il ne semblait pas encore vraiment comprendre le monde dans lequel il vivait. Lui, il pouvait se reposer sur quelqu'un. Lui, il avait quelqu'un à qui parler... Et j'étais sure qu'il ne savait même pas la chance qu'il avait d'avoir des parents. Qu'ils le punissent ou non, qu'ils lui crient dessus ou non... S'ils faisaient ça, c'est simplement parce qu'ils l'aimaient, les parents ne crient sur leurs enfants que parce qu'ils ont peurs qu'il leurs arrive quelque chose. Je le sais... j'ai regardé tellement de familles que maintenant je le sais. Et j'aurais vraiment aimé que mes parents me crient dessus au lieu de ne pas me regarder, de m’ignorer et de m'abandonner disant que j'étais morte...
La pointe dans mon cœur fit venir des larmes à mes yeux mais je les empêchais de tomber. Lance n'avait pas besoin de les voir, il ne devait pas savoir que j'étais jalouse.

J'inspirais et expirais un bon coup pour chasser la boule qui s'était créée dans ma gorge. Je hochais la tête pour lui faire comprendre que je ne dirais rien de la "rencontre" avec les sangliers à ses parents. Je vis alors Lance décoller. Je ne savais pas trop ce qu'il faisait mais j'en profitais pour essuyer les larmes naissantes aux coins de mes yeux d'un revers de pattes. Il redescendit et atterrit aussi vite qu'il avait décollé.

"C'est par là."

Ha, c'est donc ça. Il ne savait pas repérer là où il habitait sans savoir où était quelque chose. Et ce quelque chose devait surement être gros et naturel comme un immense arbre ou un rocher au formes bizarres ou encore un lac.
Il commença à sautiller joyeusement en me montrant le chemin. J'étais jalouse mais en même temps ce petit m'attendrissait. Quel loup sautillerait comme ça, aussi insouciant? Soit un fou, soit un courageux, soit un être innocent. Lui, il faisait parti de la troisième option... Durant tout le trajet, je restais le regarder sautiller comme ça et à en sourire bêtement. Il était vraiment attendrissant...

Milène était toujours à coté de moi, en train de voleter pour me suivre. Il n'avait pas parlé depuis tout à l'heure mais je savais qu'il le ferait s'il en avait besoin. On arriva soudain devant un lac, c'était surement le "quelque chose" qui avait parmi à Lance de se repérer. Le louveteau s'en approcha et lapa quelques gorgées d'eau. Puis nous nous remîmes en route. Mais à peine avions nous fait quelques pas que Milène me héla.

"Regarde au dessus du lac"

Je lui obéis et découvris une louve qui pêchait en volant au dessus du lac. Elle était majestueuse avec son pelage gris clair et ses ailes aux nuances noires en train de pêcher d'une façon plutôt raffinée et avec aisance. Lance s'arrêta devant moi et j'en fis autant.

"Waou, la jolie-gracieuse chasse bien!"

Le fait qu'il la nomme comme ça me fit sourire. Il avait déjà utilisé ce genre de "nom" pour parler des sangliers tout à l'heure. Je me demandais pourquoi il en parlait comme ça mais ça ne me dérangeait pas, je trouvais même ça plutôt mignon.

"Oh, c'est vrai? Tu me trouves mignon?"

Ha... mince, j'avais oublié qu'il pouvais savoir ce que je pensais. Je trouvais bizarre de lui parler en pensant mais je fis un effort.

"Tu sais qui c'est?"

Je me doutais de ce qu'il allait réponde mais je ne risquais rien en le lui demandant.

"Absolument pas. Mais je peux te dire qu'elle fait partie de la famille du petit-niais"

"Hey! Il est pas niais! Il est juste naïf... un peu comme toi je pense."

La fin n'était pas vrai, mais j'avais envie de le taquiner. Elle fait partie de sa famille? Comment pouvait-il le savoir?

"Je le sais et c'est tout... Et c'est pas vrai je suis pas naïf!"

J'allais lui répondre quand Lance interrompit, sans le savoir, notre conversation.

"C'est ma maman."

Milène avait raison, mince, ça m'aurait fait rire qu'il se soit trompé... Lance avait prononcé ses mots avec tant de fierté que je ne pu rien ajouter à ses paroles.
La tanière de Lance et de sa famille était bien cachée derrière des herbes mais aperçue, devant ce qui devait être l'entré de la tanière, une boule de poile beige. La belle louve qui pêchait un instant plus tôt s'approcha et déposa son butin chez elle. Vu de près elle était encore plus majestueuse et gracieuse. Sa queue était plus foncé que le reste de son pelage et le bout était noir. Elle avait une sorte de tourbillon gris foncé qui partait de son œil gauche...

"Viens, je vais te présenter"

Heu... me présenter? Au début je n'avais pas vraiment l’intension de rencontrer sa famille. Tout ce que je voulais, c'était voir où il habitait pour pouvoir savoir où je pourrais le trouver. Mais c’est vrai que ce serait peut-être mieux si sa famille me connaissait, comme ça il ne me prendraient pas pour une inconnue et ne me sauteraient pas dessus... enfin, je l'espérais. Même si j'avais très peu de chance de m'enfuir s'ils m'attaquaient vu que la louve semblait voler à la perfection et que courir n'était pas mon fort, je restais sur mes gardes.

"Oublie pas que je suis ton protecteur! La jolie-gracieuse ne peut rien contre moi et ma force légendaire!"

"Mais bien-sur..."

"Heu... oui."répondis-je à Lance.

Je n'avais pas pour habitude d'être timide, pourtant... Peut-être était-ce simplement parce que j'étais en face d'une famille qui semblait plutôt uni et aimante... Non, ma jalousie envers Lance ne c'était pas dissipée...

Je me posais, le poisson que je venais de pêcher entre les crocs. Je le laissais tomber devant Hope, espérant que ça lui conviendrait.
Restais à mettre la patte sur Lance. Mon fils était un aventurier. Pas vraiment, gentil comme il était, il était plutôt un grand curieux plein d'émotion.
J'avais beaucoup de tendresse pour mes petits. Je m'inquiétais dès qu'il s'éloignait. Je sentais que j'aurais du mal à couper le cordon, mais ils grandissaient si vite. Hope était plus débrouillarde que son frère, elle n'avait aucun mal à chasser de petits animaux, alors que Lance ... son pouvoir le bloquait pour donner la mort. Il était bien le premier petit que je connaissait que cela rebutait autant. Ne pourrait-il jamais chasser ? Prendre son indépendance ? Etre comme les autres ? Je m'inquiétais pour lui, comment le vivrait-il en grandissant ? Trouverait-il une louve qui l'accepte comme il est ?

"Maman !"

Je me tournais vers mon petit loup. Il était enfin rentré. Mais pas seul apparemment. Il y avait une petite louve avec lui, ailée tout comme nous. Ce devait être une bonne expérience pour lui de rencontrer une autre petite de son âge ailée. Cette dernière était méfiante, de toute évidence.

- Te voilà Lance, dis-je sur un ton de réprimande à mon fils.

Il s'arrêta devant moi, pas le moins du monde penaud. Au contraire, tout excité à l'idée de me présenter à sa nouvelle amie.
Je lançais un regard sympathique à celle-ci.

-Bonjour.

"C'est Nilania. Elle m'a appris à voler plus haut."

Je souris, mi-contente, mi-désolée. Je n'étais pas douée pour apprendre à voler aux autres, je le faisais depuis ma naissance sans y penser et le vent m'assistait en cas de besoin.

Spoiler:

Je suivis Lance qui me conduisit droit vers la grotte qu'il partageait avec sa famille. Famille... ce mot me transperçait le cœur dès que j'y pensais. Une famille, des loups unis qui s'aiment et pouvant compter les uns sur les autres quoi qu'il arrive. Du moins, c'est comme ça que je me représentais une famille. Lance avait de la chance d'en avoir une et il ne savait même pas que cette chance existait. Il devait d’ailleurs penser qu'il était tout à fait normal d'en avoir une. Et il aurait raison de penser ça. Ce n'est pas normal d'abandonner son enfant sous un prétexte aussi stupide que le papillon sur mon front! Je sentis Milène s'agiter à mes mots. Non, ce papillon n'était pas stupide. Il était mon papillon et j'en étais fière. J'étais ce que j'étais, un point c'est tout. Et tant pi pour le reste...

Nous étions arrivés devant la tanière. Je vis la belle louve de tout à l'heure déposer un poisson par terre devant une jeune louve. Enfin, quand je dis jeune, c'est qu'elle devait avoir à peu près le même âge que Lance et moi. La louve était vraiment magnifique, toute en grâce...

"Maman!"

Le cris du loup à coté de moi me fit sortir de mes pensées. La louve qui était la mère de Lance se retourna et posa ses yeux bleus sur moi. Je ne savais pas trop comment réagir fasse à elle. Je ne savais pas si j'avais quelque chose à craindre d'elle ou non. En tout cas, je me méfiais, on ne sait jamais...

"Te voilà Lance"

La louve parla sur un ton de réprimande. Je pouvais la comprendre, elle avait dû s'inquiéter pour son fils. N’importe quelle mère normale le ferait. Oui, n’importe quelle mère, sauf la mienne évidemment... La mienne avait préférer faire croire à tout le monde que j'étais morte, c'était surement plus facile pour elle comme ça... Lance s'avança et s'arrêta devant la louve, il semblait tout content, excité. Mais j'avais beau réfléchir je ne comprenais pas pourquoi il était aussi heureux. Peut-être était-ce une réaction normal d'un louveteau devant sa mère... La louve me lança un regard, je cru y desseller de la sympathie. Tant mieux. Si elle m'aimait bien, elle ne me ferait rien ... enfin je crois.

"Bonjour"

C'était-elle. Et elle venait de parler. Mais pas à n’importe qui, non, elle venait de me parler à moi. Elle était la première adulte qui me parlait depuis le vieux mi-sage, mi-fou qui m'avait recueillit. Je dois bien avouer que je ne savais pas comment réagir. Soit je répondais à sa salutation, soit je ne le faisais pas. Je n'eu pas besoins de réfléchir plus que ça, vu que Lance pris la parole avant moi.

"C'est Nilania. Elle m'a appris à voler plus haut."

"Appris" était un mot un peu trop grand mais pourquoi pas après tout. Je n'avais fait que lui dire quoi faire pour s'échapper de la mauvaise passe dans laquelle nous nous trouvions tout à l'heure. Quoi qu'il en soit, la louve souris. Je ne su pas si c'était un sourire de joie ou un sourire de tristesse... ou peut-être encore un sourire pour s'excuser... Je ne savais pas faire la différence entre tous ces sourires, il y en avait trop et le temps que je savais ce qu'était un sourire, je n'avais pas besoin d'en savoir plus sur le sujet... enfin, c'était ce que je pensais...

Je ne savais pas quoi lui dire. Je la regardais et j'avais envie de parler mais aucuns mots ne voulaient sortir de ma bouche... je ne comprenais pas pourquoi... Si, je comprenais enfaite. Cette famille était belle, tout simplement...

"Heu... bonjours"

C'est tout ce que je dis. Du moins pour l'instant. J'étais toujours en train d'observer cette famille...